Et l'on ne peut que déplorer que le néo-féminisme n'ait pas une seule seconde hésité à enfourcher la "veuve du coureur cycliste" (petite bicyclette masturbatoire) que l'avant-garde lui fournissait en pièces détachées quelque peu usagées : des roues marxistes qui n'avancent pas, un cadre psychanalytique passablement faussé et une selle-godemiché à extension totalitaire.
Est-il besoin de le rappeler : en matière de révolte nul n'a besoin d'ancêtres mais aussi d'ajouter : et surtout pas de conseillères techniques pressées d'échanger les recettes de l'insoumission féminine de A à Z?
Pour un communisme des ténèbres - Rencontre avec Annie Le Brun
Envers et contre elle, Annie Le Brun traverse l'époque. Elle occupe ce point où sensible et politique, littérature et subversion, restent indissociables. L'expérience du surréalisme dont elle témoigne est tout le contraire d'un mythe, le contraire d’un passé. On y entend le vif des rencontres et de le plein des singularités, la puissance du collectif quand il chemine vers l’inconnu. Autant dire que sa manière de soutenir les désirs, de chasser toute tendance à la résignation ou de faire entendre la joie d’être ensemble, nous a beaucoup parlé à lundisoir.
On y a parlé d’esthétique critique, de communisme des ténèbres et de ces lignes de crête sur lesquelles il faut se tenir pour rester inaccaparé. Ou encore, pour reprendre un passage des Vases communicants qu’elle nous avait apporté, de ces « réserves monstrueuses de beauté » dans lesquelles puiser pour « se garder de reculer et de subir » .
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