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EAN : 9782070136346
352 pages
Gallimard (27/10/2011)
3.3/5   67 notes
Résumé :
Voici quelques portraits de femmes qui ont refusé le cynisme et la brutalité du monde. Telle Ujine, cette étudiante en première année de droit, qui choisit de garder l'enfant qu'elle porte contre l'avis de son amant Samuel, lâche et si peu responsable. Ou encore Fatou, dont le courage et la détermination lui permettront de sauver son amoureux Watson, et de le ramener sain et sauf à Gorée après sa tentative échouée d'émigrer en Espagne. Ou telle Yama, cette grand-mèr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
J'ai lu ce livre par devoir, comme on lit Candide pour le Bac, car c'était préalable à une rencontre avec Jean-Marie le Clézio, alors grand invité du Louvre, qui devait faire un petit crochet par mon lycée, un vendredi de décembre. Mais la puissance de son écriture m'a prise au dépourvu. Ce recueil de nouvelles, d'habitude je n'aime pas les nouvelles, m'a emportée non seulement par la diversité des univers évoqués, mais aussi par une langue merveilleuse, un art de conteur inégalable, qui sait laisser planer un petit doute entre le réel et l'imaginaire. Faites l'expérience de lire "l'arbre Yama" à haute voix pour un public, vous vous rendrez compte aussitôt de la puissance du verbe. Il défend aussi, sans en avoir l'air, les causes des plus faibles, les victimes des guerres civiles, de l'esclavage...Ce sont les nouvelles "africaines" qui ont davantage marqué mon imaginaire, mais aussi la dernière, celle dans laquelle comme une sorte de testament, il nous livre son sentiment sur le rôle de l'écrivain dans le monde qui est le nôtre.
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Etrange démarche que celle de cet auteur qui prend le risque de « revenir bredouille » en proposant ces nouvelles toutes plus fantaisistes les unes que les autres. La femme occupe le coeur de ces récits généreux et oniriques, perdant le lecteur dans les méandres d'un univers déboussolé.
La liberté est le point d'appui de toutes ces histoires, de tous ces portraits de femmes, à travers lesquels J. M. G. Le Clézio nous fait voyager dans le temps, dans l'espace et dans les différents domaines de l'imaginaire. Une superbe dystopie clos le tout, enracinée dans un futur inconnu ; Le Clézio mêle adroitement les univers réels et fictionnels.
L'amour de la nature transpire de tout son être dans chacune des pages. La Terre-mère, nourricière, sacralisée dans un paganisme exacerbé, s'unit amoureusement à l'image la femme, maillon inaltérable, lien viscéral, matrice, source de la vie et du bonheur… c'est un hommage éclatant que l'auteur rend ici à la gente féminine.
L'écriture, filandreuse, perd le lecteur qui ne s'y retrouve qu'au prix d'un travail d'imagination exténuant ; car c'est une plume pleine de surprises que le voyageur, baroudeur ou simple « canapeur », rencontrera à l'ouverture de ce velin froissé.
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Ma décision de faire connaissance avec J-M. G. le Clézio par des nouvelles a été moyennement heureuse. Dans ce recueil, caractérisé par une grande variété thématique et stylistique et intitulé d'après la première nouvelle qui est beaucoup plus longue et développée que les suivantes, il m'a été en effet difficile de trouver un seul élément entièrement rassembleur : ni la corporalité qu'aurait laissé présager le titre, ni la féminité des personnages principaux, ni même le regard toujours tourné vers l'étranger que je prêtais à l'auteur. Spécifiquement, si j'ai été absolument enchanté par les quatre premières nouvelles, la cinquième m'ayant plu mais laissé un peu perplexe, les quatre dernières m'ont plutôt déçu et même passablement ennuyé, car j'y ai trouvé un formalisme désagréable et peut-être un inaccomplissement que la beauté de la prose n'a pas su compenser.
1) « Histoire du pied » : très beau récit sur la maturation sentimentale d'une jeune Française
2) « Barsa ou barsaq » : splendide récit d'émigration de l'Afrique occidentale à l'Espagne, d'une jeune fille et de son petit ami
3) « L'arbre Yama » : excellent récit d'une guerre africaine vue par une enfant du pays et son amie expatriée
4) « LEL, derniers jours » : magnifique reconstitution à deux voix des derniers jours de la poétesse anglaise du XIXe s. Letitia Elizabeth Landon, mi-historique, mi-ethnopsychiatrique
5) « Nos vies d'araignées » : le monde vu par un arachnide ; belle page d'anthologie du genre
6) « Amour secret » : relations ambiguës entre une détenue et une formatrice-conteuse-nouvelliste en milieu carcéral, avec renvois (possibles ?) entre les deux narrations
7) « Bonheur » : sorte de nouvelle d'anticipation pessimiste dans une société où le concept et le mot même de bonheur seraient proscrits ; beaucoup de clichés du genre s'y retrouvent
8) « Yo » : histoire d'un garçon qui m'a fait penser au Lennie de Steinbeck et à bien d'autres figures de jeunes mal-aimés ; même critique
9) « Personne » : nouvelle très hermétique où se côtoient des couples avec des jeunes femmes enceintes quelques instants avant un désastre (un attentat ?), l'attention étant portée aux foetus, un peu ; la nouvelle est dédiée à Wittgenstein, que je ne connais sans doute pas assez pour repérer les références
10) « À peu près apologue » : variations sur le thème fort intéressant : « écrire, c'est comme le métro », mais qui finit par n'être guère qu'une rêverie sur les passagers d'une rame de ce moyen de transport.
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Dans la dixième et dernière nouvelle, JMG le Clézio définit sa façon d'écrire comme celle d'un chasseur aventureux. Il laisse vagabonder son imagination et il voit ce qu'il rapporte.
Technique efficace car il nous apporte des nouvelles fantastiques qui m'ont ravie grâce au style du conteur, au pertinent don d'observation et à l'intensité des personnages.
Les quatre premières nouvelles parlent de femmes qui font face à l'adversité ou à l'inhumanité du monde qui les entoure.
Ainsi la douce Ujine se retrouve enceinte du beau Samuel qui la fait courir sur ses talons hauts. Fatou rêve de rejoindre Watson qui vient de quitter le Sénégal, sous l'influence du philosophe Frantz F., vil rabatteur pour les passeurs. Vient ensuite Mari, qui n'a comme point de repère que ce vieil arbre creux où sa grand-mère l'a protégée à sa naissance. Il sera une fois de plus son refuge contre les soldats de l'armée révolutionnaire.
Puis, c'est  l'histoire de la réelle poétesse anglaise, Letitia Elizabeth Landon, qui découvre les wench, maîtresses noires des officiers européens, et fait face à la fois à ses douloureux souvenirs et à sa condition actuelle.
Bien sûr, on retrouve l'Afrique avec les trafics de diamants, les colons et la magie noire.
Les autres nouvelles décrivent des mondes différents, comme la vision des araignées, un monde futuriste qui rejoint la folie, la vie de femmes incarcérées consolées par les contes d'Andréa ou celle d'un jeune homme simple d'esprit voué à l'abandon et au rejet des autres, et enfin le récit d'un attentat par l'observation des personnes qu'y vont s'y trouver.
JMG le Clézio sait nous faire voyager par les mots. La richesse des phrases donne une densité aux histoires. Je me suis laissée emmener dans des mondes incertains pour atterrir là où je ne m'attendais pas.
Lien : http://surlaroutedejostein.o..
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"Ecrire est comme le métro. Vous savez où vous allez, vous n'avez pas un choix infini de destinations, il y a des horaires à respecter,des zones obscures et de plus,ça n'est pas toujours agréable."
Terminus tout le monde descend semble lancer le contrôleur ironique dans son apologue.
Petit retour sur pieds et autres déambulations vers une destination seule connue de le Clézio mais qui interpellent après lecture.
De déception en acceptation, de détermination en foi inébranlable, sournoisement le poison distillé s'immisce, à bas bruit, dans le secret il assoupit,endort, efface le bonheur, fait jaillir la violence,efface toute identité.
Si l'on observe posément les stations successives proposées par Le Clézio dans ses dix nouvelles, son Histoire du pied et autres fantaisies nous fait descendre très,très profondément dans les entrailles rougeoyantes de l'inconscient là où le moi se noie pour renaître écriture.
Ca c'est de l'Art car les lecteurs (enfin les brodeurs) y croient à son train fantôme!
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critiques presse (5)
Lhumanite
28 novembre 2011
Si J.M.G. Le Clézio, écrivain voyageur dialoguant avec une multitude de cultures, ne s’est jamais interdit des incursions sur ce vaste territoire, c’est cependant la première fois qu’il en propose une exploration aussi systématique. Il s’attache pour cela à des figures de femmes, capables en même temps d’incarner un enracinement et la prégnance de forces spirituelles.
Lire la critique sur le site : Lhumanite
LeMonde
14 novembre 2011
Là où l'on attendait la hauteur de vue, les envolées lyriques de grand homme adoubé par le prix Nobel de littérature en 2008, il s'amuse à célébrer la vie au ras du sol, dans Histoire du pied et autres fantaisies, un recueil de neuf nouvelles conclu par un petit essai.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Lexpress
04 novembre 2011
Mystiques, sensibles et sensuelles, les dix nouvelles d'Histoire du pied et autres fantaisies illustrent le talent de J.M.G. Le Clézio dans la forme courte.
Lire la critique sur le site : Lexpress
LeSoir
01 novembre 2011
Dans cette œuvre d'une exceptionnelle cohérence, les thèmes reviennent et se croisent. Certaines phrases pourraient appartenir aux livres des années soixante. [...] L'exploration que mène Le Clézio, dans une vie assez nomade comme dans les livres qui en surgissent, conduit sans cesse à de nouvelles questions plutôt qu'à des réponses.
Lire la critique sur le site : LeSoir
Telerama
26 octobre 2011
Les neuf « fantaisies » ici rassemblées ­auront fait voyager le lecteur en d'autres compagnies, sous d'autres ciels. A Paris, en Afrique, à Lanzarote, sur l'île de Gorée ou à Maurice, et parfois en des lieux plus lointains, plus étran­ges, plus insaisissables : disons, quelque part entre le réel le plus concret, sensuel ou trivial, et le rêve, fût-il âpre et sombre.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Ecrire, c'est comme le métro. Vous savez où vous allez, vous n'avez pas un choix infini de destinations, il y a des horaires à respecter, des zones obscures et de plus, ça n'est pas toujours agréable. Mais il y a tout ce que vous ne pouvez pas prévoir, ce qui vous transporte (sans jouer sur les mots), vous expose, vous atteint momentanément ou durablement. Je veux parler des secousses, du rythme, des rencontres. Les regards échangés, parfois glissant sur le bouclier des glaces, les mots captés, les bouts de phrases, conversations, monologues, instantanés insensés, fractures, fractionnés, opus incertum de bris et de débris dans toutes les langues, gestes arrêtés, expressions détachées de leur contexte, sourires extraits de visages, commissures tombantes, paupières voilées, éclats sur les verres des lunettes, soupirs, lâchers, borborygmes.
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La première nouvelle donne son titre au livre. C’est le récit d’une misogynie de la vie ordinaire, celle d’une névrose masculine qui néglige un amour que lui offre une jeune femme crédule parce que trop amoureuse.

Pourquoi ce titre ?

La progression et la dynamique du récit se font au rythme de la marche d’Ujine, cette jeune femme amoureuse qui parcourt les méandres de la ville dans une frénésie insensée pour recueillir des pacotilles d’affection. L’histoire s’ouvre sur un pied en éventail qui s’étonne de son aisance ; elle se poursuit sur ce pied décrit comme laid aux orteils boudinés ; elle s’empare des pieds qui marchent comme l’héroïne que l’homme ballade ; elle se termine par les pieds de l’enfant caressés et massés avec tendresse.

Ujine s’est vraiment conduite comme un pied. Sa candeur s’est brisée à la délinquance d’une névrose.
Barsa ou Barsacq.

La souffrance des Harragas, les brûleurs des routes. L’expression la plus connue des pays de misère. Le chemin des Harragas n’a pas de retour. Une dégringolade en entraîne une autre, plus dure, plus triste, jusqu’au plongeon final.

Cette nouvelle est la peinture de l’implacable épreuve de deux migrants qui ont eu la prétention d’échapper à leur bout de rocher, qui ont accepté le sacrifice de leurs vies pour le bonheur de croire en demain.

D’où venez-vous ? Du néant de l’espoir, du terreau médiocre de l’indigence et de la corruption, de l’asservissement et de l’ennui, d’une vie sans aucun sens et aucune signification.

Qui êtes-vous ? Des gosses d’Afrique apeurés et épuisés qui ne veulent pas renoncer à leurs rêves de gloire.

Où allez-vous ? Vers le mirage d’une vie ailleurs pour celle que nous n’avons pas su construire ici.

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Elle m'a répondu en montrant ses doigts de pieds: "J'ai onze ans." Maintenant que l'été est venu je l'emmène à la rivière. Elle est pieds nus dans des tongs.Nous nous déchaussons et marchons sur les galets pour voir les poissons, quelquefois ils viennent mordiller les pieds par derrière. L'eau brille sur ses pieds nus, sur ses ongles d'orteils peints. Nous nous asseyons sur le sable, elle est en jupe et en T-shirt. et je la chatouille partout, dans le cou ,sous les bras, sous ses pieds, elle rit et elle dit: "Arrête, Yo, ça chatouille".
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Watson a cessé de pagayer, cela ne sert à rien, la pirogue roule et pivote comme un tronc d'arbre arraché à la côte. La nuit tombe lentement sur la scène, le grondement des vagues qui déferlent sur la plage est si fort qu'il couvre les cris des enfants, Watson regarde de toutes ses forces, il scrute la plage grise pour apercevoir des gens, pour apercevoir un bateau de sauvetage, il va d'une maison blanche à une autre pour distinguer des formes humaines, il pense qu'à la nage il atteindrait facilement la terre, qu'il pourrait donner l'alerte, peut-être, ou bien oublier la pirogue, oublier ce piège, ces gosses apeurés qui vont mourir. lui n'a pas peur de la mort, il pense seulement à Fatou, au matin où ils se sont quittés sur le môle, tout lui semble si loin, si irréel.
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Ujine avait toujours aimé les pieds grands et minces. , l'orteil médiant qui dépassait des autres. Elle détestait ses propres pieds, elle détestait leur forme, trop plats, la couleur pâle, les orteils boudinés. Elle était avec les filles, au camps d'été, au bord de la rivière, il faisait chaud, elle avait retroussé son pantalon pour laisser couler l'eau froide sur ses jambes. Une fille avait dit à Ujine : "Alors mademoiselle-gros-orteils "? Depuis elle portait des sandales à bouts fermés, jamais des claquettes.
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Vidéo de J.M.G. Le Clézio
Cette semaine, La Grande Librairie s'installe à Marseille et propose une émission exceptionnelle, en public, à l'occasion des Nuits de la lecture et des 10 ans du Mucem. Au coeur de ce musée dédié aux cultures de la Méditerranée, des écrivains, des librairies et des lecteurs pour une soirée dédiée aux mots, aux mille identités de l'espace méditerranéen, et à cette idée que la littérature est toujours un lieu de rencontres, de partage et de commun.
Augustin Trapenard est donc allé à la rencontre du lauréat du prix Nobel 2008 Jean-Marie Gustave le Clézio. Il est venu présenter son dernier ouvrage, "Identité nomade" (Robert Laffont), explorant son parcours d'écrivain, ses voyages et ses affiliations. L'auteur s'interroge également sur le pouvoir de la littérature dans le monde contemporain. Un récit introspectif captivant sur l'essence de l'écriture. le tout, durant une magnifique balade à Nice, ville qui l'a vu naître.
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