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Critique de elea2020


J'ai apprécié ce livre, d'abord un peu difficile d'accès, lorsqu'il raconte les premières années de John le Carré, de son vrai nom David John Moore Cornwell, en Allemagne, puis dans les services secrets britanniques.

Le livre est construit avec une grande rigueur, alors même qu'il se donne une apparence de promenade négligée dans les souvenirs de l'auteur. Plusieurs chapitres se suivent autour d'une dominante, selon les endroits où John le Carré était en poste, ou, le plus souvent, où il a effectué des recherches pour ses romans, rencontrant des personnes hétéroclites et les sondant pour en adopter des traits dans ses fictions.

Bien sûr, il a également rencontré des personnes célèbres, de grands hommes politiques, récits qui donnent lieu à des moments épiques, parfois d'une grande force émotionnelle – j'ai été bouleversée avec lui par le séjour en Palestine, la rencontre avec Yasser Arafat. Il a aussi rencontré des réalisateurs, des acteurs, pour les besoins d'adaptations filmées de ses ouvrages…

Parallèlement avec une bienveillance tranquille, il ne se départ jamais de ce fameux humour anglais, pince-sans-rire, qui confine parfois à l'ironie mordante. Il n'épargne pas les services secrets et leur sens particulier de l'honnêteté, leur usage du mensonge, du chantage… Nous sommes également aux premières loges pour voir évoluer la Russie post-Pérestroïka, gangrenée rapidement par les gangs et la corruption. Il semble que les services secrets britanniques et la CIA d'une part, le KGB d'autre part, aient passé durant la guerre froide leur temps à se chercher des noises, à se doubler, et les antagonismes ont perduré mais ne sont plus que le reflet d'un vieux monde.

Enfin, et ce n'est pas le moindre sujet, il a fallu à John le Carré affronter l'image de son père, Ronnie, pour exorciser toute la colère qu'il lui vouait, et tenter de comprendre quel homme il était vraiment, ce qu'il pourrait lui avoir légué… Ronnie était un personnage incroyable, presque légendaire, formidable escroc, qui mit souvent ses fils dans le pétrin, mais à qui il fallait toujours pardonner – le tout avec une mère qui s'était enfuie une nuit, et qu'ils n'ont retrouvée que beaucoup plus tard.

John le Carré dresse une sorte de bilan de sa vie et de sa carrière à travers des chapitres assez brefs, peuplés de personnages qu'il fait bien revivre, et traversant une grande partie de l'histoire du XXe siècle.
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