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EAN : 9782246812982
336 pages
Grasset (10/01/2018)
3.5/5   29 notes
Résumé :
Yamissi, arrachée à sa famille en Centrafrique pour être vendue comme esclave, est achetée à Cuba par Ephraïm Sodorowski, un marchand juif polonais. Un amour improbable naît entre ces deux êtres. Il se prolongera par la rencontre à Dantzig, quarante ans plus tard, de leur fille Josefa avec Samuel Wotchek, un anarchiste juif en quête de pureté.L'odyssée de ces personnages, liés par leurs tragédies, s'adosse à la grande Histoire sur trois continents et cinq génération... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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"Les passagers du siècle", signé Viktor LAZLO et édité chez Grasset (2018) est un roman qui porte bien son nom. On y retrouve Yamissi, jeune princesse arrachée à sa famille et vendue comme esclave. Originaire du Centrafrique, elle sera achetée à Cuba par un marchand d'esclave juif d'origine polonaise. Nous sommes fin du 19 siècle et Viktor LAZLO décrit, d'une belle plume, le désarroi de ceux qui n'ont même plus de nom, qui n'ont que des chaînes, des coups, des maîtres. Plus d'identité mais encore, pourtant, assez de dignité pour endurer l'indicible. de ce couple esclave-maître, fondé sur l'insécurité, le manque de confiance, les différences culturelles et, pourquoi pas, un fond d'amour aussi improbable que réel, naîtra Josefa qui rencontrera, près d'un demi-siècle plus tard, un anarchiste juif, Samuel Wotcheck. Ce dernier aura passé sa vie à se chercher, à tenter de fuir son existence tout en voulant préserver son amour et se rapprocher d'une famille abandonnée. Dans la tourmente d'un continent qui se déchire sous la montée infâme du nazisme et de l'épuration dite ethnique qui massacrera juifs et roms, Viktor LAZLO nous réaffirme la difficulté de vivre debout, de rester digne, de trouver et garder sa voie dans un temps de compromissions, d'alliances, de ‘désalliances', de liens familiaux déchirés au nom d'idéaux mal définis, peu tenus et mouvants.

Les héros de ce récit ne sont donc que des passagers du siècle. Oh, bien sûr, ils ont quelques postures à tenir qui peuvent leur être propres... mais, en fait, ils ne font que traverser la tourmente d'un siècle sans aucunement pouvoir prétendre être pilote. Réduits au statut de passagers, ils ne sont occupés qu'à survivre.

Et puis, curieux personnage, il y a Fleur, centenaire en 2010 qui confie sa vie, ses certitudes, ses tentatives de remords et de regrets à un journal personnel. Son caractère odieux, suffisant, égoïste nous l'a fait peu apprécier. le lecteur que j'ai été a été prompt, plus d'une fois, à la condamner et à la rejeter avec mépris. Et pourtant, dans ce roman qui lie l'esclavagisme dont nous n'avons pas à être trop fiers et la Shoah, laquelle devrait interroger l'Europe actuelle quant à la montée des populismes, de l'individualisme forcené et du racisme ambiant qui reste bien présent, ce personnage de Fleur n'est-il pas, tout simplement, le reflet de la déshumanisation qui nous guette quotidiennement ? Fleur n'a pas voulu entendre la vie de ses parents, leurs combats pour la dignité. Elle a refusé d'écouter ce que sa descendance lui demandait. Elle n'a pas voulu reconnaître qu'elle avait une place à prendre dans la chaîne humaine qui fonde et renforce nos vies. Ses fuites, ses replis, ses préoccupations narcissiques ne sont-elles pas le triste reflet de ce que nous risquons d'être si nous ne réalisons pas qu'en un siècle, la dignité humaine a été bafouée par des courants négationnistes de la vie, tels l'esclavagisme et le nazisme ? Sommes-nous aptes à réaliser vers quoi notre 21e siècle risque de nous porter ? Fleur, tu es détestable... mais tu interpelles !

Dans ce roman « Les passagers du siècle », la plume de Viktor LAZLO est agréable à lire. Son propos est manifestement largement documenté mais, le choix de voyager sans arrêt dans le temps et dans des histoires de familles différentes ne facilite pas la compréhension générale de l'histoire … C'est un peu dommage !
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Dans ce roman, Viktor Lazlo mêle les destins de femmes noires (esclaves ou descendantes d'esclaves) et deux hommes juifs. du 19ème au 20 ème siècle, ces personnages sont rejettés par le continent européen colonialiste ou nationaliste.

A l'issue de cette lecture, mon avis reste très mitigé... L'idée de départ était intéressante, mais en ce qui concerne le traitement, il est assez inégal. On le voit tout d'abord au niveau des personnages dont les portraites sont très inégaux. Les thématiques que l'auteure a choisi de traiter sont intéressantes et judicieuses. Viktor Lazlo nous parle ici de nos illusions, du rapport à la maternité et au corps féminin parfois compliqué, du positionnement social au regard de nos origines et de la famille qui est tour à tour un moteur et un poids pour l'individu. Mais ce qui semble être le coeur du roman ce sont les idéologies et leur influence sur les individus. Tous les personnages du roman, les hommes, les femmes, les noires, les juifs, les métisses : tous sont soumis à un appel constant vers un ailleurs, un désir qui s'inscrit en opposition avec les désirs d'otarcies qui règnent à ces époques.

Le problème, c'est qu'en plus de personnages qui manquent d'épaisseur, la construction du roman (d'un point de vue chronologique, mais pas seulement) est bancale, et on se perd assez vite dans tous les propos et combats sur tous les fronts.

Il faut quand même reconnaître que les scènes d'adieux et celles où les personnages ressentent de la haine ou du désespoir sont bien transcrites. Mais cela ne m'a pas suffit.
Alors les romans que j'ai déjà lu sur les esclaves et leurs descendants d'un côté et les juifs de l'autre. Mes attentes étaient élevées, trop peut-être...

Je remercie Babelio et les éditions Grasset pour cet envoi et leur confiance.
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Arrivée au seuil de sa vie, Fleur Desvérieux Gaudrèche fait face à son terrible héritage, l'incroyable histoire portée par ses parents, témoins et victimes des pires crimes de l'humanité, l'esclavage et l'extermination des juifs. Née d'un père polonais et d'une mère d'origine africaine, élevée en Martinique française, Fleur a vécu sa vie en choisissant de ne pas porter le fardeau de ses parents. Ses derniers jours arrivés, elle ressent le besoin de raconter, de transmettre son histoire à un journal qui lui survivra. Entre les pages de confession épistolaire, nous sont racontées les histoires de Yamissi, jeune princesse africaine capturée puis vendue sur un marché d'esclaves à Cuba à un marchand polonais, de Magda Wotchek, polonaise pauvre élevant seule ses cinq enfants au milieu des troubles anarchistes et ouvriers du début du XXème siècle, de Sarah Wotchek, ouvrière engagée politique, enfermée avec sa famille dans un ghetto juif dès 1941. A travers l'histoire de Fleur et de ses parents, se croisent des destins brisés par l'Histoire d'hommes et de femmes à la merci de leurs origines.

"Nègres ou juifs, quelle importance, nous errons tous d'une étrange et languide manière. Josefa pensa qu'ils n'étaient que des gens qui descendaient des bateaux, la cale et l'entrepont, le bois grinçant et les sargasse puantes, telle était leur ascendance."

Incroyablement bien écrite, cette grande fresque historique nous transporte à travers les années, nous parle de politique, de liberté, de commerce et de tant d'autres choses. L'histoire d'une famille nous transporte du XIXème au XXème siècles, sur ces quelques années qui ont chamboulé l'humanité : la fin de la traite négrière, dont l'abolition a été plus ou moins bien respectée selon les pays, les deux guerres mondiales et le règne du nazisme. Sur les pages évoluent les mentalités des personnages, leur façon de vivre et d'appréhender les autres autour d'eux, mais s'entrechoquent aussi et surtout les différentes générations avec leurs anciennes habitudes, leurs difficultés à admettre et à adopter le changement.

La construction du récit est très bien réalisée et nous donne constamment l'envie de continuer à lire, de connaitre la fin de l'histoire, d'avoir le fin mot de la vie de nos personnages, on commence par la fin, pour progressivement arriver au début et terminer sur les dernières années de Samul Wotchek, père de Fleur et juif polonais, rentré au pays au début de la guerre de 39-45 pour veiller sur les siens. On a vraiment le sentiment incroyable d'y être, dans cette petite histoire familiale imbriquée dans la grande, de comprendre ce que ces personnages ont pu vivre et ressentir, d'être un peu à leur place, juste le temps d'un livre. Ils sont tous attachants ces personnages avec leur fardeau si lourd à porter, avec leurs rêves explosés en plein vol, avec leurs petits bonheurs quotidiens si vite partis en fumée.

Il n'y a que Fleur finalement qui nous semblerait presque insupportable, avec sa petite vie sans relief sur son île, son égocentrisme latent, ses caprices de petite fille couvée. Et pourtant, elle nous montre à quel point il est facile pour les nouvelles générations, pour ceux qui sont loin, d'oublier la réalité de ce que leurs proches ont pu subir, de ce qu'ils sont encore en train de subir. du traitement subi par sa grand-mère, vendue comme une esclave puis comme une prostituée, elle ne garde que le soin apporté à sa propre peau pour qu'elle reste claire. de la religion de son père ou du sort de ses tantes et cousins persécutés en Europe, elle ne garde rien, un vague sentiment révolutionnaire passager, ce qui ne l'empêche pas d'épouser un homme aux idées catholiques radicales. Fleur tourne le dos au passé de ses parents, un passé mal connu, dissimulé aux yeux des autres, un passé honteux que les Gaudrèche, avec leur nom d'emprunt et leur nouveau départ, avait préféré laisser derrière eux. Fleur ne fait que continuer cette tradition, elle oublie tout, elle se recentre sur elle-même et délaisse cette famille qu'elle ne connait pas.

Un roman très riche, en personnages, en émotions, en évènements, instructif et addictif à la fois, c'est une très bonne lecture que je recommande chaudement !
Lien : https://theunamedbookshelf.c..
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Les passagers du siècle de Viktor Lazlo m'a été envoyé par net galley et les éditions Grasset.
J'ai découvert avec plaisir la jolie plume de Viktor Lazlo. Je la connaissais chanteuse, j'ignorais qu'elle écrivait avec une telle poésie.
Fleur est une vieille dame, arrivée au seuil de sa vie elle décide de raconter son histoire.
Nous voyageons avec elle, nous traversons trois continents et découvrons des personnages forts, touchants. de la traite négrière à la Shoah, ce roman est vraiment riche en émotions et aborde des sujets forts.
Même si j'ai apprécié l'écriture, j'avoue m'être parfois un peu perdue entre les époques et les personnages.
Je ne regrette pas ma lecture et j'espère relire l'auteure, mais ce n'est pas un coup de coeur, d'où le trois étoiles et demie.
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Mon avis:

Viktor Lazlo est une femme très connue puisqu'elle est à la fois actrice, chanteuse et auteure, mais chose étrange moi je n'en avais jamais entendu parler. Cependant son dernier roman paru en ce début d'année chez Grasset m'a interpellé parce qu'il réunit deux thèmes que j'aime retrouver en littérature la ségrégation et l'antisémitisme. Je remercie donc la maison d'Edition pour l'envoi de ce titre qui m'a enfin permis de la découvrir.

C'est un roman on le comprend tout de suite qu'on ne lit pas d'une traite, il faut prendre son temps pour bien comprendre l'histoire puisque l'on va suivre deux familles sur deux continents différents à des époques différentes, mais qui vont cependant finir par être liées. Je remercie d'ailleurs l'auteure d'avoir pensé à insérer un arbre généalogique au début du livre qui m'a beaucoup aidé, car il y a énormément de retours en arrière et il est donc assez difficile au début de suivre le fil de l'histoire. Ce sont les grands événements de la fin du XIXème siècle jusqu'au milieu du XXème siècle en Pologne, en Centre-Afrique et à Cuba que l'auteure retrace dans son roman.

On suit tout d'abord en 1880 Ephraïm un polonais qui a quitté son pays quelques années plus tôt après un attentat auquel il avait participé lors de l'insurrection polonaise, et qui suite à cela est venu se réfugier à Cuba, mais également Yamissi une africaine qui est enlevée et vendue comme esclave dans cette même ville. Puis, quelques années plus tard l'auteure nous plonge en 1906 où l'on rencontre le jeune Samuel un polonais qui fuit son pays en plein conflit indépendantiste, et qui sur sa route va faire la rencontre de Josefa la fille de Yamissi et Ephraïm qui deviendra sa femme. Tous deux vont par la suite finir par s'installer en Martinique où ils vont avoir une petite fille Fleur. C'est Fleur qui en 2010 à l'aube de ses 100 ans nous raconte l'histoire de ses ancêtres à travers ses mémoires qu'elle écrit avant de mourir, pour pouvoir transmettre à sa descendance le récit de ce passé tumultueux mais très riche.

Je ne doutais pas que ce roman allait beaucoup me plaire et me toucher parce qu'il traite de sujets très importants et très graves de l'Histoire dont on ne parlera jamais assez à mon sens. Je suis toujours ravie de voir que certains auteurs choisissent d'en faire les sujets principaux de leur livre parce qu'il me semble nécessaire de continuer à en parler, afin de toujours informer et surtout pour ne pas oublier. En ce sens je n'ai pas été déçue concernant les passages traitant de ces deux sujets. J'ai dévoré ceux retraçant la vie de Yamissi en tant qu'esclave, on assiste impuissant à la séparation déchirante entre la jeune femme et sa famille, à la dure traversée de l'océan Atlantique pour rejoindre l'Amérique du Sud dans un bateau de fortune, à la faim et à la soif dont ils souffrent jour et nuit, aux viols et aux châtiments corporels qui leur sont infligés, et enfin à la honte qu'ils ressentent en étant traités comme du bétail et qui finissent par vous enlever tout ce qui fait de vous un être humain.

Ces passages là m'ont bouleversé par leur dureté, comme cela a été le cas concernant ceux de la famille de Samuel en Pologne durant la seconde guerre mondiale, des années pendant lesquelles ils vont vivre l'horreur, l'enfer du ghetto juif polonais puis des camps. J'ai lu énormément de romans traitant du sort des juifs à cette époque et je suis toujours autant émue et bouleversée par tout ce qu'ont pu subir ces pauvres gens. Ce sont ces passages là qui font toute la beauté et la force de ce roman, même si je l'avoue d'autres m'ont moins plu, m'ont moins intéressé, voir même qui m'ont semblé parfois assez longs et ennuyeux comme cela a été le cas concernant les conversations politiques entre certains personnages secondaires par exemple.

De même, la force de ce roman réside également dans ses personnages charismatiques tels que Ephraïm, Yamissi, ou encore Samuel. Ils ont vécu à des époques différentes mais qui n'en sont pas moins aussi complexes et très difficiles. Cependant malgré le contexte historique dans lequel ils vivent, ce sont des personnages que j'ai trouvé extrêmement forts et courageux, qui malgré ce qu'ils traversent, malgré leurs conditions de vie ne baissent pas les bras et arrivent à puiser au fond d'eux même la force de voir au-delà de ce qu'ils sont en train de vivre, ils arrivent à croire et à espérer un monde meilleur, un futur qui semble aujourd'hui impossible. Je suis toujours admirative de voir avec quel courage ils arrivent à continuer à vivre après un tel traumatisme.

Si j'ai donc apprécié la plupart des personnages, je n'ai cependant pas adhéré par contre à certaines de leurs décisions qui m'ont paru en total contradiction avec leurs principes, et qui ainsi ne m'ont pas permis de les comprendre réellement. Je n'ai pas compris par exemple "la double personnalité " d'Ephraïm qui d'un côté est un esclavagiste, mais qui épouse ensuite Yamissi qui travaillait pour lui, je n'ai pas compris non plus le choix de Samuel qui a finalement oublié sa famille pendant des années alors qu'il avait quitté son pays afin de trouver une vie meilleure pour lui et les siens, et enfin je n'ai pas compris non plus le choix de Fleur qui on l'apprend au fil des pages a abandonné un de ses enfants parce qu'il était noir, alors même que sa grand-mère des années plus tôt a connu l'enfer à cause de sa couleur de peau.

Les passagers du siècle n'est donc pas un coup de coeur pour ces raisons là, mais il reste quand même un très beau roman qui traite des différences sociales et raciales et des combats menés par certains parfois au péril de leur vie pour avoir plus de droits, pour l'indépendance de leur pays, ou pour être libres tout simplement.

Pour conclure:
Un roman complexe de part la multitude de personnages et d'époques qui s'entrecroisent, mais qui retrace avec justesse trois événements majeurs de la fin du XIXème siècle jusqu'au milieu du XXème comme l'esclavagisme en Centre-Afrique et à Cuba , mais aussi les mouvements indépendantistes et l'antisémitisme en Pologne. Malgré quelques longueurs et certains choix incompréhensibles à mon sens de certains personnages, Les passagers du siècle est un roman marquant qui touche, bouleverse, qui est à lire tout simplement.

Ma note: 17/20.
Lien : http://autantenemportelesliv..
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critiques presse (2)
LeFigaro
02 mars 2018
La chanteuse et comédienne Viktor Lazlo publie Les passagers du siècle, un roman ambitieux qui confirme ses dons.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LaLibreBelgique
01 mars 2018
Un grand roman. Elle le dit modestement, tout à la fin de notre entretien. Pourtant, quand elle s’est mise au travail, voici presque trois ans, c’est de cela que rêvait Viktor Lazlo, encouragée par son éditeur de l’époque.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Tu as raison, Malavita, je suis un lâche. Et devant toi, je n'ai jamais pu me cacher. Tu sais de moi des sentiments que j'ai oubliés. Tu as réussi en quelques années à réhabiliter à mes yeux une race d'hommes que je ne voyais pas. Vous étiez transparents. Utiles et transparents. Ta seule présence a rendu à tous ces pauvres gens que j'ai traités moins bien que du bétail une existence visible. Parce que tu n'as jamais été invisible. J'aurais dû m'en douter quand je t'ai achetée et peut-être l'ai-je toujours su. Vois-tu, Malavita, on ne peut vivre en paix avec un passé aussi laid. Tout ce que j'ai détruit sur ma route me poursuit inlassablement. Je suis et serai éternellement un homme en fuite. Un juif errant. Même si je me suis éloigné de mon culte, même si je m'en suis bien sorti, au fond de moi subsistent la honte, la persécution. Seule ta présence me soulage. Seule ta présence...
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Il y a quelque chose d'enfantin et de doux au fond de cet être. Quelque chose de doux et de cassé. Quelque chose à réparer. Elle est sûrement plus âgée que lui mais à la lumière du jour l'écart ne semble pas si grand. Elle le regarde et son regard à elle semble dire : parle-moi, parle encore, j'ai tant de choses à pardonner aux hommes. Mais les hommes savent se taire mieux que personne.
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Nègres ou juifs, quelle importance, nous errons tous d'une étrange et languide manière. Josefa pensa qu'ils n'étaient que des gens qui descendaient des bateaux, la cale et l'entrepont, le bois grinçant et les sargasse puantes, telle était leur ascendance.
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On fit tomber les statues récemment élevées en l'honneur de l'occupant soviétique, le portrait de Staline fut déchiré par la population qui avait été si prompte à se réjouir de la présence bolchévique. Telle était la cynique réalité de Bialystok: un occupant chassait l'autre et vidait le pays de sa fierté déjà trahie. Pauvre Pologne qui ne savait pas encore que sa population, à l'instar de tous les Slaves, faisait partie des Untermenschen. (p.304)
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En cet instant ce sont deux faiblesses qui se rejoignent. Samuel entraîne Josefa dans la chambre tout en haut, elle se laisse guider comme une somnambule, il la couche sur le lit, délicatement, et s'allonge à ses côtés. Il ose à peine la toucher. " Déshabille-moi", lui souffle-t-elle dans un faible sanglot. Il s'enhardit, s'exécute, et découvre son corps, sa peau comme de la soie. Il ôte sa chemise et se presse contre elle. Ils sont deux mais si quelqu'un pénétrait dans la chambre en cet instant, il ne verrait qu'un corps, une moitié noire et l'autre blanche, les deux moitiés scellées à jamais.
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