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Patrick Reumaux (Traducteur)
EAN : 9782752901484
464 pages
Phébus (07/05/2008)
3.71/5   29 notes
Résumé :
Cette première œuvre de Le Fanu, parue en 1845, n'avait jamais été traduite en français : elle ne décevra pas les amateurs de thrillers, d'émotions fortes et d'aventures sombres et fantastiques. Dans l'Irlande du début du XVIIIe siècle, la jeune Mary Ashwoode voit ses amours avec le bel O'Connor contrariées par les plans machiavéliques d'un père monstrueux qui veut la spolier de sa fortune et lui faire épouser un barbon ridicule. Puis, après la mort mystérieuse de S... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Etant une fan inconditionnelle du roman gothique sous toutes ses formes, je ne pouvais pas passer à côté de ce titre (pas l'un des plus connus malheureusement) de Sheridan le Fanu, l'auteur du brillant et sulfureux Carmilla.

Et quand le gothique se situe à Dublin et qu'il côtoie allègrement l'absurde et les ingrédients incontournables du roman à sensation, c'est juste jouissif... !

Les Mystères de Morley Court (dont le titre complet est suivi de : Une Chronique de la Vieille Cité de Dublin) se déroulent comme un feuilleton découpé en chapitres brefs qui font sensiblement avancer l'énigme et dévoilent peu à peu les vicissitudes des personnages et leurs sombres motivations. Les titres de ces chapitres constituent à eux seuls un vrai petit bonheur et donnent un avant-goût de ce qui va suivre en titillant notre imagination ! Grâce à Le Fanu, on passe des intrigues de coeur et des personnages sombres et brutaux (parfois proches de la caricature - mais c'est tellement bon !), aux jeunes héroïnes éthérées, aux chevaliers au grand coeur pleins de courage et d'abnégation, aux éléments qui se déchaînent, aux nuits de pleine lune, aux cavalcades effrénées dans les ruelles glauques d'une vieille cité d'Irlande, bref... j'en ai encore le palpitant tout retourné... Sans aller jusqu'à l'évanouissement si cher à Mary (l'héroïne mélancolique de ce roman) j'ai profité pleinement (et souffert un peu avec elle aussi !) des incroyables retournements de situations, des personnages nombreux et variés - si charismatiques - qui peuplent cette histoire rocambolesque, de la méchanceté des vilains, de la grandeur des héros, de l'humour ou de la cruauté des autres, mais surtout des magnifiques paysages suggérés par l'auteur qui prennent vie sous une plume incroyablement évocatrice.

L'histoire débute avec le retour au pays du jeune Edmond O'Connor, après plusieurs années d'absence, qui n'a jamais oublié son amour de jeunesse, la belle Mary Ashwoode, dont l'affreux père - baronnet sur le déclin assailli par les dettes - veut à présent la marier avec un vieillard cocasse et un peu précieux, mais surtout richissime - Lord Aspenly. O'Connor, pourtant appuyé par un protecteur qui peut lui permettre, cette fois, d'épouser sa belle, se heurte au mépris du baronnet. Ce dernier tire déjà des plans sur la comète. Peu importe si le futur marié a soixante-dix ans, s'habille d'une manière ridicule et pratique l'art de la poésie de façon bien médiocre, il épousera Mary Ashwoode, même si cela doit briser le coeur de sa fille et ne lui offrir qu'un destin bien malheureux.

Mais les évènements ne cessent de se compliquer, et c'est au tour de son propre frère Henry de s'acharner sur la malheureuse Mary. Joueur maladif, il croule sous les dettes et a bien l'intention d'utiliser sa soeur pour lui sauver la mise. Alors, qui permettra à Mary d'échapper aux douteuses malversations de son entourage ? Car c'est un destin bien sombre qui se dessine pour celle qui fait à présent figure de victime à une époque cruelle où les hommes détiennent toutes les clés, usent et abusent de toutes les vilenies pour assouvir leur quête d'opulence, et tombent dans la plus terrifiante bassesse lorsqu'il est question de leurs intérêts.

Outre le style impeccable de le Fanu et les grandes qualités qu'il détient lorsqu'il est question d'évoquer un crépuscule inquiétant, les vieilles auberges de Dublin ou les chaudes couleurs de l'automne qui surgissent lorsqu'on quitte les murs de la ville, c'est la manière dont est découpé le récit qui m'a beaucoup plu, et la façon dont s'enchaînent les évènements, rebondissants de péripéties en intrigues tordues pour la plus grande joie du lecteur. Loin du parfum de mélancolie des Mystères d'Udolphe d'Ann Radcliffe, où les paysages bucoliques possédaient une place importante dans le récit et où le lecteur imaginait plus qu'il ne découvrait réellement les affreuses motivations des personnages, le lecteur côtoie ici un monde bien plus sombre et implacable, où une touche d'humour révélée par un personnage débonnaire éclaire parfois un contexte très sombre. Ce n'est pas à travers un mais plusieurs regards que nous assistons aux évènements, et pouvoir se projeter dans les scènes les plus intimistes grâce à une pléiade de personnages divers - voleurs, simples valets et héros mêlés - est un point positif supplémentaire dont découle tout naturellement le plaisir de lecture. Au fil des chapitres, on suit ainsi de très près le déroulement de l'intrigue, on évolue auprès des figures les plus inquiétantes du roman et aucunes de leurs motivations les plus perverses ne sont épargnées au lecteur.

Les âmes torturées se voient contraintes par un destin fantasque à sombrer encore et encore, et s'opposent en cela à la puissance de l'innocence et du courage personnifiés par des figures pures aux intentions honorables qui combattent le mal à grand coups d'actions héroïques et de discours courtois. L'évocation des tripots, maisons de jeu et autres sordides lieux de débauches de la ville plongent le lecteur (secrètement ravi !) dans une époque dangereuse et pleine de dissidences où dominent les références médiévales.

Quant à savoir si Le Fanu a réellement souhaité s'inscrire dans la grande tradition des auteurs de romans gothiques, ou simplement faire preuve d'humour en parodiant quelques peu les situations extrêmes et les personnages tragiques souvent rencontrés dans ce registre littéraire, le doute est permis. Il use volontiers de malice et de moquerie avec ses personnages, tant dans leur choix que dans leur aspect, leurs attitudes ou leurs discours, développant les contrastes à l'extrême. Parfois jusqu'au burlesque.

Avec ses complots, ses amours contrariées, ses récits d'innocence bafouée, ses galops effrénés au coeur des nuits de tempête, Les Mystères de Morley Court et son évocation d'un Dublin obscur et angoissant aux bas-fonds peuplés de fripouilles et de vauriens est incontestablement une grande oeuvre classique. Et malgré la touche burlesque, c'est avant tout une fresque digne des plus grands récits gothiques, au même titre que les oeuvres de Lewis, Radcliffe ou Walpole. Inutile de dire que c'est un livre qui va longtemps me hanter et dont je ne suis pas prête de me séparer...
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Début XVIIIe, en Irlande. le jeune O' Connor, parti guerroyer pendant trois ans, revient épouser sa belle, la jeune Mary, gentille, douce, musicienne (et insipide). Ayant désormais un protecteur prêt à lui accorder une rente très confortable et à le faire hériter de sa fortune, O'Connor pense obtenir le consentement de l'abject Lord Richard Ashwoode, le père de Mary. Mais le baron en question a d'autres projets pour sa fille et parvient à brouiller les deux jeunes gens en interceptant les lettres enflammées qu'ils se transmettent.
L'histoire est palpitante, sombre, drôle, parfois grotesque, le tout dans un environnement délicieux (manoirs, routes désertes la nuit, vieilles auberges tenues par des gens peu fréquentables, tripots, combats de coqs, jeux de carte, duels). Intrigue et héroïsme s'opposent de bout en bout pour notre plus grand plaisir. Ajoutons à cela une galerie de personnages secondaires irrésistibles et pleins d'humour et nous aurons brossé un portrait rapide de ce roman passionnant, classique méconnu à redécouvrir.
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Premier roman publié de le Fanu, d'abord sans nom d'auteur en 1845,

Ambiance « frénétique », nuits d'orage, duels, tripots et avocats marrons… Tous les ingrédients du complot victorien sont réunis, même si l'histoire se déroule dans le Dublin du xviiie siècle.

l'héroïne, la jeune, douce et belle Mary Ashwoode est amoureuse du beau et courageux O'Connor, et tous deux désirent s'épouser. Mais c'est sans compter sur le monstrueux père de la jeune fille, toujours à court d'argent, qui ourdit un plan machiavélique pour la dépouiller de l'héritage de sa mère et la marier à un ridicule vieux libertin.

A la mort de son père, elle tombe sous la coupe de son frère, dandy, joueur et criblé de dettes, dont l'honneur et la vie sont entre les mains du sinistre Blarden.

C'est l'éternel combat de la jeunesse et de l'innocence contre l'ordre patriarcal, fondé sur les privilèges de caste et de fortune.

De rebondissement en rebondissement, on se demande quels malheurs vont encore frapper les deux amoureux avant de pouvoir enfin convoler en de justes noces. Tout le roman ressemble à un feuilleton des journaux d'antan.

Bref, j'ai été séduite par ce roman, et je compte bien lire d'autres titres dans l'année.

Seule chose un peu agaçante, c'est la mièvrerie de l'héroïne. Heureusement les autres personnages sont plus passionnants.
Lien : http://mazel-pandore.blogspo..
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« Avec la permission du lecteur, revenons maintenant un peu à Morley Court. »
La littérature victorienne m'est presque inconnue et c'est un plaisir de commencer à la découvrir avec le premier roman de J. S.Le Fanu.
Malgré un début compliqué et quelques longueurs, la seconde moitié vaut le coup !
La découverte d'un Dublin du 18e entre complots, loyauté et aristocratie.
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Beaucoup de longueurs au début qui rendent le livre un peu indigeste, mais les 100 dernières pages valent le coup d'avoir attendu !
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Peu importe la façon dont l'affaire se termine, estima sa seigneurie, si dans le mariage, la fille est, après tout, une très belle fille : mais l'affaire est assez injuste - et dans ce cas, je serai très sot, suggéra faiblement sa conscience. Lord Aspenly chassa tout de suite cette pensée : dans ce cas, je ferai un point d'honneur à me marier d'ici quinze jours.
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La vie de l'homme, mon cher ami, se divise naturellement en trois grandes périodes : dans la première, le jeune disciple fortifie son esprit et prépare en silence, avec grand soin, sa conscience morale à faire toute sorte de sales coups - c'est la saison de la jeunesse et de l'innocence ; la deuxième est celle où il pratique toute sorte d'escroquerie - c'est la fleur de l'âge, le fleuron de la vie ; la troisième et dernière, enfin, est celle dans laquelle il se démène pour se fabriquer une âme - et c'est la période du gâtisme.
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Avez-vous remarqué la sale gueule de ce type, dans le couloir ? Pauvre Creignan ! Un gentilhomme de naissance, et nanti d'un joli magot... Quatre cents bonnes livres par an, et plus... Tout a fondu, comme neige au soleil, surtout ici, à force de parier gros, le pauvre gars ! Je me souviens de lui comme de l'un des hommes les mieux habillés de la ville, et le voilà trop heureux de ramasser quelques shillings par semaine à l'endroit même où il en a perdu des milliers. Tel est le sort de l'homme ! (p.51)
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Qu'on ne me parle plus des femmes : elles passent leur temps à détruire la paix de l'esprit, occupées qu'elles sont à jouer avec les émotions les plus profondes et les plus sacrées.
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Vidéo de Joseph Sheridan Le Fanu
BANDE ANNONCE - "Carmilla" - LE FANU & MAZZANTI .BANDE ANNONCE - "Carmilla" - LE FANU & MAZZANTI Collection Métamorphose - Éditions Soleil EN LIBRAIRIE LE 8 OCTOBRE 2014 © ÉDITIONS SOLEIL / MAZZANTI À l?occasion du 200e anniversaire de la naissance de le Fanu, Isabella Mazzanti illustre de façon sensible, sombre et romantique « Carmilla », une ?uvre majeure de la littérature vampirique du XIXe siècle, métaphore implacable de l?amour interdit. Bram Stoker reconnaîtra plus tard la dette qu?il a envers son compatriote lors de la parution, en 1897, de « Dracula », roman devenu culte.
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