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EAN : 9782267023800
276 pages
Christian Bourgois Editeur (23/08/2012)
  Existe en édition audio
3.19/5   160 notes
Résumé :
Livre audio, lu par Louis Arène


Je n'ai jamais été bavard de mon vivant. Maintenant que je suis dans un cercueil, j'ai toute latitude de soliloquer. Depuis que le couvercle s'est refermé sur moi, je n'ai qu'une envie: me justifier, définir mon rôle dans les événements survenus, donner quelques clés pour comprendre les tenants et les aboutissants de ce qui n'est qu'un fait divers.

Un homme vient de mourir. Du fond de sa tombe au... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (48) Voir plus Ajouter une critique
3,19

sur 160 notes
Avant tout, je souhaite remercier Babelio pour leur confiance dans le cadre de l'opération Masse critique, ainsi que les Editions Thélème pour l'envoi de ce livre audio.
Ce livre est découpé en quatre parties, Au coeur de la nuit, Aube, Midi et Crépuscule. Dans chacune des parties interviennent tour à tour Van, Lou, Ulma et Laure. Un roman polyphonique a quatre voix, où l'un nous parle d'outre-tombe, l'une nous fait sa confession, l'autre simule une discussion avec son psychologue, et la dernière se confie à son journal, le tout en soliloques. L'auteure adapte son écriture à la façon de parler de chacun des intervenants, ce qui apporte de la nuance et du relief.

C'est van qui débute ce récit et tout de suite nous apprenons qu'il est mort (début original !). Il est vietnamien et est parti en France, sa mère se sacrifiant pour lui ne voulant pas qu'il évolue dans un pays en guerre, vivant désormais seule dans la misère. Il a donc échappé aux boat people et à tout ce qui compose une guerre. Son père, lui, était parti rallier le Parti d'Hô Chi Minh lorsque van était encore tout petit. A Paris, fin lettré, il est devenu correcteur, bercé depuis toujours par la passion de sa mère francophile, elle était interprète au consulat de France. Il profitera de ce soliloque pour nous parler de son passé, de qui il est, de comment il a évolué, de ses regrets, de sa femme Lou et de leurs rapports, de sa fille Laure et leur relation parfois conflictuelle, ainsi que d'Ulma… sa maîtresse. Lou, Laure et Ulma en feront de même.

On apprendra alors que Lou a eu une enfance un peu difficile avec des frères qui ne cessaient de lui faire porter le chapeau, une mère dure avec elle et un père aimant mais qui n'avait pas trop son mot à dire. Lou est une femme un peu coincée, qui aime son mari et sachant très bien qu'il joue au Don Juan, mais là où le bât blesse, c'est qu'il n'avait jamais été jusqu'à avoir une maîtresse. Tout a changé quand Ulma est entré dans leur vie, tout a basculé, « il me réduisait à un rôle décoratif« . Bien que leur mariage n'était pas parfait, ils avaient appris à vivre ensemble, pour Laure, et c'était bien ainsi. Elle est devenue d'une grande jalousie, et en a perdu pied.

Ulma est l'opposé de Lou, pour tout, passionnée de littérature, aimant les voyages, eurasienne, imprévisible et cetera. Ulma a été essentiellement élevée par sa grand-mère Lily, sa mère Justine n'étant qu'une junckie irresponsable et son père, elle ne l'a pas connu. Bien que Lily n'était affectueuse, elle s'est démenée pour sa petite fille et s'est privée pour elle. Ulma s'est accommodée de ne pas être avec sa mère et de ne prendre que l'affection qu'elle lui donnait quand elle venait la voir « Les bleus à l'âme disparaissent avec le temps« , « je m'exerçais à ne pas espérer trop d'une mère à éclipses« .

Laure, une adolescente gothique, était en conflit avec son père, il ne voulait pas qu'elle fréquente son petit ami Tommy et la reprenait sans cesse sur son vocabulaire et sa façon de parler. Elle et Lou sa mère prenait toujours un malin plaisir à le taquiner. Elle parle de ses parents et regrette au final de ne pas avoir été « la courroie de transmission entre Lou et van » (Elle n'appelait pas ses parents Papa et Maman). Mais elle se rend compte que malgré tout, il lui manque énormément, elle en est profondément touchée.

Ce roman raconte l'histoire de quatre personnes liées entre elles par une histoire et par l'Histoire. Il raconte la Lame de fond qui est venue de loin et qui a inscrit le destin de tous. Une ou des révélations étonnante(s) et destructrice(s). Car je n'ai pas parlé d'une révélation essentielle qui compose cette histoire et qui est le titre même de ce roman ! Une écriture variée selon les personnages, riche de vocabulaire (C'est même parfois de la haute voltige quand c'est van qui raconte ! Je pense que van c'est un peu l'auteur).Une histoire très intéressante à suivre et à lire, et qui parle de réalités difficiles, comme celle des enfances marquées par l'absence d'un père, par la guerre, comme celle de la trahison, comme celle du manque, comme celle des regrets, comme celle de l'inévitable et de l'incontrôlable. Tout le monde dans ce récit expie en quelque sorte ses fautes.
(Beaucoup de difficultés pour moi en revanche pour la version audio, je ne suis pas bon public, préférant largement le papier)
Lien : http://madansedumonde.wordpr..
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Van est mort, tué par Lou, sa femme, la conductrice de la voiture qui l'a percuté, un soir où il rentrait chez lui, de retour de chez Ulma, sa maîtresse. Lou venait d'avoir les preuves de l'adultère grâce aux photos prises par un détective.
Le roman commence ainsi, comme un roman policier. On en est loin cependant.

C'est un roman polyphonique à quatre voix. Quatre narrateurs, trois vivants et un mort. Van, le disparu, était aussi le mari, le père et l'amant. Chacun dira sa vérité. Ils s'aimaient, se décevaient, se heurtaient, se trahissaient mais ce qu'ils découvrent des liens réels entre l'amant et la maîtresse, tous deux d'origine vietnamienne devenus français, sera la lame de fond qui bouleverse tous les liens difficilement maintenus jusqu'alors. Un secret de famille? Une fatalité historique? Un coup du sort?
Le passé resurgit, violent, celui des années de guerre au Vietnam, de l'émigration, des années 68, de la vogue gothique suivie par Laure, la fille de Van, le vietnamien, puriste et amoureux fou de la langue française et de Lou, la bretonne, classique et coincée.

On frôle souvent les clichés mais la langue est belle et sauve l'histoire un peu pâlotte.
La force des personnages tient avant tout à leur passé et à ces liens familiaux rompus par les tragédies historiques. Les deux femmes ont eu des mères très peu maternelles et ont été élevées par leurs grand-mères, plus solides. van a quitté son pays en y laissant une mère âgée et isolée de touts, qu'il ne reverra jamais, ce qui lui vaut un remords éternel qui l'empêche de retourner là-bas. Laure, elle, rue dans les brancards, en quête de sa propre identité française et vietnamienne, tout en cherchant à faire son deuil:
Voilà c'est ça, le roman tel que je l'ai ressenti: beaucoup de solitude, d'abandon, de trahison, de silence, et la mort pour finir, suivie des regrets, des désillusions, d'un début de vérité. le tout enveloppé dans l'écrin d'une belle écriture, riche et maîtrisée à la fois.

Lien : http://liratouva2.blogspot.f..
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Qu'a donc été cette lame de fond, cette perturbation tellement forte que toute une famille en est ébranlée ? Une lettre, une simple lettre. Dont le contenu nous sera dévoilé peu à peu.
Roman choral, il fait alterner les confessions des 4 protagonistes : le père du fond de sa tombe, sa fille, sa femme, sa demi-soeur. Toutes tentent de faire leur deuil, tous regrettent leurs errements, mais trop tard, la mort est passée et a ramassé son dû...
Roman difficile dans ses thématiques : mort bien sûr, exil, déracinement, parents incompétents, absents, haineux. Mais porté par une belle écriture fluide. Un retour sur soi sans pathos et sans complaisance.
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Je reconnais beaucoup de qualités littéraires à ce roman, aux voix diverses et bien caractérisées. Simplement, ce n'est pas du tout pour moi.

Ces confessions croisées, pourtant puissantes, m'ont parues épuisantes. Un déluge de paroles, de sentiments, de citations. Trop, c'est trop...

Cet excès ne m'a pas permis de ressentir autre chose que de l'agacement pour ces personnages.
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Un très beau roman sur le thème de la vie, de l'identité, de la recherche d'une appartenance, à un pays, à une culture et de l'importance des rencontres qui font que l'on choisit un chemin plus qu'un autre. van est Vietnamien et quitte son pays en plein bouleversement politique pour gagner la France en laissant derrière lui sa mère et de vagues souvenirs de son père qui les a abandonnés quand il était enfant. Il rencontre Lou, bretonne "pur beurre" de Quimper avec qui il aura une fille Laure, adolescente rebelle et gothique qui trouve ce père franchement rasoir avec son amour de la grammaire et du vocabulaire… van aurait pu être un brillant universitaire mais il est correcteur pour des éditeurs, il préfère fréquenter les bistrots du quartier, ses copains de comptoir et refaire le monde jusqu'à pas d'heure pour oublier un mariage qui s'étiole, cette distance qui a fini par se creuser entre lui et sa femme qu'il aime encore… ou toujours… Il est en quête de quelque chose, mais de quoi ? C'est un roman à plusieurs voix puisque chaque personnage va nous raconter sa propre histoire à travers les chapitres qui lui sont dédiés et que l'on retrouvera dans les 4 parties du livre. Van, Laure, Lou et… Ulma se croisent tour à tour au fil des pages et se racontent avec leur failles, leurs errances et leurs blessures… Tous les personnages sont attachants, agaçants, en demande d'amour et c'est ce qui les rend si humains et si présents.

Peu, voire pas de dialogues, juste de longues narrations sur les ressentis et les sentiments de chacun et leur façon d'affronter les choses. Pourtant ça n'est jamais ennuyeux ou long car le texte est tellement beau qu'on se laisse complètement bercer par les mots et le style de l'auteur.

J'ai été complètement conquise par ce roman et surtout par l'écriture de l'auteur particulièrement fluide et poétique. le vocabulaire est riche, chaque mot est à sa place. La langue est parfaitement maîtrisée et on sent immédiatement que l'auteur aime jouer avec toutes ses possibilités. La langue est pour moi un acteur à part entière de son roman avec son propre rôle à jouer à travers les personnages : van est un puriste, il voyage à travers les mots et les auteurs qu'ils affectionnent et aimerait que sa fille suive ses traces. Tout son vécu est lié à cette langue qui lui a offert les clés d'une autre vie. On ressent tout de suite l'exigence de l'auteur pour cette langue qui peut être tellement cruelle, on peut blesser, tuer et aimer avec les mots et ce roman en est la parfaite illustration. C'est émouvant, amer, déroutant… et j'ai été complètement embarquée par ce roman du début à la fin.
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critiques presse (3)
LeMonde
08 novembre 2012
Il y a dans ce roman quelque chose de trop appuyé, qui touche autant le rapport des personnages à la langue que la dimension incestueuse du lien entre Van et Ulma, dont la révélation relance l'intrigue. Ce souci démonstratif empêche Lame de fond d'emporter complètement le lecteur.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Telerama
26 septembre 2012
Linda Lê a toujours l'art des alliages rares et précieux, le goût d'une langue oubliée qui chante sa modernité. « Coquecigrues », « mignoter », « criticailler »... Comme les personnages, les mots s'installent, imposent leur indépendance et leur originalité. Ils sont les cellules d'une romancière décidément indispensable.
Lire la critique sur le site : Telerama
Lexpress
04 septembre 2012
Linda Lê revient à son meilleur avec cette Lame de fond, qui explore intelligemment les troubles des liens familiaux, des origines, de la transmission, de la langue et des fossés culturels.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Ma tâche de correcteur, qui me permettait de subsister et que je prenais très à cœur les premiers temps, au lieu de développer ma mémoire, a entraîné son altération. Les manuscrits et les épreuves qui étaient mon labeur quotidien ont contribué à modifier mon caractère, de plus en plus pointu, alors même que ma sûreté dans l'observation des règles de grammaire s'avérait chaque jour déplorablement défaillante. J'étais moins attentif aux impropriétés, aux solécismes, aux licences poétiques boiteuses. Je laissais passer des coquilles et des doublons. Les éditeurs qui m'appointaient n'y avaient pas fait attention, avaient continué à m'expédier des copies et, comme les petites mains des ateliers de couture, je les avais ornées de mes retouches, sans trop de cœur à l'ouvrage. À mes débuts, j'étais un ayatollah du purisme, je ne tolérais ni les anglicismes, ni les à-peu-près, ni l'abus de néologismes, ni les incorrections sous prétexte de modernisme. Je criais au scandale quand un auteur ne se pliait pas à la discipline de la syntaxe, ponctuait n'importe comment, s'autorisait des métaphores prétendument hardies mais incohérentes. Je biffais et redressais les phrases quand les pronoms relatifs se suivaient à la file. Puis, peu à peu, j'avais cochonné ma besogne. Je faisais tout en quatrième vitesse, ne m'abîmais plus la vue en veillant jusqu'à point d'heure pour soigner chaque détail. La plupart des récits que je corrigeais, indigestes, ne valaient pas la peine d'être améliorés, mais de temps à autre j'avais droit à des pages sapides, comme des oranges gorgées de soleil. J'étais à mon affaire lorsqu'un modèle de concision abrégeait, condensait ses périodes, ou bien lorsqu'un texte débordait de termes rares, d'argotismes obsolètes.
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Elle ne sait pas que j'ai passé une partie de la nuit et de la matinée à gribouiller dans mon calepin et que j'étais claquée à cause de ça. A moins que ce ne soit parce que je subis le contrecoup des derniers jours, où j'ai été paumée, où tout me rappelait que jamais plus Van ne me projetterait des films, ne me réciterait des ballades de Villon, ne me ferait râler en corrigeant mes fautes de français, ne me ferait découvrir des installations de vidéastes, ne rentrerait les bras chargés de bouquins achetés à la Foire du Livre ancien, ne partirait avec nous dans l'arrière-pays provençal, n'aurait avec Hugues et Rachid des discussions sur les hyperréalistes américains ou les cinéastes iraniens, ne viderait une bouteille de bordeaux en retardant le moment d'aller au charbon [...] (pp. 217-218)
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p. 55
Lou :
Hugues m'a dit que je devrais écrire ma confession, cela allégerait ma culpabilité. je n'ai pas coutume de m'ausculter mais je vais suivre ces conseils, même si je ne fais que barbouiller du papier, même si mes redites ne mènent à rien.
Mon avocat voudrait défendre la thèse de l'accident. Je n'ai pas tué mon mari délibérément.... Je ne sais pas comment maître Dieuleveut assurera ma défense, mais je dois m'en tenir à ses instructions, pour ne pas risquer la prison...
A genoux près du cadavre de Van, mon mari depuis vingt ans, j'étais éperdue, je ne mesurais pas toute l'étendue du désastre : je l'avais renversé, à sa vue j'avais appuyé sur le champignon. Pourquoi cette fureur soudaine ?
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Nous évoquions nos lectures, symptomatiques de notre soif d'horizons illimités. Je ne soufflais mot de ma grandissante inappétence intellectuelle. Je ne voulais pas qu'elle me croit désabusé. Un événement avait modifié le cours des choses. A moi d'être à la hauteur des circonstances. Le serais-je ? Je m'étais installé, à tous égards, dans un confort affadissant. Lou n'y était pour rien, elle avait fait ce qu'elle pouvait pour que nous réinventions l'amour conjugal, mais l'habitude avait tout banalisé. Nous avions été victimes de l'érosion de notre aptitude à innover, nous nous étions enlisés dans une vie sans éclaircie, avec des fins de mois difficiles et de sempiternelles escarmouches au sujet de Laure. Nous avions bien eu des retours de flamme, mais si fugaces que nous retombions vite en une nouvelle morosité.
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Maintenant que Van est dans la tombe, je voudrais tellement, si son esprit hante notre maison, qu'il accorde à Lou son pardon, qu'il ait des motifs d'être content de moi, qu'il veille sur nous et qu'il chasse les mauvaises ondes. Je voudrais tellement ne plus être cette âme en peine qui se trimballe d'une pièce à l'autre en ayant le cœur serré par un horrible sentiment de vide.
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