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EAN : 9782072888090
152 pages
Gallimard (11/02/2021)
3.86/5   21 notes
Résumé :

Saïd, jeune paysan kabyle né durant la grande famine de 1893, s'engage dans l'armée française en 1911 comme zouave, pour sortir de la misère et nourrir sa femme et leurs deux garçons.
Avec les cinquante centimes de sa solde journalière, elle pourra acheter tous les mois un demi- kilo de pain, trois oeufs et un peu de lait. Et s'il meurt, elle touchera la prime de veuvage de cent vingt francs : le prix d'un homme.
Le roman retrace deux destins q... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Né en 1893 dans une Algérie ravagée par la famine, Saïd s'engage comme zouave à dix-huit ans. Pour ce paysan kabyle, sa solde, et s'il meurt, la prime de veuvage de cent vingt francs, sont les seuls moyens d'espérer nourrir sa famille. Il participe à la campagne de pacification du Maroc, puis est envoyé dans les tranchées de Verdun, où il se lie d'amitié avec Babacar, un tirailleur Sénégalais comme lui en butte aux préjugés métropolitains. Tués en 1917, ni Saïd ni Babacar ne reviendront jamais au pays.


Saïd est l'arrière-grand-père de l'auteur qui, avec en main, et pour seuls vestiges, une carte postale où pose un zouave moustachu aux yeux clairs, et un certificat de décès portant un nom et un matricule, a entrepris de le déterrer de l'oubli avec toute la force de son imagination. L'évocation est réussie, et c'est d'une manière vivante et crédible, au fil d'une écriture fluide et agréable, que cet homme disparu depuis un siècle reprend vie sous nos yeux, en même temps que tout un pan d'histoire, de l'Algérie comme de la France.


D'une parfaite empathie, le texte impressionne par sa dignité pleine de pudeur, tandis qu'il se contente d'évoquer délicatement, sans juger ni commenter, le désastre d'une famine dont on sait qu'elle fut provoquée par l'abandon de cultures vivrières en faveur d'une nouvelle agriculture tournée vers l'exportation à destination de la France, le dévouement sans faille d'hommes contraints au sacrifice sans que ne disparaissent pour autant les préjugés à leur encontre, et, enfin, en quelques discrètes mais poignantes lignes de conclusion, les blessures de leurs descendants, Français « issus de l'immigration » dont on continue de « questionner les racines ». La narration se préoccupe aussi largement du sort des femmes algériennes de l'époque, au travers de plusieurs beaux personnages, comme la vieille Kabyle Keltoum et la jeune juive Dora, francisée par le décret Crémieux : toutes deux ont compris que, pour se préserver la moindre parcelle de liberté, mieux vaut rester à tout prix célibataire. Car, si les indigènes vivent alors sous la coupe coloniale, les femmes subissent elles, en plus, le joug des hommes.


Sincère et délicat, ce très beau texte servi par une plume agréablement travaillée se lit avec émotion, pour que jamais l'on n'oublie le digne héritage d'hommes et de femmes que l'histoire a spoliés de leur vie et de leur liberté.

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J'ai commandé ce livre qui m'intriguait après avoir échangé quelques mots avec l'auteur sur instagram et je me réjouis d'avoir eu du flair.
Ce livre, c'est L Histoire avec un grand H , d'un homme, Said, ascendant de l'auteur, mais aussi d'autres hommes et d'une femme aux origines diverses, de cultures différentes dont les destins s'enchevêtrent sous une plume lyrique comme il n'en existe plus guère.
Au delà du récit, le souffle de l'auteur jaillit à travers chaque ligne, entre chaque mot. On sent son coeur battre jusqu'à la ligne d'arrivée de cette course contre l'oubli, de cette quête de l'identité, de cet hommage à la mort et par là même et en même temps de cette ode à et pour la vie.
Alors, le sang du sang arrête sa montre, reprend son souffle et repart, marchant, confiant et résilient, sur le fil recousu de la vie.

BRAVO! Pour moi c'est une pépite, voilà un livre qui mériterait un prix.
En tous cas je lui mets, à mon petit niveau, un Coup de Coeur d'un lecteur ! :-)

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Dans ce court roman, l'auteur, Xavier le Clerc, né en Algérie retrace la vie de son arrière-grand-père kabyle, mort à Verdun en 1917.

Saïd est né en 1893 dans une Algérie ravagée par la famine. Orphelin de père très jeune il est élevé par sa mère, Tassahdith, femme courageuse, A 18 ans, pour nourrir sa femme et ses deux fils, il s'engage dans l'armée Française et participe à la campagne de pacification du Maroc, puis est envoyé dans les tranchées de Verdun. Là il croisera Babacar, un tirailleur Sénégalais , Gaston et René, deux soldats métropolitains.

120 francs c'est le prix de sa vie, ce que touchera sa veuve.

Ce roman est bien écrit, très émouvant. La vie de Saïd est balayée dans son ensemble, dans le premier et le troisième tiers du livre. Au milieu, une partie est consacré à Dora, fabricante d'automates, que Saïd, enfant, croisera un jour à Constantinople. La vie de cette femme courageuse, créative, inventive m'a beaucoup intéressée mais le lien avec Saïd est ténu et elle mériterait d'être l'héroïne d'un roman à elle seule.
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« Saïd n'avait jamais été pris en photo auparavant. Pas même le jour de son mariage. Sa femme et ses deux enfants. Il ne pensait qu'à les nourrir, les protéger. C'était pour eux tout ce cirque. Il en va du destin comme de quelques tours de clé. Saïd posait sobrement, l'air remonté comme un jouet mécanique. »
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Saïd, c'est le jeune homme en tenue de zouave présent sur la photo du bandeau de ce roman.
Jeune paysan kabyle, c'est pour nourrir sa famille qu'il s'est engagé dans une guerre qui n'était pas la sienne.
Il meurt en 1917 - à 24 ans - dans les tranchées de Verdun, entouré d'autres de ses frères d'armes : les « Indigènes ».

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« Avec les cinquante centimes de sa solde journalière, elle pourra acheter tous les mois un demi- kilo de pain, trois oeufs et un peu de lait. Et s'il meurt, elle touchera la prime de veuvage de cent vingt francs : le prix d'un homme. »
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C'est avec sa plume élégante et sensible que Xavier le Clerc a choisi de rendre hommage à son arrière-grand-père, Saïd.
Porté par une écriture simple et souvent à fleur de peau, ce roman de l'intime - puissant - et la voix donnée à un homme qui ne l'a jamais eu.
Très peu vu par ici, ce sublime roman gagne pourtant à être lu par le plus grand nombre ✨♥️

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« Peut-être un jour entendrons-nous ton sacrifice, celui de tant d'autres indigènes aussi. Peut-être un jour comprendrons-nous que toi aussi tu as donné ton sang dans la boue de Verdun. Que nous sommes un peuple magnifique de sangs mêlés. Que nous ne remplaçons donc personne. »
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Pour comprendre la signification du titre du livre de Xavier le Clerc, Cent vingt francs, il faut poser également le regard sur le bandeau qui l'accompagne et qui contient ce sous-titre « le prix d'un homme » et la photo d'un soldat dont on comprendra très vite qu'il s'agit du héros de ce roman. Il s'appelle Saïd, le Joyeux en arabe, Félix en latin, prénom donné à l'enfant qui apporte ou est censé incarner la joie de ses parents.

L'enfant joyeux dont il est question ici porte plutôt « l'espoir de conjurer le chagrin » de sa famille de paysans algériens dépossédés de leurs terres et dont le triste sort connaît la famine des années 1866, « cette maudite famine [qui] décimait les familles spoliées, déracinées, damnées qui cheminaient agonisantes vers l'horizon brûlant ». Devenu très tôt orphelin de père, sa survie reposera sur les épaules fragiles de sa mère, Tassahdith, la Bienheureuse. le portrait de cette femme en dit long de sa beauté, car elle faisait partie « de ces femmes exquises qui ignorent leur propre beauté ».

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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
« Dès ma naissance, j’ai été une mauvaise nouvelle, lança la vieille Keltoum à Tassahdith. Le pire, c’est que c’est nous les femmes, nous les premières à déplorer la naissance des filles. On se met à pleurer, on se lamente de la mauvaise récolte. Alors j’espère que tu accueilleras ton enfant avec le même bonheur, qu’il soit un garçon ou une fille.
— Mais tu sais bien ! C’est plus utile d’avoir un garçon pour les champs…
— Tu vas accoucher d’un enfant ou d’une bête de trait ?
— Tu vois bien de quoi je veux parler. Pas une fille que je connais qui aurait la force d’un homme.
— Et qui va chercher de l’eau alors ? Qui porte les lourdes amphores qui briseraient le dos d’un soldat ? Qui porte les montagnes de bois ? Nous avons autant de force qu’eux, encore plus de mérite. Et pourtant, on apprend à nos fils à marcher sur leurs sœurs. Et en grandissant, certaines refusent de se marier, comme moi. Quel choix j’avais, moi ? J’avais quinze ans. Je ne voulais pas être mariée. Peut-être un jour, mais pas maintenant, je me disais. Pas avec ce grabataire que je ne connais même pas. Mes parents voulaient me forcer.
— Ils voulaient probablement ton bien, tu sais…
— Ils veulent toujours notre bien ! Jusqu’à ce qu’ils veuillent notre mort ! Et puis il y a celles qui sont nées difformes, tellement laides qu’on dirait l’enfant d’un homme et d’une mule. Tu te souviens de la pauvre Khadija. La petite qui avait la tête déformée. Qu’est-ce qu’elle avait fait au bon Dieu pour mériter ça ? Moi je la trouvais belle. Elle avait un sourire tellement sincère. Elle que tout le monde regardait de haut, avec méfiance, avant de passer son chemin. Comme si scruter sa laideur trop longtemps, la dévisager, risquait de les déformer eux aussi !
— Je me souviens d’elle, la pauvre. Toujours souriante même quand on la repoussait. Aucun enfant ne voulait jouer avec elle. Elle avait la santé fragile, la pauvre. Qu’Allah la bénisse.
— Mais il y a aussi les autres femmes, celles qui sont jugées trop belles, trop bavardes, trop curieuses, trop mutiques. Celles qui désobéissent comme moi, qui répondent aux coups, qui veulent sortir sans raison, qui veulent apprendre à écrire…
— Avant de te rencontrer, je ne pensais pas qu’une femme puisse lire et écrire, à part chez les Français.
— Bien sûr que nous pouvons tout autant que les hommes. Tu vois, nous les femmes en trop, nous les laides, nous les sorcières comme ils disent. On nous jette l’opprobre. Pas un mollard au visage, non. Un crachat, ça s’essuie facilement. Non, leur mépris nous marque au fer rouge. Tu ne la sens pas cette odeur ? L’odeur de roussi du rejet ? Tu ne la reconnais pas l’odeur du crâne de mouton grillé ? Une puanteur si forte qu’elle en corrompt les sens et l’amour-propre ! C’est pour ça qu’on en arrive à pleurer la naissance des filles, à regretter notre propre existence. »
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Tant de bataillons, de chair à canon, comment te déblayer d’un amas de cadavres ? Quel tri sordide. J’ai vite compris que ton histoire me dépassait. Pourtant, sans elle, ma génération ne saurait trouver la paix. On pourrait croire que c’est toi le fantôme. Après tout tu es mort il y a bien cent ans. Mais nous sommes les fantômes. C’est nous qui sommes tourmentés et qui tourmentons. C’est nous qui bourdonnons comme des mouches contre la vitre.
Pourquoi nous appelle-t-on encore les jeunes issus de l’immigration ? Pourquoi sommes-nous des arbres isolés du reste de la forêt dont on questionne les racines ? Peut-être un jour entendrons-nous ton sacrifice, celui de tant d’autres indigènes aussi. Peut-être un jour comprendrons-nous que toi aussi tu as donné ton sang dans la boue de Verdun. Que nous sommes un peuple magnifique de sangs mêlés. Que nous ne remplaçons donc personne.
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Et si nos vies n’étaient régies que par la mécanique de nos naissances ? L’engrenage qui exclut de la nationalité, de l’école, de la santé ne conduit-il pas irrémédiablement à la pauvreté, à l’exploitation ? Une misère que l’on déguise sous l’appellation d’indigénat, comme pour la circonscrire à une catégorie moins civilisée, moins humaine, et se donner bonne conscience de spolier les terres, d’exploiter les affamés, de fusiller des hommes comme des lièvres.
Parce que oui, les indigènes sont nés pour servir, ils ne connaissent pas mieux. Oui, il est plus simple de se regarder dans le miroir ainsi. Après tout, n’est-ce pas de ce pacte peu reluisant que dépendent l’Empire, ma vie, mon confort ? Me traversaient l’esprit toutes les tentatives de papa pour refouler notre passé dans l’arrière-boutique, nous persuader que nous n’étions pas des indigènes. Ma grand-mère portait pourtant des robes de velours brodées d’arabesques, croyait aux mêmes rites magiques, aux mêmes superstitions. Nos ancêtres se mélangeaient comme la foule des marchés, partageaient les mêmes épices, les mêmes sécheresses. La France nous avait donné la nationalité, il y a trente ans, comme une faveur aux Juifs. Un enfant à qui l’on donne un jouet ou un bracelet n’est jamais à l’abri que l’objet de son bonheur, un jour ou l’autre, ne se casse ou ne lui soit repris. Alors une vision effroyable me traversa l’esprit. Et si demain l’égalité nous était reprise ? Si nous les Juifs redevenions indigènes, privés de nos droits, de notre citoyenneté ? Si nous devions porter à nouveau la rouelle du Moyen Âge ? Si l’enfer des bûchers reprenait ? Si des anathèmes, des saccages, des pillages semaient partout l’éclat cristallin des débris de verre ? Si, dans la haine déchaînée, nos illusions se brisaient comme nos vitrines ?
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Saïd n’avait jamais compris le pourquoi de la guerre. Lui qui n’avait pas connu les bancs de l’école se retrouvait dans la boutique de Constantine. La voix éraillée de Mme Benguigui, ses manières viriles, la fumée de cigarette, les jouets animés dansl a vitrine lui revenaient : les cabrioles du singe, le narguilé du vieux Turc, la baguette du calife magicien, le ventre ballottant de l’âne gris, le garde-à-vous incessant du soldat…
Saïd se sentait tout cela à la fois. Tous possédés, se disait-il. Comme si leurs vies ne leur appartenaient pas. Chaque mouvement obéissait à une spirale invincible, à des ordres sans appel. Mais de qui sommes-nous les jouets ? se demandait Saïd en scrutant le ciel.
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La plaie des sauterelles se répandait du Sahara à Alger. Sans répit pour le Constantinois où Saïd, à peine né, s’efforça lui aussi d’éteindre un bref sanglot, le temps du premier souffle.
N’allez pas imaginer les pleurs stridents d’un nourrisson à l’appétit féroce. Mais plutôt un lourd silence. Un mutisme épais qui égrène lentement les dernières forces engourdies. Comme s’il fallait ne pas réveiller la mort, aux aguets comme un serpent. La famine vous enserre, vous étouffe tandis que votre faible pouls s’accélère. Votre tête dodeline alors dans le néant. La faim mène votre esprit dans un labyrinthe d’où l’on ne revient guère. Un linceul vous recouvre. Une torpeur grisâtre qui habille la chaleur atone de votre corps. Feindre de n’être plus qu’un tas de cendres ou le devenir. Se figer. S’éteindre. Voilà, quand la faim vous prend, ce qu’il reste de vous.
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Videos de Xavier Le Clerc (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Xavier Le Clerc
Écrire des livres permet parfois de rendre justice, de remettre un peu d'ordre dans la vie : Sabyl Ghoussoub et Xavier le Clerc sont des enfants de la guerre (du Liban pour l'un, de l'Algérie pour l'autre) et de l'exil familial. Ils ont choisi de raconter la vie de leurs parents fuyant la fureur et la misère, abandonnant leur famille pour cette France qui intègre si bien leurs enfants.
Dans Beyrouth-sur-Seine, Sabyl Ghoussoub interroge les souvenirs de son père, poète de PMU qui trimbale son passé dans des sacs plastique, et de sa mère, prêtresse WhatsApp du Liban familial.
Dans Un homme sans titre, Xavier le Clerc rend hommage à cet enfant affamé décrit par Albert Camus, devenu ce père taiseux, cet ouvrier invisible qui nourrit sa famille, tête baissée. Deux magnifiques déclarations d'amour filial.
Rencontre avec Sabyl Ghoussoub (https://ohlesbeauxjours.fr/programme/les-invites/sabyl-ghoussoub/) et Xavier le Clerc (https://ohlesbeauxjours.fr/programme/les-invites/xavier-le-clerc/)animée par Salomé Kiner (https://ohlesbeauxjours.fr/programme/les-invites/salome-kiner/)et enregistrée en public en mai 2023, au Mucem, à Marseille, lors de la 7e édition du festival Oh les beaux jours !.  
__ À lire
Sabyl Ghoussoub, Beyrouth-sur-Seine, Stock, 2022 (prix Goncourt des lycéens 2022). Xavier le Clerc, Un homme sans titre, Gallimard, 2022.
__ Montage : Arthur James Voix : Benoît Paqueteau Photo : Nicolas Serve Un podcast produit par Des livres comme des idées (http://deslivrescommedesidees.com/).
__ La 8e édition du festival Oh les beaux jours ! (https://ohlesbeauxjours.fr/) aura lieu à Marseille du 22 au 26 mai 2024.
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