AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,96

sur 107 notes
5
7 avis
4
5 avis
3
1 avis
2
0 avis
1
1 avis
Lu dans le cadre du Challenge Nobel.

Considéré comme le chef-d'oeuvre de Laxness, prix Nobel en 1955, La cloche d'Islande est aussi un monument de la littérature islandaise.
L'Islande est un Etat indépendant depuis 1944 seulement, après des siècles de domination danoise. Mais l'Islande a d'abord été libre, depuis sa découverte au 8ème siècle. Elle peut se targuer d'avoir fondé l'Althing, le premier parlement d'Europe, en 930 ap. JC, sur le site de Thingvellir. Il s'agissait à l'époque d'une assemblée annuelle des chefs de clan locaux, qui décidait des lois et rendait la justice.
Il est beaucoup question de justice et de Thingvellir dans le roman de Laxness. Ecrit aux environs de 1945, au moment où se décidait l'indépendance du pays, il se déroule au début du 18ème siècle. A cette époque, le Danemark s'est octroyé une sorte d'exclusivité sur les produits islandais. En fait d'exclusivité, il s'agit surtout d'un pillage organisé des ressources du pays (poisson, graisse de baleine,…), et de l'interdiction faite aux Islandais de commercer avec tout marchand qui ne serait pas Danois. Bref, c'est la métropole qui exploite sans vergogne sa colonie, sans même lui laisser de quoi subsister. L'Islande est dans une misère noire, famines et épidémies se succèdent. On coupe des mains pour un bout de corde volée : « Le junker suivit Ture Narvesen jusqu'à la soue à porcs. On gardait là les bêtes qui, seules de toutes les créatures, vivaient dans le bien-être et l'honneur en Islande […] Parfois, par miséricorde, les croquants obtenaient la permission de contempler ces bêtes merveilleuses à travers un grillage et ils en avaient la nausée, d'autant que ces animaux, par leur couleur, ressemblaient à des hommes nus, avec une chair de gens riches, et de plus, vous regardaient avec des yeux raisonnables de pauvres ».

C'est dans ce contexte que l'auteur nous narre les aventures et mésaventures de Jon Hreggvidsson, fermier misérable et voleur, qui aurait tué le bourreau du roi. Témoignages et accusations farfelus, procès sans queue ni tête, c'est ainsi que commence un imbroglio pseudo-juridique comme seules les sagas islandaises peuvent en produire. Parce que cette banale affaire criminelle aura en réalité des répercussions politiques pendant 20 ans, jusqu'à envisager la vente du pays à l'Empire germanique.
Mis à part le burlesque et tragi-comique Jon Hreggvidsson, deux autres personnages jouent un rôle principal dans cette épopée : Snaefrid, jeune femme surnommée la Vierge claire, ou Soleil d'Islande, fille du gouverneur qui a condamné à mort le bandit Jon Hreggvidsson. Elle est la maîtresse plus ou moins avouée d'Arnas Arnaeus, Islandais mais envoyé par le roi du Danemark pour récolter à travers le pays tous les écrits relatant les mythes et légendes anciens. Ces deux-là vont se perdre pendant des années dans les jeux troubles de la politique, dans la séduction et la manipulation, la première pour restaurer la réputation bafouée de son père, l'autre dans le but de soulager son peuple du joug danois.

C'est un peu compliqué à suivre, écrit dans un style désuet, presque médiéval (et on sait justement que la langue islandaise a peu évolué depuis ses origines), avec des dialogues parfois trop elliptiques pour qu'un non-initié comme moi s'y retrouve. On comprend pourtant très bien que Laxness veut montrer que les Islandais sont un peuple fier, irréductible, imprégné d'une tradition littéraire remontant au-delà de bien des dynasties continentales. Avec humour et ironie, il décrit aussi ses compatriotes comme bigots, ou braillards, ivrognes, ignares et, s'il n'est pas tendre avec certains simulacres de justice locale, il est autrement féroce quand il s'agit de brocarder les Danois.
Malgré les nombreuses références à la géographie locale, ce roman n'est pas qu'une histoire d'Islandais écrite par un Islandais pour les Islandais (ou les Danois). Laxness a voulu montrer au reste du monde que son pays existe et qu'il mérite le respect, notamment parce qu'il est l'un des berceaux du parlementarisme, et parce qu'il a su préserver une tradition littéraire presque millénaire.
Lien : https://voyagesaufildespages..
Commenter  J’apprécie          511
Magnifique roman très instructif sur l'Islande du XVIIIe siècle qui m'a appris beaucoup de choses comme la vie à l'époque, la façon dont la justice (ou l'injustice ?) y était rendue, la toute puissance du roi Danois ... bref, j'ai adoré cette lecture. Pour de plus amples détails, je vous invite à lire les critiques de viou1108, raton-liseur, dbacquet et Woland qui ont admirablement développé le sujet, je m'incline devant leur érudition.

Challenge Pavés - 2016-2017
Commenter  J’apprécie          493
La cloche d'Islande est un des livres les plus connus d'Halldór Laxness, prix Nobel de littérature 1955. C'est un roman long, foisonnant et exigeant. Il y décrit, au travers de trois personnages principaux, la vie en Islande au XVIIIe siècle.

La cloche de la maison de la Lögrétta à Thingvellir est démontée pour être emportée au Danemark pour reconstruire la ville de Copenhague. le prévôt et exécuteur des basses oeuvres de Sa Majesté (le bourreau, en d'autres termes) et un croquant, Jon Hreggvidsson, condamné pour avoir volé un morceau de cordes s'attellent à la tâche.

À partir de là, c'est la descente aux enfers pour Jon, qui se voit accusé d'avoir tenu des propos injurieux à propos du roi. Il est condamné à payer 3 rixdales ou à être flagellé. Il est flagellé. Peu après, le bourreau meurt dans d'étranges circonstances et voilà notre Jon de nouveau accusé et, cette fois-ci, condamné à mort.

Jon a-t-il tué le bourreau ? Impossible à confirmer, Halldór Laxness ayant utilisé une ellipse fort commode. le lecteur est ainsi réduit aux commérages, avis des uns et des autres pour se faire une idée de la culpabilité ou non de l'individu. Pour être honnête, je n'en sais rien. Si vous avez une opinion tranchée à ce sujet, n'hésitez pas à me la signaler.

L'histoire pourrait s'arrêter là, mais Jon croise la route de la jolie Snaefrid qui le libère. Elle le charge d'une commission pour son amoureux qui n'est pas revenu du Danemark comme il l'avait promis. Et ce n'est que le début.

Je n'ai pas été mécontente d'avoir achevé ma lecture, non pas qu'elle soit inintéressante, bien au contraire, mais parce qu'elle est exigeante. Et les noms islandais n'arrangent rien. J'en ai appris beaucoup sur la société islandaise qui, à l'époque, ne possédait pas de pouvoir centralisé et vivait dans une misère dont on trouve maintes traces dans la littérature.

Lien : https://dequoilire.com/la-cl..
Commenter  J’apprécie          390
Un incontournable pour mieux comprendre l'Islande, se rendre compte des épreuves par lesquelles sont passés les Islandais (misère, maladies, domination politique) durant leur histoire (la population avait atteint un seuil critique et était presque menacée de disparition...).
De plus, le style adopté par Laxness nous familiarise, nous initie au style des sagas légendaires et de leurs Eddas toujours présentes dans l'âme et l'esprit de la population islandaise contemporaine et, de ses auteurs phares.
Si vous aimez l'Islande et voulez vous en rapprocher, il faut découvrir ce titre.
Commenter  J’apprécie          220
« La cloche d'Islande » a tout du roman picaresque : un style vif et ironique, dans des circonstances qui relèvent autant de la tragédie que de la comédie, une intrigue foisonnante, dans un pays, l'Islande, où régnait, au début du 18ème siècle, sous la tutelle danoise, la misère et l'oppression, où vit donc un peuple qui paraît avili sans pour autant qu'il oublie ce que fut sa grandeur incarnée dans nombre de ses sagas. le roman se construit autour de trois personnages principaux.
Jon Hreggvidsson est un paysan pauvre à qui on reproche d'abord d'avoir volé un bout de corde, laquelle sert à pêcher le poisson, puis d'avoir assassiné, dans des circonstances restées obscures, le bourreau du roi qui l'avait flagellé pour ce forfait. Il se retrouve au cachot, est condamné mais échappe cependant à son exécution, se retrouve enrôlé de force, voyage à travers de nombreux pays, avec pour seul arme, son ironie, et quelques bribes de chansons qu'il entonne ici ou là.
Snaefrid, « la vierge claire », « l'elfe svelte », incarne certes la beauté et la vertu mais aussi, dans la détermination qu'elle montre à sauver son honneur à la fin du livre, tous les combats de l'Islande. Elle épouse, bien qu'elle en aime un autre, un junker que ruine sa passion pour l'eau de vie. Elle est aussi la fille d'un gouverneur qui sera déchu.
Celui qu'elle aimait était Arnas Arnaeus, un savant vivant à Copenhague, ami du roi, et qui collectionne les vieux manuscrits de l'Islande, jusque dans les chaumières les plus reculées, dont celle de Jon Hreggvidsson…

Commenter  J’apprécie          200
La cloche d'Islande est considéré comme le chef-d'oeuvre de Laxness, et est parfois considéré comme le livre le plus important de la littérature islandaise. Devant un tel monument (heureusement je ne savais pas tout cela avant de commencer ma lecture), il est difficile pour l'humble petite lectrice que je suis de me lancer dans l'écriture d'une note de lecture, et encore moins d'une critique.
Je connais peu de chose de l'Islande, de sa culture et de son histoire, et il est évident que cela a gêné ma lecture. le style assez direct du livre m'a déconcertée, et j'ai surtout eu beaucoup de mal à entrer dans l'histoire, je ne suis même pas sûre d'y avoir réussi.

Cette histoire, justement. Elle est centrée autour de trois personnes, qui sont présents tout au long du livre, mais qui sont le centre d'une des parties du livre. Initialement publié en 3 tomes, la cloche d'Islande retrace d'une façon très personnelle l'épopée de l'Islande sous la domination danoise des premières décennies du XVIIIème siècle. La première partie, intitulée La cloche d'Islande, commence justement avec le décrochage de cette cloche, qui marque l'entrée de l'Althing, le parlement islandais créé en 930 et symbole de l'identité et de l'histoire islandaise. Jon Hreggvidsson, paysan pauvre mais libre qui n'a pas sa langue dans sa poche, est condamné à mort mais se retrouve en exil sur les routes du Danemark. Dans la seconde partie, La vierge claire, publiée en 1944, Snaefrid prend la place du personnage principal. Sa beauté fière est celle de ses ancêtres et des fées qui longtemps peuplèrent l'île d'Islande. Enfin, dans L'incendie de Copenhague, publié en 1946, l'érudit Arnas Arnaeus prend le pas sur les autres personnages. Inspiré par la figure historique d'Arni Magnusson, c'est un savant passionné par les sagas et les grands manuscrits islandais. Il bat les campagnes pour les acheter et les protéger, mais pour ce faire, les envoie dans sa bibliothèque de Copenhague, siège du joug que subit durement le peuple islandais infantilisé et réduit à la famine.
Ce sont trois figures complexes, et je n'ai pas toujours compris les ressorts de leur personnalité, les raisons qui sous-tendent leurs décisions. C'est en particulier le cas pour Snaefrid, le personnage féminin dominant, qui s'évertue à s'humilier et à détruire sa propre vie, préférant le sublime dans la déchéance si elle ne peut avoir le sublime tout court, comme si sa beauté ne pouvait être rehaussée que par l'écrin le plus vil.
Aucun des personnages ne m'est apparu attachant, mais si j'en crois la préface de Régis Boyer, inlassable traducteur de la langue islandaise, ces trois personnages sont aussi trois faces de l'âme islandaise. Dire quelle métaphore incarne chacun de ces trois personnages serait bien trop réducteur pour que je m'y risque. Mais c'est justement là que ma connaissance limitée de l'histoire et de la culture islandaise me font dire que je n'ai pas pu apprécier ce livre à sa juste valeur. Je ne suis d'ailleurs même pas sûre que ce livre soit destiné à un autre lectorat que le lectorat islandais. Je crois pouvoir entrevoir en quoi ce livre peut parler aux Islandais, l'évocation d'une période douloureuse de leur histoire mais aussi d'une inflexible fierté et d'une liberté défendue à tout prix, l'évocation de racines profondes et indélébiles, d'une tradition d'écriture bien plus ancienne que dans le reste de l'Europe et que les pays Scandinaves ont cherché à récupérer pour leur propre compte pour construire leur propre identité nationale. Tout cela, et bien plus encore, est dans ce roman riche, mais tout cela est resté hors de ma portée.
J'ai donc eu beaucoup de mal à finir ce livre, à essayer d'en percer le sens, et ce fut une lecture peu agréable. Il me semble que d'autres livres de Laxness sont bien plus accessibles, parce que plus universels dans leur propos, même s'ils sont ancrés dans leur territoire. Je me souviens de ma lecture de Gens indépendants il y a quelques années, et du très bon moment de lecture que ce roman avait été. Si je relis un jour Laxness, j'espère trouver à nouveau un livre dans cette veine, et je chercherai alors ailleurs à comprendre les soubresauts d'une histoire complexe et probablement passionnante.
Commenter  J’apprécie          192

Quatrième de couverture de l'édition GF - Garnier Flammarion de mai 1991 :

Lire un tel livre, à la fois historique - encore que librement romancé -, épique et dramatique c'est bien plus que se plonger dans une atmosphère tant soit peu exotique et découvrir un décor, une action, une époque et un univers fascinants. C'est aller aux sources mêmes de notre civilisation et de notre culture, en leur esprit, c'est vivre quelques uns de leurs maîtres mots, lourds de chair et de sang, et qui s'appellent indépendance, liberté, dignité, honneur, courage. Car il n'a jamais été facile d'être islandais.
Et Laxness, prix Nobel en 1955, qui mériterait d'être apprécié chez nous à l'égal de Cervantès, de Tolstoï ou de Hamsun, le sait mieux que personne.
Commenter  J’apprécie          150
Publié en pleine Seconde Guerre mondiale alors que l'Islande, à peine autonome du Danemark et bientôt officiellement indépendante, sert de base aux Etats-Unis, c'est-à-dire entre 1943 et 1946, La cloche d'Islande est non seulement le roman le plus connu de Halldor Laxness mais aussi tout à la fois un roman historique et une ode à la liberté fondamentale et inhérente aux Islandais.

La cloche d'Islande retrace les trajectoires de trois personnages représentant chacun une part de l'âme islandaise et qui, chacun à leur manière et selon, ou contre, leurs volontés, seront pris dans les tourments politiques d'une île magnifique et misérable. Magnifique, puisque les paysages décrits par Laxness rendent compte d'une nature tout à la fois hostile et poétique et qui font croire que si les dieux existent, l'Islande ne peut être que leur oeuvre. Misérable puisque l'île est dépendante du Danemark qui ne sait que faire de cette possession lointaine, peuplée de gens à la limite de l'humanité selon les Danois, où l'on se bat pour un bout de corde ou une tête de requin pourrie.

La première partie a pour personnage central Jon Hreggvidson, voleur de corde, engagé pour détacher la fameuse cloche d'Islande qui sonnait aux temps anciens pour les réunions de l'Althing (Parlement islandais où l'on traite des affaires de politique et de justice) et qui tue, ou non (jamais on ne le saura), le bourreau du roi danois. Condamné à mort par le gouverneur Eydalin, il est sauvé in extremis par le caprice de la fille de ce dernier, laquelle l'envoie ensuite au Danemark porter un gage d'amour à Arnas Arnaeus, commissaire du roi en Islande et grand collectionneur de livres. Echouant en Hollande, passant en Allemagne, Hreggvidson finit par arriver au Danemark mais Arnaeus refuse le gage d'amour, préoccupé seulement par ses livres.

La deuxième partie se focalise sur Snaefrid, la fille du gouverneur Eydalin. Mariée à un obscur junker qui joue ses biens, puis son domaine et enfin son épouse contre de l'eau-de-vie, courtisée par l'archiprêtre Sveinson, sorte d'archétype de l'austérité protestante qui refuse la vie et l'amour malgré son idéologie chrétienne, Snaefrid, surnommée le soleil de l'Islande, doit surtout faire face au dilemme que représente le retour d'Arnaeus sur l'île. Celui-ci est chargé de revoir les procès et les verdicts rendus par Eydalin, matérialisant ainsi le pouvoir du roi du Danemark sur l'île. Parmi les procès révisés, celui de Jon Hreggvidson est le seul sur lequel plane encore l'ambiguité. Cette deuxième partie montre le prix à payer pour la liberté. Pour Snaefrid, cela passe par la chute des siens et la solitude absolue.

Dans la troisième partie, Arnas Arnaeus est sollicité par les Hambourgeois pour devenir le gouverneur de l'Islande, étant entendu que les Danois souhaitent vendre l'île. Scientifique et intellectuel, Arnaeus est aussi un idéaliste qui imagine redonner son honneur à l'Islande, faisant de l'île une république pour ainsi dire indépendante, dans la lignée des anciens colons qui fondèrent là, entre l'Europe et l'Amérique (qu'ils visitèrent et colonisèrent !) un modèle politique unique, et dont le travail incessant de copistes sauvegarda à lui seul le patrimoine littéraire et mythologique scandinave.

Jon Hreggvidson, ce voleur et père indigne, cet assassin même, est au centre de la tension qui unit en même temps qu'elle atomise Snaefrid Eydalin et Arnas Arnaeus. Tension amoureuse qui unit trente ans durant deux personnages qui comptent parmi l'élite islandaise. Amour jamais satisfait, et qui pourtant dure et rapproche inexorablement les deux amants. Tension politique, aussi, qui les désunit, Arnaeus souffrant de sa position de commissaire du roi qui le place au-dessus de la mêlée politique islandaise et le conduit à bouleverser l'équilibre de la société. Tour à tour heureux messager des promesses d'amour et objet que la justice islandaise - et à travers elle, Arnas Arnaeus et Snaefrid - se déchire, Jon Hreggvidson est pourtant le seul personnage immuable - au sens : que n'atteignent pas les événements - du livre, solide fermier du Christ comme il aime à se décrire, indécrottable réciteur des rimes de Pontus, peau tannée par les coups et le rude climat.

Outre sa profondeur d'analyse, son goût pour l'histoire et l'anecdote, outre cette formidable capacité à tirer de l'histoire tragique une réflexion sur l'âme islandaise et la liberté, La cloche d'Islande est un livre qui marque par la profusion de l'écriture, son humour (quelques scènes cocasses tout de même !), sa structure aussi, très équilibrée, et dans laquelle pourtant les rythmes et les procédés changent. Laxness ajoute ainsi au conte philosophique voltairien (Hreggvidsen comme nouveau Candide dans la première partie) une dose de tragédie grecque dans laquelle les dieux d'Asgard semblent se rire de la destinée de l'île et des trois personnages centraux du livre.
Commenter  J’apprécie          120
Impossible pour moi de faire une critique d'un tel monument. Je me contenterai de décrire comment j'en ai vécu la lecture, interrompue bien avant la fin.
Je pensais y trouver une Islande rayonnante et évoluée autour de son parlement, l'althing (qui est l'image que j'en ai aujourd'hui mais c'est l'image d'une Islande indépendante). Mais le récit est plus tardif et on y voit des islandais fiers résistant à l'oppression danoise.
Le style rend l'histoire complexe à suivre. Les procès et les jugements farfelus n'aident pas. Les caractères très marqués des personnages frisent parfois la caricature. Vraiment trop difficile à lire pour moi.
Commenter  J’apprécie          90
Halldor Laxness (1902 - 1998), lauréat du Prix Nobel 1955.

La Cloche d'Islande est une fresque historique se déroulant au début du 18ème siècle, en Islande et dans les pays voisins.

incipit :

"Il fut un temps, est-il dit dans les livres, où la nation islandaise ne possédait qu'un seul bien de valeur marchande. C'était une cloche. Cette cloche était suspendue au pignon de la maison de la Lobretta, à Thingvellir, sur la rive de l'Öxara, attachée à une poutre sous les combles; on la sonnait pour se rendre aux tribunaux avant les exécutions...."

Cette cloche ne jouera aucun rôle dans l'histoire, le roi de Copenhague ayant besoin de bronze pour fondre des canons vint la réquisitionner. Cette cloche est le symbole de la nation islandaise et le rapt de la cloche est le prélude à l'oppression que le Danemark a imposé à l'Islande. Il est significatif de noter que La Cloche d'Islande fut publiée en 1943 alors que l'Indépendance de L'Islande fur prononcée à Thingvellir le 17 juin 1944 sur place.

Le livre se compose de trois parties : La cloche d'Islande  raconte les pérégrinations de Jon Hreggvisson, paysan gaillard et paillard, voleur de corde, peut être meurtrier sans remords du bourreau du Roi du Danemark. Rustre peut-être, mais insolent et poète, il rimaille à chaque occasion,

Le gaillard obtint son déduit,

Mit près de soi la femme dans son lit

De l'ivresse d'amour empli,

De l'ivresse d'amour empli

A peine avait-elle dit oui"

Toute sa vie, il chante Les Anciennes Rimes de Pontus pour narguer les bourreaux ou les autorités.

Condamné à mort, il s'enfuit, arrive en Hollande, puis au Danemark pour solliciter la grâce du roi. Roman picaresque, pas de cape ni épée, quand Jon a un chapeau, des bottes et une corde il est déjà heureux.

La Vierge Claire, est centrée autour du personnage très séduisant de Snaefrid, le soleil de l'Islande, fille du Gouverneur de l'île mais mal mariée au junker Magnus de Braedradunga. Ce dernier  possède un domaine aux fermes de tourbe à moitié en ruine. Soiffard, il est capable de vendre ses terres, ses fermes et même sa femme pour un verre d'eau de vie. Réduite à la mendicité par son mari, Snaefrid se réfugie chez sa soeur, la femme de l'évêque de Skalholt.

La dernière partie L'Incendie de Copenhague gravite autour du savant Arnas Arneus , vice-gouverneur de sa Gracieuse Majesté, assessor consistori, professor philosophiae et antiquitatum Danicorum. Cet érudit cherche à retrouver et à préserver les manuscrits islandais anciens. Il les déniche dans les lits des paysans qui utilisent le parchemin pour ressemeler les chaussures, ou pour obturer les fenêtres. Pour retrouver le livre d'une islandaise parvenue jusqu'en Amérique dans les temps anciens, il va jusqu'à  Rome. Il ne se contente pas de collectionner les livres anciens, il tente d'utiliser son crédit auprès du Roi du Danemark pour améliorer l'ordinaire et la justice rendue à l'Althing de Thingvellir.

Livre d'histoire décrivant la vie misérable des Islandais au début du 18ème siècle. Les marchands danois ont le monopole du commerce et il est strictement interdit aux Islandais d'entrer en contact avec les navires hollandais ou anglais qui croisent dans la région. Les pêcheurs islandais n'ont d'autre choix que de livrer leur pêche à Copenhague (huile de baleine) quand ils peuvent pêcher car on leur rationne corde, ficelles et hameçons pour leurs lignes. La disette règne sur l'île. Peste, variole, lèpre déciment la population.

Livre d'histoire mais aussi livre de poésie nourri de légendes nordiques, de sagas, de généalogies, d'érudition et même de latin. 

Au retour d'Islande, je peux mieux imaginer comment l'Althing - le parlement vieux de plusieurs siècles - a perduré, non pas comme institution qui légifère mais comme tribunal où se rencontrent nobles et mendiants, marchands et évêques. On voit aussi faucher l'herbe, traverser les rivières glaciaires. Chevaux, chiens ne sont pas oubliés.

Une conclusion magnifique à notre voyage et à toutes ces lectures islandaises!
Lien : https://netsdevoyages.car.bl..
Commenter  J’apprécie          70




Lecteurs (360) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3166 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}