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EAN : 9782234085732
224 pages
Stock (28/03/2018)
  Existe en édition audio
3.51/5   261 notes
Résumé :
Bitna, 18 ans, invente des histoires pour Salomé, une jeune fille immobilisée par une maladie incurable. Lorsqu'elle s'arrête de raconter, Salomé la supplie de continuer ces contes qui lui permettent de vivre par procuration. Bitna découvre qu'elle exerce un pouvoir inédit sur un être humain, mais aussi qu'elle est observée et espionnée.
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Critiques, Analyses et Avis (62) Voir plus Ajouter une critique
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sur 261 notes
Afin d'échapper à deux parentes odieuses, Bitna, étudiante sans le sou, en échange de quelques milliers de wons imagine des contes pour Salomé, une jeune infirme.

Mais le destin de Bitna, qui lui semble être d'aller à l'université et de donner à Salomé le goût de la vie, change quand amoureuse d'un jeune homme mystérieux elle délaisse Salomé qui la supplie de revenir. Prenant alors conscience de son pouvoir sur elle, Bitna invente des histoires vraies et perturbantes... pour impressionner la jeune femme, par jalousie (Salomé est issue d'un milieu privilégié), « parce qu'il y a toujours une vérité cachée dans un mensonge », mais surtout parce que ses mots retardent l'heure de la mort de Salomé.

Pour notre plus grand plaisir, Jean-Marie le Clézio, au sein d'une ville grouillante, nous plonge dans un monde réaliste et flottant, cruel et poétique, angoissant et serein. Un monde où les hommes oscillent entre le bien et le mal. Un monde où parfois les mots sont « plus forts que les actes, plus forts que la mort... ».

Merci à NetGalley et aux Éditions Stock pour leur confiance.
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Le vieux, tout en sueur, flic à la retraite consciencieux à la Memory of Murders, grimpe les vingt étages à pieds, portant sur son dos des cages en bois, des pigeons voyageurs enfermés. de là-haut, il voit Séoul se lever, l'immensité se dresser à lui comme ces barrières montagneuse au loin. de l'autre côté, le Nord, sa vie d'avant, sa famille est-elle encore en vie. Un jour, il enverra ses pigeons avec peut-être des messages accrochés à leurs pattes, je suis en vie, je pense à vous, paix, harmonie, amour toujours, évidence... le soleil se couche dans la rivière Han, M. Cho redescend alors, toujours par les escaliers, c'est pas tout ça, mais maintenant il est concierge de cette immeuble, les promoteurs l'ont appelé le Good Luck !

D'un poil soyeux, elle descend au salon de coiffure, se faire admirer, se faire caresser, la petite chatte. Kitty, un peu rebelle, un peu solitaire. D'où vient-elle, qui est-elle, à se parer de la lumière du soir, à se cacher à mon regard, à venir se coller à moi, le poil mouillé. Une messagère, de l'amour, de la vie, une chatte qui feule de plaisir entre les étages du Good Luck ! Je ferme les yeux, et je continue de sentir cette jolie chatte aux poils noirs venir se frôler à moi... Doux rêves. Caresse.

Sur scène, la jeune fille aux jolies jambes. Une voix, digne des plus grandes églises, foi religieuse ou pas, je l'écoute me chanter du Dalida, je l'imagine me réciter l'Albatros, ou mes roucouler des mots doux comme les pigeons de M. Cho. Mes mains qui remontent sur ses jambes. Doux rêves. Caresse. Jusqu'à son triangle aussi soyeux que les poils de Kitty. Mon esprit s'égare, encore, toujours... Faiblesse de l'imagination. Son manager lui a loué un appartement dix-septième étage du Good Luck. Tout est lié dans cette vie-là. Je te pose ici des histoires sans queue ni tête, comme quand on pose un verre sur un comptoir, une mousse blanche qui s'y dépose, une lumière qui se vide. Toutes les histoires ont une fin, même pour les contes urbains. Lève les yeux, Bitna l'étoile de Séoul y brille. C'est elle qui raconte toutes ces légendes inventées - ou avec un soupçon de réalité, comme une pointe de piment dans le kimchi - moyennant une enveloppe contenant 50 000 wons. Salomé se nourrit de ces histoires, immobilisée dans son fauteuil par une maladie incurable. La fin s'approche, mais en attendant, Bitna lui apporte quelques rêves qui volent et s'envolent comme des pigeons voyageurs à travers la vie de Salomé, une vie qui n'existe plus que dans les pensées imaginaires d'une lectrice et d'une auditrice, qui propose un voyage littéraire onirique pour oublier le temps d'une histoire la solitude des êtres dans cette vie bouillonnante à Séoul ou ailleurs. Un ange au milieu du silence.
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J'ai découvert Le Clézio, il y a bien longtemps avec « Désert » qui reste pour moi, son chef d'oeuvre.
Au fil des années, j'ai aimé retrouver sa plume toujours originale et poétique, très justement récompensé par le Nobel de littérature en 2008.

Dans son dernier opus, l'auteur nous emmène en Corée.
Pour échapper à la monotonie de sa vie, oublier la méchanceté de sa cousine dont elle est contrainte de partager l'appartement, Bitna à court d'argent accepte un emploi auprès d'une jeune fille handicapée.

En charge pour elle de distraire Salomé, en lui racontant des histoires, qui l'espace de quelques heures, lui feront oublier ce mal implacable dont elle souffre sans espoir de guérison.
Bitna fait preuve d'imagination, elle est porteuses d'espoir pour la jeune infirme qui attend quotidiennement son moment d'évasion.

Dans ce récit l'auteur évoque le pouvoir de l'amitié et du partage pour faire oublier la souffrance à défaut de la supprimer, l'importance des mots contre la tristesse, l'isolement, la maladie.

J.M.G. le Clezio est un auteur que j'apprécie de plus en plus, après « Désert », « L'Africain » ou « Onitsha », je dois reconnaître qu'à chaque fois j'ai le sentiment d'être prise par la main et d'être embarquée peu à peu.
C'est son écriture que j'aime, cette simplicité, cette beauté, ce calme.
J'ai le sentiment que l'auteur m'emporte doucement et délicatement.
Merci à NetGalley et aux Editions Stock pour ce beau moment de lecture.
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Grâce à NetGalley et aux éditions Stock, je découvre, avant sa sortie officielle prévue le 28 mars 2018, le dernier roman de J.M.G. Leclézio.
« Bitna, sous le ciel de Séoul » est le premier livre que je découvre de cet auteur. Assurément, ce ne sera pas le dernier.
Au fil des pages, j'assiste à la rencontre entre Bitna, étudiante coréenne sans le sou, et Salomé, personne jeune encore mais lourdement envahie par une maladie invalidante. Très vite, Bitna change de statut auprès de sa patronne. de jeune étudiante venant quémander de quoi payer son loyer en échange d'un peu de travaux ménagers, elle devient la conteuse dont Salomé réclame la présence, autant que la fin des histoires commencées. Grande expérience pour Bitna que de prendre conscience de son pouvoir, de la dépendance qu'elle suscite chez Salomé, de l'importance de qui détient le pouvoir de donner réponse, d'accorder un avenir, ou non, à la relation. On est proche du droit de ‘vie ou de mort' sur autrui. Bitna le réalise, s'en effraye et choisit le partage… le temps qu'il faudra !
Bitna ne raconte que des histoires inventées, donc vraies. Elle le sait, le mensonge est vrai quand celui qui le raconte l'affirme. Et même si le conteur annonce mentir, l'histoire reste vraie quand celui qui l'écoute la croit.
De l'envol des pigeons à l'enlèvement du bébé abandonné, de la fuite d'une jeune adolescente quittant les bancs d'église pour un squat de rockeurs, des deux dragons qui ne se sont pas encore réveillés au « stalker », traqueur qui rôde entre deux mondes et, bien sûr, de Bitna à Salomé, l'auteur nous balade. Les mondes se croisent, s'entrechoquent, se répondent, se fondent l'un à l'autre et finissent par dessiner un parcours initiatique qui mènera à la mort, c'est-à-dire à la vie !
L'écriture de J.M.G. Leclézio semble, aux yeux de certains, lisse et consensuelle. C'est oublié la poésie qui peut naître de la simplicité, du dénuement, de la retenue dans la vérité comme dans la fantaisie. On ne sait plus si ce sont les histoires de Bitna qui accompagnent la vie ou si c'est la vie qui dicte ces histoires. En effet, c'est dans la réalité parfois sordide de ses villes, de ses logements, des personnes de la rue rencontrées que Bitna cueille les éléments qui, bout à bout, prendront sens et insuffleront la vie, la mort à l'oiseau au plumage bleu comme à la relation tissée entre la narratrice et Salomé.

Alimenté par son immense culture des civilisations, habité par la nécessité de donner, dans la vie, une place de choix au phrasé, aux histoires et légendes partagées, aux réflexions douces qui peuvent en naître, J.M.G. Leclézio nous invite à regarder et comprendre le monde. Une lecture tendre, poétique, imagée.
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On suit l'arrivée à Séoul de Bitna qui va poursuivre ses études universitaires. Elle vient d'un village de pêcheurs du Sud, dans la province de Jeolla-do. Elle est hébergée par sa tante, qui la traite de haut et lui rappelle sans arrêt qu'elle est pauvre et que si elle n'est as contente, elle n'a qu'à retourner dans son village. Elle doit subir les caprices de sa cousine, et elle devient vite l'esclave de la maison.

Elle finit par déménager et par l'entremise d'un libraire qu'elle appelle Mr Pak, (alias Frédérik) elle répond à une annonce qui lui promet une rétribution si elle raconte des histoires à Salomé, une jeune femme atteinte d'une maladie neurologique.

En fait, une relation étrange se noue entre les deux femmes, Bitna pouvant se montrer cruelle avec Salomé qu'elle jalouse, malgré la maladie qui l'handicape, parce qu'elle est riche.

J. M. G. Le Clézio nous raconte une histoire déroutante, où la vérité n'est jamais très loin du mensonge, où l'on peut faire des rencontres étranges dans cette capitale toujours en mouvement.

Les histoires de Bitna nous font rencontrer des êtres malmenés par la vie du policier dont la mère a fui le Nord pendant la guerre avec son enfant sur le dos, qui élève des pigeons voyageurs, à Naomi, l'enfant abandonnée dans un orphelinat, en passant par une jeune chanteuse à la gloire éphémère et destructrice.

J'aime beaucoup que j'ai découvert avec « Étoile errante » il y a fort longtemps , (il n'avait pas encore reçu le Prix Nobel) et j'ai lu une grande partie de ses livres et j'ai retrouvé la poésie de sa plume, mais j'ai un peu moins apprécié ce roman, peut-être à cause de la manipulation et de la cruauté que Bitna exerce sur Salomé, et peut-être aussi parce que la culture coréenne est encore un mystère pour moi .

On est toujours dans la dualité, outre vérité-mensonge, on a la vie et la mort la misère avec les quartiers sordides, (les cafards, les rats) et la richesse, l'opposition campagne grande ville et malgré la poésie, et la magie du conte, on ressent une anxiété, une insécurité durant cette lecture. En tout cas, on sent l'attachement important de l'auteur pour Séoul et la Corée et il leur rend un bel hommage. Cependant j'ai beaucoup mieux apprécié « Alma »

Un grand merci à Lecteurs.com qui m'a permis de découvrir ce roman en version poche et de retrouver un auteur que j'apprécie.
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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critiques presse (7)
LeJournaldeQuebec
04 juin 2018
Un roman joliment écrit qui nous offre plein de petits moments délicieux.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
LaCroix
07 mai 2018
En des paraboles simples et accessibles mais tenaillées par la profondeur, J. M. G. Le Clézio donne à comprendre la Corée.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Lexpress
28 mars 2018
Le nouveau roman de notre prix Nobel a divisé la rédaction. Récit envoûtant ou conte mièvre ?
Lire la critique sur le site : Lexpress
LaLibreBelgique
27 mars 2018
Un splendide roman, en Corée, où s’enchaînent les contes, racontant la vie, ses douceurs, la mort aussi.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LeMonde
27 mars 2018
« Bitna, sous le ciel de Séoul », son nouveau roman (en librairie le 28 mars), s’y déroule. Promenade dans Séoul avec le Prix Nobel, intermédiaire idéal entre la ville et le visiteur.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LePoint
26 mars 2018
Dans son nouveau livre, le Prix Nobel de littérature lève un coin du voile sur sa passion secrète pour cet Orient extrême.
Lire la critique sur le site : LePoint
LeFigaro
23 mars 2018
Une fable coréenne à travers laquelle le Prix Nobel de littérature parle magistralement de fiction et de littérature.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (50) Voir plus Ajouter une citation
« Raconte-moi la suite, s'il te plaît, Onni ! »
Salomé m'a appelée onni, sa sœur aînée, comme moi autrefois avec Mi-kyeong, d'une voix plaintive de petite fille, et je comprends d'un seul coup ce qu'elle est devenue pour moi, dépendante de mes mots et de mes rêves, ma sœur cadette, ma créature ! Je ne sais pas pourquoi, cette découverte qui devrait me satisfaire me trouble plus que de raison, elle me donne une sorte de vertige. Les rôles sont d'un coup renversés, moi qui étais sa servante, son employée, payée en billets de 50 000 à l'effigie de la vieille dame digne, je suis devenue sa maîtresse, celle qu'elle doit suivre aveuglément à travers les méandres de l'imagination, à la merci de mes mots et de mes désirs, j'ai ce pouvoir de continuer ou d'interrompre le flux qui ajoute du temps à sa vie et retarde l'heure de sa mort.
Page 147
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Quand on meurt, dit la rumeur, ce qu'on ressent n'est pas douloureux, bien au contraire, c'est doux comme du miel dans la gorge, c'est enivrant comme une fumée parfumée qui emplit la poitrine, et la porte qui s'ouvre au fond du cerveau est pareille à l'entrée du paradis. Ensuite l'âme s'échappe du corps par tous les pores de la peau, par les yeux et par les oreilles, par les cheveux et par les narines, pour s'éparpiller dans le vent, voyager sur les vagues de la mer, à travers les plaines des eulalies et sur les feuilles des lotus, au milieu des nuages aussi légers que les Dragons, jusqu'à ce qu'elle rencontre une forme à laquelle elle pourra se joindre, une forme vivante, une herbe, un arbre, une libellule, ou un chat.
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Je note les noms, les lieux, comme si je devais revoir ces personnes, mais je sais bien que je ne les reverrai jamais, la ville est si grande, on pourrait marcher un million de jours sans rencontrer deux fois la même personne, même si le proverbe dit : On se reverra un jour ou l'autre sous le ciel de Séoul.
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... c’est un homme comme beaucoup d’hommes, il prend ce qu’il désire, puis il s’en va sans regarder en arrière.
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Je crois que Salomé frissonne quand je dis ces mots. Pour elle, je le sais, les histoires ne sont pas seulement des histoires, ce sont aussi des sensations qui l'effleurent, qui brûlent sa peau, des coups d'aiguille dans ses jointures, des vagues lancinantes derrière ses yeux. Elle les demande et elle en a mal, elle les craint. Il me semble que j'entends les battements de son cœur à travers la peau de ses avant-bras, je vois les pulsations sur son cou renversé, à la hauteur des jugulaires.
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Vidéo de J.M.G. Le Clézio
Cette semaine, La Grande Librairie s'installe à Marseille et propose une émission exceptionnelle, en public, à l'occasion des Nuits de la lecture et des 10 ans du Mucem. Au coeur de ce musée dédié aux cultures de la Méditerranée, des écrivains, des librairies et des lecteurs pour une soirée dédiée aux mots, aux mille identités de l'espace méditerranéen, et à cette idée que la littérature est toujours un lieu de rencontres, de partage et de commun.
Augustin Trapenard est donc allé à la rencontre du lauréat du prix Nobel 2008 Jean-Marie Gustave le Clézio. Il est venu présenter son dernier ouvrage, "Identité nomade" (Robert Laffont), explorant son parcours d'écrivain, ses voyages et ses affiliations. L'auteur s'interroge également sur le pouvoir de la littérature dans le monde contemporain. Un récit introspectif captivant sur l'essence de l'écriture. le tout, durant une magnifique balade à Nice, ville qui l'a vu naître.
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