Dans une première partie,
Jean-Michel le Boulanger retrace, dans les grandes lignes, l'histoire de la culture artistique démocratique. Il revient rapidement sur un certain nombre de personnalités importantes, qui ont joué un rôle essentiel dans cette histoire de la culture et qui ont permis la création artistique libre que nous connaissons aujourd'hui. Enfin.. tout est relatif.
Victor Hugo, Clémenceau, Camus,
André Malraux ou encore
Jack Lang se sont battus, ont affirmé une position vis-à-vis de la création artistique et sur l'importance d'éduquer les citoyens. Malheureusement, de nos jours, le monde culturel (juste le monde ?) est en crise. Des oeuvres sont régulièrement dégradées voire détruites, qu'il s'agisse de livres, d'oeuvres d'art ou de monuments. Les budgets alloués à la culture sont constamment revus à la baisse. Les postes se font de plus en plus rares. Et pourtant, les lieux dédiés à la culture (médiathèques, cinémas, musées…) sont beaucoup plus fréquentés aujourd'hui qu'il y a cinquante ans ! C'est à n'y rien comprendre.
Le problème réside aujourd'hui dans l'acceptation des oeuvres. Les gens ne comprennent pas ce qu'ils voient, ce qu'ils lisent. Ils se confortent dans l'idée que l'art est réservé à un petit groupe élitiste. Il y a actuellement un gros problème de tolérance. On n'aime pas ? On détruit. On accepte pas, on ne reconnait pas ses propres valeurs dans une oeuvre ? On ne passe pas son chemin, voyons, on détruit. Il s'agit pour moi d'une forme de terrorisme, un terrorisme culturel.
« Créer, c'est résister. Résister, c'est créer. »
S'il y a bien une chose que j'ai pu constater au cours de mes cinq années d'études, c'est que l'art permet de transmettre un certain nombre de choses et de poser un regard sur des vérités qui dérangent. Ce n'est pas pour rien que de nombreuses féministes ont choisi un médium artistique (photographie, peinture, littérature, happenings théâtraux) pour partager leur point de vue, alors que beaucoup choisissaient de fermer les yeux, d'ignorer leurs besoins, leurs revendications. L'art leur a permis de faire du bruit, de faire parler d'elles et de faire progresser lentement mais sûrement la condition féminine. Ce n'est pas pour rien que les régimes totalitaires s'empressent de museler les artistes, artistes surnommés « voix de la liberté » par l'auteur.
« L'auteur peut bousculer nos regards, et nous en avons besoin ! »
A notre époque, il convient de se demander quelle est la place de l'art dans un monde fracturé ? L'auteur souligne l'importance de faire des choix politiques et militants. Il défend la culture populaire. Nous ne sommes pas seulement un public, nous sommes également des acteurs. Nous posons un regard sur des oeuvres qui questionnent notre mode de vie, notre société actuelle et qui vont remettre en perspective notre vision des choses.
Jean-Michel le Boulanger remet en cause le mode de vie contemporain, marqué par l'hyperindividualisme et l'hyperconsommation. Il y a une mutation profonde du rapport de l'individu à la société. Il faut aujourd'hui promouvoir des valeurs données par une culture qui permet le discernement, l'esprit critique face à la complexité du monde. La culture doit permettre une ouverture sur ce qui nous entoure.
« Une addition de « je » ne construit pas un « nous ». »
L'essai de Jean-Michel le Boulanger est clair, concis. Il se lit facilement et rapidement. Il est très intéressant, particulièrement enrichissant. J'aurais aimé un peu plus d'exemples, des études de cas plus développées. Mais, à mes yeux, cet essai est à mettre entre toutes les mains, notamment entre celles de nos chers politiciens. Il faut que la France construise une nouvelle politique culturelle. Il faut redonner à la culture une place de premier ordre. L'auteur nous interpelle. Il choisit soigneusement ses mots, des mots forts qui montrent l'ampleur du drame qui touche actuellement la culture, du danger qui la guette si nous ne réagissons pas et que chacun reste dans sa bulle. Ceci fait que son livre est prenant, on se sent concernés et impliqués.
Il faut construire cette nouvelle politique culturelle sur un pied d'égalité. La culture pour tous est, à ce jour, une priorité et l'auteur insiste sur l'importance de « faire humanité ensemble ».
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