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EAN : 9782246818458
180 pages
Grasset (23/01/2019)
3.92/5   51 notes
Résumé :
« Nous naissons, nous grandissons, le plus souvent sans même en prendre la mesure, dans le bruissement des milliers de récits, de romans, de poèmes, qui nous ont précédés. Sans eux, sans leur musique en nous pour nous guider, nous resterions tels des enfants perdus dans les forêts obscures. N’étaient-ils pas déjà là qui nous attendaient, jalons laissés par d’autres en chemin, dessinant peu à peu un visage à l’inconnu du monde, jusqu’à le rendre habitable ? Ils no... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
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" J'ai voulu ce livre comme un acte de remerciement. Pour dire simplement ce que je dois au livre. Ce que, tous, nous devons au livre. Plus nécessaire que jamais, face au brouhaha du monde : il est en chacun de nous un royaume, une dimension d'éternité, qui nous fait humains et nous fait libres. Tel est son grand message : que, tous, nous sommes plus grands que nous." (p. 19)

Une autobiographie passionnante où le petit Breton élevé par une Mère Courage, rêvant d'être institutrice, a dû se sacrifier pour travailler dès l'âge de 10 ans, afin de pouvoir s'occuper de sa mère (la grand-mère de l'auteur), tombée brutalement invalide !....

Michel le Bris, en dépit de la grande pauvreté a vécu une enfance aimante avec une mère affectueuse et attentive, qui souhaitait le meilleur pour son fils... !

Michel le Bris, écrivain-voyageur, créateur dans les années 1990 du célèbre festival malouin des "Etonnants Voyageurs " exprime avec fougue sa gratitude envers les êtres bienveillants rencontrés dont un instituteur exceptionnel qui l'a encouragé à écrire librement ses rédactions, et à piocher sans réserve dans sa bibliothèque personnelle...

Récit foisonnant où il narre ses rencontres, ses études, ses coups de coeur littéraires, son parcours multiforme dans le Livre, l'édition, la critique littéraire, sa participation à la création de "Libération ", déploie son admiration de toujours pour le Grand Hugo, le poète Guillevic, et son "objet d'étude" très exclusif que fut l'écrivain-voyageur, Stevenson, qui le mènera dans les bibliothèques américaines les plus prestigieuses... ses pérégrinations chez les bouquinistes français, anglais, belges et d'ailleurs !...
Il narre son rôle d'éditeur chez Phébus, auprès de J.P. Sicre, qui lui a permis de "faire revivre des livres" auxquels il devait tant de rêveries....


Inutile de dire que le titre est des mieux choisis... L'amour des Livres étant le fil conducteur absolu de cette autobiographie....

"Nous naissons, nous avançons, dans le bruissement des livres qui nous ont faits, des rencontres dont nous sommes nourris , et dont tant furent des libraires." (p. 128)
Il décortique longuement l'enseignement de la littérature au fil de différentes périodes... et ajoute à ses abondantes digressions sur les livres, une , très pragmatique et incontournable : le classement de sa
bibliothèque... et comment "repousser les murs" pour contenir toutes nos boulimies... et encore plus, lorsqu'on est écrivain, que l'on doit cumuler, engranger des "tonnes de documentation" pour rédiger un ouvrage...
Comme Michel le Bris le fit à plusieurs reprises pour Stevenson, l'Ouest-Américain, Levi-Strauss, et bien d'autres !!....

"Le livre à écrire était lui-même une bibliothèque" (p.149)

" Une conception étriquée de la littérature, qui la coupe du monde dans lequel on vit, s'est imposée dans l'enseignement, dans la critique et même chez nombre d'écrivains. le lecteur, lui, cherche dans les oeuvres de quoi donner sens à son existence. Et c'est lui qui a raison. " [ Todorov- La littérature en exil] (p. 108)

Michel le Bris narre également ses différents engagements politiques... avec le seul souci de la Parole démocratique, hors des embrigadements et censures multiples ...et le meilleur "Ami-libérateur" reste le LIVRE, et le geste créatif, dans son ensemble !!

"Face à la barbarie qui menace, les écrivains, même s'ils n'en sont pas nécessairement conscients, sont toujours les gardiens du Feu. "(p. 234)

Il y aurait encore moult choses à dire de cette autobiographie foisonnante...toutefois ma chronique est déjà suffisamment longue et bavarde !!!

P.S :**** J'allais omettre deux éléments importants à mes yeux.... Michel le Bris exprime aussi ses bonheurs d'éditeur... [ Parmi les plus significatifs : la remise en avant de Nicolas Bouvier, dont sa réédition du célébrissime "Usage du Monde" , qui avait subi, à sa première publication, un "flop total"... tel que l'ouvrage était parti dramatiquement au pilon, dans des délais express...]... et de voyageur !!! Livre qui devrait captiver tous les amoureux du Livre et des Voyages ; évasion et belles rencontres, garantis...!!...


© Soazic Boucard- Février 2019
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Je dois remercier Michel le Bris de me disculper de ma boulimie de livres car je ne suis pas seul à les « accumonceler ». Lui, il a débuté sa «collectionnite» avec la série verte, achetée avec l'argent de la vente de seaux de bigorneaux aux producteurs d'huîtres (les bigorneaux se nourrissent des algues vertes).

Voilà qui est bien prosaïque en regard de cet essai. En effet, il célèbre les livres et la littérature – son titre est évidemment sans équivoque -, il brandit la littérature comme un étendard de la démocratie et nous explique comment les récits littéraires nous façonnent. Un chapitre concerne les classements de livres imaginés par des auteurs et possesseurs de "grandes" bibliothèques.

Ce récit est fortement érudit et pétri de citations. Il donne envie de lire ou de relire les romans cités, mais il m'a cependant laissé, parfois, au bord du chemin de la culture littéraire.

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Pour l'amour des livres
Michel le Bris (1944-2021)
Alors qu'il se réveille dans son lit d'hôpital d'une délicate opération, l'auteur réalise qu'il ne voit pratiquement plus les lettres du livre qu'il vient d'ouvrir, sinon comme des ombres indéchiffrables. Malgré les encouragements du chirurgien, il est désespéré car ne plus voir, c'est aussi ne plus pouvoir écrire comme avant. C'est au cours d'une de ces nuits de désespoir que l'idée de ce livre dédié à l'amour de la lecture et des livres est née.
Pour lui, la littérature a la faculté de nous « reconduire à nos mondes intérieurs dans le temps long de la lecture et le silence gagné sur le brouhaha ordinaire, jusqu'à nous faire approcher le mystère même du langage, qui nous relie aux autres, au monde et à nous-mêmes. »
le premier livre qui frappa l'imagination du jeune Michel fut « La Guerre du Feu « de J. H. Rosny aîné, un livre que nous avons tous lu, « roman des âges farouches », porté à l'écran et que nous n'avons jamais oublié. Il y eut ensuite tous les auteurs de la Bibliothèque Verte (London, Curwood, Peyré etc.) et la Rouge et Or, qui toutes deux composèrent aussi ma première bibliothèque
Michel le Bris nous conte son enfance pauvre et solitaire, même si sa mère sut faire de leur maison sans eau et sans électricité un paradis. Grâce à un instituteur engagé et dévoué qui lui ouvrit sa bibliothèque et le laissa libre de choisir le thème de ses rédactions, il découvrit d'une part la puissance de libération des livres et d'autre part le pouvoir grisant de créer des mondes avec des mots. La lecture et l'écriture.
Puis il y eut « le Bossu « de Paul Féval, Émile Zola, Malraux, Conrad, Melville, Stevenson, avec un très grand et bel hommage à Victor Hugo en particulier. de grands auteurs qui furent ses libérateurs :
« Je n'étais plus seul, simple proie de mes fantasmes, quelque chose d'immense entrait en moi, par eux je touchais au coeur même de ce que mettait en jeu la littérature. »
Puis c'est la passion du jazz largement explicitée ainsi que dans un autre domaine le succès du football :
« Ce terrain de football tant décrié diffère-t-il d'un théâtre antique, la foule dans les gradins jouant le choeur, tandis que sur la pelouse se joue la coïncidence-opposition de la liberté et du destin, de l'individu et du groupe, de l'ordre du système et de l'imprévisible, de l'injustice des dieux et de la volonté humaine, autrement dit se déploie l'espace même du mythe, à l'instar des tragédies d'Eschyle ou de Sophocle. »
Michel le Bris fait montre d'un beau style tout au long de ce livre même quand les sujets sont très philosophiques. Amoureux de la mer, comme tous les bretons, il écrit :
« …Et quand les vagues se déchiraient sur les récifs en longues crinières d'écume… » . Et de citer Alain Gerbault, Conrad et Stevenson.
Michel le Bris est très sensible à la poésie, « ce chant profond qui a traversé l'histoire de l'humanité, a créé, porté des civilisations, fait que les hommes, il y a des millénaires dressaient leurs poèmes de pierre, ornaient les grottes de dessins », et lui consacre une grande partie de son livre. Rimbaud, Hugo, Chateaubriand : les plus grands pour lui.
Un chapitre sur l'univers des librairies de Londres à Bruxelles en passant par Morlaix et Paris. Chercher, trouver et acheter le livre tant espéré « pour en humer l'odeur du papier, caresser la reliure, le ranger sur la table à la maison pour en apprécier l'effet, l'ouvrir, le feuilleter…La librairie peut vous révéler l'unique que nul site de l'Internet ne peut offrir : on peut y trouver ce que l'on ne cherchait pas, ce que l'on ignorait, ce que l'on n'imaginait pas, qui vous surprend, vous ouvre de nouvelles pistes. » Pour l'auteur chaque librairie est d'abord une aventure humaine.
Un clin d'oeil à la science fiction avec Asimov, Sturgeon et Van Vogt, ainsi qu'à Borges l'inclassable.
Et puis la grande question, comment ranger une bibliothèque ?
« À mesure que prolifèrent les livres sur les rayonnages jamais assez nombreux, la lutte vaine de l'ordre face au chaos ! »
Et hélas il y eut des époques où l'on brûlait les livres, ce qui fit dire à Heinrich Heine en 1817 :
« Là où l ‘on brûle les livres, là on finit par brûler les hommes. »
L'épisode anecdotique concernant la publication par épisodes des « Mystères de Paris » d'Eugène Sue à partir de 1842 vaut la peine d'être rappelé, car alors la France entière vécut suspendue à son feuilleton quotidien, la mort De Stendhal passant inaperçue. On raconta même que dans les hôpitaux, des malades attendaient la fin du roman pour mourir. Il y eut même des émeutes dans les librairies. Sue ouvrit la voie à Balzac, à Dumas et Victor Hugo.
L'amour de l'écriture peut aussi avoir son revers : songeons à des écrivains comme Salman Rushdie, Kamel Daoud ou encore Boualem Sensal dont la vie quotidienne est en danger en raison de leur amour de la liberté.
« Face à la barbarie qui menace, les écrivains, même s'ils n'en sont pas nécessairement conscients, sont toujours les gardiens du Feu ».(Référence à « La Guerre du Feu »).
Écrire, c'est aussi se risquer à son propre inconnu dit l'auteur :
« Si par avance vous savez ce que vous allez écrire et vous vous y tenez, à quoi bon perdre votre temps ? »
Il faut se laisser porter lorsque l'on écrit, comme le surfeur sur la vague, laisser les mots et les phrases se déployer orchestrés par la magie du rythme qui doit précéder le sens tout en en étant la condition.
L'amour des livres fait dire à l'auteur :
« Parfois il me semble qu'ils me guettent, m'observent, me retiennent prisonnier…J'ai parfois le sentiment qu'ils m'enveloppent avec tendresse, pour toutes les portes qu'ils m'ouvrirent sur le vaste monde et sur moi-même…Voici bien longtemps que je suis un des leurs. Et qu'entre nous s'est tissée une histoire qui pour moi fut belle…Ils sont tous là, près de moi, qui m'attendent. » Magnifique !


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Ce livre plaira tout d'abord aux habitués du festival « Etonnants voyageurs » de Saint-Malo.
En effet il retrace le parcours littéraire de Michel le Bris, son créateur, et on comprend pourquoi depuis ses lectures d'enfant (L'île au trésor, Martin Eden,…)jusqu'à ses passions d'adolescent (le jazz), puis d'adulte (la poésie), ses voyages (les Etats-Unis), ses rencontres avec les écrivains , il a créé ce festival à son image.

De la littérature de voyage tout d'abord, puisqu'il a toujours poursuivi ses rêves d'enfant en faisant découvrir, ou redécouvrir, les « écrivains-voyageurs ».
De la poésie aussi, qui reste une de ses grandes passions, en confiant la partie poésie du festival à son ami de longue date Yvon le Men, encyclopédie vivante de la poésie, poète lui-même et ami des poètes.
Et de la littérature au sens large du moment qu'elle est ouverte au monde, qu'elle fait rêver et qu'elle n'est pas égocentrique !
Ce qui laisse grandes ouvertes les portes de la littérature et donne un festival multiple, riche et représentatif du monde actuel.

Et bien sûr pour les mêmes raisons ce livre plaira à tout amateur de littérature, de souvenirs autour des livres et d'esprit d'ouverture.
Si l'on fait partie des plus de vingt ans, on pourra y retrouver les mêmes lectures de jeunesse et pourquoi pas les mêmes rêves et le même enthousiasme pour la littérature et les écrivains !
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Je remercie chaleureusement les éditions Grasset pour l'envoi de l'ouvrage Pour l'amour des livres de Michel le Bris.
Michel le Bris est un écrivain-voyageur, il a crée dans les années 1990 le célèbre festival malouin des "Etonnants Voyageurs " et surtout, c'est un amoureux des livres. Suite à une opération, il se rend compte qu'il voit mal, qu'il n'arrive plus à lire comme avant et alors il a l'idée d'écrire un livre.. sur sa vie, sur les livres, sur son métier d'éditeur...
Ayant beaucoup aimé King de ce romancier, c'est avec plaisir que je me suis plongée dans Pour l'amour des livres. Impossible pour moi, l'amoureuse des livres, de passer à coté, et je suis ravie de ma lecture.
Je ne suis pas toujours réceptive aux souvenirs des auteurs mais là, à ma grande surprise tout m'a plu dans les écrits de Michel le Bris.
J'ai apprécié le ton de ce livre, le contenu et j'ai passé un très très bon moment de lecture :) Il m'a charmé de la première à la dernière page, je mets donc évidemment un très joli cinq étoiles.
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critiques presse (1)
LaCroix
22 mars 2019
Le romancier, grand voyageur, doit tout aux livres, à quelques rencontres qui l’ont arraché à sa condition, et à l’écriture qui a donné sens à sa vie.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (44) Voir plus Ajouter une citation
.
Les livres de poche faisaient leur apparition chez Guiguite , qui tenait dans le bourg de Plougasnou une papeterie-librairie-mercerie-épicerie ( entre-autres ) , dont la brave dame était la seule à maîtriser le chaos et je n'en finissais pas de rêver devant leurs couvertures richement illustrées , Pierre Benoît qui me déçut , " Les Hauts de Hurlevent ", d'Emily Brontë , qui me laissa une impression extraordinaire , " Les Conquérants " et " La Voix royale "de Malraux .

p. 137
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" Une conception étriquée de la littérature, qui la coupe du monde dans lequel on vit, s'est imposée dans l'enseignement, dans la critique et même chez nombre d'écrivains. Le lecteur, lui, cherche dans les oeuvres de quoi donner sens à son existence. Et c'est lui qui a raison. " [ Todorov- La littérature en exil] (p. 108)
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Ce que je serais devenu, s'il n'y avait pas eu monsieur Ropars [son instituteur], d'abord. Et les livres...

Par eux s'opérait une mystérieuse alchimie. Comme si venaient à moi le monde, une infinité de mondes, une cohue de personnages, hommes, femmes, enfants qui se bousculaient, me captivaient- m'envahissaient ? - Non: m'agrandissaient. (p. 20)
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Après tant d'années, l'acte d'écrire me reste toujours un mystère. Et s'il cessait d'être, sans doute n'écrirais-je plus. c'est ce mystère que je traque , pourtant, de livre en livre, non pour l'élucider mais pour l'éprouver. (p. 245)
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Et si nous faisions confiance à la fiction ? Depuis le fond des âges, dans toutes les cultures, nous déployons une énergie sans limites pour nous raconter des histoires- à cette étrange manie, il doit bien y avoir une raison ! Nous sommes, pour reprendre l'expression de Nancy Huston, une " espèce fabulatrice" . (p. 67)
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