Les coulées pénètrent le sable, s’infiltrent sous les puissantes assises des rocs et ressortent en une topographie de réseaux sur laquelle un nuage pose son ombre passagère. (p. 180)
La machinerie cosmologique de la lune et de la mer s’est pour ainsi dire relâchée. Tout ce qui fut tenu secret par le couvert de l’eau se dégage dans l’éclatement, la fragmentation, l’émiettement. (p. 177)
La terre, sortie des flots, est d’une extrême luminosité, même s’il pleut ; et lorsque le soleil perce, le regard glissant au loin, l’étendue paraît immense jusqu’à dépasser l’horizon. »
Plus bas le flux de la mer ressasse la fuite perlée du temps. (p. 134)
Extrait 2
Sous l’ondoiement sourd des laminaires les cheveux défaits
des sargasses forment des herbiers où flottent des éponges
axinelle de couleur or vif sous les thalles noirs d’algues venues
d’une lointaine Hyperborée.
Extrait 1
C’est une gigantesque irisation du monde. Le sable devient mica,
poussière presque noire. Le silice retombe beaucoup plus loin,
ajoutant l’ocre à l’ocre et se pétrifiant.
Tel est l’immense travail de décantation dans lequel le promeneur
est pris.
Le souffle se brusque lui-même. Une frénésie a tôt fait de s’emparer
de nous.
Nous voici transformés en un émiettement d’élans et d’impulsions
qui accélèrent et freinent dans le même temps. Le tragique
n’est pas loin.