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La ballade de Lila K, un roman aussi déroutant que détonnant...

Nous voilà plongés dans un futur aux allures de ce qui nous pend au nez.
Lila n'est encore qu'une petite fille lorsqu'elle est enlevée à sa mère et placée dans un centre hyper surveillé. Les doigts scellés entre eux, de multiples fractures, des traces de brûlure, une intolérance à la lumière, Lila se débat, hurle, crie après sa mère. Que lui est donc arrivé ? Ou est-elle arrivée ? D'entrée de jeu, dès les premières pages, Blandine le Callet nous sert le plat principal, immersion réussie dans ce monde dérangeant mis sous surveillance. On retrouve cette sauce à la big brother de Orwell mais sans percevoir le côté science-fiction ou anticipation. Un roman réaliste, subtil où l'on essaie de comprendre qui est Lila. On suit avec elle sa ballade dans le centre auprès de dirigeants qui veulent lui inculquer éducation et excellence. Son intelligence sera vite remarquée. Mais Lila avec ses lunettes de soleil jour et nuit, n'a qu'un souhait, qu'un secret, celui de retrouver sa mère.

Un roman mi psychologique et mi sociologique, sur un fond onirique où rythment questions existentielles, le bonheur existe t-il quand la liberté de tout un chacun est verrouillée?

Contrairement à 1984, on évitera ici la rébellion et l'acharnement totalitaire. La ballade de Lilla K, c'est un voyage au coeur d'une fillette, d'une femme qui somme toute pourrait à peu de choses près être le nôtre. À méditer...
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Ouf, quelle lecture !
Pas un mot, pas une phrase de trop, le style est fluide, l'histoire prenante, la progression parfaite.
Outre la quête passionnante de Lila K dont on partage les émotions de page en page, la description de ce monde du futur, 2100, fait froid dans le dos. En est-on si loin ?
Un monde où tout est encadré, surveillé. Rien n'est laissé au hasard. Il y a des caméras partout, des dossiers détaillés sur chacun, des ordinateurs examinés. Tout est programmé : la contraception, la conception, la sexualité, l'alimentation, l'apparence physique, les soins médicaux… les lectures sont numérisées et censurées.
Et Lila K et ses traumatismes avance dans ce monde policé, se questionnant sur la « zone », de l'autre coté du mur-frontière, cette « terre étrangère, sordide et dévastée » seul endroit pourtant où résiste encore un semblant d'humanité, y cherchant désespérément sa mère, la quête de sa vie.
Voilà un livre que je désirais lire depuis longtemps et que je ne suis pas prête d'oublier
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Une nuit, des hommes casqués l'ont arrachée à sa mère. Depuis, Lila K. n'a qu'une obsession, celle de la retrouver. Internée dans le Centre, « un monde insensé aux règles implacables » (p. 12), où les autorités font tout pour la reconditionner et la réadapter, Lila se débat pour ne pas oublier. Mais il est dangereux de se faire remarquer : les caméras sont partout et tout le monde est soumis aux contrôles en tout genre. « Tout ce que vous faites, vous le faites pour mon bien, même si j'ai parfois du mal à m'en apercevoir. » (p. 283) Heureusement, Lila K. a la chance de rencontrer M. Kauffmann, puis Fernand et M. Templeton. le premier lui promet de l'aider à retrouver sa mère. Dès lors, Lila K. fait tout pour atteindre son but. Mais à mesure que ses recherches progressent, Lila K. découvre pourquoi elle a été séparée de sa mère. Dès lors, elle engage un travail de mémoire, mais aussi d'amour.

Dans cette dystopie très bien menée, une ville parfaite de verre et de béton s'oppose à la Zone, lieu de violence et d'insécurité. Sans que cela soit clairement explicite, il semble que la science ait fait des progrès spectaculaires : les animaux de compagnie sont génétiquement modifiés et l'on crée des chimères qui assument les tâches subalternes. Dans ce Paris des années 2090, de nombreuses sources de plaisir sont prohibées, comme l'alcool ou les cigarettes. Et surtout les livres papier. Au motif de leur potentiel allergène, ils ont été retirés du marché pour être numérisés. Sous cette forme, les textes subissent des coupes ou des réécritures et les grammabooks ne sont que des supports aléatoires. le contrôle de l'information passe désormais par un autodafé numérique.

Le récit rétrospectif de Lila K. est un exutoire au traumatisme et à la haine. Il rappelle qu'il y a toujours des anticonformistes et des réfractaires, même dans les systèmes les plus encadrés. Quant au titre, il renvoie à la chanson que la mère de Lila K. chantait. Mais cette ballade pourrait aussi être une balade, même si la promenade dans les souvenirs et dans l'appareil administratif est plus horrifique que dépaysante. Ce roman dystopique est une belle réussite, même si un ou deux dialogues sonnent faux. Mais l'intrigue est remarquable et bouleversante. Voilà un très beau roman de science-fiction et un véritable hommage à l'amour filial.
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Elle revient de loin, Lila !
Arrachée à sa maman, conduite à 6 ans dans une centre de rééducation, de revalidation ou appelez ça comme vous voulez, elle ne parvient pas à se souvenir de sa vie passée.
Intolérante à la lumière, aussi. Et puis une impossibilité de manger de la nourriture correcte et de faire preuve de « sens social ». Ah oui, j'ajoute encore ceci : on a dû l'opérer, détacher ses doigts qui étaient soudés...

Que s'est-il donc passé ?
Comment les responsables de ce Centre s'y prennent-ils pour que cette « pauvre enfant » s'en sorte ?

D'autant plus que nous sommes en 2100 et quelques... C'est-à-dire qu'est porté à son paroxysme le sens de la prévention, de la santé, de la jeunesse, de la préservation des microbes et des calories surnuméraires, de la sécurité maximale, de la « bonne conduite » de chacun dans la société (« Depuis le durcissement des lois sur le harcèlement sexuel, les gens ont appris à bien se tenir »), du calme, des émotions contrôlées, de la culture contrôlée, des animaux domestiques contrôlés, du contrôle des naissances. Même les livres sont muselés dans des « grammabooks » (nos liseuses, quoi) au lieu de s'étaler sur du papier « pouvant contenir des substances toxiques et des micro-organismes susceptibles de déclencher chez les sujets fragiles de graves allergies ».
Bref, sécurité, contrôle permanent et en tout lieu sans exception (entre nous soit dit, nous arrivons tout doucement à ce type de société, vous alliez me le souffler, je suppose).
Tout pour rendre l'homme heureux ?

Tout pour rendre Lila heureuse ?
En grandissant, elle déploie une intelligence exceptionnelle.
Elle découvrira Paris surprotégée, mais sera intriguée aussi par la Zone, cet endroit subversif extra muros où se passent toutes sortes de choses pas bien, pas contrôlées, pas propres, pas préservées des microbes et des calories surnuméraires, où les gens ne sont pas calmes, pas cultivés...

En grandissant, ses démons intérieurs se déploient eux aussi.
« Je m'étais fait avoir avec les sentiments, on ne devrait jamais ».
Mais il y a quelques bonnes personnes autour d'elle.
Pourra-t-elle « accepter l'errance, la surprise, l'inattendu ?»

Roman psychologique et sociologique, « La ballade de Lila K » n'a de cesse de nous interroger sur notre manière de vivre et de nous comporter, à travers cette jeune personne toute en nuances et en finesse, toute en désir de savoir, de comprendre et de ne pas oublier d'où elle vient.
C'est-à-dire de loin.
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Enlevée à sa mère et enfermée dans un centre, une jeune femme, à force de volonté, découvre dans ce lieu sans livres où la surveillance et la contrainte sont constantes, des êtres qui l'aident à se reconstruire et à restaurer sa mémoire perdue.

Blandine Le Callet a imaginé un monde anxiogène qui serait proche de celui de 1984 et de Vol au-dessus d'un nid de coucou. Une société liberticide, technicisée à l'extrême et organisée pour redresser les insoumis et les indociles. Elle décrit dans ce roman d'anticipation, bien construit et pénétrant, un avenir pas si lointain qu'on souhaite fantasmé et improbable.
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Que dire aprés tant de ressentis ?
Une jeune femme Lila k nous raconte son histoire , une petite fille enlevée à sa mère , hypersensible, surdouée, traumatisée, singuliére, à l'intelligence extrêmement aiguisée dont nous ressentons toutes les émotions, à la recherche éperdue de sa mére .....
ELle se retrouve sans mémoire ...
Enfermée dans un centre dans un milieu concentrationnaire , mi- prison, mi- pensionnat où les livres sont interdits et responsables de microbes , qui fait froid dans le dos .
La manipulation, la soumission sont décrits de main de maître dans cet univers anxiogène , au coeur d'une société oú tout est mis en coupe réglée, santé , prévention, sécurité ,contraception, technicisé , en tension extrême afin de soumettre ceux qui résisteraient .....

Tout est filmé, enregistré, contrôlé...Nous sommes en 2100....

Un univers étrange où les livres n'ont plus droit de cité .....les lectures sont numérisées et censurées , rien n'est laissé au hasard : un univers aux allures orwelliennes ...
.
Lila , troublante , en quête de son histoire réussira à se reconstruire grâce à quelques personnes.
Elle restaurera sa mémoire ...

Un récit émouvant, sensible et vibrant, oscillant entre histoire d'amour , apprentissage chaotique, déroutant et attachant, qui nous fait réfléchir sur l'amour filial, le pardon et la résilience , la normalité et la liberté ....

Un livre d'anticipation qui nous interroge sur les dérives d'une politique sécuritaire à tout prix .

En sommes nous loin?

Serait - ce l'évolution possible de notre société ?
J'avais lu "Une pièce montée " du même auteur avec plaisir il y a longtemps ....
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Je suis complètement bouleversée par cette lecture, un énorme, énorme coup de coeur ! Je suis impressionnée par cette auteure. Blandine le Callet a un talent immense, que ce soit dans la valeur de l'histoire, la richesse d'écriture, la transmission des émotions, la fluidité et la subtilité dans l'avancement du récit, la faculté de maintenir un attrait, un « suspens ».

Privée de sa mère et ayant petit à petit complètement régressée avant d'arriver au Centre, Lila K reste prostrée, sans parler, ne supportant pas la lumière du jour : « ils me gardaient la plupart du temps dans une pièce close maintenue dans la pénombre. Je flottais dans une sorte de torpeur, sans conscience du temps qui passe, et c'était aussi bien. ». Grâce à son intelligence, elle va se laisser « domestiquer » pour réapprendre à parler, marcher et manger, non sans souffrances. Elle n'a que 9 ans. Elle passe toutes ses nuits sous son lit enroulée dans ses draps pour fuir les bruits alentours et retrouver un semblant de « bien-être et de sécurité », ce qui lui rappelle le cocon avec sa mère. Elle reprend goût à la vie « mais qu'à moitié », sa mère lui manquant terriblement et tout ce qui va avec. Malgré ses efforts elle reste encore à l'écart des autres enfants, elle a trop peur. Ils essaient mais c'est un échec. Une mauvaise expérience, où elle a été agressée lors d'une tentative de socialisation avec un groupe d'enfants, qui au final va lui faire comprendre qu'elle peut feindre et contrôler les autres pour obtenir ce qu'elle veut, en les faisant culpabiliser. Elle est donc isolée, avec enchantement. Elle refuse tout contact physique, elle ne le supporte pas, comme beaucoup d'autres choses qui ne lui apportent que dégoût. « Depuis que j'avalais mes repas sans respirer, je supportais bien mieux les aliments. Leur goût s'estompait, se muait en fadeur exquise, et même s'ils conservaient leur texture répugnante, ça n'avait rien à voir. »

C'est Monsieur Kauffmann, directeur du Centre, qui va ensuite s'occuper d'elle. « Les membres de la Commission étaient très ennuyés : ils avaient sur les bras une vraie bête curieuse. Surdouée, asociale, polytraumatisée. Personne ne savait ce qu'il fallait faire de moi. C'est là que M. Kauffmann est entré en scène. Il a changé ma vie. » Elle fait alors d'énormes progrès à son contact, mais cet homme a des méthodes peu conventionnelles, ce qui va peu à peu les éloigner malgré eux. Il lui fera la promesse de l'aider à retrouver sa mère, l'obsession de Lila. C'est Fernand qui prendra la suite de Monsieur Kaufmann. Il a une femme, Lucienne, qui fut aussi l'une des protégées de Monsieur Kauffmann et que Lila finira par voir tous les dimanches lorsqu'elle se rendra chez eux. Elle l'apprécie beaucoup. Elle rencontrera aussi Justinien avec qui elle travaillera, Milo Templeton, qui représentera un être particulier pour elle. Toutes ces personnes seront importantes pour Lila et l'aideront à avancer dans le réapprentissage de la vie et dans ses désirs de vérité. Ils la bousculeront sentimentalement (malgré eux) à cause de l'attachement qu'elle pourra avoir pour eux, ce qui lui intimera de ne pas trop se laisser aller à aimer les gens de peur d'en souffrir, mais les sentiments… ça ne se commande pas. « Je m'étais fait avoir avec les sentiments, on ne devrait jamais. A présent, j'en payais le prix, et je mesurais que c'était inabordable. Denrée de luxe, trop risquée pour les coeurs malmenés. Alors j'ai décidé que je ferais attention désormais. A garder mes distances. A ne pas m'attacher, surtout pas. Me préserver, tout fermer à double tour – réserve, confort, sécurité. C'était nécessaire, c'était vital. Je savais qu'un nouveau chagrin me tuerait. »

Le récit se situe dans un futur proche (fin du 21ième siècle et début du 22ième) et dans une société hyper sécurisée, où les caméras de vidéo-surveillance, les implants, les manipulations génétiques, les injections chirurgicales anti-vieillissements, les contrôles d'urine, les contrôles d'achats et cetera sont le quotidien des habitants d'une ville, en Intra Muros. Les livres y sont bannis, privilégiant les numérisations pour éviter toutes allergies mortelles (soit-disant). Des coupes d'articles sont exécutées pour modifier la vérité. Nous sommes bien dans une dystopie. Lila est constamment surveillée, même lorsqu'elle sortira du Centre à sa majorité, afin de bien s'assurer qu'elle est « conforme » à la « normalité ». Toutes différences sont ici isolées. Il faut un agrément pour pouvoir enfanter. Des interruptions de grossesse imposées lorsqu'il y a tout signe de malformation ou autre, ou bien encore quand la grossesse n'était pas autorisée, ce qui incitera certaines personnes à fuir dans la « zone ». La « zone » est le lieu Extra Muros, où on y vit la violence, la pauvreté, la délinquance, la contrebande (en effet tous alcools, cigarettes etc sont prohibés), mais c'est aussi là que les livres sont encore dans les bibliothèques, où les documents papiers circulent encore.

Lila, par son intelligence, comprendra très vite qu'il faut donner l'apparence d'être rentrer dans le moule. Ce sera l'objectif de retrouver sa mère qui la motivera et qui lui permettra d'arriver à ses fins, de comprendre, de savoir… Petit à petit elle recouvrera sa mémoire, qu'elle avait perdue ou enfouie, au fil de ce récit, par petites touches. Un long chemin, troublant, émouvant, dur. C'est Lila la narratrice et elle s'adresse à quelqu'un en le vouvoyant (nous connaîtrons son identité vers la fin du roman). Cela pourrait presque être un récit épistolaire mais c'est plutôt comme un mémoire, écrit à l'intention de quelqu'un et pour qu'une trace reste, une exorcisme. Cette narration à la première personne amène une intensité certaine, un sentiment de proximité et une meilleure compréhension.

Ce roman est une pépite et si ne vous l'avez pas encore lu, courez vous le procurer ! Il aborde différents points, la maltraitance, l'amour, la confiance, le pardon mais aussi pose les problèmes d'une société qui cherche toujours a tout contrôler, maîtriser, pour la sécurité… mais où s'arrête notre liberté et où commence la manipulation, notre ingérence lorsque tout va trop loin, une mainmise sur nos vies ? Quel prix sommes-nous prêt à payer pour vivre en sécurité ? La description des personnages y est fabuleuse, on a une réelle sympathie ou apathie pour eux selon les personnages, et de la pitié aussi, comme pour ce pauvre Fernand complètement prisonnier de ses sentiments d'un côté et de sa loyauté envers la Commission de l'autre. J'ai ressenti beaucoup de peine pour lui à vrai dire. Et Lila… Lila on l'admire, on a envie de l'aider, on a envie qu'elle parvienne a enfin vivre en paix. Lila a un amour tel pour sa mère qu'il dépasse tout ce qui peut être mauvais, il la transcende, il la sauve. Ce qui est admirable dans l'écriture de ce récit c'est toute cette pudeur, cette intelligence d'écriture qui permet de ne jamais tomber dans le « pathos » et qui nous tient dans cette histoire avec force. Aucun ennui, rien d'inutile et un récit haletant tant on veut connaître la vérité et l'issue. C'est l'histoire d'une jeune femme qui aurait pu haïr mais qui a l'intelligence, l'intelligence du coeur, une grande empathie et une compréhension hors norme, la faculté de prendre le meilleur, surement un instinct de survie pour ne pas sombrer. Longtemps ce roman va me rester je pense. On s'aperçoit que, finalement, il est possible de ne se rendre compte de l'horreur d'une situation que lorsque les autres la montrent comme telle, quand on grandit, et que bien que vivant dans ce genre de descente en enfer, on peut très bien l'aimer et s'y sentir bien, quand on ressent l'amour de l'autre. Tout ça c'est si intense, si prenant, si « renversant », si… Je suis vraiment subjuguée par le talent de Blandine le Callet. ENORME COUP DE COEUR !
Lien : http://madansedumonde.wordpr..
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J'ai choisi ce livre un peu par hasard, sans vraiment en lire le résumé (il avait simplement été cité dans une émission littéraire où le présentateur recevait Blandine le Callet pour son dernier recueil de nouvelles). Je pensais partir alors en balade au côté de Lila. Quand je me suis aperçu que le contexte ne correspondait pas à une promenade bucolique, j'ai prêté attention au titre et j'ai compris qu'il s'agissait en fait d'une ballade, dans le sens de complainte, voire de récit dramatique.
Je ne regrette absolument pas cette intrusion dans ce monde futur (et en même temps si proche), totalitaire et entièrement sécurisé où j'ai fait la connaissance de Lila, jeune fille qui essaie de se reconstruire avec pour seul souvenir et pour seul moteur, l'amour que lui portait sa mère dont elle a été arrachée enfant. Une quête qui va la pousser à enfreindre les lois mais comme dans toute dictature, elle va pouvoir compter sur l'aide de "résistants".
L'histoire se répète puisque une fois encore, les livres cristallisent la colère des dirigeants et si on ne les brûle plus, comme sous l'Inquisition, ils sont réquisitionnés (à l'égal des armes à une certaine époque), puis numérisés, une fois expurgés de toutes pensées subversives. Chargée de ce travail ingrat, Lila va pouvoir officieusement reconstruire son passé. Lila, si touchante et en même temps si futée (elle sait manier l'art de la manipulation) poursuit inlassablement son but, retrouver sa mère.
Ce superbe roman d'anticipation, tout en faisant la critique des dérives d'une société, obsédée par la normalité, qui, sous prétexte de sécurité, contrôle ses citoyens (bien sûr, j'ai pensé à 1984 de G Orwell), est aussi un hymne à l'amour maternel qui, malgré les conditions dans lequel il est dispensé, est nécessaire à la construction de l'enfant.
Évidemment, j'ai craqué aussi pour Pacha, le chat arc-en ciel, symbole de liberté, qui règne au milieu de cet univers calculé.
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Enfant du placard, martyrisée toute petite par une mère maltraitante, Lila K. écrit..

À nous? On le croit, d'abord, et on s'accroche à cette parole terrible, d'abord fragile, puis tranchante, qui filtre d'elle à nous, dans ce Centre où des soignants mettent tout en oeuvre pour lui faire recouvrer un peu de confiance et d'énergie vitale.

Mais sans jamais mettre un nom sur ses douleurs, ni sur sa tortionnaire.

Passé interdit, zone dangereuse.

Pas d'objets, pas de livres, pas de solitude.

Tout est pesé, calculé, contrôlé. Lila est soignée mais aussi conditionnée. Il faudra, pour sortir, qu'elle montre patte blanche, et offre un simulacre de socialisation.

Un médecin rebelle, une femme obstinée, un chat arc-en-ciel introduisent leur grain de sable dans cette entreprise de normalisation bien réglée.

Mais plus que tout, c'est l'amour insensé, la tendresse inexplicable de Lila pour cette mère criminelle qui la poussent à jouer le jeu d'une guérison et d'une réinsertion possibles..

Dans un Paris très subtilement dystopique, refermé sur sa frontière intra muros, barricadé contre sa Zone de sauvageons inquiétants, Lila reçoit des services sociaux la jouissance d'un appartement ...gardé par une "chimère"- un robot- attentive et placé, jour et nuit, sous camera de surveillance, elle hérite aussi d'un boulot dans la Très Grande Bibliothèque. .à laquelle manque une tour: les émeutes de 91 l'ont détruite.

Son travail consiste à numériser des documents papier pour les archives..et à constater que des ciseaux inquisiteurs ont réduit ces documents de moitié...

Le charme discret de la dystopie n'est pas pour rien dans le plaisir de cette lecture.

Mais ce n'est qu'un écrin -ou un écran?- où se découvrent, gênants, l'amer bonheur d'avoir souffert d'amour, le trouble plaisir d'avoir aimé souffrir, tellement préférables à cette ataraxie hygiéniste qu'on veut nous faire prendre pour le progrès..

Je ne regrette qu'une chose: le décorticage, trop explicite, inutile et un peu exhibitionniste du "dossier" final de la mère, qui révèle , noir sur blanc , à Lila ce qu'elle savait déjà, et que nous avions deviné.

Sa souffrance, palpable, ses rituels étranges, ses bribes de souvenirs suffisaient à nous faire entendre que même dans les situations extrêmes, à la limite du supportable, l'amour peut transformer en caviar un simple pâté pour chat...

Un livre prenant, poétique, dérangeant. Une ballade qu'on n'est pas près d'oublier..
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Le titre, Lila, l'histoire, l'écriture, tout m'a séduite et comblée dans le roman de Blandine le Callet. D'elle, j'avais déjà été impressionnée et enthousiasmée par Dix rêves de pierre.

Après les épitaphes funéraires, La Ballade de Lila K aborde un tout autre genre. L'auteure situe son récit au début du XXIIème siècle... pas si loin de nous finalement. On y découvre une petite fille, Lila, aphasique, sanglée et nourrie de force dans un mystérieux Centre. La rencontre est déstabilisante, surtout sachant qu'elle a été arrachée à sa mère par des hommes en noir. D'emblée, je me suis prise de compassion pour la fillette qui, malgré son jeune âge, traîne déjà de lourds traumatismes, de toute évidence.

Blandine le Callet donne directement la parole à son héroïne, qu'on voit grandir et évoluer. Les mystères du Centre se dévoilent petit à petit. Quant à Lila, sous l'aile protectrice du Professeur Kaufmann, elle se révèle d'une prodigieuse intelligence. Kaufmann, très gros, chamarré et tonitruant, est un personnage fascinant et très attachant.
Il y en aura d'autres, pas forcément aussi hauts en couleur, sur le chemin de Lila.

Sur fond d'univers dont plusieurs aspects rappellent le 1984 d'Orwell, Blandine le Callet met en avant les thèmes de la quête de soi, de son identité, de son passé pour envisager l'avenir en supportant le présent, de la résilience et du pardon. le récit est d'un équilibre parfait avec une Lila qui force l'admiration par son courage et sa détermination au-delà de ses failles et faiblesses. Supportant difficilement la présence d'autrui et encore plus d'être ne serait-ce que frôlée, sa quête lui fait découvrir la nécessité d'accepter l'aide d'autrui. Et même de placer sa confiance en certains, certes pas toujours facile, surtout avec un début de parcours comme le sien.

Encore un roman et un personnage que je quitte avec grands regrets tant Lila K m'a souvent émue et même bouleversée. Blandine le Callet est décidément une conteuse extraordinaire et une très belle plume à suivre absolument.
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