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EAN : 9782757880104
240 pages
Points (12/03/2020)
3.65/5   61 notes
Résumé :
Des jeunes désœuvrés, un trio de petites frappes qui commettent l'irréparable au cours d'un braquage, un commanditaire sans scrupule, une inspectrice de police tentant de démêler tout cet écheveau...Tels sont les personnages de ce roman, enfin réédité, qui nous plonge dans les eaux troubles d'un quartier à l'abandon de Bordeaux où règne la loi du plus fort.

Hervé Le Corre, né en 1955, est l'auteur d'une douzaine de romans policiers, dont Les Cœurs déc... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Évidemment, la lecture est une aide précieuse en ces terribles moments et posséder une PAL copieusement garnie un atout de première importance .
Hervé le Corre , bien entendu , j'ai depuis quelques temps déjà pu découvrir ses romans les plus récents et j'avais mis "de côté " un roman situé dans les années 90 à Bordeaux , au moment où cette ville subissait le " lifting " qui allait la transformer pour , d'un avis quasi unanime , en faire une ville superbe et très agréable à visiter . Une très bonne idée, donc , pour le " livre de poche " de rééditer ce roman , à la fois pour se plonger au coeur du démantèlement de zones insalubres et inhumaines et revenir au début de la carrière littéraire d'un auteur dont la qualité n'est plus à vanter.
Pour bien se " plonger dans le contexte ", je vous conseille de lire la Préface et de bien observer les photos situées aux toutes premières pages , avec , notamment , les vues sur cette cité du Bacalan , cadre de l'action .
Personnellement , lors de ma lecture , je me suis projeté maintes et maintes fois dans une cité semblable d'une autre ville où j'avais passé quelques mois ...Et , oui , le privilège ( !!) de l'âge....
Alors , si le cadre est quelque peu " ancien" ,tout le reste va l'être également. le contexte social , la vie dans les cités, l'émancipation des jeunes générations d'immigrés, les " flics " et le sentiment " macho" de cette profession , et , d'une façon générale la place de la femme , le développement des trafics , des addictions , notamment de la drogue....De ce point de vue , le Corre nous livre une belle peinture de la société de l'époque .
On pourrait presque se complaire à regarder avec plaisir une version en noir et blanc *de ce polar à l'ancienne .....
Ça mitraille , ça tire , ça frappe , ça dézingue à tout va , sans concession , une violence aussi prompte à abattre les êtres que les bâtiments lépreux, désaffectés et squattés , juste occupés par quelques " vieux " réticents que les pétitions maintiennent encore en place juste avant que la "faucheuse " , irritée par cette résistance fâcheuse, ne fasse son oeuvre.
Dans ce roman , trois affreux loubards , des jeunes de banlieue et des policiers vont se croiser pour des " passes sanglantes " . Herve le Corre n'est pas avare de " détails "( l'hémoglobine , en noir et blanc , ça passe mieux .*) crus...
Le style est parfait. Brutal , sec , violent , sans fioritures , un style qui colle parfaitement aux événements, le style qu'il faut , un style qui a " du coffre " et " qui donne à voir .
J'ai commencé ce livre hier soir et l'ai achevé aujourd'hui happé par un contenu qui m'a tenu en haleine et m'a éloigné pour un temps , et pour un temps seulement, hélas, de cette saleté de virus , plus hypocrite que les fringues que vous allez croiser dans ce récit.
Allez , les amies et amis , courage , grand merci à tous ceux qui sont " en première ligne et qu'il faut aider en ...restant CONFINÉS .
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Le Video-Gang de Bordeaux a encore frappé au bord de l'autoroute mais ce coup-ci un peu trop fort, un camionneur est retrouvé mort. La cargaison made in Japan et le camion envolé. Les voleurs aussi... Pas loin, à la Cité lumineuse du quartier nord, deux mineurs, Olive et son pote Tayeb en pincent pour la jeune et jolie Mila malmenée par un proche et embarquée soudainement par un sale type...La moutarde monte au nez des deux ados. Marion, une nouvelle inspectrice chargé de l'affaire va faire bien plus qu'y jeter un oeil.
Les Effarés, paru en 1996, est le troisième et dernier volet de la trilogie bordelaise d'Hervé le Corre. le premier opus "La douleur des morts" se déroulait au temps révolu du Minitel (bien) Rose et auprès de la bonne bourgeoisie bordelaise ; le deuxième volet, du sable dans la bouche perdait pied au coeur du terrorisme basque et des truands bordelais. Ce troisième polar ouvre ses pages aux trafics de magnétoscopes (des dinosaures) en plongeant au coeur du Bordeaux malfamé, des bars louches de la place de la Victoire au quartier Saint-Michel. La plongée se poursuit dans le quartier nord dans les barres d'HLM de la cité Lumineuse à Bacalan.
Au delà de l'intrigue policière , Hervé le Corre montre les problèmes sociologiques liés aux grands ensembles, la galère des jeunes, la période trouble de l'adolescence, la montée du racisme, l'inceste, le viol, le business lié à la drogue et aux trafics divers et les rapports conflictuels avec la police.
L'écriture est vive, le style volontairement dépouillé et l'humour toute en finesse. Plusieurs passages très forts, dont la fusillade dans le bar et l'assaut du bunker.
Les personnages sont à vif : une belle brochette de gangsters sur la braise, un caïd en Jag' , un beauf bien rougeau, de jeunes lumineux en pleine crise, une jolie fille pas si facile qui sait trancher, des junkies qui trainent leur âmes en peine, des dealers qui roulent des mécaniques dans leurs belles caisses mais qui ne touchent pas une bille et une flic qui va en prendre plein la vue...
Un bon roman noir pas vraiment tape-à -l'oeil...
Et un sans faute pour les trois premiers romans d'Hervé le Corre publiés à la Série noire entre 1990 et 1996.
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C'est toujours un plaisir de découvrir un nouveau roman de Hervé le Corre d'autant plus quand il s'agit d'une belle réédition . « Les effarés «  est son troisième livre paru en 1996 via « La Série Noire ». L'auteur nous fait découvrir cette zone ouvrière de Bordeaux avec ce quartier populaire de Bacalan et sa barre d'immeubles de la Cité Lumineuse détruite en 1997 .
Un roman qui fleure bon les pionniers du roman noir français avec ce style si tranchant , où les mots disent la violence du quotidien et le système d'développé ici comme un art de vivre et à ce parler ou plutôt cette gouaille fortement teintée d'argot qui rappellent les meilleurs dialogues d' Audiard .

Une belle brochette de personnages qui méritent le détour comme cette bande de malfrats qui pensent avoir trouvé le filon en volant des camions transportant une cargaison d'appareils hifi japonais . La mécanique est bien huilée pour ceux que l'on a surnommé le Vidéo Gang : Manu , Francois et Richard pique le matos avec le camion , le décharge à l'aide de René et le stocke dans un garage paumé dans une zone industrielle à l'abandon avant que M.Philippe , le grossiste gère la vente et le transfert final vers un pays de l'Est , Roumanie ou Pologne . Mais là, il y a un os , en fait plusieurs car Richard a plus que démonté la gueule du chauffeur cette fois-ci . Il l'a carrément refroidi . Et ça c'était pas dans les plans de l'équipe et ça risque de chauffer pour celui qui a déconné car M.Philippe ne rigole pas quand ça part en vrille . Les filles qui sont passées dans ses mains en savent quelque chose .

L'inspectrice Marion Ducasse tente de surnager dans cette enquête au long cours avec cette fois un cadavre sur les bras . Pas facile d'exister quand on est une femme flic et avec un patron comme le commissaire Etchard qui se prend pour Eliot Ness ..

Du côté de la Cité Lumineuse on fait connaissance avec Tayeb et Olive. Deux jeunes qui squattent un appartement en haut d'une tour que la plupart des habitants ont désertée. Ils passent tout leur temps dans leur »bunker » à refaire le monde , à préparer un coup histoire de regarnir leurs poches vides , équipés de leur cran d'arrêt et de leur fronde ….et à penser à la belle Mila dont Olive est fou amoureux . Mila , elle , n'a qu'une idée en tête : se tirer définitivement de chez elle afin d'échapper à son beau père René qui ne pense qu'à une chose : coucher avec elle .
Mais attention Mila est farouche et plein de ressources .

Comme vous le voyez un beau gratin de personnalités diverses et (a)variées , dont on a tendance à penser qu'une collision frontale proche ferait du beau grabuge ou un beau feu d'artifices au choix.

Un récit jubilatoire , des bons mots qui vous tirons sans force le sourire , des personnages qui valent leur pesant d'oseille fraiche . Une violence sans filtre , des situations incroyables , un rythme sans faute , gonflé à l'adrénaline et la testostérone et un final en forme d'apothéose .
Autant d'éléments qui font de « Les effarés » un quasi classique du polar français à découvrir ou à redécouvrir .
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Une réédition en format poche du troisième ouvrage d'Hervé le Corre, je ne pouvais pas résister … Mais la première question qui me vient à l'esprit après cette lecture haletante : comment le prof de lettres d'un collège de Bègles en vient-il à écrire des histoire aussi noires, gores, sanglantes, tragiques, hyperviolentes ?
En fait, je ne trouve pas les mots justes pour décrire ce style d'une cruauté et d'une précision aussi tranchantes. Une vision d'une partie de notre société sans aucun espoir, sans aucune issue : l'abyme de la pauvreté, de la drogue, du sexe en vidéo, du banditisme à la petite semaine.
Ce sont des sortes de "clusters", comme on dit maintenant : des malfrats psychopathes qui braquent les camions sortant de l'usine de production de magnétoscopes sur la RN 10 entre Bayonne et Bordeaux, des familles maghrébines qui se sont tuées à la tâche mais dont les fils sont et resteront au chômage, des filles perdues à la merci des premiers beaux-pères pervers, des flics mal commandés et tout aussi perdus.
Et, au centre de ces équipes de bras cassés, une verrue monstrueuse : la Cité Lumineuse de Bacalan, immense barre de 15 étages dominant la Garonne, 200 mètres de long, légèrement incurvée, construite au début des années 60.
L'histoire se passe en 1995, on en est encore aux Francs, la cité est presque entièrement condamnée, les appartements sont scellés à part deux ou trois dont on attend la mort des vieux habitants récalcitrants avant de démolir ce symbole d'un urbanisme mortifère.
Sauf un « bunker », un squatt très propre où se réunissent deux jeunes paumés : Tayeb et Olive, pour écouter de la musique à fond et sniffer de l'éther ; avec parfois aussi, la sublime Mila, qui fait des passes de temps en temps, pour passer le temps …
Pour Marion Ducasse, la fliquette, on devrait transformer l'immeuble « en attraction pour amateurs de sensations fortes, un compromis entre le train fantôme, la maison hantée et le labyrinthe parcouru par un Minotaure dément, armé jusqu'aux burnes. » Ce sera naturellement la scène finale du roman, avec hémoglobine et morts sur le carreau à la pelle. Aucune indulgence dans l'oeil de l'auteur. Réalisme et critique sociétale garantis. On comprend tout de suite de quel côté politique il penche.
Ses romans historiques ultérieurs sont – légèrement – plus nuancés. Son style est déjà époustouflant. Impossible d'en tirer un film noir, qui serait bien trop glauque pour le spectateur, même les habitués des massacres en vidéo …
Et maintenant, il va me falloir me procurer les autres ouvrages de cet auteur, ceux que je n'ai pas encore lus … Je suis accro !
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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Sixième lecture du Prix Meilleur Polar Points 2021.

Hervé le Corre est un écrivain remarquable, un des auteurs qui subliment le polar, l'un de ceux qui font dire que, quand Sylvain Tesson a affirmé à la Grande Librairie qu'il ne lisait pas de polars car cela ne l'intéressait pas de savoir qui a tué et pourquoi, il a perdu une occasion de la fermer. En effet, s'il ne s'agit pas de savoir où est allé Tesson et pourquoi, il n'est pas plus question de pourquoi et comment dans les bouquins de le Corre.

Les effarés est l'un de ses premiers romans, situé dans ce Bordeaux cradingue, noir de pollution, en des temps pré-Unesco au ripolinage couteux. À l'époque de la Cité Lumineuse, cette espèce de kouglof architectural qui ressemblait à un Rubik's cube déplié dans le sens de la longueur, tenant plus du clapier que du logement avant-gardiste.

Les effarés est un polar géolocalisable et universel, un oxymore un brin boursouflé où transpire l'attention que le Corre porte aux perdants du système, à ceux qui font ce qu'ils peuvent et qui ne peuvent pas grand-chose. L'intrigue parait minimaliste à première vue, elle semble en décalage avec le style étourdissant, presque trop, de le Corre. le bouquin pâtît légèrement de ce décalage.

Ce qui compte c'est le chemin parcouru et la plume qui nous guide sur ce chemin. Hervé le Corre ne donne pas dans le roman policier à énigme, il remplit son encrier de goudron pour écrire noir, sombre comme une nuit sans lune. Pour cela, le Corre ne recule devant rien. Il ose, les comparaisons douteuses, les envolées lyriques, les trouvailles stylistiques étourdissantes. Il en ressort une lecture quelque peu épuisante, on saute d'une description fouillée à un festival de parler argotique sulfaté, mitraillé. Et le Corre ne coupe pas, ne retranche aucunement, il garde tout et ce pari, cet engagement, je le comprends !

Le texte de le Corre aurait peut-être gagné à être élagué, gratté plus à l'os, je ne sais pas. Il assume crânement sa vista, son emphase et les dernières pages, en tension, sont remarquables et sont la promesse (tenue) d'une oeuvre magnifique en devenir.
Lien : https://micmacbibliotheque.b..
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Le printemps sera chaud, prophétisaient parfois les journalistes frileux. Mais l'ordre règne, et la canicule tient la rue. Effet de serre, comme diraient les aigles.
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- Figurez-vous que la flicaille est une corporation très majoritairement couillue. Et volontiers moustachue pour ce qui concernent les tuniques bleues.

- Les sachets de poudre blanche planqués dans la chasse d'eau? On croyait que c'était une farine spéciale pour les crêpes bretonnes.

- Le département c'est le Var. Oui. Un bien beau pays. Vu le nombre de truands au kilomètre carré, vous aurez un peu de mal, mais vous ferez le tri. Pas la peine de chercher parmi les élus, ça fera gagner du temps.

- Il se spécialise dans les transports de fonds en se servant de bazookas comme ouvre-boîte.

- Illumination. Feu d'artifice. Il a la cervelle en quatorze juillet. Rien que du bouquet final, des rideaux étincelants.
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Au fond de la barque, cinq ou six canettes roulent parfois leur tintement vide au gré des remous.Il ne les a pas balancées dans le fleuve parce que depuis quelque temps il se sent vachement sensible aux thèses des écologistes.Avec cette chaleur, il n’y a que la bière. Y a bien le pastis, mais sans les glaçons, René trouve que le plaisir est gâté.C’est que ça donne soif , toute cette eau dégueulasse autour de soi.Mais on devient méfiant vis à vis des robinets.
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Mai appuie sur les êtres humains, les bêtes et les choses avec ses doigts brûlants comme pour en extraire, avec un entêtement bleu, toute ombre de fraîcheur. Le printemps sera chaud, prophétisaient parfois les journalistes frileux. Mais l’ordre règne, et la canicule tient la rue. Effet de serre, comme diraient les aigles. Les tentatives de mouvements, les esquisses de gestes s’enlisent dans la moiteur comme une caravane dans des sables sournois. Les chiens n’aboient pas. Couchés dans une ombre que midi leur dérobe, la langue entre les dents, ils laissent leur souffle convulser leurs flancs. Les fleurs ont perdu depuis quelques heures déjà la mémoire de la rosée. Les clichés vont mal. Les velléitaires, les actifs, insectes insensés, se signalent, comme des saints martyrs, par des auréoles. Sous les bras. Dans le dos. Odeurs de sainteté. Le mois de Marie s’acharne.
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Mila est effondrée contre lui. Il porte sa mariée de chiffon. Il laisse aller sa tête transformée en ruche folle contre la figure de la morte et il lui dit des choses qu'il n'a jamais dites. C'est plein de clichés très sombres, de mots d'amour sous-exposés.
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Vidéo de Hervé Le Corre
Nous avons eu le plaisir d'interviewer Hervé le Corre autour de son roman « Traverser la nuit » pendant le festival Quais du Polar. Ce roman lu par Ariane Brousse est en lice pour le Prix Audiolib 2024. Découvrez notre interview !
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