AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Bazart


En temps normal, j'ai peu l'habitude de trainer dans les cimetières, ces lieux qui m'ont toujours un peu déprimé, alors même, que comme beaucoup de gens, j'ai des êtres chers qui y reposent aux quatre coins de la France.

Et pourtant, ces deux dernières semaines, au gré de mes voyages hexagonaux, j'ai eu l'occasion d'aller visiter deux de ces lieux de sépulture, afin d'aller voir, les deux fois, des tombes de grand peintres, respectivement celle de Matisse à Nice, et celle de van Gogh à Auvers sur Oise, tout proche de mon maison natale, et où pourtant je n'étais encore jamais allé.

Comme je venais tout juste de lire le dernier recueil de nouvelles de Blandine le Callet, Dix rêves de pierre, je me suis surpris, lors de ces deux visites, à lire quelques épitaphes; vous savez, ces fameuses inscriptions funéraires, mais je n'en ai trouvé aucune aussi inspirées et mystérieuses que celles figurant dans cet excellente surprise littéraire de ce début 2013.

Le projet du livre de l'auteur de cette pièce montée que j'avais beaucoup aimé est particulièrement originale et séduisante : à partir d'épitaphes relevées sur d'anciennes tombes, Blandine le Callet redonne la parole aux vivants juste avant leur mort, elle nous dit ainsi à quel point la vie est intense jusqu'au dernier moment.

Ces fragments de mémoire sont peu de chose, mais c'est assez pour faire surgir, par le biais de l'écriture, une forme de «mémoire fictionnelle» de ces personnes dont le temps a effacé l'existence.


L'auteur arrive à s'inspirer de ces quelques lignes gravées dans la pierre pour raconter les derniers mois, les derniers jours ou les dernières heures de la personne disparue.

La romancière réunit ainsi dans ce recueil des épitaphes authentiques, à partir desquelles elle imagine les dernières heures, les derniers jours ou les derniers mois du défunt. Elle ressuscite un jeune esclave à qui l'on vient d'offrir sa liberté, un philanthrope piégé dans l'étouffant huis clos d'un bordel parisien, deux êtres unis par un amour hors norme en route vers leur destin, une vieille dame acariâtre rédigeant son testament, et bien d'autres encore...



De la même façon que l'on se prend à imaginer la vie des habitants d'un appartement illuminé dont l'on aperçoit l'intérieur à la faveur de la nuit tombée, on essaye d'imaginer la vie qu'ont pu connaître ceux dont les nom - prénom et les années de naissance et de mort figurent sur des pierres tombales ou des monuments aux morts.

Et si le résultat est forcément inégal, avec des nouvelles plus faibles que les autres, certaines sont vraiment très réussies, comme cellele du mécène qui meurt dans un lieu de perdition, malgré une vie irréprochable, ou encore celle de cette vieille dame, qui n'arrivera pas à rédiger un testament équitable entre tous sa progéniture, ce qui entrainera ce cruel et cocasse épithate : "Maman, tu as semé la zizanie entre tes enfants. Repose." !

Et un peu comme dans le dernier recueil de nouvelles d'Eric Emmanuel Schmitt (décidement, je devrais lire plus de recueils de nouvelles, car c'est souvent une excellente surprise) , j'ai particulièrement apprécié la postface , qui explique d'où viennent toutes ces nouvelles, d'où viennent ces choix, les recherches réalisées, l'écriture du livre :

Bref, une sorte de making off particulièrement réjouissant, où l'on ressent intensement, comme dans l'ensemble de cet ouvrage, la sensibilité et la délicatesse de la plume de Blandine le Callet, dont je vous conseille tout particulièrement la lecture de ces dix rêves de pierre .

Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          260



Ont apprécié cette critique (24)voir plus




{* *}