Ce livre est une compilation des hauts faits de l'aventure polaire française qui commence dès les années 1520, lorsque les négociants en soie de Lyon et de Rouen s'associent pour trouver une nouvelle route maritime vers la Chine. Qui connaît en effet la création, en 1609, d'une Compagnie française du pôle arctique dont l'objet était l'ouverture de cette route maritime via le pôle Nord ? Ou encore, en 1634 au Spitzberg, la fondation d'une France arctique par des baleiniers basques ?
Cela commence donc par des expéditions étonnantes, telle celle d'une nef (la Dauphine) appartenant à l'armateur normand (désolé, je n'ai pas résisté) Jean Ango, commandée par Giovanni da Verrazano qui repère les côtes du Nouveau Monde entre les actuelles Caroline du Sud et Nouvelle-Écosse. Voyage bien connu grâce au compte-rendu adressé au roi
François Ier. S'étant fait découpé et dégusté au voyage suivant, c'est Jacques Cartier qui lui succèdera dans cette entreprise.
Il découvre un bras de fleuve immense le jour de la saint Laurent, comment le baptisera-t-il ? Puis c'est le village de Stadaconé qui deviendra Quebec et Hochelaga Montréal.
Ce livre raconte chronologiquement la succession de voyages, d'expéditions à buts commerciaux, colonisateurs ou à vocation scientifique entrepris par la marine française. Cela balaye les 5 siècles qui nous séparent de la date citée ci-dessus.
On y rencontre tous les noms célèbres que nous connaissons ou avons rencontré ;
Bougainville, Kerguelen, Lapérouse, Dumont d'Urville, Charcot . . .
D'autres moins connus : Traversay devenu ministre de la Marine du tsar en 1809 après avoir demandé la permission de
Louis XVI.
Pour moi, un Atlas a été indispensable car les longitudes, les latitudes et les noms des terres polaires, arctiques comme australes ne m'étaient pas familières loin de là ! « Blosseville dessine ainsi la côte entre les latitudes 68°34' et 68°55'N, portant sur sa carte les sites qu'il baptise terre de Blosseville, mont Rigny, pic Bréautré, baie d'Aunay, caps Beaupré, Tupinier, Daussy et Savary… Mais sur la côte orientale du Groenland, les trop belles éclaircies ne durent pas. ».
Ce qui m'est apparu au fil de ces très belles pages, c'est d'abord la quantité impressionnante de personnages animés d'une passion du voyage, de la découverte, de l'aventure. Pas seulement les quelques noms que l'histoire a canonisés pour écrire la légende nationale mais aussi les seconds, les lieutenants de vaisseaux...
C'est presque un miracle même que ces individus aient pu porter si haut l'étendard français avec finalement si peu de moyens car les confrontations avec l'ennemi anglais qui ont quasiment toujours tourné à notre désavantage, prouvent que les vrais maîtres de l'océan étaient britanniques. Et nos dirigeants souvent très loin de saisir l'importance que revêtaient ces explorations.
Puis c'est la solidarité des marins et des structures chargées de l'intendance de ces voyages. On fait escale partout où c'est possible pour se lancer à l'assaut des 40ème rugissants et des 50ème hurlants.
Ce livre se termine avec quelques chapitres contemporains qui posent le constat du réchauffement climatique et des enjeux qu'il va susciter en termes d'exploitation de nouvelles ressources, de nouvelles routes maritimes et des tensions qui vont s'y exacerber entre toutes les nations souhaitant asseoir leur suprématie.
La fin n'est donc pas très gaie, surtout qu'écrite en plein COVID et donc pariant plus ou moins sur un monde d'après différent . . . Sans commentaire.