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Citations sur Le rêve mexicain ou la pensée interrompue (21)

"Le silence du monde indien est sans aucun doute l'un des plus grands drames de l'humanité. À l'instant où l'Occident redécouvrait les valeurs de l'humanité et inventait les bases d'une nouvelle république, fondée sur la justice et le respect de la vie, par la perversité des Conquérants du Nouveau Monde, il initiait l'ère d'une nouvelle barbarie, fondée sur l'injustice, la spoliation et le meurtre. Jamais l'homme n'aura été semble-t-il à la fois si libre et si cruel, découvrant au même instant l'universalité des lois et l'universalité de la violence. Découvrant les idées généreuses de l'humanisme et la dangereuse conviction de l'inégalité des races, la relativité des civilisations et la tyrannie culturelle. Découvrant, par ce drame de la Conquête du Mexique tout ce qui va fonder les empires coloniaux, en Amérique, en Inde, en Afrique, en Indochine : le travail forcé, l'esclavage systématique, l'expropriation et la rentabilisation des terres, et surtout cette désorganisation délibérée des peuples, afin non seulement de les maintenir, mais aussi de les convaincre de leur propre infériorité. Le silence du monde indien est un drame dont nous n'avons pas fini aujourd'hui de mesurer les conséquences. Drame double, car en détruisant les cultures amérindiennes, c'était une part de lui-même que détruisait le Conquérant, une part qu'il ne pourra sans doute plus jamais retrouver." (p. 213)

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"Ainsi commence cette Histoire, par cette rencontre entre deux rêves : le rêve d'or des Espagnols, rêve dévorant, impitoyable, qui atteint parfois l'extrême de la cruauté ; rêve absolu, comme s'il s'agissait peut-être de tout autre chose que de posséder la richesse et la puissance, mais plutôt de se régénérer dans la violence et le sang, pour atteindre le mythe de l'Eldorado, où tout doit être éternellement nouveau. D'autre part, le rêve des Mexicains, rêve tant attendu, quand viennent de l'est, de l'autre côté de la mer, ces hommes barbus guidés par le Serpent à plumes Quetzacoatl, pour régner à nouveau sur eux. Alors, quand les deux rêves se rencontrent, et les deux peuples, tandis que l'un demande de l'or, les richesses, l'autre demande seulement un casque, afin de le montrer aux grands prêtres et au roi de Mexico, car, disent les Indiens, il ressemble à ceux que portaient leurs ancêtres, autrefois, avant de disparaître. Cortés donne le casque, mais il demande qu'on le lui rapporte plein d'or. [...] La tragédie de cet affrontement est tout entière dans ce déséquilibre. C'est l'extermination d'un rêve ancien par la fureur d'un rêve moderne, la destruction des mythes par un désir de puissance. L'or, les armes modernes et la pensée rationnelle contre la magie et les dieux : l'issue ne pouvait pas être autre." (p. 11)

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En admettant les étrangers dans son univers, en cherchant à pactiser avec eux, Moctezuma, sans le savoir, scelle la défaite de son monde, car l'homme blanc ne partage jamais. Cortés va exclure le monde indien, et, l'ayant réduit à l'esclavage, il permettra la conquête de tout le continent américain, du Canada à la Terre de Feu. Sans l'or, sans la matière première, sans le travail des esclaves surtout, quel eût été le sort de l' Europe et de sa révolution "industrielle" ?
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Il avait dans sa maison un panier plein d'or et de bijoux et il dit: "Voyez, ceci est le Dieu des chrétiens".
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"Parce que les peuples indiens étaient persuadés de la communauté de la terre et de l'impossibilité de diviser le corps de la déesse-mère, ils abandonnèrent leurs droits à habiter sur leur propre continent, et se retrouvèrent exclus du progrès." (p. 244)

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Pour les anciens Mexicains, il n'y avait pas de séparation entre les hommes et les dieux. Le monde terrestre, avec toutes ses imperfections et toutes ses injustices, avec sa splendeur et ses passions, était l'image momentanée de l'éternité. L'organisation de la société était imitée de l'ordre surnaturel." (p. 102)
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"L'or est un pacte avec la destinée, puisque ce sont les Indiens eux-mêmes qui fournissent à leurs conquérants la monnaie qui achètera leur extermination. [...] L'or est l'âme même de la Conquête, son vrai Dieu. [...] Il est aussi sa monnaie de songe, et la rapine insatiable des Conquérants ne fait qu'annoncer le commencement du vertige moderne. (p. 24)

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Il y a, dans la personne du prince-poète quelque chose d'excessif et de baroque qui fait songer au Moyen Age de l'Occident, aux rois francs ou scandinaves, et peut-être plus encore aux grands princes d'Orient du temps de Cyrus. C'est la même puissance militaire absolue (la Triple Alliance qui étend son règne du Guatemala jusqu'aux déserts du nord du Mexique, exception faite de la zone maya et du royaume du Tarasque Zuangua), c'est le même faste ostentatoire, la même cruauté inouïe exercée contre les peuples esclaves, et surtout le même zèle religieux, qui inspire chaque geste du seigneur, dicte chacune de ses paroles.
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"Le rêve peut commencer, encore libre de toute peur, de toute crainte." (p. 9)
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Mais les mauvais traitements des encomenderos, le pillage des réserves de nourriture, et l'esclavage pratiqué systématiquement par une armée qui trouvait là une compensation à une solde inexistante, font éclater la révolte. Malgré la Cédula de 1531 par laquelle Charles Quint interdisait la vente des Indiens comme esclaves, Nuño de Guzman, après la disgrâce de Cortés, devint si orgueilleux, relate le père Tello, et absolu, imbu de lui-même et justicier, avec tant de pouvoir, qu'il effrayait toute la Nouvelle-Espagne et laissait toute licence pour marquer au fer les Indiens comme esclaves, car lui-même, lorsqu'il était à Panuco, fit cruellement mourir beaucoup d'Indiens, et ceux qui restaient en vie, il les vendit et en si grand nombre que cette Province en fut quasiment dépeuplée.
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