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EAN : 9782367321264
251 pages
Editions Chandeigne (12/01/2017)
4.3/5   5 notes
Résumé :
Ces stupéfiants récits de naufrage constituent, avec la Pérégrination de Fernao Mendes Pinto, le chef-d'oeuvre de la littérature portugaise de voyage. Publiés dès le XVIe siècle en plaquettes bon marché, ils connurent un grand succès avant d'être rassemblés (au moins pour douze d'entre eux) par Bernardo Gomes de Brito, en 1735-1736, sous le titre évocateur d'Historia tragico-maritima. Le livre réunit ici la célèbre Perte du grand galion Sao Joao sur la côte du Natal... >Voir plus
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C'est entre 1735 et 1736 que sont publiés au Portugal les deux volumes des Histoires Tragico-Maritimes. Bernades Gomez de Brito, un érudit portugais du XVIIIe siècle, réunit en 2 volumes douze relations de naufrages dont furent victimes, deux siècles plus tôt, galères et navires de son pays. Ces récits, sélectionnés parmi de nombreuses brochures distribuées avec succès par les colporteurs, sont ainsi sauvés de l'oubli. Les éditions Chandeigne en publient trois, qui méritent la lecture.
Tout part d'un fait réel : un naufrage. Événement dramatique et fréquent ! Les historiens ont calculé qu'un quart de la population du Portugal était directement concernée par l'aventure maritime. Drames humains, certes, mais aussi catastrophe économique : l'armement d'un navire était l'aventure capitalistique la plus coûteuse et la plus risquée de l'époque. Dans une société pauvre en informations, ces récits nourrissaient l'imaginaire. Ils confortaient aussi la religion : tous les malheurs venaient des péchés des hommes, et la Providence envoyait ces épreuves pour le seul salut des victimes. Littérature aventureuse et édifiante à la fois, encombrée, à notre goût d'aujourd'hui, de considérations bavardes, mais riches aussi en détails sur la navigation, la géographie et la psychologie d'une époque.
Au XVIème siècle, la navigation est balbutiante. On découvre avec surprise, dans ces récits, le rôle prédominant des pilotes. Protégés par des instruction royales, ils n'en font qu'à leur tête, et les capitaine est loin d'être le seul maître à bord après Dieu.
Les navires sont surchargés, vermoulus, gréés de voile fragiles. Les équipages sont rebelles, mal nourris, malades. On a dit, dans un autre billet, les aléas de la route, sans instruments fiables, sans cartes précises. On imagine la situation un siècle avant ! La course à la richesse va de pair avec toutes les fortunes de mer.
L'épreuve révèlent les caractères. On se dispute beaucoup sur la route à suivre, la voilure à établir ou à réduire. Puis les survivants doivent affronter les "bêtes sauvages", les indigènes. La capacité à construire radeaux et bateaux à partir des carcasses est étonnante.
Toutes les épreuves sont endurées, par les hommes et les femmes, sans doute venue du ciel, auquel on ne cesse de rendre grâce ! Jusqu'à l'insupportable : pour une dame de qualité comme la femme du capitaine, le pire est de se faire voler ses habits et de dévoiler sa nudité :

“On raconte ici que dona Leonor ne voulut pas se laisser déshabiller, qu'elle se défendit à coups de poings et en souffletant les Cafres. Telle était sa nature qu'elle aimait mieux se faire tuer par eux que de se voir nue devant ses gens [...] se voyant dévêtue, se jeta aussitôt par terre, se couvrant toute de ses cheveux qu'elle avait très longs, creusant une fosse dans le sable, où elle se mit jusqu'à la ceinture, sans plus se relever.”

Le naufrage du grand galion Saint Jean sur la côte du Natal en 1552, (p. 86)
Dona Leonor meurt peu de temps après, sans s'être déterrée, malgré les supplications de son mari "qui la pria de se laisser dévêtir, lui rappelant qu'ils étaient venus au monde nus, et que, puisque c'était la volonté de Dieu, ils devaient le rester." (ibidem)
Camões, au chant V des Lusiades, reprend l'épisode: “ils verront les Cafres cruels et rapaces ôter ses vêtements à l'épouse charmante. Ils la verront fouler interminablement les sables brûlants de ses pieds délicats, puis exposer ses membres nus, éclatants de blancheur, aux offenses du soleil, de la froidure et du vent.” Camões, Les Lusiades, Chant V, 46-48, trad. R. Bismut.
Ainsi se nourrit le littérature !

Lien : https://diacritiques.blogspo..
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