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3,99

sur 111 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Mai 2008, en Afghanistan, à 200 kilomètres de Kaboul. Mike Cervantès sert dans l'armée américaine. Malheureusement, une opération se passe mal. Avec ses compatriotes, il se retrouve dans une embuscade. Une violente explosion lui fait perdre connaissance. Il sera le seul survivant. Mais le voilà maintenant prisonnier des talibans, sa main gauche arrachée par un éclat d'obus. Il a bien tenté de fausser compagnie à ses bourreaux mais il est bien vite rattrapé. Il sera libéré quelques mois plus tard, une fois que les talibans auront eu ce qu'ils voulaient du gouvernement américain.
Au printemps 2009, le voilà installé dans l'Arizona. Mais, il a bien du mal à s'intégrer, étant un être plutôt solitaire, encore un peu déboussolé et toujours à cran. Seul Randy lui rend visite régulièrement dans sa vieille baraque, lui apportant en même temps de quoi se nourrir. Sa mère, qu'il ne voit guère plus, n'est pas au courant de la perte de sa main gauche. Mais elle ne va pas tarder à en être informée étant donné que Mike a fait une demande pour une prothèse.
Parallèlement, en 1580, Miguel de Cervantès rentre enfin chez lui après cinq ans de captivité dans une forteresse d'Alger, le bras gauche en moins...

Mike, après avoir rencontré Don Quichotte, le héros de Miguel de Cervantès, au cours d'une lecture, s'identifiera au personnage romanesque et médiéval. Accompagné d'un certain Tranquillo qu'il rebaptisera Sancho Pança, à bord de sa Rossinante qui aura pris les traits d'une Ford Mustang et le Stetson sur la tête, il tentera de mener les mêmes combats que son héros et partira en croisade à travers les Etats-Unis. Des combats transposés dans une ère nouvelle. A la fois doux et violent, rêveur sans doute, Mike se révèle être un personnage ambigu, s'identifiant de plus en plus à Miguel de Cervantès jusqu'à en devenir troublant. Lax nous propose une manière originale de prendre possession de l'histoire de Don Quichotte. Graphiquement, il nous offre de superbes planches de paysages américains. Une palette de gris et un trait élégants créent une ambiance chevaleresque délectable.

Une rencontre inattendue avec Un certain Cervantès...
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Mike Cervantès n'a rien d'un Escobar.
Petit trafiquant sans envergure, il décide de s'engager dans l'armée afin d'échapper à une maréchaussée locale toujours plus pressante.
Pouf, pouf, ce sera l'Afghanistan, objet d'un traumatisme persistant et accessoirement de la perte de sa main gauche.
De retour au pays, notre Cervantès n'aura de cesse de calquer bien involontairement sa trajectoire personnelle sur celle de son illustre homonyme et de son chevalier à la triste figure.

Original et graphiquement époustouflant, Un Certain Cervantès se veut picaresque et profondément désabusé à l'égard d'un pays à l'ultralibéralisme débridé et au repli identitaire exacerbé.

Mike Cervantès en loser magnifique évoluant au sein de contrées sauvages magistralement crayonnées, aidées en cela par l'usage de diverses encres noires diluées, il n'en faut pas plus au lecteur pour prendre fait et cause pour cet antihéros professionnel tout en gonflant avantageusement son QI (le mien a facilement pris 12 points, culminant désormais à 78. Inespéré...) par l'absorption d'infos sur un certain Cervantès dont j'ignorais majoritairement la teneur.

Moi j'dis Lax, il a la grosse clax !!

4,5/5
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On entre dans cette histoire comme dans un western. Un homme chapeau vissé sur la tête ère dans une ville fantôme ... On ne sait pas à quelle période nous sommes...

Le dessin est en noir et blanc et on a de beaux lavis. Parfois une minuscule touche de couleur...

On suit alors cet homme, un certain Cervantès, Mike de son prénom.

Très vite cet homme est arrêté et on peut situer l'espace temporel de cette histoire, il s'agit de l'époque actuelle.

Cervantès va s'engager dans l'armée pour effacer ces problèmes judiciaires et à partir de là les ennuis vont se cumuler !

Pris en otage et ruer de coups, il perdra même son bras, rentre alors en scène ( en case ) un deuxième homme le vrai : Miguel de Cervantès.

L'auteur va alors se faire mélanger et refleter les deux histoires de ces deux hommes à quelques siècles de distance.

L'auteur d'ailleurs confonds les deux histoires au point que nous lecteurs avons de la peine a déterminer à qui, arrive quoi... Mais au fond c'est mieux ainsi.

Je ne connaissais pas la vie de l'auteur de Don Quichotte, cette BD m'a permis d'en savoir plus et de voir que les combats contre les moulins à vent peuvent tout à fait hélas être contemporains...

Mike Cervantès devient le Don Quichotte des temps modernes ! L'auteur nous le rends très vite sympathique, et on se prends à penser comme lui. Il y a des batailles à mener toujours aujourd'hui.

Au final cette BD m'aura bien plu tant pour l'histoire qui nous donne à réfléchir que par le traitement du dessin.

Le mélange des époques est original et les dessins des paysages américains, des voitures et autres villes typiques sont très réussis.

Vous pouvez lire une intéressante interview de l'auteur Christian Lax sur actuaBD, il y parle notamment des différentes techniques de dessins qu'il a utilisées.

J'ai reçu avec cette BD un très joli Tiré à part !

Merci beaucoup à Babelio et aux Éditions Futuropolis pour cette lecture !

Quant à vous je ne peux que vous inciter à suivre
ce Don Quichotte des temps modernes
dans des paysages américains splendides !
Lien : http://imagimots.blogspot.fr..
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L'histoire de Don Quichotte a toujours fasciné les auteurs que cela soit au cinéma, dans la littérature ou dans la bande dessinée. Voici une version pour le moins réussi façon road-movie à l'américaine. Il y a certaines valeurs qui semblent avoir disparu dans un monde de plus en plus injuste. Je ne suis pas contre certains défenseurs qui vont jusqu'au bout.

Notre héros Mike Cervantès va ainsi relever tous les défis. On ne tombera pas pour autant dans une excessivité que l'on pouvait craindre. Cela reste dans le domaine du raisonnable en évitant le loufoque. Certes, les situations sont un peu originales mais c'était l'objectif. J'ai également bien aimé cette fin qui tombe un peu comme un cheveu sur la soupe à savoir ce côté inattendu. le dessin est également très convenable.

C'est parfois un peu longuet mais cela peut faire passer le temps si on se trouve dans un TGV pour un interminable trajet.
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Je me joins au concert de louanges de cet album, qui est effectivement un opus plaisant à lire malgré son nombre de pages. C'est rapide, j'ai dévoré l'ensemble sans jamais m'interrompre alors même que je voulais aller au lit. Mais je n'ai pu lâcher l'épopée rocambolesque de ce cow-boy un peu dérangé, un brin poète et quelque peu revanchard.

L'histoire est un parallèle entre la vie de Cervantès (le Miguel) et Cervantès (le Mike) qui reviens de l'Afghanistan porteur d'une prothèse et d'un sérieux syndrome post-traumatique. Mais à travers le mélange des deux vies, on sent une certaine ode aux fameux "Indomptés" qui refusent de se conforter à un système qui leur semble absurde au dernier degré. C'est une histoire qui prend surtout le temps de montrer les dérives d'un système, dérives revenues d'entre les morts dirait-on, puisque les conditions ont changés mais le fond de ces problématiques est le même : religion, censure, contrôle, privation, etc ... Une sorte de fable à moitié anarchiste, dans laquelle l'appel de la liberté est plus fort que tout le reste. Bien évidemment, les États-Unis restent l'idéal de liberté, porté haut et fort par ses habitants, mais aussi bien souvent mis à mal dans le même pays. D'ailleurs quelques points viendront appuyer l'idée d'entraide, de solidarité par opposition à un monde où l'individualisme prime au-delà de tout.

J'avais une petit appréhension avant me lecture, du fait que lors d'un attachement ainsi d'une histoire à une oeuvre de référence, c'est la citation pour le plaisir et la beauté de la citation, sans réellement apporter autre chose et parfois en n'arrivant pas à s'affranchir de l'oeuvre-mère. Ici, mes attentes négatives ont été balayés sans aucun souci par la maitrise de l'histoire par les auteurs. Certes, nous auront de la citation, et l'histoire ressemble tout de même fortement à celle de ce bon vieux Don Quichotte, mais en même temps l'apport de l'histoire de Miguel de Cervantes, le mélange des réflexions de Don Quichotte avec celles d'une Amérique contemporaine, et même l'idée de retranscrire cette idée de continuité dans les époques entre les combats contre la censure et l'obscurantisme est franchement bien mené. Au-delà de l'aspect louable de l'intention, je suis surtout charmé par la réelle pertinence du propos. Ce n'est pas une histoire pour simplement se faire plaisir, dire qu'on aime Don Quichotte et le citer, c'est surtout une histoire où le message passe clairement et fait du bien. A travers les marginaux d'une Amérique souvent vue comme pays des ultra-libéraux capitaliste, on se rappelle que l'image d'Épinal (ou de la télé) que l'on a est souvent fausse. Combien d'anciens combattants rejetant un pays qui les a délaissés ? Combien d'oeuvres censurés au nom d'une morale ? Combien de personnes bridés par une religion flirtant toujours plus avec l'obscurantisme ? Combien de pauvres, de rejetés, d'immigrés en quête d'une vie un peu plus juste, un peu meilleure ?

Après tout cela, parler du dessin semblerait un peu surfait, et pourtant il est bien une composante à part entière de la BD. Entre les paysages, part importante de la culture américaine et ici encore une fois sublimés par le trait de crayon, mais aussi à travers les gueules et les représentations, nous sommes face à une BD qui a de la gueule. C'est propre, immersif et rajoutant une touche d'authenticité dans la narration visuelle, qui est impeccable même lors de scènes où l'action prédomine. Je crois bien que c'est ma première lecture de l'auteur, et je suis pratiquement certain que ce ne sera pas la dernière. Après une BD comme celle-ci, on a envie de creuser l'auteur.
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On ne crie pas au génie quand on finit cette BD, mais quelle intelligence d'entremêler la vie de Cervantès et l'histoire de Don Quichotte au road-trip d'un soldat revenu d'Afghanistan ! Christian Lax nous pond une nouvelle version du chef-d'oeuvre de l'espagnol dans une Amérique du XXIème siècle. Ceux qui ont lu le roman aimeront les clins d'oeil et apprécieront les déplacements d'événements. Les autres découvriront une histoire poignante sur la vérité de notre époque : 1500, 2010, toujours les mêmes enjeux : la censure, l'attaque des faibles et le poids de notre "destin".
N'oublions pas que le cadre est aussi les Etats-Unis, donc des références cinématographiques et sur la période du far west, en veux-tu, en voilà. Le sujet est assez bien amené pour que le lecteur qui ne connaît rien à Don Quichotte et à son créateur ne fuit pas et y trouve son compte.

J'ai mis un peu de temps à rentrer dans l'histoire. Les récits de soldats de retour d'Afghanistan ou d'Irak n'ont jamais été ma tasse de thé. Pas que j'avais peur de tomber à nouveau sur un discours chauviniste (on y est pas du tout), mais il y a certains standards américains qui le sortent un peu des yeux et qui finissent par être usé.
Christian Lax arrive à bien rebondir et dès que son Mike Cervantès trouve un emploi de réinsertion dans la bibliothèque, c'est là que tout bascule. Censure, liberté d'expression, libre arbitre, vie privée, internet... On ne pensait pas du tout à retrouver autant de thèmes universels, bien dosés dans leur traitement.

En ce qui concerne l'aspect purement graphique, malgré un dessin réaliste on reste sur un décor réaliste mais minimaliste pour aérer les pages et la lecture. Certains cases font penser à des plans cinématographiques et les visages arrivent même parfois à vous surprendre tant le dessin nous paraît vrai. Le trait est dynamique mais pas nerveux ni rigide. Quand on pense que les dessins sont faits la plume, cela signifie que Christian Fax maîtrise parfaitement son art. Ses personnages sont typés, mais pas trop, ce qui favorise l'identification. Très étrange dans une BD où l'imagination, la folie et la liberté sont au cœur du discours.

Alors pourquoi pas la note maximale ? Si l'aventure est plutôt sympathique et qu'on s'attache plus ou moins à Mike Cervantès, je suis restée distante des autres personnages. Un peu comme si le film se déroulait et qu'on en restait spectateur.
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Mike Cervantès est arrêté par la police et l'armée semble le seul moyen de s'éloigner un peu de ses démêlés. Il fait partie des nombreux soldats envoyés en Afghanistan. Il sera le seul survivant d'une attaque, perdant sa main gauche. Emprisonné, il parvient toutefois à s'enfuir et à rejoindre son pays. Sa réintégration au monde, auprès des siens est difficile. La découverte de son homonyme, ce fameux auteur espagnol, l'étonne et lui donne une voix. Les mots décrivant Don Quichotte lui parlent et ce personnage, souvent solitaire et parfois perdu, se sent alors compris.

Dans cette BD, il ne s'agit pas d'une adaptation moderne du mythe de Don Quichotte. Christian Lax prend le temps de s'intéresser d'abord à Cervantès, cet homme au parcours incroyable, lui aussi marqué physiquement par la guerre (lors de la bataille de Lépante), emprisonné par la suite et cherchant à reprendre sa vie en mains et en mots. Christian Lax réunit alors tout le sous texte de Don Quichotte aux paysages mythiques américains. Ce qu'a connu Miguel, la guerre, la folie, les peurs, la violence, le rejet de l'autre, se retrouvent encore aujourd'hui chez Mike. Celui-ci se lève donc contre ce monde, contre les formes d'injustice. Ce que les autres perçoivent comme gestes de folie pourrait simplement être signes d'un ras le bol. Mike Cervantès ne s'exclut pas du monde mais se veut exigeant avec lui punissant les faux pas.

Au milieu de paysages auxquels il rend hommage, Christian Lax trouve un souffle romanesque pour cette épopée très intime. Les couleurs et les cadres très serrés replacent les êtres au milieu de cette nature alors qu'ils tentent de se reconnecter. le dessin est très précis, au plus près du corps parfois meurtri des personnages. Christian Lax fait appel à d'autres mythes étasuniens (King Kong par exemple) pour marquer les étapes du parcours de Mike. L'album se construit au fur et à mesure dans une certaine démesure. le chemin de Mike devient plus en plus une fuite en avant, dénonçant un monde qui ne peut plus changer.

Lien : https://tourneurdepages.word..
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Mike Cervantès, individu au départ paisible mais qui a quelques démêlés avec la police, s'engage en tant que GI en Afghanistan. Capturé par les Talibans, il est amputé du bras gauche avant de revenir aux Etats-Unis. Ce sera un retour difficile, il est déboussolé et en colère, en perpétuel décalage avec la société et ses contemporains. Finalement emprisonné suite à la destruction d'une banque, il y découvre le Don Quichotte de Miguel de Cervantès. Fasciné par l'oeuvre de cet illustre homonyme (également amputé du bras gauche lors de la bataille de Lépante en 1571), il décide d'être le Don Quichotte des temps modernes, en lutte contre toutes les injustices sociales, en colère contre le système politique et économique, en rage contre les aberrations de nos sociétés. A bord d'une magnifique mustang, une Rossinante modèle 1971, on accompagne le combat de Cervantès, que l'on sait par avance beau mais dramatiquement irréaliste.

Cet album est très réussi sur beaucoup de points : d'une part le parallèle entre les deux Cervantès est joliment réalisé, teinté d'empathie pour les personnages, et d'autre part le dessin est prétexte à sublimer les grands paysages américains, dans des double-pages particulièrement époustouflantes.

« Un certain Cervantès » fait partie de la dizaine de bande-dessinées sélectionnée pour le prix Ouest-France/Quai des bulles 2015.
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