Face à la crise pétrolière du début des années 70, le gouvernement français résolut de devenir plus autonome en matière d'énergie. Et pour ce faire, développer son parc nucléaire. L'un des endroits choisis pour l'installation d'une centrale était Plogoff, à la pointe du Raz. Malgré les perspectives d'essor économique et d'emplois générés sur le site et ses environs, la population locale s'est vite rebiffée. A coup de manifestations pacifistes, puis, la présence des forces de l'ordre s'intensifiant, un peu plus agressives (lances-pierre). La ténacité des opposants force l'admiration et le respect, leur combat a duré de 1973 à 1981.
Cet album rappelle comment s'est développé le nucléaire en France, envers et contre l'approbation des populations, et quelles que fussent les promesses gouvernementales, de droite, puis de gauche, de limiter son expansion. "Depuis 1982, 39 réacteurs ont été mis en service en France. Pour 11 d'entre eux, la construction a démarré en 1982 ou dans les années qui ont suivi. Depuis lors, la production d'électricité en France est dominée par le nucléaire. Les crédits destinés aux énergies renouvelables ont chuté puis stagné dans les années 1980, alors que ceux du nucléaire atteignaient des niveaux sans commune mesure. La France est maintenant le deuxième producteur mondial d'électricité d'origine nucléaire au monde en termes de puissance installée. En 2012, elle exporte l'équivalent de la production de 8 réacteurs." (p. 190)
Une BD très intéressante, enrichissante, une nouvelle illustration de "coopération" entre politiques et lobbys industriels - mais pourrait-il en être autrement dans un tel système économique ?
Lors de cette lecture, on ne peut s'empêcher de penser à la lutte en cours contre la construction de l'Aéroport de Notre-Dame des Landes, mais vu la façon dont a été résolu le 'problème Plogoff', la probabilité qu'un tel concours de circonstances se présente ici est faible (voire nulle).
Le bémol sur cet ouvrage : les mesquineries de certaines femmes à l'égard des jeunes hommes du service d'ordre - facile de s'en prendre à ceux qui sont juste en première ligne.
Quels sont les évènements relatés dans cette bd ? Il s'agit de l'affaire de Plogoff une charmante petite commune située en Bretagne au bord de la mer à l'extrémité de la pointe du raz. L'affaire de Plogoff désigne le projet d'installation d'une bonne centrale nucléaire sur cette commune. Ce projet va entrainer la mobilisation de toute une population entre 1975 et 1981. Les manifestations ont abouti finalement à son abandon.
En effet, en mai 1981, François Mitterrand est élu président de la république et le nouveau gouvernement socialiste décide l'abandon du projet. C'est notamment grâce à cet homme providentiel que les habitants de ce charmant village d'irrésistible breton ont mis fin à l'occupation des forces impériales de l'ordre giscardien. N'oublions pas que ce dernier avait déclaré en 1978 qu'aucune centrale ne serait construite sans l'accord des habitants : un mensonge de plus de la part de nos gouvernants.
Le dessin ne brillera pas par sa beauté graphique du fait d'un très simple et de l'absence de couleurs. Ce n'est pas là où l'accent a été mis dans ce documentaire. J'aurais sans doute aimé plus de neutralité journalistique. La maîtrise de l'énergie nucléaire permettra sans doute à l'homme de conquérir un jour l'espace. Non, nous avons droit juste à une opposition systématique sans explication, sans donner la parole à ceux qui souhaitent fournir de l'électricité à la plus grande partie de la population. On agite les peurs d'un big one en Bretagne et d'un raz de marée engloutissant une centrale nucléaire à l'image de ce qui s'est produit au Japon à Fukushima. le fait de penser qu'un avion pourrait percuter un tel édifice est également un anachronisme au milieu de ces insouciantes années 70.
Maintenant, ce qui me plaît, c'est quand un peuple dit non. Il faut respecter sa parole et non imposer le projet sous d'autres formes plus pernicieuses. On se souvient tous du déni de démocratie en contraignant la France à s'intégrer à l'Europe en 2006 au traité de Lisbonne malgré le non massif au référendum. C'est l'exemple qui m'est venu à l'esprit au moment où la Grèce a dit non. Bref, l'objet de cette bd militante est de démontrer comment une mobilisation populaire pouvait venir à bout d'un projet imposé à coup d'hélicoptères de l'armée et de véhicules blindés. C'est clair qu'il fallait bien cela contre la bretonne et l'orphelin car ils sont coriaces ces gens-là.
Autre chose de juste : la dérision des enquêtes d'utilité publique qui ne sont en fait qu'un leurre aboutissant toujours au même résultat. On sent bien qu'il y a tout un semblant de démocratie. C'est une réflexion bien juste dont j'ai personnellement fais les frais très récemment. Tout peut se construire à côté de chez soi. le nucléaire s'est développé en France contre l'approbation des populations car l'objectif était l'indépendance énergétique du pays après la crise pétrolière de 1973. La raison d'état contre de simples individus.
Plogoff, c'est une bataille féroce gagnée par le peuple soucieux de son environnement. Cela force l'admiration. Une bd reportage qui nous restitue l'ambiance de cette époque.
Récit d'une mobilisation bretonne contre l'implantation d'une centrale nucléaire dans la baie des trépassés. Sans violence ou presque (des cailloux contre des lacrymogènes), les habitants ont fait plier les pouvoirs publics (avec l'aide de l'élection de Mitterand, également).
C'est la première BD qui s'intéresse à cette mobilisation. Les auteurs se sont rendus sur les lieux, ont interrogé les acteurs (ceux encore vivants). Une BD plutôt de reportage, qui restitue assez bien l'ambiance de l'époque, même si elle est moins engagée qu'Un homme meurt de Davodeau et Kriss.
Après le choc pétrolier de 1973, la France passe au tout nucléaire. Plogoff, commune de Bretagne, est retenue pour l'établissement d'une centrale. de l'incompréhension des habitants naît la contestation puis la résistance.
Prix Tournesol 2014 au Festival d'Angoulême, Plogoff est la chronique d'une bataille féroce entre le gouvernement de Giscard d'Estaing et la population déterminée de cette petite commune bretonne.
Lorsqu'à la fin des années 70, la commune de Plogoff est retenue pour ce projet de construction de centrale nucléaire, c'est tout d'abord des habitants curieux qui apprennent la nouvelle. Mais rapidement, grâce à des comités d'informations, la population refuse catégoriquement de voir se monter cette centrale, au pied de la Pointe du Raz.
Soucieux du bien-être de leur environnement et surtout du leur, ils comptent bien sur les paroles du président de l'époque : » Il ne saurait être question d'imposer aux Français un programme nucléaire auquel ils seraient profondément opposés après avoir été complètement informés. » afin de voir l'annulation pure et simple de cette implantation. Ils devront hélas faire face au pouvoir « tout-puissant », aux promesses non tenues et c'est dans un long combat, parfois violent, que les habitants de Plogoff devront s'engager.
Extrêmement bien documentée grâce à un film notamment et à tous les acteurs présents lors de la lutte, la bande dessinée de Delphine le Lay et Alexis Horellou offre un beau témoignage de la mobilisation qui a animé, non seulement cette ville mais également une bonne partie de la Bretagne. A travers cette résistance, on découvre la force de l'union, de l'entraide et de la mobilisation générale.
Un formidable témoignage qui rappelle également que si cette centrale avait vu le jour, à un endroit tout à fait inapproprié, le drame de Fukushima aurait aussi pu avoir lieu chez nous…
[ Plogoff, manifestation contre le projet de centrale nucléaire, 6 mars 1980 ]
- Vous êtes de Plogoff ? Pourquoi êtes-vous ici aujourd'hui ?
- Je ne suis pas de Plogoff, non. Je suis de Plonëour. Et tous les jours je vois les cars de CRS passer, en route pour Plogoff. Le seul fait de les voir passer, comme ça, aussi nombreux, chaque jour, me terrorise. J'ai l'impression qu'on est en guerre. Je ne suis pas de Plogoff, mais je soutiens ces gens qui subissent des violences quotidiennes simplement parce qu'ils s'opposent au projet du pouvoir central.
- Ils sont jugés aujourd'hui pour avoir été violents. On montre du doigt leur violence de résistance et on oublie la violence institutionnelle, organisée, c'est de l'hypocrisie.
Rendez-vous compte que le Président Giscard avait promis qu'aucune centrale ne serait faite si les gens n'étaient pas d'accord. Et voyez où on en est à Plogoff ! **
(p. 157)
** "Il ne saurait être question d'imposer aux Français un programme nucléaire auquel ils seraient profondément opposés après avoir été complètement informés." (V. Giscard d'Estaing, le Monde, 26/01/1978)
... L'essentiel est de savoir pourquoi la violence naît dans une société. Elle est le cri de ceux qui ne peuvent plus parler.
[Plogoff, 1975]
- Ce que je comprends, c'est qu'il faut se méfier de cette centrale. Le nucléaire, c'est une cochonnerie pour nous, pour la mer, pour la terre... Il faut refuser que ça se fasse.
- Moi, je pense aussi. Pas chez nous en tout cas.
- Nulle part, Yvette ! Nulle part.
(p. 19)
Reprenez vos occupations. Vous avez sauvé la démocratie pour laquelle nous étions prêt à nous battre. ensemble, nous avons gagné la première manche. Nous le répèterons encore et toujours : nous refusons la centrale atomique. C'est quand même un peu notre affaire ! Dans quelques mois, s'ils reviennent à la charge, s'ils nous représentent le même plat réchauffé, nous leur répondrons de la même manière.
Mais aussi de la peinture rouge. Ils lâchent despetits sachets de peinture rouge sur les gens. Tu verrais mon manteau... On jurerait que je me suis pris une balle. C'est plus une enquête... C'est une guerre psychologique.
Je suis un physicien tête-en-l'air et un peu dur d'oreille. J'apparais pour la première fois dans "Le Trésor de Rackham le Rouge". Mon personnage est inspiré d'Auguste Piccard (un physicien suisse concepteur du bathyscaphe) à qui je ressemble physiquement, mais j'ai fait mieux que mon modèle : je suis à l'origine d'un ambitieux programme d'exploration lunaire.