Juliette assiste à son propre enterrement. Elle commence par décrire affectueusement ses proches qui y assistent et puis le ton se durcit de plus en plus quand elle se met à évoquer le compagnon qui a brisé sa vie. Premier roman de Valentine de le Court, un peu maladroit, mais j'y ai trouvé le côté original que j'ai adoré plus tard dans "La maison bruxelloise". Une auteure belge à suivre !
Je ne sais si le nom à particule de Valentine de le Court est la marque d'une réelle origine aristocrate, mais dans ce premier roman, elle en donne une image fort affectueuse. On les caricature souvent les aristocrates comme des personnes riches qui vivent dans des châteaux, mais ce cliché est clairement dénoncé:
- Et puis, ajouta-t-il, si l'argent ne définit rien, c'est quoi alors l'aristocratie ?
- Je ne sais pas. C'est peut-être simplement une histoire de gens dont les grands-parents on joué ensemble dans les mêmes parcs.
- Quelle est la différence avec les bourgeois alors ?
- La même qu'entre le désir de gloire et celui de célébrité. Presque rien. Ou tout. C'est selon.
Dans les premiers chapitres,
Valentine de le Court dresse de gentils portraits de membres de la famille de Juliette, en commençant par sa grand-mère, qu'elle décrit préparant des confitures dans une bassine de cuivre tout en donnant des conseils à ses filles et belles-filles: "Si votre époux s'engage dans une allée de traverse, vous vous devez de le remettre sans faiblesse sur le chemin de la perfection. » Sa grand-mère nomme cela « le pouvoir salutaire du froncement de sourcil ».
Juliette, que l'auteure imagine assister à son propre enterrement, décrit ainsi peu différentes personnes qui lui sont proches. Elle évoque également sa propre existence et peu à peu, le ton du récit devient plus dur lorsqu'elle aborde sa relation avec Marc, un homme égoïste, oppressant, qui la fait de plus en plus douter d'elle-même tout en prétendant l'aimer. Juliette, détruite, met du temps à se rendre compte de son aveuglement et à l'accepter. S'installe alors un certain suspense, où le lecteur se demande de plus en plus comment Juliette a pu perdre la vie.
J'ai aimé l'originalité de prendre comme narratrice une personne qui assiste à son propre enterrement. J'ai aimé la structure du texte, dans lequel sont insérés, en incises, une ou deux pages de portrait pour chacun des proches de Juliette. J'ai moins aimé les clichés décrivant l'emprise dominante que Marc a sur Juliette. Ce genre de relation est fort justement décrit, dans sa triste réalité, mais bien malheureusement, ce thème a été souvent abordé et, bien que les mots soient justes, j'ai trouvé qu'ils tombaient dans un cliché trop superficiel.
Néanmoins, il s'agissait d'un premier roman et, après avoir lu un de ses romans suivants « La maison bruxelloise », je vous recommanderais chaleureusement de laisser une place sur votre pile pour la belge Véronique de le Court.
Enfin, on sent dans «
Explosion de particules » l'attachement de l'auteure pour la famille. Ce livre est paru en 2014 et j'ai été touché de lire la peine qui a touché
Valentine de le Court l'année suivante et qui l'a poussée à cofonder la fondation Laly; voyez http://www.lalyfoundation.com/apropos/.