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Critique de micetmac


Remontons le temps.
Pas autant que vous pourriez le croire. Arrêtons nous en 1993, pour l'instant. Cette année marque un jalon dans l'histoire du septième art, on corne la pellicule pour marquer le coup. 1993 est l'année de JURASSIC PARK. Des dinosaures plus vrais que nature baguenaudant pesamment (pour certains) dans de verts pâturages contemporains. C'était criant de vérité, peu importe ce que l'on pense du film par ailleurs (un réel savoir faire pour une histoire un brin pauvrette me semble-t-il), Spielberg a institutionnalisé son film dans les bréviaires, il y a eu un avant et un après JURASSIC PARK.
Mais on est loin, très loin, de la sidération, parfois frôlant la pure terreur, qu'éprouvèrent les spectateurs de KING KONG.
Un succès hors norme.
Et le film préféré de Adolf Hitler qui ne dédaignait pas se frapper les pecs en beuglant "je suis Kong", il avait vu la fin ?
Les effets spéciaux révolutionnaires pour l'époque nous apparaissent aujourd'hui datés à nos yeux blasés, gavés de prouesses numériques sur fond vert. Ce que l'on a gagné en réalisme troublant, on l'a perdu en poésie, je suis prêt à le parier.
Comment en vient-on à créer KING KONG ? A porter un tel phénomène ? A l'accoucher contre vents et marées ? Contre les préventions des comptables surtout, en pleine tourmente économique, la grande dépression, le Jeudi Noir, n'étant pas si loin ?
C'est qu'il vient de loin KING KONG. L'idée en a germé dans l'esprits de deux sacrés personnages, azimutés, survivants de la grande guerre et un peu fous, de cette folie qui t'envoient dans des contrées que l'on peine à imaginer... Deux jeunes gens sortent sonnés, hantés, de la Grande Guerre. L'un, Ernest Schoedsack, a filmé l'horreur dans la boue des tranchées ; l'autre, Merian Cooper, héros de l'aviation américaine, sérieusement brûlé, sort d'un camp de prisonniers. Ils se rencontrent dans Vienne occupée, puis se retrouvent à Londres où naît le projet qui va les lier pour la vie. Comment dire la guerre ? Comment dire ce puits noir où l'homme s'est perdu – et peut-être, aussi, révélé ? Pas de fiction, se jurent-ils : le réalisme le plus exigeant.
S'ensuivent des aventures échevelées : guerre russo-polonaise, massacres de Smyrne, Abyssinie, épopée de la souffrance en Iran, tigres mangeurs d'hommes, guerriers insurgés au Soudan… Leurs films sont à couper le souffle. On les acclame : « Les T.E. Lawrence de l'aventure ! » lance le New York Times. Eux font la moue. Manque ce qu'ils voulaient restituer du mystère du monde. Déçu, Cooper renoncera quelque temps – pour créer avec des amis aviateurs rien moins que… la Pan Am ! – avant d'y revenir.
Ce sera pour oser la fiction la plus radicale, le film le plus fou, pour lequel il faudra inventer des techniques nouvelles d'animation. Un coup de génie. Une histoire de passion amoureuse, mettant en scène un être de neuf mètres de haut, Kong, que l'on craint, qui épouvante, mais que l'on pleure quand il meurt… le film est projeté à New York devant une foule immense, trois semaines avant qu'Hitler ne prenne les pleins pouvoirs.
Il en faut du talent pour nous harponner sur un tel quintal littéraire, plus de 900 pages au garrot. de la première scène saisissante : une avant première du film tiré des romans de Conan Doyle LE MONDE PERDU...
... A celle de KING KONG qui sauvera presque la RKO à lui tout seul ; nous non plus on n'aura pas lâché ces deux affamés d'absolu qui auront su nous faire oublier l'illusoire petitesse de notre existence.
Illusoire car KONG nous redonne le gout de l'aventure, elle ne se trouve pas qu'au Kilimandjaro mais aussi au coin de la rue.
OK...
Peut-être celle d'après...
Lien : https://micmacbibliotheque.b..
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