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Critique de pchion


Commenter ce livre n'est pas pour moi quelque chose d'évident, tant les sentiments que j'ai éprouvés en cours de lecture ont été – et restent – plutôt contradictoires. Je me suis même demandé un temps s'il n'était pas préférable de m'accorder quelques jours de délai et de laisser retomber la pression avant de rédiger un compte-rendu !
La lecture de commentaires écrits par d'autres Babeliotes inspirés m'a aidé dans mon analyse - je ne m'en cache pas - et m'a permis d'aboutir à ce court bilan. A plusieurs reprises, j'ai eu envie d'abandonner ce livre, mais je ne l'ai pas fait car j'ai été piégé par le récit des événements et que j'ai voulu savoir comment l'auteur allait progresser dans son histoire et offrir une porte de sortie à ses personnages.
Je dirais donc que cette partie là du challenge est remportée par l'auteur. Geoffrey le Guilcher maîtrise la technique du récit d'aventure : il sait jouer avec les émotions ressenties par son lectorat et construire un scenario plutôt prenant. Il est clair que l'on a envie de « tourner les pages » pour avancer dans l'histoire. Et pourtant, l'un des premiers écueils pour moi a été le fait de ne ressentir aucune attirance, aucune sympathie pour les différents protagonistes de ce récit post apocalyptique. Même le personnage de Lara, qui aurait dû être le plus attirant de l'histoire, ne prend un peu d'épaisseur que dans les dernières pages, et encore…
Quant au personnage central, son portrait s'appuie en partie sur un « homologue » bien réel, celui-là, le barbouze anglais qui a infiltré divers milieux écologistes et /ou libertaires anglais et français, pendant plusieurs années. Ce « Mark Kennedy » a laissé dans son sillage pas mal de dégâts humains collatéraux. Dans les « services secrets » on ne fait pas dans la dentelle. Un modèle fort peu sympathique, que l'auteur a repris à son compte, même s'il lui offre, en fin de comptes, une porte de sortie un peu plus honorable que dans la réalité.
C'est au moins le deuxième roman que je découvre dans lequel une communauté anarchiste est présentée comme un ramassis de débiles obnubilés soit par la violence gratuite, soit par des croyances grotesques dans un paranormal d'opérette. J'avais éprouvé le même ressenti en lisant Arcadi d'Emmanuelle Bayamack-Tam. Je tiens à rassurer d'éventuels lectrices ou lecteurs inquiets, je connais des libertaires qui ne sont pas des hurluberlus destinés à remplir les salles d'attente des psychiatres, des poivrots invétérés, ou des individualistes acharnés en recherche de paradis perdus. Au fil des pages, l'auteur « revalorise » quelque peu ses personnages et l'on m'objectera que le point de vue détaillé dans les premiers chapitres, est celui d'un « flic infiltré » donc d'un méchant. Cela n'empêche que cela me gêne aux entournures.
Je n'apprécie guère les scènes de violence gratuite et ce n'est pas la première fois que je le dis. Nul besoin de complaisance pour faire ressentir la cruauté d'un événement. Il y aurait donc un certain nombre de pages que j'aurais volontiers fait disparaître. de plus, comme le remarque un autre commentateur, il y a des invraisemblances assez gênantes dans les événements qui surviennent et le récit du jeu du chat et de la souris entre communautaires et forces de l'ordre me paraît peu crédible. Je regrette que l'auteur ait parfois donné l'impression d'écrire un scénario pour le cinéma… C'est visiblement la ligne de conduite adoptée par certains auteurs de thrillers… On lit en imaginant les plans caméras successifs, les giclées d'hémoglobine et la scène de sexe indispensable pour réveiller papy qui s'endort…
Voilà pour le côté sombre de mon tableau, car il y a aussi de longs passages intéressants dans ce roman, notamment tout ce qui relève de l'aspect informatif. Là on sent que l'auteur est journaliste et qu'il s'appuie sur une documentation solide pour traiter de son sujet profond, à savoir des conséquences d'une catastrophe nucléaire et des risques que font courir à la population de la planète, les chantres de l'atome à tous les coins de rue. Là, j'avoue que je suis sur la même longueur d'ondes que l'auteur. Bref un très bon livre sur le plan informatif. J'eus aimé un narratif un peu plus subtil ! Cet ensemble d'impressions contradictoires inspire finalement la note relativement moyenne que j'attribue à ce roman que j'ai lu dans le cadre d'une « masse critique » de Babelio. Je remercie l'éditeur pour l'envoi de ce livre, et je continue à trouver ces opérations particulièrement intéressantes car elles nous amènent bien souvent à dépasser nos horizons de lecture habituels.
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