AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : SIE85670_9297
Honore Champion (30/11/-1)
4.5/5   3 notes
Résumé :
"Aucune mythologie nouvelle n'est encore assez forte pour effacer définitivement, sur nos horizons, l'ombre redoutable de l'Ankou, le grand valet de la Mort, ni pour étouffer la plainte immense de l'Anaon, le peuple souffrant des Âmes, en l'honneur de qui, le plat de la quête, dans nos églises, se charge toujours des plus considérables offrandes."

Tiré de l'introduction au livre d'Anatole Le Braz, de Pierre Hélias

Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten
Que lire après La Légende de la Mort, chez les Bretons ArmoricainsVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
La légende de la mort d'Anatole le Braz


Les intersignes avertissent de la mort prochaine d'un proche, voire de son propre trépas. Ce sont des signes qui se manifestent par un phénomène inhabituel, à caractère surnaturel ou fantastique, que les intéressés sont capables de reconnaître : exemple, cette jeune fille qui se retrouve dans sa chambre, trempée de l'eau de l'océan. Sensation qu'elle est seule à ressentir. Mais signe d'un décès pour les parents.

Plus tard ils recevront la confirmation, à des milliers de kilomètres de chez eux, par de-là l'océan, de la mort de l'oncle de l'enfant, marin de son état et qui lui était particulièrement proche ; décès survenu précisément au moment de la manifestation de l'intersigne.


Anatole le Braz nous en cite moult cas que lui ont racontés ces paysannes et paysans, conteuses et conteurs donnant, parfois, le sentiment d'être convaincus de la réalité des intersignes. C'était à la fin du 19ème siècle, dans ce département que l'on appelait alors les Côtes-du-Nord.


Il nous montre aussi le messager de la Mort, son serviteur cheminant, la nuit surtout, avec sa charrette et sa faux montée à l'envers. C'est l'Ankou, qui moissonne des âmes. de cette moisson sortira l'Anaon, « singulier pluriel » qui désigne l'ensemble des âmes des trépassés, qui souvent se retrouvent dans le purgatoire. Ce n'est certes pas l'enfer, mais ce n'est pas non plus un lieu de tout repos. Et ces âmes n'ont de cesse qu'on vienne les délivrer des tourments qu'elles endurent.


Elles doivent, d'une manière ou d'une autre obtenir l'aide des vivants, pour prendre le chemin du paradis. Elles n'hésitent pas à se présenter aux vivants, à solliciter leur compassion, voire imposer leurs exigences. Lorsque l'aide est obtenue, la personne vivante en fait souvent les frais et doit quitter ce monde assez rapidement. Mais ce n'est pas toujours le cas.


Il y a aussi des amitiés et des amours exigeantes, jusque dans la mort où l'on peut dire, comme le psalmiste que, dans la mort ils ne furent pas séparés. L'âme du défunt peut se révéler aussi facétieuse que tourmenteuse ou méchante. Dans tous les cas, elle a quelque crime à expier ou quelque vengeance à tirer des vivants qui ne se sont pas montrés « réglos » avec les défunts. Il suffit que ces derniers rétablissent les choses pour que tout rentre dans l'ordre, mais pas toujours, pour preuve cette jeune fille qui viole la sépulture d'un trépassé pour lui voler sa bague. La vengeance sera terrible…


Les histoires de sorcellerie ne sont pas rares, qui impliquent, là aussi, vivants et trépassés - sorcières (toujours au féminin, à croire que les sorciers n'ont pas existé) et recteur. Ce personnage du recteur joue un rôle important ; prêtre exorciste, souvent de bon conseil et habile aussi, à assurer la tranquillité entre vivants et défunts, et à délivrer les âmes.

Mais certains prêtres ayant été pris en défaut de leur vivant voient de même leur âme errer ; ils doivent alors expier leur faute et trouver l'aide d'un vivant pour passer du purgatoire au paradis, cette aide consistant pour le médiateur, sans qu'il en ait conscience, à son insu donc, à permettre au défunt de se rattraper en réalisant l'action qu'il avait négligée dans sa vie.


Et dans cet univers, la relation à la mort est l'occasion de leçon de morale où l'ingratitude, la méchanceté, sont toujours punies. La mort est cette fatale compagne avec laquelle les vivants s'arrangent sans plus de cérémonie, mêmes si les messes et les prières sont omniprésentes.


Il y a également ce beau mythe de la ville d'Ys engloutie, à propos duquel on se demande s'il ne s'agit pas de quelque vieille légende celte, rapidement « christianisée'. En tout cas, d'après les contes, souvent il s'en est fallu de peu pour que cette ville qui git en parfait état dans le fond de la mer, « ressuscite » dans sa splendeur originelle. Cependant, l'action qui aurait pu permettre ce miracle ne s'est jamais réalisée à cause de l'impéritie des vivants, ignorants, il est vrai, de l'opportunité qui leur était offerte.


L'humour aussi est présent dans ces récits ; par exemple, à trop pleurer un mort, on exaspère son âme, on augmente sa douleur et on l'empêche de poursuivre sa route vers la délivrance, dans de bonnes conditions. Il faut savoir arrêter de pleurnicher sur la perte d'un être cher.

Le diable quant à lui, fait sourire, car d'une manière ou d'une autre, il se fait toujours avoir par plus malin que lui inspiré par Dieu et le recteur. Malgré tout, l'enfer reste un lieu peu recommandable, sans doute à cause de la forte chaleur qu'il y fait...On voit bien que les âmes qui s'y égarent ont beaucoup de mal à tenir.

Le livre s'achève sur une charmante parabole paradisiaque des vaches grasses sur la lande pauvre et des vaches maigres sur la prairie herbeuse...


Les histoires ont été recueillies, sans doute, en breton, A. le Braz maîtrisait parfaitement la langue de son pays, et retranscrites dans un beau français 19ème parsemé d'expressions bretonnes heureusement traduites et explicitées, car je ne connais pas le breton.


En tout cas, me voilà un peu plus au fait d'une tradition régionale qui me renvoie aux vieilles légendes et superstitions de la campagne martiniquaise sur les mêmes sujets, la mort, la sorcellerie, le bon Dieu et le diable, les âmes errantes, etc.

Un livre que j'ai aimé.

Pat



Commenter  J’apprécie          10

Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Je ne vous emmènerai pas à Paris, ni non plus à Rouen, pour vous montrer un miroir où vous puissiez vous voir sans peine.
Je ne vous emmènerai pas plus loin que l'ossuaire où sont les reliques (des morts). Comme eux, il nous faudra mourir.
Commenter  J’apprécie          10

Video de Anatole Le Braz (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Anatole Le Braz
Vidéo de Anatole Le Braz
autres livres classés : légendesVoir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten


Lecteurs (4) Voir plus



Quiz Voir plus

Péchés capitaux 🎅

Dans "Les Raisins de la colère" de John Steinbeck, quel est le nom de cette famille, partagée entre la peine de devoir quitter "la terre de ses pères" et l'espoir d'une vie meilleure, qui entame un long périple sur la route 66, à travers les grandes plaines de l'ouest, en direction d'une Californie mythifiée ?

La famille Johnson
La famille Joad
La famille Jones

15 questions
42 lecteurs ont répondu
Thèmes : culture générale , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}