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Citations sur L'Homme aux lèvres de saphir (55)

Ce bougre-là, avec sa cervelle confite à la gnôle et sa misère sur le dos, Letamendia a honte de le voir partir enchaîné et battu. Il sent bien, à force, que c'est toujours sur les mêmes que s'acharne le mauvais sort, et qu'ils ont le dos bien large et bien pratique pour qu'on leur tombe dessus et que pionce en paix le bourgeois. Il se doute un peu, lui le flicard intègre, obscur gardien de l'ordre, qu'à faire vivre des hommes comme des chiens, ronfler dans des taudis grouillants de puces et de punaises, s'échiner aux usines douze heures par jour, on en saurait attendre d'eux des civilités de salon ou des colère contenues dans le cristal de la politesse, ce bibelot délicat qu'on s'échange entre gens bien.
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...harassé par ces douze heures chez Wagner & fils, une petite ferronnerie de la rue Montreuil, à tordre, à percer, à limer, à scier, à ajuster du métal, dans la chaleur, avec ce boucan qui lui met les tympans en peau de tambour et oblige les ouvriers à gueuler pour se parler à l'oreille, s'accompagnant de grands gestes, et même le soir dans la rue en sortant quand ça s'est arrêté, parce qu'il leur faut un moment avant que la ville recommence à leur chanter dans les cornets, ils continuent leurs dialogues de sémaphores braillards. [...]
C'est même à ça qu'on reconnaît, bien souvent, un ouvrier : c'est quelqu'un qui parle haut et fort, sans manière, parce qu'il transporte toujours avec lui dans sa tête étourdie le vacarme de sa condition.
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L'air était tiède, on y sentait parfois le parfum d'un tilleul invisible. Il est rare que Paris se pomponne comme une femme. Fin juin, comme ça, certains soirs, il lui arrive d'entrouvrir son corsage pour laisser un peu deviner ses douceurs.
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Il avait pris la précaution de lui faire tirer le portrait par un photographe de la préfecture pour être en mesure de le retrouver partout où il essaierait de s'enfuir, lui faisant croire qu'on était en mesure aujourd'hui de placarder sa sale gueule sur tous les murs, dans toutes les gendarmeries et tous les commissariats de France. (...) "Merde alors, avait-il dit en avalant sa bière de travers. La Rousse sait plus quoi inventer pour persécuter les malheureux. Si ça s'trouve, bientôt vous pourrez vous parler par des tuyaux secrets entre poulardins d'une ville à l'autre, et on s'ra attendu avant d'être parti ! Le progrès ça tue le travail !"
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Et puis voilà ce que c'est que de savoir lire : on se met du mauvais grain dans la calebasse !
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Ça m'étonnerait que tu sois très clair, comme zèbre : on voit pas les rayures, mais on pourra te filer une chemise assortie, si on te paie la traversée pour Cayenne. Parce que les tordus dans ton genre on sait les redresser.
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Je crois bien que Fernand est le premier homme heureux que j'ai rencontré. Oh, pas heureux comme un ravi de la crèche, pas un repu...Le bonheur qu'il m'a appris ne porte pas le gilet, ne s'endort pas dans la plume, ne ferme pas les yeux sur le malheur des autres.
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C'est comme ça depuis qu'ils me l'ont rendu après la guerre : l'habitude de boire et de dire des sottises plus grosses que lui. L'empereur a bien failli lui voler sa jambe, mais il se ferait couper les deux pour lui. Allez comprendre !
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- Je te présente un nouveau, que j'ai repêché sur le boulevard sous les sabots d'une carne indocile menée par un brutal. Merde, je sais même pas ton nom, l'ami.
- Marlot. Etienne Marlot.
On se serre la pogne, on se sourit.
- Moi, c'est Riton, la Coupole, rapport à ma perruque en peau de fesse, fait le patron.
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Letamendia, déjà en train de consulter de mémoire son carnet de bal pour savoir qui mène la danse au Caveau du Hibou, ne comprend pas d'abord où il devait être. Il considère l'étudiant d'un air égaré, puis cligne des yeux comme un qui se réveille quand on a ouvert les volets sans prévenir.
- Presque tous les hommes disponibles se trouvent sur le terrain, depuis la veille. Une telle foule, ça rend les autorités méfiantes. Un régiment de ligne a même été mobilisé. Il aurait pu faire très vilain temps si la situation avait dégénérée...
- Le peuple de Paris fait donc si peur ? D'en bas, on ne se rend pas compte.
Le policier sourit d'un air narquois.
- Il hante les nuits de certaines gens. Il n'y a pas pour eux de spectre plus terrifiant. Et puis les gueux s'organisent, ils apprennent à lire et à penser...Ils aiment faire valser les rois, décorer les faubourgs de barricades...
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