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Critique de bran_601


Bran le maudit est le premier volume d'un cycle consacré à Arawn, un personnage de la mythologie celtique gaélique apparaissant dans le premier des quatre contes médiévaux des Mabinogion.
Dans la mythologie galloise Arawn est l'un des rois d'Annwvyn, le royaume des dieux et des esprits (Sidh en irlandais) au même titre que Havgan envers qui il mène un affrontement éternel chaque année.
Ronan le Breton s'inspire en partie de ces textes médiévaux ainsi que d'autres issues de ce qu'on appelle communément la matière de Bretagne, pour créer sa propre fiction fantasy autour du passé d'Arawn.

De ce fait ce premier tome intitulé Bran le maudit, commence par un prologue où Arawn se prépare à nous conter son histoire en même temps qu'il se définit comme le seigneur du chaos, le dieu de la colère, le dieu de la vengeance, un être dépourvut de la moindre émotion après qu'il se soit lui-même arraché le coeur pour ne plus souffrir perpétuellement de la disparition du seul être aimé et aimant.
À noter la très belle troisième case de la page 6 nous montrant Deirdre allongé sur son lit de mort, imagerie qui rappelle dans sa forme la scène où Arwen pleure en songe la mort du roi Aragorn dans le film de Peter Jackson.
Alors que Siamh, une jeune guerrière fuyant la civilisation des hommes, trouve refuge dans les montagnes enneigées, elle est attaquée par un Fire Bolg, un être que qualifie Ronan comme immense, archaïque et sauvage. Elle est sauvée in extremis par Dag, un puissant barbare dépositaire de la hache du soleil. D'une union et d'un amour auquel elle n'aurait pu espérer, naîtra des jumeaux Math et Kern.

Quelque temps après, les jeunes parents accueillent sous leur toit un mystérieux inconnu se prénommant Bran qui cherche un asile pour la nuit. Pour les remercier de leur charité, il leur construira une forge dont il se servira lui-même pour élaborer un chaudron mystérieux. En pleine nuit, alors que le jeune couple s'est endormi, Bran assassine Dag dans son sommeil, il sera ensuite tué par Siamh (après qu'il l'est violé) alors qu'il s'apprêtait à offrir au chaudron de sang la chair et le sang des deux nourrissons.
De cette nuit mortelle, le ventre de la jeune mère sera empoisonné par un mal perfide.

Alors qu'elle s'apprête à mettre un terme à sa nouvelle grossesse, les osselets du destin lui révèlent quatre prophéties :
_ elle aura à nouveau deux fils.
_ Quatre héros, Un ours, un cerf, un serpent, un corbeau
_ le premier sera l'égal d'un Dieu, le second aura le coeur rongé de vers, le troisième serra assassiné dans son sommeil, _ le dernier trahira son sang.
_ Ses quatre fils s'affronteront dans une lutte sans merci et aucun n'en réchappera.

Siamh décide de conserver les enfants de Bran, Engus et Arawn, afin de s'assurer qu'aucun des deux n'est l'élue.
Saluons Ronan le Breton pour la densité et la beauté scénaristique de ce premier volume qui nous dévoile une partie de la jeunesse des quatre frères et notamment leurs quêtes initiatiques pour s'accomplir en tant qu'homme. Chaque enfant devra accomplir une épreuve imposée afin de mériter son affiliation paternelle et recevoir l'un des objets de pouvoir, la hache du soleil, le bâton des sylves, le manteau des ombres et le chaudron de sang. Et c'est ainsi que Math subira l'épreuve du feu, Kern l'épreuve de la terre, Engus l'épreuve de l'air et Arawn l'épreuve de l'eau.

En mêlant un bestiaire montueux qui rappelle autant la Grèce mythologique que celtique ou nordique, Ronan le Breton nous régale et nous livre un pur moment de dark fantasy comme on en voit que trop peu souvent. Ce volume met également en avant les relations compliquées entre Siamh et Arawn, le rejet d'une mère envers son fils qui conditionnera bien des choses. Et pourtant, malgré l'image de Bran qu'elle voit en Arawn, de tous ses enfants, et ce bien qu'elle voue un attachement particulier à Math, Arawn sera le seul à bénéficier d'une aide pour l'accomplissement de son épreuve.
C'est à la fois un récit brutal et violent, tout en restant par la plume de Ronan, un fabuleux conte d'où se dégage une belle poésie baroque.
Les planches de Sébastien Grenier mettent plus que jamais en avant le travail du scénariste pour nous offrir des cases d'une beauté hypnotique. Alors qu'on pouvait attendre raisonnablement Aleksi Briclot au dessin (après son travail sur les tomes 1 et 2 des légendes de la table ronde où apparaissait le personnage pour la première fois), Sébastien Grenier s'affirme comme l'un des plus grands dessinateurs actuel. La première case de la planche 39 où l'on voit le jeune Arawn et sa meute de loup, dévorait les entrailles d'un cerf fraîchement tué, est caractéristique de la capacité du dessinateur à sublimer la noirceur du récit.

Arawn est une BD somptueuse par son fond et sa forme, elle est l'aboutissement du travail de deux grands artistes, Ronan le Breton le scénariste et Sébastien grenier au dessin et à l'encrage.
Lien : http://david-gemmell.frbb.ne..
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