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EAN : 9782070416929
480 pages
Gallimard (21/02/2001)
3.9/5   52 notes
Résumé :
Erich Sebastian Berg naît à Munich en 1940. Après des études au collège bavarois d'Ettal, il entreprend son initiation de peintre chez un vieux maître d'Anvers.

Il arrive à Paris et connaît un succès immédiat. Mais Erich Sebastian Berg est l'homme des passions, des emballements, des ruptures, des départs. Il disparaît, erre du côté de la Bretagne et de l'Irlande, continue de peindre, sous d'autres noms. Il aime, désire, peint des corps, des triptyques... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Dommage qu'il ne soit possible de mettre que cinq étoiles, j'aurais aimé en mettre sept une pour chaque nom du peintre Erich Sebastian Berg qui selon les étapes de sa vie, quand il veut fuir, disparaître signe aussi Huel Goat, Bastien, Autessier, Adam Orber, John Egal et Essenbach.

Erich Sebastian Berg est le fils d'un allemand, Hans Berg qui avait des sympathies pour le régime nazi, «un être faible, velléitaire, fasciné par l'éclat et la parade» qui trompe sa femme, une cantatrice française Hélène, avec ses maquignons.
Erich deviendra un peintre reconnu, célèbre, mélange du Caravage, d'Egon Schiele et Francis Bacon, un homme fuyant, errant, déchiré, tourmenté jusqu'à la folie, avec des moments d'ivresse créatrice où de la fange il fait jaillir de l'or.
Son parcours initiatique commence auprès de son grand-père, «vieil officier solitaire et taciturne, qui vit dans un fort battu par les tempêtes, sur l'île de Rûgen puis dans un collège religieux de garçon à Ettal en Bavière où plane l'ombre du Roi fou Louis II, où règne le prieur Korbs et finalement auprès d'un maître «le maître d'Anvers» Adam van Johansen qui l'initie au dessin et à la peinture. Emprise des pères spirituels qui remplacent le père naturel qui n'a pas joué son rôle.
Erich Sebastian confie dans son «Atelier portatif» à la fois carnet de croquis et journal :
«Je suis l'homme des départs et des ruptures. Je me lasse très vite.
(...) Mon père était un incapable. Un homme fin et beau. Il a tout gâché, tout perdu. Mon grand-père a compté pour moi. Il m'a donné le sens de la mort, le sens aussi de ce qu'est le monde élémentaire...
Il y a deux choses que j'ai su très tôt, dès l'âge de quatorze ans, j'étais à Ettal, au collège : c'est mon goût des garçons et mon désir de peindre. Une double singularité. Comme une élection merveilleuse p 221 222

Ce livre est habité, traversé par les ombres des romantiques allemands, Novalis, le peintre Caspar David friedrich et par celle de Rimbaud. On se retrouve aussi plongés dans des scènes érotiques ou mortifères qui raniment le souvenir de celles des films de Visconti et en ont l'esthétique, Ludwig, le crépuscule des Dieux, Mort à Venise ou même Les damnés lors de l'évocation du père.
La scène de début fait elle, songer à la visite du mystérieux commanditaire du Requiem de Mozart qui viendrait là, passer commande, à Erich vieillissant, d'un jugement dernier.
Erich Sebastian, pris entre forces païennes et élans mystiques, aime les lieux sombres, les tavernes, les bars à matelot où il part en quête de modèles et d'amants, il est fasciné par les cadavres. Il aime les contrastes violents qui provoque une décharge et le font désirer, brûler et créer.
Plus que tout autre roman du même auteur (parmi ceux que j'ai lu) celui-ci incarne la lutte dans un même être entre Eros et Thanatos et illustre parfaitement Georges Bataille quand il écrit «L'érotisme c'est l'acceptation de la vie jusque dans la mort»
Par moment, j'ai cru retrouver Simon, le peintre du Pont des Anges ou Guillaume Vègh l'un des jumeaux peintre et dessinateur dans «Le bateau Brume»
Et pourtant si les mêmes thèmes, les mêmes passions, les personnages et les lieux semblent être repris et se croiser d'un roman à l'autre de Philippe le Guillou, par une alchimie mystérieuse la lecture garde toujours le même attrait. Chacun des romans de Philippe le Guillou est comme un palimpseste, la peau du parchemin est ancienne, elle est grattée avant d'être recouverte d'encre une nouvelle fois et, même si elle en garde des traces, l'histoire qui nous est contée est toujours neuve, ensorcelante et troublante aussi.
C'est mon enthousiasme qui me fait faire un si long commentaire mais je suis bien loin de dévoiler toutes les richesses et les errances de la vie de Erich Sebastian Berg.
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Un livre brillant, parfois dérangeant, sur la vie d'un peintre imaginaire, visionnaire et mystique du 20eme siècle.
L'itinéraire d'Erich Sebastian Berg né en 1940 d'un père allemand et d'une mère française, tous deux démissionnaires, passe par un pensionnat religieux où il découvrira son homosexualité, des rencontres fortes avec des prêtres, la figure de son grand-père, vieil ermite reclus dans un fort battu par les flots de la Mer du Nord qui lui transmet le sens de la mort...
Il ira apprendre la peinture à Anvers où son apprentissage à l'académie s'achève par la réalisation d'un chef d'oeuvre "Le triptyque d'Anvers" composé d'un marin, un moine et un chevalier. Cette oeuvre hantée par la mort, l'érotisme, la religion et la sexualité le poursuivra sa vie durant.
Itinéraire initiatique frôlant continuellement la mort et la folie, l'auteur, grâce à une écriture très riche et très visuelle, parvient à concilier le romanesque et une réflexion sur le processus de création, et sur l'oeuvre d'art.
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Très bonne biographie imaginaire.
On se prend au jeu de cette vie et de ce peintre imaginaire et génial. on partage son enfance, son besoin de vie et de peindre, ses passions, ses désirs. On est séduit par ce personnage entier que l'on voit grandir et devenir un artiste génial. Quel dommage qu'il n'existe pas j'aurais rêver d'admirer ses oeuvres puissantes.
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L'homosexualité, la religion et la Mort.
Voilà la fresque que nous fait découvrir Philippe le Guillou. Avec ses mots. de beaux mots.
Je ne connaissais pas l'auteur. Un ami et son bon conseil me l'ont fait rencontrer. Je ne le regrette pas.
L'histoire qui nous est contée est captivante.
Les personnages sont vrais, bien remplis comme on le dit. Ils débordent de la page et viennent nous prendre la main.
Une belle ouvre, pour l'histoire d'un peintre immaginaire !
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Biographie imaginaire d'un peintre allemand en quête de style et de bonheur. C'est dense, tragique, drôle, puissant.On y croit et on se surprend à essayer de trouver sur le net des tableaux, sculptures... qui n'existent pas! Une belle réussite d'une vie totalement inventée et peuplée pourtant de lieux réels et de personnages célèbres.
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Une nuit, ils firent l'escalade de Montségur. Ils étaient seuls dans ce repaire d'aigles sous un ciel criblé d'étoiles. Il sembla à Erich Sebastian que le monde tournait autour du vaisseau céleste. La montagne était face à eux, puis le creusement des plaines. Un océan de feux roulait au loin. Les pierres s'effondraient sous les pas. Des oiseaux, surpris, s'enfuyaient dans un claquement d'ailes maudites. Erich Sebastian rêvait de bûcher, d'ascèse, de méditations dans le vif des nuits stellaires. Ils y restèrent la nuit. Ils voulaient voir le jour arriver, ce feu qui viendrait couronner les heures de vigie au sommet du chicot céleste. p 178
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La mer était d'un gris compact. Des chevaux se baignaient. Erich Sebastian regarda avec un certain émerveillement les bêtes qui couraient dans l'écume. Les lads les tenaient avec des longes. Les chevaux glissaient à la ligne des vagues, comme des ombres jaillies de la mer, les robes frémissaient, ruisselantes, les montures arrivaient du large avec des crinières d'algues et de sel.
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Il prit seul la direction de Delft.(...)Des heures il arpenta cette ville encerclée par l'eau, cette ville avec ses tuiles, ses briques, ses ponts, sa lumière surtout, macérée dans les canaux et les douves, vibratile et dorée, perpétuellement automnale. Il n'y avait rien à voir. Pas même un tableau de Vermeer. Tout était dans l'impression, dans le plaisir de pas gratuits dans des espaces humides, sous les nuages, une citadelle de chambres closes et de corps lumineux. p 142 (collection blanche Gallimard)
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La nuit venue, quand la marée basse laissait sur ces voies luisantes, flaques et laminaires, je marchais à la lumière de la lune, j'adorais sentir derrière moi, au cœur de la forteresse maritime, la masse de la cathédrale, je montais vers le Grand-Bé. Je m'arrêtais sur la tombe de Chateaubriand. Une nuit, dans un bar, un vieux Malouin m'avait raconté que l'écrivain avait été inhumé à la verticale. Cette histoire m'excitait. En revanche, que Sartre eût osé pisser sur cette sépulture me révulsait. De retour à Paris, j'irai avec Egon au cimetière du Montparnasse pisser sur la tombe de Sartre et de Beauvoir.
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Ces lignes testamentaires jaillissent d'un vieux rêve enfoui, d'une cellule murée, de stratifications précieuses. Je les trace alors que tout s"est décoloré pour moi et que je sais que je vais entrer dans la mort.J'écris dans mon pavillon lacustre ce mois d'octobre 1974. Autour de moi tout n'est que rousseurs, frondaisons fauves, deux de sorbiers. J'écoute sans jamais m'en lasser la même cantate de Bach : "Ich habe genug".
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Videos de Philippe Le Guillou (22) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Philippe Le Guillou
https://www.laprocure.com/product/1495062/le-guillou-philippe-brest-de-brume-et-de-feu
Brest, de brume et feu Philippe le Guillou Éditions Gallimard
©Philippe le Guillou pour la librairie La Procure Animation par Mathilde, libraire à La Procure de Paris
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