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3,19

sur 160 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Qu'a donc été cette lame de fond, cette perturbation tellement forte que toute une famille en est ébranlée ? Une lettre, une simple lettre. Dont le contenu nous sera dévoilé peu à peu.
Roman choral, il fait alterner les confessions des 4 protagonistes : le père du fond de sa tombe, sa fille, sa femme, sa demi-soeur. Toutes tentent de faire leur deuil, tous regrettent leurs errements, mais trop tard, la mort est passée et a ramassé son dû...
Roman difficile dans ses thématiques : mort bien sûr, exil, déracinement, parents incompétents, absents, haineux. Mais porté par une belle écriture fluide. Un retour sur soi sans pathos et sans complaisance.
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Un très beau roman sur le thème de la vie, de l'identité, de la recherche d'une appartenance, à un pays, à une culture et de l'importance des rencontres qui font que l'on choisit un chemin plus qu'un autre. van est Vietnamien et quitte son pays en plein bouleversement politique pour gagner la France en laissant derrière lui sa mère et de vagues souvenirs de son père qui les a abandonnés quand il était enfant. Il rencontre Lou, bretonne "pur beurre" de Quimper avec qui il aura une fille Laure, adolescente rebelle et gothique qui trouve ce père franchement rasoir avec son amour de la grammaire et du vocabulaire… van aurait pu être un brillant universitaire mais il est correcteur pour des éditeurs, il préfère fréquenter les bistrots du quartier, ses copains de comptoir et refaire le monde jusqu'à pas d'heure pour oublier un mariage qui s'étiole, cette distance qui a fini par se creuser entre lui et sa femme qu'il aime encore… ou toujours… Il est en quête de quelque chose, mais de quoi ? C'est un roman à plusieurs voix puisque chaque personnage va nous raconter sa propre histoire à travers les chapitres qui lui sont dédiés et que l'on retrouvera dans les 4 parties du livre. Van, Laure, Lou et… Ulma se croisent tour à tour au fil des pages et se racontent avec leur failles, leurs errances et leurs blessures… Tous les personnages sont attachants, agaçants, en demande d'amour et c'est ce qui les rend si humains et si présents.

Peu, voire pas de dialogues, juste de longues narrations sur les ressentis et les sentiments de chacun et leur façon d'affronter les choses. Pourtant ça n'est jamais ennuyeux ou long car le texte est tellement beau qu'on se laisse complètement bercer par les mots et le style de l'auteur.

J'ai été complètement conquise par ce roman et surtout par l'écriture de l'auteur particulièrement fluide et poétique. le vocabulaire est riche, chaque mot est à sa place. La langue est parfaitement maîtrisée et on sent immédiatement que l'auteur aime jouer avec toutes ses possibilités. La langue est pour moi un acteur à part entière de son roman avec son propre rôle à jouer à travers les personnages : van est un puriste, il voyage à travers les mots et les auteurs qu'ils affectionnent et aimerait que sa fille suive ses traces. Tout son vécu est lié à cette langue qui lui a offert les clés d'une autre vie. On ressent tout de suite l'exigence de l'auteur pour cette langue qui peut être tellement cruelle, on peut blesser, tuer et aimer avec les mots et ce roman en est la parfaite illustration. C'est émouvant, amer, déroutant… et j'ai été complètement embarquée par ce roman du début à la fin.
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Linda Lê nous place d'emblée dans une situation atypique puisque l'un des narrateurs, Van, nous parle de sa tombe. Et, encore plus étrange, c'est sa femme, Lou qui a lancé sa voiture sur lui alors qu'il sortait de chez sa maîtresse eurasienne, Ulma.
Tour à tour, chaque personnage (Van, Lou, Ulma et Laure la fille de Van) prend la parole.
" Je laisse derrière moi trois femmes auprès de qui j'ai appris la signification du mot AMOUR, amour conjugal, amour paternel, amour défendu, trois femmes que je n'ai probablement pas su aimer comme il fallait, puisque ce que je prodiguais à l'une, je le retirais à l'autre..."
Du fond de sa tombe, van explique son lien avec le Vietnam (une enfance un peu similaire à celle de l'auteur). Il a peu connu son père engagé avec les Nord-Vietnamiens, fidèle à Hô Chi Minh, qui mourra au combat d'une rupture d'anévrisme. Sa mère, francophile le pousse vers la culture européenne et lui fera quitter le Vietnam avant la guerre avec le Cambodge.
En France, il épouse Lou, fille d'une bretonne xénophobe. Passionné d'art et de littérature, il travaille comme correcteur pour des maisons d'édition. Depuis la mort de sa mère, plus rien ne le rattache à son pays d'origine. Jusqu'au jour, peut-être où il rencontre Ulma, fruit de la rencontre de Justine, paumée droguée et d'un vietnamien contestataire de passage à Paris.
" Ulma était, comme moi, double, une partie d'elle avait ses amarres, quand l'autre flottait à la dérive, une partie d'elle était à peu près au diapason, quand l'autre ne pouvait s'harmoniser avec rien."
Chaque personnage a ses regrets, ses blessures d'enfance. Laure, adolescente gothique en conflit avec son père, regrette son comportement et se rappelle tout ce que ce père de grande culture lui faisait découvrir. Comme van ou Ulma, elle cherche à présent ses racines.
Linda Lê allie le côté léger de certaines situations avec la profondeur des personnages partagés entre deux cultures et marqués par des enfances difficiles. Et j'aime lorsqu'un auteur enrichit mon langage (eschatologie, éréthisme, coquecigrues....), ma culture tout en me racontant une histoire.
Lien : http://surlaroutedejostein.o..
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Les chapitres, présentés à tour de rôle dans la bouche de l'un des protagonistes, clairement identifié (ouf), sont regroupés autour du déroulement d'une journée métaphorique (au coeur de la nuit, aube, midi, crépuscule), puisqu'en fait, ils se déroulent sur des mois avec des retours sur des dizaines d'années, et non sur le récit d'une journée. Une langue riche et ciselée, qui me convient beaucoup mieux que l'écriture trop familière de Les affreux de Chloé Schmitt. le récit est l'occasion d'aborder la question de l'émigration, l'histoire du Vietnam dans les années 1960-1970, de l'intégration dans la société française : la belle-mère bretonne n'a jamais accepté le choix de sa fille de vivre avec un étranger, van a perdu l'usage de sa langue maternelle et s'est toujours refusé à retourner au Vietnam. Si j'ai apprécié la lecture, c'est aussi parce que ces sujets ne me sont pas totalement étrangers, sinon, il me semble qu'il vaut mieux lire rapidement un livre sur l'histoire du Vietnam avant de se lancer dans ce roman dont la lecture nécessite un certain nombre de pré-requis historiques, mais aussi un bagage lexicologique conséquent.
Lien : http://vdujardin.com/blog/ar..
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Il n'avaitque la quarantaine quand sa femme a foncé sur lui au volant de sa voiture et l'a écrasé. Aujourd'hui, enterré au cimetière de Bobigny, il se livre à une sorte d'introspection.
Comment en est-il arrivé là, lui le correcteur nihiliste, passionné des mots, exilé politique après la prise de pouvoir des Nord-Vietnamiens en 1975 ? Il avait tout laissé derrière lui, sa mère qui a économisé sou après sous pour lui offrir une nouvelle chance de vie en France, ses souvenirs, Puis, il avait rencont'é Lou, petite Bretonne devenue au fil des ans jalouse, excessive, autoritaire et avec qui il a eu une fille, Laure, jeune adolescente aux prises avec la rébellion de son âge.
Dans le silence de la mort, van fait un flash back sur sa vie sentimentale, familiale et professionnelle. Lui qui aurait pu devenir un brillant universitaire, a préféré travailler dans l'ombre comme correcteur dans les maisons d'édition.
Alors que son mariage bat de l'aile, il rencontre Ulma, la belle Ulma qui, on l'apprendra plus tard est la cause indirecte de sa mort.

« Il lul lui fallait du nouveau, quand notre vie conjugale n'engendrait que du déjà vu. Il lui fallait du l'insolite qui l'aurait régénéré. La lettre d'Ulma, coup de tonnerre dans un ciel apparemment serein, le contraignait à sortir de sa coquille ».

Mais qui est cette Ulma ? Quels sont les véritables liens qui l'unissent si étroitement à elle ? van lui-même ne se l'explique pas

« Je n'aurais pas aimé Ulma avec cette passion frénétique si elle n'avait pas été révélatrice de ce qu'il y a de plus obscur en moi. (…) Nous étions comme deux fragments d'un même vase qui s'ajustaient merveilleusement l'un à l'autre (…) L'aimer, c'était pour moi qui m'étais toujours senti en exil, me découvrir une patrie, n'être plus étranger en phase avec personne ».

Tour à tour, chacun des personnages devient le narrateur de cette histoire, confiant leur ressenti comme dans un journal intime partagé. C'est un roman à quatre voix sans aucun dialogue puisqu'il traite de l'incommunicabilité au sein de la famille, la méconnaissance de l'autre, de l'exil sous toutes ses formes. C'est un roman sur l'appartenance à une culture, sur la quête d'identité servi par un style épuré mais puissant. L'auteur semble insister sur la cruauté des mots, leur traitrise, leur pouvoir. Ils servent autant à aimer qu'à blesser, voire tuer. Ici, c'est la mort qui délie les langues, les mots courent sur les pages du journal intime, teintés pour certains de remords pour d'autres de tentatives d'explications. Un roman subtil, passionnant, en un mot… BEAU !

Lien : http://Dominique84.over-blog..
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Quel plaisir de retrouver la plume de Linda Lê ! Après le complexe de Caliban et A l'enfant que je n'aurai pas, c'est son tout dernier, Lame de fond, qui m'a accompagné ces quelques jours.

Que ce soit un mort qui raconte son histoire m'a tout de suite semblé intéressant et intrigant. le récit est en fait choral car il alterne les voix de van (le père de famille), Lou (sa femme), Laure (leur fille) et Ulma (la maîtresse). van débute la prise de parole avec ce qui semble être une confession, celle de sa vie qui n'a pas été rectiligne et ni même tournée vers un même but, la justice. Fils d'un père vietnamien, c'est un déraciné qui a appris le français en s'installant dans sa jeunesse en France, grâce aux sacrifices de sa mère. Il y a trouvé une terre d'adoption accueillante où la culture s'est mêlée à son métier puisqu'il est devenu correcteur (ironie pour un expatrié). de sa rencontre avec Lou, s'est fondée une relation forte bâtie sur un mariage et la naissance de leur fille unique, choyée et portée à devenir une brillante jeune femme.
En somme, la relation familiale est on ne peut classique avec un duo de parents présent et avec leur progéniture, parfois très en rébellion. L'élément déclencheur qui fait basculer tout l'équilibre patiemment établi, c'est Ulma, l'intruse qui était bien là à l'enterrement. Quelle est son implication dans le malheur survenu? Quel lien entretenait-elle avec Van?
Le mystère ne demeure pas longtemps car on apprend que c'est Lou qui a renversé Van, de son plein gré et par jalousie fomentée dans le temps. le nerf du problème n'est donc pas de savoir qui a fait cela mais plutôt pourquoi et comment l'acte dramatique a-t-il pu avoir eu lieu.
Même si l'homme n'est plus, il a toujours voix au chapitre, entouré de ses trois femmes essentielles de son vivant. Car à l'heure où il faut aller de l'avant, chacun s'appesantit et prend sa part de faute et de culpabilité.
Je crois que ça ne se commande pas mais je suis extrêmement sensible au style de Linda Lê. Son ton n'est pas au jugement mais à l'expiation par la parole. Et elle raconte si bien !

Je la relirai car certains passages m'ont bouleversée comme celui-ci où la fille part d'un fait pour offrir une série de négations de tout ce que son père ne fera plus avec elle. Je me suis arrêtée en cours de page mais ça se poursuit encore et encore et c'en est obsédant. Quelque part, ça prend aux tripes !

Il y a les histoires d'amour, celles qui durent et celles qui, éphémères, peuvent tout briser. Ici tout y est et le quatuor infernal pourrait bien arriver à sa perte avec l'éviction du seul homme. Cela reste à voir et, seule certitude, c'est ingénieusement mené !

Linda Lê, une auteur à retenir ! La rentrée littéraire de septembre recèle bien des perles, preuve en est.
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Alors que Linda Lê vient de décéder, dans le premier chapitre de ce roman choral, le personnage van raconte son enterrement.
4 personnages relatent les évènements qui ont conduit à ce drame et 4 parties sont nécessaires à l'autrice pour reconstituer l'histoire du Vietnamien van et de la Bretonne Lou, couple uni jusqu'à l'arrivée en France de la demi-soeur de Van, Ulma.
Le procédé narratif est un peu artificiel mais l'écriture sonne juste et analyse avec finesse les sentiments des uns et des autres. le personnage de Laure encore adolescente à la mort de son père est le plus émouvant. le même problème est à l'origine de grandes souffrances familiales : la quête d'identité et les conflits mère/fille.
Bonne lecture.
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Van nous écrit d'outre-tombe. Sa femme l'a renversé en voiture, alors qu'il sortait de chez sa maîtresse.
Peu à peu, les trois femmes de sa vie prennent la parole: Lou, son épouse, plutôt classique, sa fille Laure, punkette gothique et Ulma, sa maîtresse, une belle eurasienne.
Sur une journée, du milieu de la nuit au crépuscule, chacun raconte son histoire, son identité, son rapport aux autres et sa vision des derniers mois.
Lou et Laure le font à travers leur journal et Ulma sur le divan de son psy. Chacun témoigne avec sa sensibilité et son propre langage, du plus soutenu au plus argotique.
La lame de fond de ce récit est une lettre reçue qui provoquera un séisme en révélant un secret et à l'origine d'une passion fatale.

Ce livre aborde la complexité de l'identité et des rapports familiaux, le deuil, la culpabilité, l'exil.
Van est d'origine vietnamienne, parfaitement intégré en France et ardent défenseur de la langue française. Il a d'ailleurs presque oublié sa langue maternelle. Lou a rompu avec sa mère bretonne et xénophobe qui n'a pas admis son mariage avec Van. Elle ne retournera jamais en Bretagne. Sa fille est métissée, tout comme Ulma née d'une aventure entre une mère française et un soldat viet-minh.

Je me suis laissée emporter par cette lame de fond, j'ai aimé la construction de ce roman et la richesse de la langue de Linda Lê et j'ai été touchée par chacun des personnages.
Encore un très bon roman de cette rentrée littéraire.

Lien : http://leslivresdechris.blog..
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J'aime la structure même du livre à quatre voix. Comme une histoire à facette, savoir comment une histoire est vue, vécue par les protagonistes. Ça tourne autour du sentiment amoureux quand il fait mal, quand il révèle, quand il fait grandir. Moment intense pour moi en résonance avec ce que je vis actuellement. Les mères peut être un peu trop caricaturales. Je ne veux pas dire qu'elles n'existent pas mais là ça fait un peu chaudron.
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Il s'agit d'un roman polyphonique, découpé en quatre grandes parties, elles-mêmes composées de 4 chapitres. Chaque chapitre reprend le témoignage d'un des protagonistes : Van, Lou, Laure et Ulma, la maîtresse de Van. Chacun raconte son ressenti face à la mort de van et se remémore des moments importants de sa vie. On découvre alors peu à peu comment la famille s'est disloquée, suite à une rencontre improbable mais inévitable.

Ce roman, largement autobiographique dans le traitement des personnages, m'a beaucoup touchée : le passé douloureux de Van, le cruel manque d'affection d'Ulma ou encore le mal-être de Laure sont racontés de manière assez poignante. Je ne connaissais pas Linda Lê et la lecture de Lame de fond a été une très bonne surprise ! Je pense donc me pencher rapidement sur le reste de son oeuvre.

Les thèmes développés dans ce roman sont assez noirs (l'exil, la guerre, l'absence de communication ou encore la trahison) et sont propres à la littérature d‘auteurs francophones d'origine étrangère. En effet, comme son personnage,Linda Lê est elle aussi une vietnamienne émigrée à Paris.

Le style de l'auteure est parfois assez difficile à soutenir, dans le sens où elle utilise de nombreux archaïsmes ou des mots assez rares, obligeant son lecteur à recourir au dictionnaire pour les comprendre. Par contre, elle a su adapter ses niveaux d'écriture à la personnalité de chacun de ses personnages, à tel point qu'il ne serait même pas nécessaire de préciser qui « parle » au début de chaque chapitre : van et Ulma ont un style plus verbeux, Lou utilise un vocabulaire et une syntaxe plus classique tandis que Laure reprend les expressions typiques d'une adolescente de 16 ans.

La lecture de ce roman m'a également donné envie d'en apprendre davantage sur l'histoire du Vietnam et l'Asie en général, chose que je connais fort peu.

C'est donc un très joli roman, parfois assez dur, que je conseille à ceux qui voudraient découvrir ce que nous réservent les auteurs francophones. A noter que, comme le reste de son oeuvre, Lame de fond a connu une très bonne réception auprès des critiques littéraires.
Lien : http://maghily.wordpress.com..
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