Au nom de quoi ou de qui les expulsables, les sans voix, ne peuvent-ils pas se faire entendre ? Les questions se posent mais les réponses ne sont pas toujours trouvées car le sujet est vaste et complexe. Nous sommes enfermés dans la société dite "Etiquette" qui nous oblige à penser par la voie des médias. Ceux qui parlent plus fort imposent davantage leurs idées avec force.
Ce livre est là pour donner des chemins, des pistes, des traces afin d'élargir notre réflexion sur les sujets de société; être rejeté peut arriver à n'importe qui et à n'importe quel moment dans la vie: lors d'une séparation, d'une maladie, de la perte d'un être cher... On peut s'octroyer une ligne de conduite pendant toute une vie mais soudain, les cartes peuvent être rabattues. Alors, n'est-il pas préférable de trouver ses propres réponses?.
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Car l'exclusion n'est pas un accident de la vie sociale même si elle arrive de manière souvent accidentelle. L'exclusion est le revers de l'inclusion. L'inclusion des uns ne semble possible que par l'exclusion des autres.
Si tel est le cas, c'est toute la cité, c'est tout notre monde qui est concerné par elle.
Pourquoi vivons nous dans un monde qui ne peut inclure les uns qu'en excluant les autres ?
Est-ce à dire qu'il n'y a pas de travail pour tout le monde ?
Mais qu'est-ce qu'un monde ou la possibilité de la chute est à ce point non circonscrite ?
Plus généralement, si être exclu, c'est également être exclu de la possibilité de prendre la parole, comment parler au nom des exclu aurait-il encore un sens ?
Parler au nom de ne suppose -t-il pas que celle ou celui qui n'a pas parlé aurait malgré tout, si les conditions sociales, ethniques, de genre avaient été plus favorables, pu parler ?Une voix ne doit-elle pas être garantie, au moins comme voix virtuelle, pour pouvoir lancer l'appel en légitimité d'une autre voix ?
Les exclus d'aujourd'hui ont mauvaise presse. Plus qu'hier ?On leur reproche toutes sortes de maux. Tantôt ils sont de mauvais travailleurs qui préfèrent vivre des minima sociaux plutôt que de trouver un emploi.
Tantôt ils sont de mauvais étrangers qui ne veulent pas s'intégrer.
Ou alors ce sont des femmes douteuses, trop voilées pour être honnêtes .
Pourquoi avons-nous aujourd'hui le sentiment d'être à ce point exclus ? Il est toujours possible de dire que l'exclusion est une fiction, qu'en réalité nous sommes de plus en plus des sujets intégrés. Notre vie n'est elle pas matériellement meilleure que celle de nos parents ? Pourtant l'angoisse de se vivre au dehors n'a jamais été aussi grande.
Qui est en effet le sociologue pour décréter que le chômeur de longue durée vit cette situation dans la honte et que son existence et privée aussi de tout sens et de tout projets ?
Est-il possible d'affirmer cela ? Peut-être. Mais peut-être pas.
Et cela change tout . Car la possibilité sociale de la honte n'est jamais une nécessité.
Un déjeuner-philo avec Cécile Daumas, journaliste et Fabienne Brugère, philosophe, autour de son récent ouvrage « le peuple des femmes. Un tour du monde féministe (co-écrit avec Guillaume le Blanc) » (Flammarion, 2022).
En association avec la Médiathèque de Monaco, la rencontre est présentée par Lauren Bastide, journaliste et essayiste.
L'auteure sera disponible pour une séance de signatures à l'issue de la présentation de son ouvrage.
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Ce livre est une enquête sur les pratiques et les voix des femmes dans le monde. Nourri d'entretiens avec des activistes, des artistes, des femmes engagées et des hommes concernés, de synthèses originales sur les grands problèmes qui se posent aux femmes aujourd'hui, il constitue un vade-mecum des pratiques féministes contemporaines.
Le peuple des femmes manifeste une nouvelle exigence de justice qui est désormais la norme, la justice de genre : femmes, hommes, hétéros, homos, trans, tous sont concernés. Non seulement le peuple n'est plus le monopole des hommes, mais la justice sociale qui le sous-tendait et qui s'organisait selon la redistribution des richesses ne peut plus occulter de nouvelles redistributions. le peuple des femmes n'est donc pas le symétrique du peuple des hommes. Il affirme qu'à la racine de tout monde commun se tient l'enjeu central d'égalité. Mais, par-delà la justice et l'égalité, c'est à une lutte pour le pouvoir que nous assistons. Ce pouvoir préempté par les hommes leur est désormais disputé par les femmes. Renouvelées par les pays du Sud, portées par la puissance des femmes, les formes d'organisation sociale évoluent. Écoféminisme, féminisme du care, féminisme queer : le peuple des femmes, transnational et inclusif, s'affirme comme antidote aux nationalismes virilistes.
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