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EAN : 9782915825602
254 pages
C&F Editions (04/11/2015)
4.25/5   2 notes
Résumé :
Les connaissances sont des ressources sensibles : leur partage permet de réaliser la paix et les autres droits fondamentaux. Au contraire, leur transformation en biens économiques privés dans une « économie de la connaissance » est source d'exclusion, de restriction des savoirs et de limitation de leur circulation. Une longue tradition d'étude des communs matériels existe souligne le rôle des communautés pour la gestion de ressources finies impliquant un usage dit r... >Voir plus
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
« Dans cette mise en place des enclosures, la logique commerciale cherche à imprimer sa marque sur toutes les activités. Regardez toutes les publicités qui transforment la nature en « code-à-barre » pour mieux vanter le marché touristique ou la traçabilité alimentaire. Il s'agit de s'imposer dans les imaginaires collectifs comme des marques au fer rouge.
Même en dehors des marques commerciales et des logiques publicitaires, cette tentation du marquage est très forte. Il s'agit d'inscrire sur tous les objets un signe, une trace, indiquant la source de production, ou l'entreprise qui veut garder un droit de suite sur les usages qui seraient fait ultérieurement. Acheter un bien marqué aujourd'hui n'est plus disposer d'un outil pour sa propre créativité, mais continuer à rester sous l'ombre portée de celui qui l'a fabriqué... et qui bientôt demandera des rémunérations pour chaque usage.
Dans le numérique, cette logique du marquage porte sur ce qu'on appelle « trusted computing » (informatique de confiance... pardon de ce renversement de sens imposé par les grands trusts du silicium) : chaque microprocesseur porte un numéro unique qui est reproduit dans tous les documents traités par cet ordinateur. Elle s'appelle aussi le contrôle par des puces radio-fréquence (RFID), éléments miniatures qui permettent à chaque objet produit industriellement de disposer d'un identifiant unique, qui va suivre l'acheteur même après la sortie du magasin. Doublé d'une capacité à traiter des flux d'information massifs, cela introduit l'idée d'un « internet des objets », qui va voir se multiplier les capteurs et les traces partout dans les villes, autour de chaque individu. »
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"Enfin, les formes de gouvernance des communautés restent un aspect majeur pour garantir la maintenance des ressources offertes en partage. De ce point de vue, il est dérisoire d'associer les communs aux nouvelles entreprises du numérique qui ont des visées hégémoniques et qui agissent et s'enrichissent en captant les traces de leurs utilisateurs. Un système de prédation sur les communs que Michel Bauwens appelle la "nétarchie". Les règles de gouvernance doivent garantir que l'usage en commun sera renforcé par le partage et l'extension. C'est l'exemple que donne le mouvement des logiciels libres, et notamment la partie de ce mouvement qui défend les licences virales comme la GPL, cette licence imposant la maintenance du commun en contrepartie de l'usage libre."
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"Créer est à la fois un acte individuel et un acte collectif, qui s'appuie sur l'existence du domaine public. Individuellement, le créateur va apporter son regard, sa touche de sensibilité. Mais il ne le peut faire qu'en s'emparant de ce qui est dans le domaine public. A commencer par les idées dont la circulation est libre pour que chacun puisse les retravailler. De même que les figures de style, les accords, les grammaires, qu'elles soient littéraires ou cinématographiques. Ne parlons pas de l'air du temps qui imprègne nécessairement l'immense majorité des travaux de création. Le mythe du génie, de l'auteur romantique qui va exploser les convenances et produire des œuvres en dehors de tout référent nous aveugle sur la réalité de la création. Chaque auteur(e) ajoute sa pierre à un édifice culturel global. Et encore ne parlons-nous pas ici de l'édifice scientifique, dont la nature même est composée de briques spécifiques qui deviennent fondations quand la connaissance avance. Sans ce qui se partage, circule et influence collectivement chaque génération de créateurs (trices), on ne pourrait rien dire de l'acte qui consiste à donner forme originale, de sa valeur particulière, et donc lui attribuer des droits spécifiques."
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"Ce qu'ils mettent en avant est l'idée d'une gouvernance qui associe directement les personnes concernées par la construction, la maintenance et l'usage de ces biens partagés, que l'on regroupe généralement sous le vocable de "communauté". Un terme lui-même sujet à discussion, car il s'y mêle des notions de groupes séparés au sein de la société, qui va à l'encontre du modèle de la République. Mais que nous retiendrons ici dans son sens plus précis de l'ensemble de celles et ceux qui s'investissent dans la gestion d'une ressource partagée.
Les communs existent depuis toujours, depuis que des ressources, et elles sont nombreuses, sont gérées en dehors du cadre privé ou de la puissance publique. Mais depuis toujours, on assiste également à une tentative de mainmise sur les communs. Globalement, le capitalisme ne survit qu'en fonction de la charge qu'il fait peser sur la nature. Il privatise ce qui pouvait être disponible à tous, que ce soit en devenant propriétaire de biens communs [...], soit en détruisant l'environnement, ce qui en limite la jouissance par les autres [...]"
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"Le commun des connaissances traditionnelles, basé sur une connaissance transmise dans une cérémonie initiatique, n'a rien de comparable avec le commun utile et nécessaire des molécules de médicaments, basé sur un apprentissage incrémental et une recherche cumulée. Continuons. Les logiciels sont des créations particulières, dont la relation à l'émotion et à l'intime de créateur ne fonctionnent pas comme la littérature. Les travaux intellectuels, comme cet article, ne sont pas du même ordre que la musique. Mon investissement, pour fort et personnel qu'il soit, y est moins marqué, et chacune des lignes qui peuvent ici m'être attribuées sont aussi le produit direct de mes lectures, des idées et théories des autres. C'est différent quand un musicien met son propre cœur sur la table, même si pour bien rendre son émotion, il doit avoir eu accès, avoir compris et décortiqué de nombreuses autres musiques auparavant."
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