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EAN : 9782356448996
Enrick (03/11/2021)
4.21/5   7 notes
Résumé :
Les peines prononcées par les tribunaux sont-elles exécutées ? Comment le sont-elles ? Bérangère Le Boedec-Maurel répond à ces questions en nous livrant des portraits d'hommes et de femmes, qu'elle suit en tant que « JAP » (juge d'application des peines). Elle nous fait partager sa confrontation à la violence sexuelle, conjugale, routière, aux trafics de stupéfiants dans le cadre de la mise à exécution et de l'aménagement des peines d'emprisonnement ou de probation.... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Acteur du service public de la Justice et très proche collaborateur de l'auteure de "Jusqu'au bout de mes peines – Chronique d'un juge de l'application des peines" paru fin 2021, je me devais de commenter ce premier livre-témoignage de Bérangère le Boedec-Maurel.

Avant d'être nommée magistrate en terres cévenoles et plus précisément pour assurer les fonctions de Juge d'application des peines (JAP), elle a exercée en tant que Juge aux affaires familiales au Tribunal de Grande Instance d'Évreux après une longue carrière en tant que juriste au sein de divers organismes sociaux.

Cette "chronique" est avant tout un livre-témoignage particulièrement bienvenu tant la matière de l'application des peines est peu connue du grand public (ou du moins de manière biaisée sinon "déformée" par les médias et les séries policières) mais aussi peu souvent mise en lumière dans ses aspects pratiques. Sans fard et avec autant d'humanisme, de pédagogie que de lucidité et de rigueur, l'auteure nous ouvre les portes de son cabinet et de ses rendez-vous judiciaires au travers d'une série de 30 portraits de probationnaires (autrement dit de personnes condamnées suivies par son cabinet dans la mise en oeuvre des condamnations prononcées à leur encontre). 30 portraits qui sont autant de profils distincts et autant d'histoires personnelles plus ou moins marquées par des addictions, une enfance difficile, un milieu fait de violence, de misère ou encore d'absence parentale.

Avec cet ouvrage, elle permet aux professionnels du droit mais aussi aux étudiants et au public plus largement de découvrir et parla même mieux connaître les tenants et les aboutissants de sa fonction, ses liens avec d'autres intervenants dans le champ judiciaire (dont le Ministère public principalement ainsi que le service pénitentiaire d'insertion et de probation dit "SPIP", cheville ouvrière du suivi judiciaire imposé aux personnes condamnées) et au-delà, mais également les limites de ses fonctions tenant parfois aux moyens dont dispose la Justice ... tout comme le secteur médical, notamment en matière psychologique et psychiatrique.

Elle rend compte de la même manière de la complexité qu'est l'acte de juger face à des personnes dont tant les profils, les parcours, les milieux socio-professionnels que les histoires diffèrent et la place que prennent dans ses décisions l'espoir comme le doute. Et rappeler que toute prise de décision est en soi un défi aux aspects multiples : empêcher la réitération des faits, remettre sur le sentier de la réinsertion, ré inculquer les valeurs et principes républicains, faire admettre par les personnes condamnées la place de la victime, etc.

A l'instar de l'ouvrage de Laurence Bellon consacré à un cabinet de Juge pour enfants ("L'atelier du juge : A propos de la justice des mineurs"), Bérangère le Boedec-Maurel rend compte de l'analyse du travail singulier d'un "artisan" de la justice au travers des situations concrètes, riches, parfois insoupçonnées qu'elle examine dans sa galerie de portraits. Elle révèle ainsi l'engagement, les obstacles, mais encore les doutes et les réussites qu'un magistrat est appelé à connaître, au même titre que tous les autres professionnels en charge du suivi des personnes condamnées au sein et au-delà de la simple chaine pénale.
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