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EAN : 9782020086912
226 pages
Seuil (30/11/-1)
3.97/5   58 notes
Résumé :
Cet ouvrage, riche d'une très belle iconographie, retrace la généalogie d'une figure sociale originale, que le grand médiéviste décide de nommer au risque de l'anachronisme : "intellectuel". Sur fond de révolution urbaine, se détache à partir du XIIe siècle un clerc inédit, à la fois penseur et enseignant, qui se fait "vendeur de mots". Le grand mouvement des traductions, qui fait remonter en Occident,par l'intermédiaire des Arabes, toute une série de textes antique... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Cette petite synthèse est assez ancienne et accessible. En fait, elle a été écrite durant une période où L Histoire s'affirmait encore comme une science, et cela explique l'intérêt de Jacques le Goff pour l'anthropologie et la sociologie, ainsi que le schéma "systématique" employé dans sa thèse.

Il ne s'agit pas d'une histoire des courants de pensée médiévaux, bien qu'il soient inévitablement évoqués dans ces pages, mais d'une étude sociologique adaptée au temps long, pour déterminer qui étaient les intellectuels à l'époque médiévale. À partir d'une définition de l'intellectuel comme celui qui "recherche et qui enseigne", Jacques le Goff émet l'idée, qui se confirme aujourd'hui, que ces individus sont apparus grâce à l'essor du phénomène urbain, ce qui leur a permis de se regrouper de la même manière que les artisans en confréries, dans le cadre des universités. C'est assez lumineux et admirable je trouve. Cette thèse a été remise en question, probablement étayée, mais je la trouve toujours intéressante, car c'est une bonne introduction à l'étude de ce phénomène.

Un petit plus, l'édition "Point" comporte de nombreuses illustrations.
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Itinéraire historique des intellectuels et particulièrement de l'université depuis le haut Moyen Âge jusqu'à l'apparition des humanistes.
Le mot « intellectuel » est moderne au XIIe siècle car ceux qui détenaient le savoir n'étaient autres que les « clercs » qui copiaient des textes religieux édifiants sans aucune analyse. La belle calligraphie seule était nécessaire.
« Les magnifiques manuscrits de l'époque sont des ouvrages de luxe. le temps qu'on passe à les écrire, en une belle écriture – la calligraphie est signe, plus encore que la cacographie, d'une époque inculte où la demande des livres est très faible -, à les orner splendidement Pour le Palais ou quelques grands personnages laïques ou ecclésiastiques, manifeste que la circulation des livres est infime. »
Seul le latin demeure la langue des clercs et il faut des traducteurs du grec ou de l'arabe pour ouvrir de nouvelles voies. Ainsi Robert le Vénérable ouvrit celle des croisades intellectuelles pour combattre les musulmans.
L'étudiant est un vagabond allant d'université en université selon les spécialités qui l'intéresse. L'Eglise garde une forte mainmise sur tout ce qui est intellectuel ce qui provoque des révoltes, notamment celle des Goliards, bande d'étudiants qui critiquent tout le système et surtout la hiérarchie pontificale. Parmi eux, Abélard qui a le destin que l'on sait par ses amours coupables avec Héloïse, son étudiante qu'il met enceinte. Il doit se retirer (si l'on peut dire !) mais se retrouve bientôt assailli par les deux fondateurs des abbayes de Cîteaux et des Prémontrés, Saint Bernard et Saint Norbert.
Excellent rhétoricien, Abélard est ce qu'on a appelé un logicien, c'est-à-dire un philosophie qui apporte une méthode à sa pensée, il est l'un des premiers à vouloir associer raison et foi, ce qui l'a probablement perdu plus que ses amours avec Héloïse.
Paris et Chartres sont, à l'époque, les grands centres intellectuels français et les grand sages étudiés sont principalement Salomon, Alexandre et Virgile. Les Chartrains prouvent la toute-puissance divine par l'organisations de la Nature, et plaçant l'homme au centre de leur philosophie, ils sont aussi des humanistes.
C'est surtout au XIIIe siècle que l'université s'organise avec nombre de querelles intestines entre l'Eglise et les laïcs (déjà !) avec comme outils les livres et comme méthode la scolastique. Un problème d'ordre financier se joue entre les églises qui proposent un enseignement gratuit aux étudiants pauvres et les universités qui veulent que les professeurs reçoivent des prébendes et une querelle s'ouvre entre « réguliers » et « séculiers », les intellectuels voyant d'un mauvais oeil l'entrée dans les universités des nouveaux ordres Mendiants (Franciscains et Dominicains). de même est fortement discutée l'influence des anciens et d'Aristote en particulier sans parler des disputes entre aristotéliciens, averroïstes et thomistes (disciples de la pensée de Thomas d'Aquin).
Au XIVe siècle, avec le déclin du Moyen Âge et de la scolastique, la nationalisation progressive des universités qui ne recrutent désormais qu'une certaine aristocratie, la foi et la raison divorcent. La théologie -que cela arrange bien – limite la science expérimentale faute d'objets symboliques et simples et d'instruments pour les scientifiques eux-mêmes.
L'étude du grec ouvre les universitaires à l'humanisme. On retourne au beau langage autour d'Aristote, de la poésie et de la mystique. Tandis que les intellectuels s'expatrient à la campagne pour méditer, on distingue à présent l'intellectuel enseignant, entouré d'élèves et celui, méditatif et solitaire à l'instar de Saint Jérôme dans son cabinet qui inspira bien des peintures sur la réflexion et la méditation.
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Avantage de ce livre: le fait qu'il élimine quelques idées reçues sur l'emploi de la raison au Moyen-Age. La raison est utilisée au sein de la scolastique, mais elle reste inféodée aux dogmes religieux et ne prend pas souvent le pas sur la foi aveugle. Il faut cependant louer ce courant qui a maintenu l'usage de l'esprit dans un environnement difficile.
Déception: Je comptais comprendre les subtiles différences entre les théories de Duns Scot, Thomas d'Aquin ou Averroes; différences qui entrainaient leurs partisans à s'excommunier les uns les autres. Je suis resté sur ma faim.
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Un petit livre érudit, qui dresse un portrait rapide de la vie intellectuelle de l'Empire Carolingien au début de la Renaissance. La partie la plus développée est celle des XIIème et XIIIème siècles, et ça tombe bien, car c'est après tout la plus intéressante, de Pierre Abélard à St Thomas d'Aquin.
Un livre qui date de 1957 et qui semble avoir plutôt bien vieilli, qui reste assez accessible, mais qu'il vaut tout de même mieux éviter de lire en pensant à autre chose si on ne veut pas passer complètement à côté.
On y apprend beaucoup de choses sur les origines de termes qui ont persisté jusqu'à aujourd'hui, tels que "baccalauréat", "licence", "doctorat", "bizuth" ou "Sorbonne"...
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Jacques le Goff, spécialiste internationalement renommé, héritier de l'École des Annales, a été directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales. L'enquête de cet historien est une introduction à la sociologie historique de l'intellectuel occidental. Jacques le Goff commence par nous montrer pourquoi le XIIIe siècle est l'âge de la maturité : les universités qui regroupent les clercs intellectuels affirment leur puissance contre les pouvoirs laïques et ecclésiastiques et ont le soutien des papes. Elle s'organisent, comme une corporation, et posent leur méthode appelée la scolastique. Ensuite, Jacques le Goff montre la transformation, à la fin du Moyen Age, de l'intellectuel au profit de l'humaniste. Les universitaires renient leur héritage puisqu'ils se regroupent dans les cours des princes, les universités se multiplient, mais se nationalisent. Cette période marque un retour vers la poésie et la mystique, de la campagne face à la ville. Ce livre nous permet de nous introduire à l'étude des pratiques intellectuelles et des mentalités propres aux universitaires. de plus, il est illustré par des représentations (dessins, caricatures, tableaux) de l'époque.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Rien n'est plus frappant que le contraste entre les images qui représentent au travail l'intellectuel du Moyen Age et l'humaniste.

L'un est un professeur, saisi dans son enseignement, entouré d'élèves, assiégé par les bancs où se pressent l'auditoire.

L'autre est un savant solitaire, dans son cabinet tranquille, à l'aise au milieu de la pièce dégagée et cossue où se meuvent librement ses pensées.

Ici c'est le tumulte des écoles, la poussière des salles, l'indifférence au décor du labeur collectif.

Là tout n'est qu'ordre et beauté, Luxe, calme et volupté.
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Rien de plus frappant que le contraste entre les images qui représentent au travail l'intellectuel du Moyen-Âge et l'humaniste.
L'un est professeur, saisi dans son enseignement, entouré d'élèves, assiégé par les bancs, où se presse l'auditoire. L'autre est un savant solitaire, dans son cabinet tranquille, à l'aise au milieu de la pièce dégagée et cossue où se meuvent librement ses pensées. Ici, c'est le tumulte des écoles, la poussière des salles, l'indifférence du décor du labeur collectif, là tout n'est qu'ordre et beauté, luxe, calme et volupté.
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Abelard souffre de n avoir plus d adversaire à sa taille. Logicien il s irrite d ailleurs de voir passer au dessus de tous les théologiens. Il en fait serment: il sera théologien aussi. Il redevient étudiant et se précipite à Laon aux leçons du plus illustre théologien du temps: Anselme.(...)
" Je m approchai donc de ce vieillard qui devait sa réputation plus à son grand âge qu'à son talent ou à sa culture. Tous ceux qui l abordaient sur un sujet dont ils étaient incertains repartaient plus incertains encore. Si l on se contentait de l écouter, il était admirable mais si on le questionnait il se révélait nul. Pour le verbiage il était admirable, pour l intelligence méprisable, pour la raison vide. Sa flamme enfumait la maison au lieu de l éclairer. De loin son arbre tout feuillu attirait les yeux, mais quand on le regardait de plus pret et au plus de soin, on s apercevait qu il n y avait point de fruit. Lorsque je m approchai de lui pour cueillir son fruit, je vis qu il ressemblait au figuier qui maudit le seigneur ou à ce chêne à quoi Lucain compare Pompée
Il se tient de l ombre d un grand nom.
Tel un chêne superbe au milieu des champs.

Edifié, je ne perdus pas mon temps à son école "
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C est bien comme un artisan, comme un homme de métier comparable aux autres citadins que se sent l intellectuel urbain du XII siècle. Sa fonction c est l étude et l enseignement des arts libéraux. Mais qu 'est ce qu un art? Ce n est pas une science , c est une technique. Ars c est la spécialité du professeur comme celle du forgeron ou du charpentier. (...) un artc est toute une activité rationnelle et juste de l esprit appliqué à la fabrication des instruments tant matériels qu intellectuels: c est une technique intelligente du faire.
Ars est recta ratio factibiliul. Ainsi l intellectuel est un artisan; parmi toutes les sciences sont appelés arts cat ils n impliquent pas seulement la connaissance mais aussi la production qui découle immédiatement de la raison , telles que la fonction de la construction, des syllogismes, du discours, des nombres, des mesures, des mélodies, des calculs du cours des astres
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Le jour où Abelard réduit à la misère constate qu il est incapable de cultiver la terre et qu il a honte de mendier. Il revient au professoral." Je retournait au métier que je savait incapable de travailler avec mes mains, j en fut réduit à me servir de ma langue".
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Videos de Jacques Le Goff (13) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jacques Le Goff
C'est à travers de nouvelles sources, étudiées par une jeune génération de chercheurs, en parties ignorées par Jacques le Goff – enquêtes royales, archives judiciaires, actes de la pratique – qu'une autre histoire de Louis IX s'écrit et qui fera l'objet de ce colloque international.
Pour en savoir plus : https://bit.ly/3r0wCfM
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