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EAN : 9782020505635
191 pages
Seuil (21/05/2002)
3.74/5   17 notes
Résumé :
Un homme seul, aveugle, engoncé dans sa nuit, retrace le parcours de son existence, toujours accompagnée par la pensée du suicide. Enfant, il est pris dans des querelles infernales entre un père peintre raté, velléitaire, qui regarde son fils "grandir comme on regarde grossir une tumeur", et une mère, avide de richesse et de pouvoir, castratrice épouvantable. C'est dans ce quotidien meurtri, scandé par les humiliations et les déceptions, que le narrateur rencontre l... >Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Les aubes du titre sont, à l'image du kimono qui ceinture le livre et à l'image de la couverture de l'édition de poche, un vêtement qui se veut linceul. « Quel Dieu pouvait-il invoquer pour le sauver du néant quotidien ? » « [...] pour ne pas être éclaboussé par le médiocre, gagné par l'absurdité, je me terrais dans ma tanière et demandais aux livres de me transporter vers les contrées dont le froid et la glace purifient la souillure d'être au monde. » Peut-être que le véritable défi de l'écriture c'est de faire cascader toute cette «matière » à la fois, en utilisant à merveille la cautèle de mots comme fil rouge de la croyance qu'il n'est pas simplement question d'une porte dessinée sur un mur, mais d'une véritable issue. Les prénoms des personnages de Linda Lê (ici : Vega, Forever, Sola, comme ailleurs Personne, Sirius, Morgue, Karaci, Katimini, Ebua) me rappellent la chanson en trois parties de Camille sur l'album « le fil», Janine. Écoutez, lisez, tressez ! «Appelle-moi par mon vrai nom/c'est la seule chose qu'il me reste.»
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L'oeuvre de Linda Lê a une sorte de chronologie, si l'on peut s'exprimer ainsi. En l'occurrence, "Les Aubes" succède à un plusieurs livres très noirs (au moins depuis 1997), quoique je ne puisse guère être très affirmatif là-dessus, ne les ayant pas lus intégralement. Tout ce prélude un peu (?) pédant pour introduire le roman dont il est question et qui, s'il reste un tantinet austère, est le début d'une ouverture qui pour moi n'a pas cessé de se confirmer depuis. Au chapitre "austère" : un long monologue plus ou moins intérieur que le personnage principal adresse à sa bien-aimée, Vega et dans lequel il dévoile sa biographie. Pour ne rien révéler de l'intrigue, j'indique simplement qu'on y apprend quelques malheurs desquels jaillit, lumineuse, sa vénération pour une femme rencontrée pendant son enfance, Forever et son admiration pour une certaine Sola, dont j'ai su, bien après la lecture, qu'il s'agissait d'Ingeborg Bachmann. En somme, la littérature sauve... et cela ne fait que commencer.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
La grâce. Quand je songe à Forever, c'est le premier mot qui jaillit dans mes pensées. Elle était douée de l'immatérialité d'une fée et animée par l'incandescence mystique d'une sainte. En elle se rejoignaient l'orgueil d'un être singulier et l'humilité d'une servante que le savoir a habituée à la connaissance de soi, laquelle rend fier quand on se compare, humble quand on se considère. Elle était née pour donner au monde un surcroît de beauté mais le monde n'était pas fait pour contempler ces beautés intérieures où l'intelligence et la compassion se rencontrent.
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Maintenant encore, mon père n'avait à la bouche que désir d'infini et regret des heures où, emporté dans le contre-monde dont sa peinture lui suggérait les reliefs, il rêvait à l'harmonie rebelle des couleurs. Le démon l'avait terrassé et le jeune alchimiste qui mêlait son sang à la palette pour trouver la nuance du feu originel, il ne restait que la dépouille d'un homme auquel la mue automnale avait ôté son manteau magique pour ne lui laisser qu'un vieille pelure mondaine, vulnérable comme un sceau de cire sur une enveloppe dont la lettre s'était perdue.
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Celui qui quitte le monde, laisse derrière lui le banquet qui bruisse de toutes les rumeurs ineptes, de tous les ragots dégradants pour se réfugier dans la solitude et n'échanger qu'avec les morts et les grands esprits ses certitudes, est immanquablement jugé fou. Il faut être fou pour refuser la distraction du cancan, le divertissement des masques et se retrouver seul, à questionner son visage nu et à s'entretenir avec soi-même des fins dernières. Une telle attitude est un défi. Elle suppose une ténacité surhumaine.
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Quelquefois quand ils étaient très petits, la mère les emmenait voir la nuit de la saison sèche. Elle leur disait de bien regarder ce ciel, bleu comme en plein jour, cet éclairement de la terre jusqu'à la limite de la vue. De bien écouter aussi les bruits de la nuit, les appels des gens, leurs rires, leurs chants, les plaintes des chiens aussi, hantés par la mort, tous ces appels qui disaient à la fois l'enfer de la solitude et la beauté des chants qui disaient cette solitude, il fallait aussi les écouter. Que ce qu'on cachait aux enfants d'habitude il fallait au contraire le leur dire, le travail, les guerres, les séparations, l'injustice, la solitude, la mort. Oui, ce côté-là de la vie, à la fois infernal et irrémédiable, il fallait aussi le faire savoir aux enfants, il en était comme de regarder le ciel, la beauté des nuits du monde.
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La littérature n'est pas faite pour les acquittés, elle n'est pas faite pour les élus. Elle est dans le camp des victimes et des sacrifiés, dans le camp des condamnés qui essayent comme moi, de trouver leur salut et qui se cassent les dents.
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Videos de Linda Lê (20) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Linda Lê
Lecture de Jean-Marie Gleize: une création originale inspirée par
Une série de créations littéraires originales inspirées par les collections de la BIS. Ce cycle est proposé par la Maison des écrivains et de la littérature (Mel) en partenariat avec la BIS. Un mois avant la restitution, l'écrivain est invité à choisir un élément dans les fonds de la BIS. Lors de la rencontre publique, « le livre en question » est dévoilé.
Saison 4 / 2020 : Linda Lê, Arno Bertina, Muriel Pic, Jean-Marie Gleize, Jean-Christophe Bailly.
Chaque saison donne lieu à la publication d'un livre aux éditions de la Sorbonne "Des écrivains à la bibliothèque de la Sorbonne": * saison 1 : Pierre Bergounioux, Marianne Alphant, Arlette Farge et Eugène Durif paru en septembre 2018. * saison 2 : Jacques Rebotier, Marie Cosnay, Claudine Galea et Fanny Taillandier, paru en septembre 2019. * saison 3 : Hubert Haddad, Line Amselem, Christian Prigent, Mona Ozouf, Laure Murat, publication prévue en septembre 2020.
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