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Et revoici Smiley.
Georges Smiley!
Oh, ce n'est pas qu'il avait disparu bien loin, on l'avait tout simplement du bout du pied, mais fermement, conseillé d'aller cultiver ses tomates. Ce qu'il fit.
C'est un peu comme le bébé que l'on jette avec l'eau du bain, le service a été considéré comme pomme pourrie alors la hiérarchie, et quand on sait que l'on parle d'espionnage, la hiérarchie est très élevée, la hiérarchie donc a fait table rase du service.
Mais voilà t-il pas qu'un agent recueille, à Hong Kong, sur l'oreiller, les propos d'une espionne russe, Irina, pour ne pas la nommer, certifiant qu'il y aurait une taupe au "cirque", service d'espionnage de sa très gracieuse Majesté.
Que fait-on dans ce cas ? On rappelle Smiley bien sûr, chargé par le premier ministre himself de trouver qui est la taupe , d'autant qu'une mission en Europe de l'est tourne très mal pour l'agent britannique sur le terrain, preuve que la Irina n'avait pas menti.

John le Carré, c'est un peu comme la comète, il passe de temps en temps par chez moi et, à chaque fois, égal à lui même, il brille de plein de feux.
Cette fois encore cette histoire est remarquablement construite.
Il faut dire que cela se passe en pleine guerre froide et que dans la vraie vie, la Grande Bretagne a payé le prix fort pour la carence de son service d'espionnage et de contre espionnage, Secret Intelligence Service ou MI6.
Smiley lui est un personnage couleur de muraille, passe partout, d'un calme tout britannique et d'un méthode de rouleau compresseur ne laissant, rien passer.
Cet homme bien connu de son homologue russe qui reconnait que Smiley est l'adversaire le plus difficile à contrer et à surmonter.
Homme comme tout le monde en dehors de son travail il doit affronter l'adversité, y compris le fait d'être cocu, ce que dans son service tout le monde sait, et même composer avec celui qui le cocufie.
Dur, dur.
Mais une mission est une mission et, je répète, rien ne saurait le détourner de sa tâche. A vrai dire on se demande si cette situation, au fond, ne l'arrange pas.

Le livre est un modèle du genre. Certes il faut aimer l'espionnage qui ne correspond pas au bruit de James Bond 007, jamais au grand jamais, ici on n'est pas au cinéma mais proche de la vérité, à savoir pour bien espionner vivons cachés et muets le plus possible.
L'enquête pour trouver la vérité et découvrir la taupe, réalisée par Smiley est toute en nuances, en recherches, en comparaisons, en lectures, en découvertes, bref un exemple de ce qu'il faut faire pour aboutir.
Un grand livre.
Cinq étoiles +
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- Je veux dire : ça n'est pas un cousin ?
- Oh, Seigneur, murmura Smiley."

Espion emporté dans la chute de Control, qui supervisait le service de renseignement extérieur anglo-saxon et avait été déboulonné pour paranoïa avérée par un quatuor ambitieux, George Smiley est prié de reprendre du service après que l'existence d'une taupe au sein des services secrets a été authentifiée par la confession d'un agent russe.

Mendel dit de ce drôle de bonhomme qu'à le voir, on ne le laisserait pas traverser la rue sans accompagnement mais qu'à l'instar de ces vieux chênes tordus, lui seul reste debout dans les pires tempêtes.
Karla, maître espion soviétique, pense qu'il représente la menace la plus redoutable pour sa taupe…

Écarté un temps des services, discrédité, George Smiley est le meilleur agent pour assembler le puzzle, traquer la taupe dans les dossiers, faire les recoupements nécessaires entre les opérations ratées, les avertissements de Control, les souvenirs des années où travailler pour le Cirque revenait à défendre l'empire et ses valeurs, à mener une existence héroïque pleine de dangers, les déplacements des quatre suspects, la réorganisation complète du Cirque, les échanges avec les correspondants et espions retournés.

J'avais été enthousiasmée par le film de Tomas Alfredson, avec Gary Oldman, Colin Firth, Tom Hardy, Mark Strong, David Dencik, Ciarán Hinds, John Hurt, Benedict Cumberbatch, Toby Jones, Kathy Burke, une distribution éblouissante pour un film remarquable.
Rien à voir, dans ce Londres crépusculaire et cette quête laborieuse, avec les pifs-pafs-poufs ultra-sophistiqués de l'agent 007 !

À lire La taupe, je constate avec quel soin le réalisateur a reconstitué cet univers à la dérive, nostalgique de hauts faits d'armes que les protagonistes sont trop vieux désormais pour pouvoir les reproduire dans un monde redistribuant les cartes sans cesse.
Et encore, nous ne sommes que dans la première moitié des années 1970, la guerre froide bat son plein, l'explosion éparpillant les équilibres en milliers de petites pièces improbables attendra encore quinze ans pour se produire.

Il y a donc l'Est et l'Ouest, deux blocs immuables en apparence, se regardant en chiens de faience tandis que les espions s'affairent dans l'ombre.

À aucun moment il n'est fait allusion à cette vérité historique que, pour ce qui est des taupes soviétiques au sein des services secrets des pays de l'Ouest, la Grande-Bretagne a payé un lourd tribut avec les Magnificent Five qui ont mis à mal sa crédibilité pour de longues années.
Mais il y en a forcément des échos, dans le choix des membres du quatuor, de leurs profils, de leurs faits d'armes, et de la confiance qui leur est donnée juste parce qu'ils viennent pour la plupart du meilleur monde et ont usé leurs fonds de culottes sur les mêmes bancs.

Il est d'ailleurs à souligner que John le Carré a vu sa carrière dans les services secrets brutalement imterrompue après que sa couverture a été compromise par Kim Philby, le plus célèbre des Magnificent Five.

Mais revenons à La taupe.
Ce George Smiley, avec ses problèmes de couple et cette dégaine impossible, paumé dans des manteaux ou des imperméables trop grands, quelle trouvaille pour nous mener par le bout du nez dans les méandres de sa quête…
Il cache bien son jeu.

Il n'est pas dupe du fait que la découverte de la taupe ne résoudra pas ses difficultés conjugales, pas davantage qu'elle n'apaisera les blessures de ceux qui l'ont crue et suivie, et ont été ses victimes.
Mais il ira jusqu'au bout.

J'ai trouvé ce livre tout bonnement fumant.
Les personnages sont finement posés, rien n'est simple ni simpliste dans cette histoire.
Le monde des espions est bien loin de la caricature qu'on a l'habitude de voir au cinéma.
John le Carré le brosse avec intelligence et précision.
Sa description des a priori et des obstacles auxquels est confronté Smiley dans sa quête est criante de vérité, tant il est vrai que la société anglo-saxonne reste régie par une hiérarchie sociale qui a davantage en commun avec le système des castes indiennes qu'on ne le croit de ce côté-ci de la Manche, système que la Grande-Bretagne avait d'ailleurs largement contribué à imposer sur tout le sous-continent indien.

Il faut voir comme on lui renvoie systématiquement les cousins de sa femme, l'un ministre, l'autre à la tête du Cirque…

Quant à la chasse à La taupe, elle est complexe mais accessible, elle ménage le suspens et nous cueille à froid aux meilleurs moments.
Une réussite.
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Une "taupe" se trouve dans les services secret de sa très gracieuse majesté. Voilà pour le sujet. Ici, il n'est pas question de super héros du genre" james Bond". L'histoire est lente, les hommes parlent peu, ils écoutent. Il est vrai qu'il est assez difficile de suivre le récit au vu du nombre de personnages, des rappels du passé. Malgré tout, sans être un spécialiste du roman d'espionnage, l'ambiance me paraît bien rendue, et l'histoire crédible. Pour ceux qui s'intéressent à cette période que l'on a appelé " guerre-froide".
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George Smiley ne sourit plus. Control, son patron et mentor vient de mourir, on ne l'a pas choisi pour le remplacer, l'heureux élu en a profité pour «l'inviter » à prendre sa retraite et sa femme l'a quitté.
« Comme une vieille maladie, sa colère l'avait pris par surprise. Depuis sa mise à la retraite, il en niait l'existence, évitant soigneusement tout ce qui pourrait la déclencher : journaux, anciens collègues, ragots comme ceux que colportait Martindale. Après toute une existence passée à vivre sur son intelligence et sa remarquable mémoire, il s'était consacré tout entier à l'art d'oublier. »
le Cirque, comme on surnomme les services secrets britanniques, se remet de l'échec sanglant de l'opération Témoin en exploitant au mieux le filon de l'opération Sorcier qui fournit de fructueux renseignements issus de sources soviétiques très haut placées. Bref, le gazon commence à repousser, la pelouse s'étend et retrouve un aspect digne de la tradition britannique et des ses tapis de verdure si flatteurs à l'oeil. Tout le monde connaît l'ennemi implacable du gazon britannique : la taupe, la taupe creusant silencieusement, sapant sournoisement les fondations du chef d'oeuvre, étendant sans relâche ses galeries souterraines jusqu'au jour où un petit monticule apparaît en surface pour défigurer votre pelouse et réduire à néant le travail d'une armée de jardiniers. Dans les services secrets, la taupe c'est l'arme absolue. « Une taupe est un agent de profonde pénétration ainsi appelé parce qu'il s'enfonce profondément dans la texture de l'impérialisme occidental. Les taupes sont très précieuses pour le Centre en raison du grand nombre d'années qu'il faut pour les installer, souvent quinze ou vingt ans. »
Le premier monticule apparaît du côté de Hong Kong où un renseignement collecté par un modeste « chasseur de scalps » va déclencher l'alerte et convaincre le gouvernement britannique que les soupçons exprimés par Control avant sa disparition étaient peut-être fondés.
Il faut trouver un chasseur de taupe, extérieur au Service (sinon la taupe sera tout de suite sur ses gardes) et néanmoins capable de parfaitement maîtriser les us et coutumes de cette profession assez « technique ». Ca ne court pas les rues, alors on sollicite ce bon vieux George pour une dernière pige, officieuse bien sûr. « C'est la plus vieille de toutes les questions, George. Qui peut espionner les espions ? Qui peut dépister le renard sans courir avec lui ?"
Voilà, vous en savez assez pour plonger avec George Smiley à la poursuite de la Taupe. Une intrigue passionnante, une langue de qualité, des personnages aux personnalités complexes voire ambiguës et surtout le plaisir de vous sentir vous-même en mission, dans la peau de George, de Tarr, de Peter ou de Jim, vous attendent (ou vous guettent) :
« Et quand il s'était imaginé qu'on le suivait ? C'était quoi ? C'était quoi l'ombre qu'il n'avait jamais vue, seulement sentie, jusqu'au moment où il en avait des picotements dans le dos tant le regard de celui qui le surveillait était intense; il ne voyait rien, il n'entendait rien, il sentait seulement. Il était trop vieux pour ne pas tenir compte de cet avertissement. le craquement d'un escalier qui n'avait pas craqué auparavant; le grincement d'un volet quand il n'y avait pas de vent, la voiture avec un numéro différent mais la même éraflure sur l'aile droite; le visage dans le métro qu'on sait avoir vu quelque part déjà : des années durant, c'était avec ces signes qu'il avait vécu. N'importe lequel d'entre eux était une raison suffisante pour bouger, changer de ville, d'identité. Car dans cette profession, les coïncidences, ça n'existe pas. »
PS Seconde lecture à vingt-cinq ans d'intervalle et toujours le même plaisir.
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Certainement un des meilleurs romans d'espionnage.... Parce que tellement réaliste.... Très loin des James Bond hollywoodien;... Même à l'écran... (voir la version avec Bénédict Cumberbatch, Colin Firth, Mark Strong, et surtout dans le rôle de Smiley: Gary Oldman) . le Film ne trahit pas du tout le livre, malgré quelques petits changements, que je vous laissent découvrir... Si vous avez aimez le film, lisez le livre.... Parce que l'on en apprend tellement plus sur chaque personnage... Et surtout un peu plus sur les motivations de la Taupe... Un être tellement déçu et désabusé.... Ambiance dramatique post affaire des 5 de Cambridge garantie....
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"La Taupe" est mon premier roman d'espionnage. le film sorti en salles en début d'année m'avait assez favorablement impressionnée pour que je me lance dans la lecture de John le Carré. Verdict ? Et bien, c'est bon, c'est même très bon ! Contrairement à ce que je craignais avant de commencer ma lecture, les intrigues sont certes très cérébrales, mais n'ont rien de mécanique ou de déshumanisé. Au contraire : si les machinations ont la part belle chez le Carré, les personnages restent très humains et c'est cette humanité qui grippe la machine et fait dérailler les plans les mieux huilés.

J'avoue un gros faible pour le personnage principal : ce bon vieux Georges Smiley, petit homme rondouillard et binoclard, pétri de scrupules et de principes, et dont les seuls atouts sont un QI ahurissant et un sens de la déduction qui ne l'est pas moins. Il est attendrissant comme tout ce petit bonhomme et puis un espion humaniste, ça vaut tout de même le coup d'oeil… Avec ça un style très vivant et agréable à lire.

Oh et le plan des russes était tout de même sacrément bon : certes il a fini par foirer, mais force est de reconnaître que c'était un plan splendide et que ce n'était vraiment pas la faute de ce « cher ange » de Karla, le maître-espion soviétique – comme l'appelle Connie la subordonnée de Smiley dans un passage joliment surréaliste – si les choses ont un peu déraillé sur la fin. Décidément une excellente lecture !
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Un vrai bon gros livre d'espionnage.
On y retrouve l'ingrédient essentiel : qui travaille pour qui ? Ce qui génère régulièrement une certaine perturbation dans la compréhension de l’histoire. Comme chacun essaye de manipuler l’information à son avantage, on s’en retrouve à douter de qui est qui, qui a fait quoi, qui est le bon ou le méchant ! A ce titre, les personnages sont particulièrement intéressants : Smiley, bien sûr. Jim, Bill et la femme de Smiley, qui ne fait pas partie du cirque mais qui finalement va intervenir dans l’histoire….
Le nœud de l'énigme se situe dans une taupe infiltrée dans ce réseau anglais appelé "le cirque ". Smiley, un ancien du cirque, est le personnage principal. Il sort de sa retraite pour démasquer l’espion haut placé qui est la taupe.
Ne cherchez pas beaucoup d’action dans ce livre, Smiley passe une grande partie de son temps à explorer des dossiers, et à se rappeler des souvenirs personnels pour faire des recoupements. Le peu d’action se trouvant justement au sein de ces flashbacks.
Un roman remarquable, qui a été traduit au cinéma par un non moins remarquable film.
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Ce roman est le parfait anti-James Bond . L'action y est réduite au strict minimum tout se passe en quête de renseignements , en interrogatoires. L'atmosphère est nocturne , oppressante . George Smiley le personnage principal est certes un maître es espionnage mais aussi un homme empêtré dans le réseau confus des amours et des amitiés . Un magnifique roman .
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Superbe roman d'espionnage sur ton de guerre froide. L'intrigue complexe et le nombre important de personnages rendent la lecture parfois un peu complexe... mais le jeu en vaut la chandelle !
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Un excellent roman d'espionnage écrit par le "grand" John le Carré. Ici point de James Bond mais une sorte de anti-héros, Georges Smiley, qui va travailler dans l'ombre à la recherche d'une taupe russe infiltrée dans le saint des saints des services de renseignements britanniques : le Cirque.
La belle écriture de John le Carré nous transporte en pleine guerre froide dans une intrigue complexe à lire à tête reposée !
Du grand art !
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