Ce recueil édité à l'initiative du directeur du festival de Saint-Malo « Étonnants voyageurs » qui assure la préface, rassemble des interviews (de N.Spinrad par S.Nicot, J.Chambon et M.Mazauric) et trois nouvelles de la Science-fiction française:
Nulle part à Liverion, longue nouvelle de Serge Lehman se passe au XXIe siècle, alors que le monde est en voie de privatisation totale ; le narrateur, spécialiste de droit médiéval, découvre qu'il est employé à son insu par les Instances. Il sa lance à la recherche d'une cité utopique qui aurait été fondée au XVIIIe siècle par deux Français, près de Tbilissi.
Dans L'adieu à la nymphe d'Ayerdhal, la mort n'existe plus ; les hommes, embarqués sur un vaisseau spatial, deviennent des nymphes, puis des imagos, généralement à l'approche de la cinquantaine. Bien qu'âgée d'à peine 40 ans, Maliah, la compagne du narrateur demande à subir cette transformation.
Enfin, dans le subtil et poétique Déchiffrer la trame de Jean-Claude Dunyach, le narrateur, assistant d'une spécialiste en tapis anciens, apprend à lire la vie de la tisserande grâce aux noeuds qu'elle a laissés au dos de son tapis…
Ce petit recueil intéressera non seulement les amateurs de science-fiction mais également les mateurs de littérature. D'une part, les nombreux témoignages de spécialistes permettent de comprendre l'évolution récente de la science-fiction, spécialement de langue française. D'autre part, le choix des trois textes de fiction est excellent : Nulle part à Liverion confronte l'utopie et ses valeurs à la contre-utopie qui peut nous paraître, hélas, bien proche de nous (la mise en coupe sombre de la planète par des sociétés privées avides de profit) ; le texte d'Ayerdhal pose le problème, tellement d'actualité de la mort choisie ; enfin, dans Déchiffrer la trame, tout est dans le non-dit.
Composition originale pour cette anthologie qui, au lieu de ne comporter que des nouvelles, n'en aligne que trois, pour mieux compléter son propos en intégrant des textes de réflexion sur la science-fiction (préface de Michel le Bris, interview de Norman Spinrad, articles de Jacques Chambon et Marion Mazauric).
Je ne considère pas que la science-fiction soit une littérature "populaire", ni au reste "noble". Je pense que la distinction entre "littérature populaire" et "noble est entièrement arbitraire.
Il y a la mauvaise et la bonne littérature, et il y a des textes de qualité intermédiaire. (Norman Spinrad)
Qui a écrit 1984