Nous ne saurions nous étendre longuement sur les commencements de Pierre Mignard. Son père l’avait d’abord destiné à la médecine ; « mais lorsque Pierre Mignard , dit d’Argenville, accompagnait le médecin chez qui il était placé, au lieu de l'écouter, il dessinait les attitudes des malades et de ceux qui les servaient. » C’était là, il faut en convenir, un assez plaisant élève, et son maître pouvait bien n’être pas très-satisfait, lorsque le soir, en consultant son livre d’ordonnances, il n’y trouvait que des croquis et des bambochades. Est-ce que la vocation n'a pas de ces attraits irrésistibles?
Nous n’avons pas la prétention de faire la biographie de Pierre Mignard à propos de quelques-uns de ses tableaux. N’a-t-elle pas été faite déjà par l’abbé Monville, l’académicien Lépicié, le comte de Caylus et notre illustre ami Charles Blanc, de manière à nous ôter toute envie de la recommencer? Et cependant il nous faudra bien, dans le cours de ce travail, toucher à plusieurs dates, rectifier quelques erreurs, compléter des points demeurés incertains ou obscurs, soit parce que Monville, qui aurait du être le mieux informé des biographes, puisqu'il écrivait sous la dictée de la comtesse de Feuquières, a voulu laisser dans l’ombre certaines parties de la vie de Mignard, soit parce que Catherine Mignard ignorait plusieurs détails dont la révélation ne s’est faite que plus tard.