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EAN : 9782734800101
487 pages
Jeanne Laffitte (07/01/1999)
4.27/5   99 notes
Résumé :

« Une femme enceinte ne doit pas accepter d’être marraine. Elle ou son fruit mourrait dans l’année. »

La Bretagne, "Terre de contes" par excellence, regorge de légendes et autres "superstitions"... On y remarque cette omniprésence de la mort, affleurant en cent et mille récits d'oralité issus de Terre armoricaine. Sa forme la plus représentative est celle de l’Ankou (son nom peut varier selon les régions, pourtant toujours le même personnage..... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (20) Voir plus Ajouter une critique
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Encore un fabuleux cadeau que l'on m'a offert à Noël ! Qui mieux qu'un Breton peut parler de toutes ces légendes autour de la mort, l'Ankou, personnage emblématique peuplant toutes les histoires armoricaines ? Il est difficile de faire une critique sur un recueil contenant bien plus que de simples faits imaginaires. Car Anatole le Braz comptait bien faire un travail presque exhaustif. de ce fait, on y trouve également des témoignages et des histoires vécues, fruit de quinze années de labeur. Et lorsqu'on sait que son beau-frère, qui avait été le premier à lui faire sa préface, mais aussi à avoir essayé de démonter le mécanisme de la mort, y a laissé sa vie peu de temps après, dans une longue agonie, cela fait froid dans le dos ! Malédiction ? Brrrrr !

Au-delà de ces récits, c'est toute une culture qui est mise en exergue avec brio. Et l'auteur, maître du folklore, exerce ici tout son talent. On finit par se dire que la mort devient presque une religion chez nos amis bretons.

En tous les cas, ce recueil est à lire, c'est certain ! Plongez dans l'atmosphère effrayante de ce conteur en tamisant la lumière et... fermez tout !
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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Rien n'aurai pu différencier cette fin de journée d'une autre. Les nuages assombrissaient un peu plus vite cette soirée qui débutait. de ces instants propices à la rêverie. c'est probablement la conjonction de ces conditions extérieures et mon introspection qui ne m'ont pas fait remarquer celui qui attendait - supposément - le même bus que moi... Je n'avais pas non plus remarqué que les néons de l'arrêt de bus avaient baissé. Comme si cela pouvait tout expliquer.
Sa grande main a fouillé dans son long manteau. Il a posé un livre près de lui sur le banc. Un livre épais, aussi noir que le reste de sa mise.
" Ce livre devrait vous plaire " m'a-t-il dit. Mon corps et mon esprit n'étant pas totalement en adéquation à cet instant, je n'avais pas vraiment saisi son propos.
" Vous devriez le lire. ". Il le désignait de son menton. J'avais l'étrange sensation qu'il allait quoi qu'il advienne le laisser là. Posé sur sa couverture, je n'en voyait pas le titre. Je me suis approché et je l'ai saisi. Il était froid comme si on l'avait longtemps remisé dans un endroit glacé. Je l'ai retourné, pour lire le titre : " La Légende de la Mort ". Je le feuilletais, les pages raides craquaient comme les feuilles d'automne : " Celui qui porta la peste sur ses épaules ", " les cinq trépassés de la baie ", " Les marchand de Ker-Ys "… Histoires bretonnes... Je levais la tête pour remercier mon bienfaiteur...
… Il n'était plus là... J'ai resserré le col de ma veste... Et dire que je ne suis pas frileux...

Terres de Bretagne, terres de légendes, de sortilèges et de damnation. A Tréguier, saviez-vous que vous pouvez en appeler à la mort de quelqu'un en allant le " vouer "à Saint Yves-de-la-Vérité ? A vos risques et périls car si le motif n'est pas juste, c'est vous qui trépasserez dans l'année... Saviez-vous qu'on ne balaye, ni n'époussette la maison d'un mort tant que son corps ne repose en terre ? Vous pourriez en chasser son âme... Écoutez l'extraordinaire histoire de Jean Carré qui épousât une Princesse anglaise capturée par des pirates,esclavagistes, repris la mer, fut considéré comme mort et revint chez lui sur le dos d'un homme dont il avait enterré chrétiennement le cadavre...
Recueil de contes et légendes bretonnes sur l'Ankou, l'Anaon, les intersignes, on peut reprocher à ce livre d'être un peu énumératif sans réelle tenue d'ensemble. Bien mieux qu'un CD de Nolwenn Leroy, l'homme du Midi que je suis s'incline bas devant les conteurs du Massif Armoricain.

Samain m'a mis ce livre entre les mains. En des temps propices à entendre des histoires de la Camarde. Quoi ? Vous ne croyiez pas que je sois entré en possession de ce livre comme je vous le raconte ? Et bien, si j'ai menti que je meure à l'instant... Que j'aille aux Enfer ou au Paradis, il y a 99 auberges sur le bord du chemin qui y mène...
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La Bretagne, on le sait, est une terre de légendes.
Les korrigans, l'Ankou, Brocéliande, les pêcheurs et paysans plus filous que le Diable, etc....
C'est bien d'avoir un riche patrimoine culturel, c'est encore mieux d'avoir des auteurs/folkloristes à la hauteur, pour le valoriser.
Anatole le Braz (1859-1926) fut de ceux qui firent oeuvre de chercheur patient et opiniâtre, compilant les légendes de la tradition orale bretonne.
Dans "légendes de la mort", Le Braz, avait rassemblé, nombre de croyances autour du "grand-voyage".
Et de citer ses sources : le Bras, aubergiste, Quéméven, le sacristain de la Belle Eglise, Françoise Thomas, dite Ann hini Rouz (le rousse), etc...
Les auvergnats ont Henri Pourrat, les bretons peuvent être contents d'avoir Anatole le Braz.
Pour ce qu'il est de l'édition ici présentée, il s'agit de celle éditée par "Au bord des continents" (quel beau nom !), illustrée joliment par Xavier Husson.
Du tout beau donc !
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"N'ouzer nag an eur, nag an amzer", on ne connaît ni l'heure ni le moment.
Mais, grâce à l'immense travail de collectage des histoires sur la mort en Basse Bretagne d'Anatole le Braz à la fin du XIX ème siècle, celle qui effraie devient chouette à lire.

Cet ouvrage a été composé à partir de textes extraits du livre d'Anatole le Braz. Cela fait quand même 336 pages avec les illustrations de Xavier Hussön.
L'aspect comique de certains dessins ne collent pas du tout avec l'ambiance des textes. Cela les parasite même un peu.

La place de la langue bretonne est indissociable des légendes présentées. Les textes sont bien en français mais, avec quelques mots en breton. Un apport indéniable.

La personnalisation de la mort: l'Ankou. En réalité l'ouvrier de la mort qui, avec sa faux, dont le tranchant est à l'inverse de l'usage habituel qu'en ont fait des moissonneurs, fait le mouvement de lancer pour cueillir les mourants.

Et les bondieuseries. Impossible d'y échapper: deux hosties dans le ciboire, une messe pour chaque défunt et l'affaire est entendue. Cependant, des paysans malicieux relatent aussi que des membres du clergé sont pris en faute. L'intention de beaucoup de ces contes collectés à la fin du XIX ème siècle est tout de même assez claire: faire du prosélytisme.

Mais les pépites sont nombreuses. On aura notamment des frissons avec l'Agrippa: le livre aux pages rouges dont les caractères noirs ont été tracés par l'ange déchu. Ou avec l'Anaon, le peuple immense des âmes en peine. de quoi inspirer la création d'oeuvres d'épouvante.

L'épouvante. Oui, il faut croire que l'on aimait bien se faire peur à l'époque, au coin du feu. le diable, le personnage idéal, est parfois tourné en ridicule pour exorciser cette peur.

C'est finalement un ensemble de superstitions de Bretagne mais, à portée universelle.
On saura lire les signes pour prévoir le décès de quelqu'un ou l'on saura se prémunir de la mort dans l'année en achetant les cendres du feu de la Saint Jean sur le marché. Un indispensable donc.
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Né en 1859, enseignant, puis universitaire à l'université de Rennes, Anatole le Braz s'est livré là, à la fin du XIXème siècle, à une magnifique collecte. Qu'on en juge : prés de 125 légendes, contes, anecdotes ou coutumes sur le thème de la mort. Joliment écrits, sans fioritures, mais dans une belle langue légèrement archaïsante, ce livre est passionnant. « Intersignes » (ceux qui vous avertissent que vous allez mourir, rencontres surnaturelles, comme la charrette de l'Ankou (personnification de la mort), anges gardiens, enfants baptisés en urgence et fantômes à gogo (noter qu'il n'y a pas de vampires). Tous reviennent, en cette terre bretonne, puisqu'on assigne au mort de faire sa pénitence sur les lieux où il a vécu. Ils reviennent surtout à l'heure dangereuse, entre minuit et l'aube, et s'y entendent pour envoyer des lueurs que se font passer pour l'aube à l'usage de ceux qu'ils veulent perdre, à moins qu'ils ne fassent chanter, pour les égarer, le coq noir, le coq blanc et le coq rouge. L'étonnant est que prés de la moitié de ces historiettes sont données pour authentiques, contées par leur narrateur comme leur étant personnellement arrivées.
Le recueil se divise en nombreuses partie, « Avant la mort », « Après la mort », « le départ de l'âme », « L'enterrement », « Les noyés », etc. Mon préféré est « L'Agrippa » (sans doute déformation de « nécromancie » !), un livre à usage ecclésiastique qui permet aux prêtres de convoquer les démons et les morts, redoutable quand il vient se loger chez des particulier, et alors capable de toutes les horreurs.
On retrouve les peurs ancestrales de cette rude Bretagne des calvaires, où la mort est plus présente qu'ailleurs à cause de l'appel de la mer, on découvre ce qu'on a aujourd'hui oublié, ces hommes vigoureux et travailleurs, ces belles filles rieuses qui s'alitent un jour et meurent dans le mois, cette misère des pauvres gens et leur confiance dans le recteur, le prêtre, qui lui, sait et parvient parfois à lever le sortilège.
Par son travail, Anatole le Braz a préservé tout un folklore celte, un univers de peurs superstitieuses et de résignation où l'imaginaire populaire finit par être porteur de poésie.
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critiques presse (1)
OuestFrance
12 décembre 2023
Voici un grand classique pour tous ceux qui s’intéressent aux contes et légendes bretonnes.
Lire la critique sur le site : OuestFrance
Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Au réveil, ce fut encore à elle qu'il pensa tout d'abord.
En faisant tourner la clef dans l'armoire, il disait, reprenant son refrain de la veille :
- Petite coiffe de toile fine, qu'il était donc gracieux, le visage que tu encadrais!...
Mais le battant ne fut pas plus tôt ouvert, qu'il poussa un cri... un cri de stupeur, d'angoisse, d'épouvante, à vous faire dresser les cheveux sur la tête!
Tout ceux qui étaient dans le logis accoururent.
A la place de la blanche coiffe en toile fine, il y avait une tête de mort.
Et sur la tête, il restait des cheveux, de longs et souples cheveux, qui prouvaient que c'était la tête d'une fille.

Le fils aîné était si pâle qu'il en paraissait vert. Tout à coup, il dit avec colère, tout en faisant mine de rire :
- Ça, c'est un vilain tour que quelqu'un a voulu me jouer. Au diable, cette hure !
Déjà il avançait la main pour saisir la tête et la lancer au dehors. Mais, à ce moment, les mâchoires s’entrouvrirent hideusement, et l'on entendit une voix qui ricanait :
- J'ai fait selon ton désir, jeune homme : je suis venue au Guern, te réclamer ma coiffe. Ce n'est pas ma faute si tu as changé d'avis, depuis hier.

Je vous promets que le fils aîné du Guern ne riait plus, et que la colère lui avait passé, comme s'abat un coup de vent, quand la pluie crève.
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A l'île de Sein, comme la propriété est infiniment morcelée, les conflits d'intérêts sont fréquents et engendrent parfois des rancunes inexpiables. Les femmes surtout sont acharnées à la vengeance. Trop faibles pour s'attaquer ouvertement à un ennemi, lorsque celui-ci est un homme, elles s'arrangent pour le vouer à la mer, c'est à dire à la mort.
Voici comment elles procèdent.
Il y a dans l'île un certain nombre de veuves réputées pour avoir reçu en naissant le don de vouer.
On ne les nomme pas tout haut, mais on les connait.
Elles ont, dit-on, commerce avec les mauvais Esprits des Eaux qui les admettent, la nuit, aux "Sabbats de la Mer". Elles se servent, pour se rendre à ces Sabbats, d'une embarcation de forme toute spéciale.
Vous avez vu nos îliennes ramasser du goémon dans le galet. Elles l'empilent dans des mannes d'osier, à fond rentrant comme un cul de bouteille, et, pour fixer la charge, y plantent une courte baguette appelée " bâ bédina" (bâton à goémonner).
Eh bien ! C'est dans une manne d'osier de ce genre que les Vieilles de Sabbat (Groac'hed ar Sabbad) vont faire leurs tournées de nuit...
(extrait de "Le bateau-sorcier" du chapitre "Appeler la mort sur quelqu'un")
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Anatole Le Braz (dont le père fut jadis instituteur dans mon village) a recueilli et traduit en français les "histoires" des simples gens du Trégor à la fin du siècle dernier.
Il rapporte, dans un livre intitulé "La légende de la mort", celle d'un gabarier mourant qui commande le recteur au moment de la renverse, reçoit les sacrements à mi-marée, et expire à marée basse, comme il l'avait annoncé.
Le Braz a donné au conte un titre lui-même venu du breton : "La vie qui va et vient avec la mer".
(extrait du chapitre 4 "J'ai marché au fond de la mer" du livre "Besoin de mer" d'Hervé Hamon, paru aux éditions "Points" en 1999)
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Il ne faut jamais laisser la maison seule pendant l'enterrement, sinon le mort dont on croit accompagner la dépouille au cimetière reste la garder.
[...]
- Il y avait donc un enterrement aujourd'hui ? leur demanda-t-il.
- Oui, répondit l'aîné des Lharidon d'une voix triste.
- Quelqu'un de vos proches, peut-être?... C'est donc ça, que j'ai trouvé votre mère tisonnant la cendre d'un air si préoccupé. Elle n'a même pas eu le cœur de compter l'argent que je lui apportais pour le prix du veau.
Les deux Lharidon le regardaient, hébétés.
- Notre mère, dites-vous?... Vous avez parlé à notre mère?
- Certes. Qu'est-ce qu'il y a là de si extraordinaire, que vous me dévisagez avec cette mine ?
- Mais, c'est elle que nous venons d'enterrer!
Ce fut au tour du boucher d'écarquiller les yeux.
- Je l'ai pourtant vue comme je vous vois, affirma-t-il.
La servante des Lharidon, qui était avec eux, leur dit alors :
- Je vous avais avertis... Il ne fallait pas laisser la maison seule... Maintenant la morte ne la quittera qu'au coucher du soleil.
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Marie Cornic, de Bréhat, avait épousé un capitaine au long-cours qu'elle aimait de toute son âme. Malheureusement, par métier, il était obligé de vivre la plupart du temps loin d'elle. Marie Cornic passait ses nuits et ses jours à se repaître du souvenir de l'absent. Dès qu'il était parti, elle s'enfermait dans sa maison, n'acceptant d'autre compagnie que celle de sa mère qui demeurait avec elle et qui la morigénait même quelquefois sur cette affection trop exclusive qu'elle avait pour son mari.

Elle disait sans cesse :

_ Il n'est pas bon de trop aimer, Marie. Nos « anciens » du moins le prétendaient. Trop de rien ne vaut rien.

A quoi Marie ripostait aussi par un proverbe :

N'hen eus mann a vad bars ar bed,
Met caroud ha bezan caret.

« Il n'est rien de bon dans le monde - que d'aimer et d'être aimée. »
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