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Citations sur Courir. Méditations physiques (11)

Pour nous aussi, il existe une frontière entre la marche et la course. Avoir toujours un pied au sol, ce n’est pas avoir les deux pieds dans l’air. La course n’est donc pas une variation de la marche : elle est une expérience qui ne lui est pas réductible. Quand je cours, je n’ai pas le sentiment de marcher en plus vite, je fais un usage nouveau de mon corps. Et la question, dès lors, est moins de savoir si la course est un sport ou n’en est pas un que de s’interroger sur le type d’usage qu’elle met en jeu.
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Albert Camus remarque, au début du Mythe de Sisyphe, qu'un homme s'est suicidé parce qu'il ne voulait plus se raser jour après jour. Le motif est sans doute l'un des plus valables qui soient. Tenir dans la répétition, c'est à coup sûr tenir à la vie ! Quand la répétition est impossible, c'en est fait d'une vie.
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En Amérique, tout le monde court ou presque. Vus de loin, les coureurs ressemblent à des êtres insensibles dont aucun sortilège extérieur ne pourra annuler les errances sur le bitume qu’ils ont programmées. Cela pourrait ressembler à une pensée de l’après-catastrophe. De nouveaux chevaliers parcourent les routes dans tous les sens et rien ne les arrête, ils sont pour ainsi dire invulnérables. C’est la vision du film Blade Runner ajustée par Baudrillard aux images de New York lors de son voyage américain : « Les milliers d’hommes seuls qui courent chacun pour soi, sans égard aux autres, avec dans leur tête le fluide stéréophonique qui s’écoule dans leur regard, ça, c’est l’univers de Blade Runner, c’est l’univers d’après la catastrophe. »
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Et si jogging voulait dire : « faites l’amour, pas la guerre » ? Cette nouvelle philosophie californienne d’un do it yourself ne ressemble qu’en apparence à la flagellation baudrillardienne des corps. C’est que les retrouvailles mondiales des joggers, à Berlin, New York, Londres ou Rome affirment des manières d’être ensemble qui célèbrent des façons d’arpenter des lieux, de les respirer, de les vivre en foules immenses.
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Parfois, des mondes qui ne se rejoignent pas se télescopent ou entrent en résonance et créent une magie inattendue. Rome n’est pas une ville où il est vraiment possible de courir. Certes, il y a les bandes étroites qui longent le Tibre et où s’égayent les coureurs aux tenues bariolées. Certes, le parc de la villa Borghèse est propice aux raids majestueux dans quelque allée boisée, laissant les monuments classiques à portée de main, dans leur écrin de silence.
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L’homme qui court en levant la main pour saluer le stade n’est plus vraiment quelqu’un, c’est une fantaisie mobile que d’aucuns chercheront à transformer en intensificateur national. Les mots d’ordre se multiplient. On entend un speaker : « Le rapprochement économique, politique et culturel de l’URSS et de la Tchécoslovaquie consolidera toujours le puissant camp du socialisme démocratique. Il sert la lutte commune de toute l’humanité progressiste pour la paix et la démocratie contre les Anglo-Américains responsables de cette nouvelle guerre mondiale. »
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Ouvrir un livre de philosophie, c’est faire l’expérience de la lenteur, du surplace, du voyage immobile ou presque. On marche beaucoup chez les philosophes et, en tant que lecteur, on avance pas à pas. C’est comme si nous étions des explorateurs qui avions à nous frayer un chemin dans la forêt vierge, une machette à la main. Peu à peu, un chemin émerge, et si personne ne sait à l’avance où il va, il devient, à force de persévérance, un cap de bonne espérance. La philosophie a toujours été ressentie, analysée comme une épreuve de lenteur.
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Courir est pris dans le symptôme mais le déborde, ne cesse de le déborder en inventant des figures irréductibles qui renvoient à des états de la course. Car l’on peut courir pour sauver sa vie, une fois épuisées toutes les autres options et qu’il ne reste plus que celle-là, pour ne pas être fait comme un rat, comme l’on peut courir par plaisir, pour voir ce qui se passe en soi et hors de soi, pour partir à sa découverte et à la découverte du monde, pour mieux se connaître.
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Dans le petit monde grec des premiers philosophes, l’Ami, l’Amoureux, le Concurrent, le Rival équivalent à de telles déterminations : ce ne sont pas des incarnations exemplaires de problèmes philosophiques, plutôt des personnages qui peuplent le théâtre philosophique, lui donnent une contenance propre. Aussi, quand Platon se demandera, dans le Politique, qui peut gouverner la cité, il fait surgir un monde de rivaux qui n’appartiennent qu’au théâtre de la pensée. Ils sont nombreux à vouloir se présenter ainsi au service des hommes : du fermier qui les nourrit au médecin qui les soigne, en passant par le soldat qui les protège, différentes personnes surgissent qui entendent affirmer, selon un point de vue bien particulier, ce qu’est le bien de la cité. Il reste que ces personnes sont, pour Deleuze et Guattari, des êtres de papier, tout un peuple de la pensée, explicitant les concepts que le philosophe formule à haute voix et qui n’ont pas forcément vocation à exister.
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À l’origine du marathon, il y a un linguiste, professeur au Collège de France : Michel Bréal, voulant rendre hommage au messager grec Phidippidès – qui aurait annoncé aux Athéniens, après un raid d’une quarantaine de kilomètres, la victoire des Grecs contre les Perses à Marathon –, eut l’idée d’introduire le marathon aux Jeux olympiques d’Athènes de 1896, et en confia l’idée à Pierre de Coubertin.
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