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Critique de Philemont


En 1975 l'oeuvre d'Ursula LE GUIN se résume à neuf romans. Elle a pourtant déjà fortement marqué la Science-Fiction, et a été récompensée en conséquence. La structure de son oeuvre ressemblait d'ailleurs déjà à ce qu'elle est encore aujourd'hui.
Le cycle de Terremer se résumait alors à la trilogie initiale. Rappelons que son intrigue prend place dans un archipel aux îles innombrables, où coexistent des hommes de races différentes, et où la magie est garante du progrès technologique. le cycle de l'Ekumen, parfois appelé cycle de Hain, se composait lui de cinq romans. Ce cycle est une histoire du futur de l'Humanité exploitant une idée alors inédite en Science-Fiction, celle selon laquelle les différences biologiques et culturelles sont indispensables à la survie de l'Humanité. Il y avait enfin un roman isolé, L'Autre côté du rêve, mais que l'on peut considérer comme un prologue au cycle de l'Ekumen puisque décrivant un avenir relativement proche où la Terre devient invivable.
C'est à cette époque qu'Ursula LE GUIN publie un recueil de nouvelles intitulé The Wind's Twelve Quarters dont le contenu est repris en France trois ans plus tard dans le livre d'or de la Science-Fiction. Cette anthologie réunit onze nouvelles annonçant ou confirmant les thématiques particulières de l'auteure. Deux d'entre-elles peuvent être rattachées au cycle de Terremer, cinq au cycle de l'Ekumen, et quatre sont indépendantes de tout cycle en dépit d'une thématique de fond commune.
1) le Collier de Semlé (Semley's Necklace, 1965)
Il s'agit d'une nouvelle à mi-chemin entre la Fantasy et la Science-Fiction. Avec son style très proche du conte traditionnel, elle a été reprise par LE GUIN, sous une forme légèrement remaniée, dans le prologue de son premier roman, le Monde de Rocannon, premier tome du cycle de l'Ekumen.
2) Avril à Paris (April in Paris, 1962)
Hommage à Paris, où Ursula LE GUIN séjourna dans le cadre de ses études, cette nouvelle annonce le cycle de Terremer, avec la rencontre entre un sorcier du XVème siècle et un scientifique du XXème siècle.
3) La Règle des noms (The Rule of Names, 1965)
Nouvelle se situant très clairement dans le cycle de Terremer, ce dernier n'avait alors pas encore trouvé son originalité propre puisque ce texte est très inspiré de l'univers de Tolkien. La fameuse règle des noms est toutefois l'un des codes essentiels qui régira la vie des magiciens dans le cycle.
4) le Roi de Nivôse (Winter's king, 1969)
Première esquisse de la Main gauche de la nuit, quatrième tome du cycle de l'Ekumen, cette nouvelle conte l'histoire d'un roi androgyne qui fuit son royaume afin d'échapper au conditionnement mental que ses ennemis lui ont fait subir.
5) Neuf vies (Nine lives, 1969)
Cette nouvelle est à rattacher au cycle de l'Ekumen, mais il est difficile de la situer chronologiquement. L'idée que les Hommes exploitent les ressources d'autres planètes est toutefois évoquée dans Les dépossédés, cinquième tome du cycle. Dans cette nouvelle, deux ingénieurs humains se font assistés par dix clones du même individu pour exploiter les minerais d'une planète.
6) Plus vaste qu'un empire (Vaster than empires and more slow, 1971)
Cette nouvelle appartient au cycle de l'Ekumen. Si elle n'est pas chronologiquement datée, son intrigue est la plus éloignée dans le temps parmi toutes les oeuvres qui composent le cycle. Dans celle-ci une équipe d'explorateurs voyagent plus rapidement que la lumière et prend contact avec une forme de vie totalement étrangère.
7) Étoiles des profondeurs (The Stars Below, 1974)
Nouvelle indépendante de tout cycle, il s'agit d'un mélange d'histoire et de Science-Fiction sous forme d'hommage à Galilée. On y retrouve aussi l'appétence de l'auteur pour mettre en avant les relations entre groupes sociaux opposés.
8) Champ de vision (Field of vision, 1973)
Indépendante de tout cycle également, cette nouvelle met en scène le Docteur Geraint Hughes qui participe à une expédition sur Mars. Pour lui l'expérience tourne mal puisqu'il perd manifestement la vue, mais semble désormais doté de visions.
9) le Chêne et la mort (Direction of the Road, 1973)
Encore une nouvelle indépendante de tout cycle, celle-ci prend la forme d'une autobiographie d'un chêne qui découvre le développement de l'automobile.
10) A la veille de la révolution (The day before the revolution, 1974)
Retour dans le cycle de l'Ekumen avec en quelque sorte un prologue au roman Les dépossédés. Cette nouvelle est en effet consacrée à Odo, fondatrice de la société telle que décrite dans le roman.
11) Ceux qui partent d'Omelas (The Ones Who Walk Away From Omelas, 1973)
Courte nouvelle indépendante de tout cycle, celle-ci se développe autour d'une hypothèse simple mais terrifiante : et si le bonheur de tous les êtres était conditionné au malheur d'un seul ?
Ce que le lecteur ressent à la lecture de ces onze nouvelles d'Ursula LE GUIN, comme de celle de ses romans d'ailleurs, c'est l'humanisme qui s'en dégage. Pour elle il n'y a pas de salut dans le cadre d'une civilisation unitaire ; au contraire c'est la différenciation des êtres, et par-là même l'acceptation des uns par les autres, qui est salutaire. Il faut certainement voir ici la résultante de l'éducation que LE GUIN reçut de ses parents ethnologues. de même, dans bon nombre de ses textes, on ressent l'influence de ses études d'histoire qui ajoute encore au fait que son oeuvre est bien plus influencée par les sciences sociales que par les sciences physiques, ce qui était alors totalement anachronique parmi les auteurs de Science-Fiction.
Comme Ursula LE GUIN est une formidable auteure, le résultat est ici un recueil de nouvelles plein d'émotions avec une mention toute particulière pour les deux dernières : A la veille de la révolution (prix Nebula 1974, prix Jupiter et Locus 1975) et Ceux qui partent d'Omelas (prix Hugo 1974).
Notons pour conclure que les nouvelles de cette anthologie sont réunies et abondamment présentées par Gérard KLEIN. Ses commentaires ont été très largement utilisés dans la rédaction de la présente chronique.
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