Il n'avaitque la quarantaine quand sa femme a foncé sur lui au volant de sa voiture et l'a écrasé. Aujourd'hui, enterré au cimetière de Bobigny, il se livre à une sorte d'introspection.
Comment en est-il arrivé là, lui le correcteur nihiliste, passionné des mots, exilé politique après la prise de pouvoir des Nord-Vietnamiens en 1975 ? Il avait tout laissé derrière lui, sa mère qui a économisé sou après sous pour lui offrir une nouvelle chance de vie en France, ses souvenirs, Puis, il avait rencont'é Lou, petite Bretonne devenue au fil des ans jalouse, excessive, autoritaire et avec qui il a eu une fille, Laure, jeune adolescente aux prises avec la rébellion de son âge.
Dans le silence de la mort, van fait un flash back sur sa vie sentimentale, familiale et professionnelle. Lui qui aurait pu devenir un brillant universitaire, a préféré travailler dans l'ombre comme correcteur dans les maisons d'édition.
Alors que son mariage bat de l'aile, il rencontre Ulma, la belle Ulma qui, on l'apprendra plus tard est la cause indirecte de sa mort.
« Il lul lui fallait du nouveau, quand notre vie conjugale n'engendrait que du déjà vu. Il lui fallait du l'insolite qui l'aurait régénéré. La lettre d'Ulma, coup de tonnerre dans un ciel apparemment serein, le contraignait à sortir de sa coquille ».
Mais qui est cette Ulma ? Quels sont les véritables liens qui l'unissent si étroitement à elle ? van lui-même ne se l'explique pas
« Je n'aurais pas aimé Ulma avec cette passion frénétique si elle n'avait pas été révélatrice de ce qu'il y a de plus obscur en moi. (…) Nous étions comme deux fragments d'un même vase qui s'ajustaient merveilleusement l'un à l'autre (…) L'aimer, c'était pour moi qui m'étais toujours senti en exil, me découvrir une patrie, n'être plus étranger en phase avec
personne ».
Tour à tour, chacun des personnages devient le narrateur de cette histoire, confiant leur ressenti comme dans un journal intime partagé. C'est un roman à quatre
voix sans aucun dialogue puisqu'il traite de l'incommunicabilité au sein de la famille, la méconnaissance de l'autre, de l'exil sous toutes ses formes. C'est un roman sur l'appartenance à une culture, sur la quête d'identité servi par un style épuré mais puissant. L'auteur semble insister sur la cruauté des mots, leur traitrise, leur pouvoir. Ils servent autant à aimer qu'à blesser, voire tuer. Ici, c'est la mort qui délie les langues, les mots courent sur les pages du journal intime, teintés pour certains de remords pour d'autres de tentatives d'explications. Un roman subtil, passionnant, en un mot… BEAU !
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