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Christophe Mercier (Traducteur)
EAN : 9782259204903
440 pages
Plon (29/05/2008)
4.08/5   13 notes
Résumé :
Le ton est donné. Comique et nonchalant, subtil et dévastateur. Depuis plus de trente ans, Eric Lax partage avec le réalisateur chéri des français les affres et les joies du scénario, de la mise en scène, du casting... Leurs conversations introduisent le lecteur dans les salles de montage et de projection, lui révèlent les dessous des séances d'écriture, les secrets des scènes cultes, l'invitent dans les coulisses de la création. Jamais un réalisateur ne s'était liv... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
"Mon héritage ne m'importe pas, je l'ai déjà dit, et mieux : plutôt que de vivre dans le coeur des hommes, je préfère vivre dans mon appartement". Cela fait maintenant près de quarante ans qu'Eric Lax traque le réalisateur new yorko-new yorkais. A coups d'interviews, de rencontres impromptues, de discussions plus ou moins privées, le journaliste a collecté une somme faramineuse de matière qui fait aujourd'hui l'objet de ce livre. Scindé en huit parties, l'ouvrage décortique les manières du "Maître" dans un face à face fait de questions-réponses : de l'Idée, à l'Ecriture en passant par le Casting, les Tournages ou encore la Mise en scène, le Montage, la Musique et... la Carrière. On déambule ainsi dans des décennies de la filmographie d'un réalisateur majeur, à des années-lumières du star-system, de la gloire et des honneurs, phénomènes médiatiques qu'il rejette en bloc. Fausse modestie ou conscience exacerbée de sa petitesse comparée à un "confrère" qu'il vénère, Ingmar Bergman ?

On est loin, pourtant, du travail remarquable exercé en son temps par le réalisateur François Truffaut sur son collègue de chambrée Alfred Hitchcock. Un travail qui fascinait et passionnait par sa précision glaciale, film par film, dans un livre habilement (??) intitulé "Hitchcock par Truffaut". Là, on assiste au contraire à une conversation où la chronologie est absente,malmenée pour mieux nous perdre et nous faire voyager au gré du vent de notre mémoire de cinéphile. On peut ainsi passer dans le même chapitre de "Prends l'oseille et tire-toi", un de ses premiers films, à "Scoop" et même "Le rêve de Cassandre", son dernier en date, sans coup férir... En s'attardant sur telle ou telle de ses oeuvres, Woody Allen en a généralement un souvenir imprécis... puisqu'il considère une fois le film réalisé et sorti en salle comme un objet du passé, révolu, sur lequel il est inutile de revenir. Dans ce contexte, Eric Lax a bien du mérite à tenter de tirer les vers du nez du réalisateur.

Au final, qu'apprend-t-on ? Que le Sieur Allen aime tourner à NY (sic), un peu à Londres, à Paris... Qu'il n'aime pas parler pendant les tournages au risque de passer pour un asocial (il choisit soigneusement ses acteurs, pourquoi devrait-il ensuite leur expliquer ce qu'ils savent déjà faire, justifie le réalisateur de "Manhattan") ou qu'il préfère les moments où il conçoit et écrit ses histoires même s'il aurait tendance à vouloir regarder un match de basket à la télévision à la place... Rien de bien neuf sous le soleil Allenien, en somme. Pourtant, le charme de ce livre opère. Quelques anecdotes fourmillent et éclairent un peu plus sa façon de travailler. Insidieusement la petite voix reconnaissable entre toute du plus grand trouillard de la terre, nous initie, nous promène dans sa filmographie hors normes où se côtoient au mètre carré quantités de films miraculeux (Annie Hall, Zelig, Meurtre mystérieux à Manhattan, La rose pourpre du Caire, Crimes et délits, Hannah et ses soeurs, etc.) sur lesquels il consent à lever un coin de voile, tout de même.

Car même si les souvenirs sont parfois à la peine, Woody Allen transcende lui-même, sans concessions, les bémols qu'il attribue à ses films. Il nous convainc facilement, sans même le vouloir, sans trop en dire, que son cinéma et sa façon de l'appréhender n'appartiennent qu'à lui, loin des systèmes, loin des machines à faire des films à succès. En artisan. "Entretiens avec Woody Allen" a l'immense avantage de rassembler en une fois ce que dit partout le réalisateur depuis des années, et ce même si dans le livre on notera la présence à plusieurs reprises des mêmes questions accompagnant de fait... les mêmes réponses.

Woody Allen est un être à part qui fait des films à part, dont personne ne s'inspire, que personne ne copie. le vieux Maître n'a pas de fils spirituel, pas de flambeau à transmettre. Une situation qui lui sied à ravir. Parce que presque maladivement, il s'ingénie à ne pas vouloir laisser de trace de son passage sur cette terre... "Pourquoi les politiciens s'inquiètent-ils tant de leurs archives, de leurs bandes, de leur visage sur les timbres et les pièces de monnaie ? Quand dans une urne, c'est dur d'avoir l'air d'un président". Après lui le déluge en quelque sorte. Mais vive la pluie !

Retrouvez cette chronique sur : http://lirevoirentendre.blogspot.com/
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Upper East Side...
Un livre passionnant pour les amateurs de Woody Allen. Il revient dans ce livre sur l'ensemble de sa carrière et l'on peut suivre pas à pas la filmographie de Woody Allen, sa méthode de travail, son sérieux, son humour. Passionnant pour découvrir les coulisses de Manhattan ou d'Annie Hall., mais encore de Maris et femmes.
Quatre étoiles car ceux qui sont déjà très au courant n'apprendront peut-être pas grand-chose, même s'ils auront plaisir à retrouver leur clarinettiste hypocondriaque favori !
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Un livre d'entretiens : Woody Allen en huit chapitres. J'ai appris plein de choses sur les sources d'inspiration, la genèse, les rebondissements en cours de route, les anecdotes de tournage, la part d'improvisation ou, au contraire, le refus de compromis.
J'ai découvert qu'il privilégie le plan séquence au détriment de champ-contrechamp. C'est parce qu'il est fainéant, dit-il. Cela lui permet d'avancer vite, sans devoir filmer dix fois la même scène. (Mais « il oublie » d'évoquer l'autre contrainte : le budget serré ; cela dit, il parle bien du budget, mais dans un autre contexte …)

Si le chapitre sur le montage est plutôt aride, celui sur la musique (association et synchronisation musique / image) est agréable à lire.

J'ai appris que ses idoles sont Bob Hope et Ingmar Bergman. Et j'ai compris, dans les grandes lignes, quelles sont les influences de ses chefs opérateurs successifs, à commencer par le meilleur, Gordon Willis (qui a marqué les années 1970).

Woody Allen carbure au plaisir de faire des films. le produit fini ? Aux autres de juger, il passe à autre chose. Lorsqu'il commence à travailler avec Mia Farrow, qui était auparavant dans le monde du cinéma commercial, il lui dit : « Tu vas découvrir un monde complètement différent, un monde dans lequel on ne travaille pas pour l'argent, ni pour l'affiche, mais pour le plaisir. Oublie les autres considérations. » (p 176)

Mais cela est le résultat d'un processus. Car en 1973, lorsqu'il tournait Woody et les robots, WA déclare à Eric Lax, l'initiateur de ces entretiens : « Au lieu de sortir dans de petites salles de New York, et de savoir que le film sera juste amorti, j'aimerais que mes films sortent comme les James Bond, qu'ils aient des millions de spectateurs. J'aimerais que mes films rapportent trente millions de dollars. Je ne dis pas ça pour moi : cet argent pourrait aussi bien aller à une fondation contre le cancer. Il n'y a aucune raison de considérer ces films comme des objets d'art. Ce n'est pas de l'art. » Ah bon ?! Mouais, c'était en 1973, au début. (p 275)

Pour finir, un clin d'oeil qui date de 2006 : « Si je réalisais une parodie de mes films, il y aurait un générique en noir et blanc avec du jazz, disons Duke Ellington, et il y aurait quelqu'un qui s'adresse aux spectateurs, et fait un laïus sur le sens de la vie » (p 356).
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Si comme moi vous imaginiez que Woody Allen avait voulu d'un seul coup discuter de son oeuvre après une trentaine d'années de carrière, vous étiez loin du compte ! Il s'agit en réalité d'entretiens réalisés tout au long de la carrière du cinéaste et regroupés ici sous plusieurs thématiques : l'idée / l'écriture / le casting, les acteurs, le jeu / le tournage, les décors, les extérieurs / la mise en scène / le montage / la musique / la carrière. A travers ces entretiens et l'introduction intéressante de l'auteur (qui explique comment il a rencontré Woody Allen et pourquoi il a été amené à l'interviewer régulièrement au cours de sa carrière), se dessine également le portrait d'un cinéaste finalement beaucoup moins fantasque et névrosé qu'il ne le laisse paraître. « Woody Allen est le contraire du personnage qu'il joue à l'écran, souvent agité et en crise. » Et Allen de préciser : « Je ne suis pas si stupide que l'image que je donne pour faire rire. Ma vie n'est pas une série de catastrophes amusantes. »

Ces Entretiens peuvent apporter un éclairage pour l'amateur peu averti, regorgeant de pistes de lecture sur les films du réalisateur. Ce livre est encore plus indiqué pour celui qui connaît déjà bien l'oeuvre de Woody Allen et qui trouvera là un guide très fourni pour mieux comprendre son univers. Seul le néophyte sera un peu déçu car ce livre dépasse largement l'introduction et fourmille de détails qui ne seront pas d'une grande utilité à celui qui ne connaît que quelques films de Woody Allen. Débordant d'anecdotes et d'analyses, portant sur les thématiques chères à Woody Allen, évoquant sa relation avec les acteurs, ses attentes à leur égard, incluant plusieurs séries de photos, ce livre est indispensable pour tous ceux qui s'intéressent de près au cinéma et à Allen en particulier. Pour les curieux, ce livre sera moins abordable a priori mais il reste une véritable mine d'informations que l'on peut feuilleter et lire de-ci de-là en étant certain de toujours trouver une réplique intéressante.


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Woody tourne aussi vite que Clint. Il est un peu moins âgé. Il n'aime pas trop écrire mais il aime parler à sa guise. Depuis 1971, il a aligné les conversations avec Éric Lax, souvent durant les tournages, parfois en rue, sur un banc. Quand le journaliste approche le cinéaste débutant, Woody n'a encore que deux films à son actif. Cela suffit à classer ce juif new-yorkais dans l'âme parmi les artistes prometteurs.
Leur première conversation a continué trente-six ans. Les entretiens au long cours ont paru en 2007, offert par mon fils à la fête des pères. Relire sa dédicace en 2022, alors qu'il s'apprêtait à devenir papa à son tour, m'a touché.
Je me souviens avoir picoré dans ce volumineux ouvrage, m'attardant sur mes films préférés. J'ai toujours aimé chez Woody son autodérision, son humour, son indécrottable romantisme et sa façon d'aborder des problèmes existentiels sans avoir l'air d'y toucher, sous forme de psychanalyse ambulatoire quand il joue les amoureux timides. d Sa pudeur demeure quand il se confie à son interlocuteur.
Éric Lax alterne questions de connaisseur et curiosité du spectateur de la rue. Les réponses sont brèves, longues ou entre les deux. Deux cahiers photos complètent une somme née d'une amitié inattendue, cultivée sur trois décennies et demi.
Un de mes chouchous ? Match Point !
Lu il y a longtemps, remis au goût du jour grâce à Bobo 1001.
Lien : http://cinemoitheque.eklablo..
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
« Quand j’ai tourné Maris et Femmes, Doug McGrath m’a demandé pourquoi je filmais de cette façon. Il était plus jeune que moi, et essayait de profiter de mon expérience, essayait de partager la sagesse que j’étais censé avoir acquise après des années de réalisation. Et je crois que je l’ai déçu – en tout cas je l’ai étonné – en lui répondant : « Je suis flemmard » »
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Se concentrer sur son travail. Juste garder le nez sur l'établi. Ne pas penser aux avantages. Ne pas penser à l'argent, aux compliments. Moins on pense à soi, mieux c'est. Il s'agit juste de faire du bon travail, de ne pas perdre de temps à penser à autre chose, de ne pas se laisser distraire, et tout se mettra en place.
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Quand j'étais gamin, j'allais au cinéma pour fuir la réalité ; je voyais parfois douze ou quatorze films par semaine. Devenu adulte, j'ai pu vivre une vie où je me suis fait plaisir. Je fais les films que je veux faire, et pendant un an je peux vivre dans un monde irréel rempli de belles femmes, de types malins, de situations dramatiques, de costumes, de décors, et manipuler la réalité.
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Woody Allen est le contraire du personnage qu'il joue à l'écran, souvent agité et en crise. Il contrôle son travail et son temps : "Je suis quelqu'un de sérieux, un travailleur discipliné, intéressé par l'écriture, par la littérature, par le théâtre et le cinéma. Je ne suis pas si stupide que l'image que je donne pour faire rire. Ma vie n'est pas une série de catastrophes amusantes. Elle est beaucoup plus banale."
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On se fait rire soi-même car ce travail est une perpétuelle surprise. Si je suis chez moi et que j'imagine un gag, je trouve ça drôle, car ça me vient par surprise, ça vient de mon inconscient. Pareil sur un plateau. Je ris aussi car je suis aussi surpris que l'éclairagiste.
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