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Critique de Dravot


Dravot
11 décembre 2013
John le Carré est un des écrivains dont, jusqu'à présent, aucun livre ne m'a déçu. S'il le fallait, je pourrais malgré tout les ranger crescendo en fonction des qualités que je leur prête. Dans ce cas, ce dernier opus serait dans les 2 ou 3 derniers. Sans atteindre, selon moi, le sommet que constitue « La taupe » (ou peut-être même « L'espion qui venait du froid »), c'est un très grand cru que nous donne le Carré. Dans son récit, construit avec une maestria impressionnante et une plus grande concision que ses livres précédents, nous assistons à l'assemblage des pièces d'un puzzle qui présentera au final les tenants et aboutissants d'une opération qui visait à la prise d'un terroriste, opération menée par des soldats anglais aidés de forces américaines et de « contracteurs » privés (car depuis les guerres du Golfe particulièrement, la guerre, les barbouzeries et autres coups tordus se sont largement privatisés, constituant un business forcément très lucratif), avec la coopération, cachée au public, du pouvoir politique. Il nous livre avec précision et concision (pas antinomiques chez le Carré) des portraits incisifs de certains hauts dirigeants ou fonctionnaires du Foreign Office pour lesquels il n'a aucune sympathie ou complaisance, et les dialogues sont particulièrement brillants. Ce roman (comme beaucoup d'autres de cet auteur d'ailleurs) concerne beaucoup plus la politique (et ses arrière-cuisines d'où proviennent des odeurs particulièrement nauséabondes) et la démocratie que les activités d'espionnage qui sont toujours présentées comme centrales lorsqu'on évoque John le Carré, ce qui entraîne la déception de ceux qui attendent des jamesbonderies (par exemple).
Le plaisir et l'intérêt que j'ai pris à cette lecture se sont trouvés renforcés par l'actualité internationale qui lui ont donné une saveur particulière : visite (en solitaire, pas un seul haut-fonctionnaire ou conseiller pour l'accompagner) du Premier ministre britannique au Groupe Bilderberg, affaire du programme américain PRISM dont les services d'espionnage britanniques ont utilisé des données, interventions de le Carré en public ou dans la presse où il a exprimé -entre autre- la nécessité de faire cesser la main mise des services secrets dans la vie politique britannique.
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