Marianne avait acheté
le paracétamol, juste pour prolonger
le geste de son amant.
Ces comprimés, elle les avait conservés
comme un trésor. C'était finalement
le seul cadeau qu'elle ait jamais
reçu de lui.
Peut-être que quand il sera si transparent qu'on verra à travers lui, il abandonnera enfin. Il restera là, traversé par le vent.
Ce vent si fort et si doux qu'il n'entendra plus ses propres pensées.
J'avais choisi la psychiatrie sans hésitation, car c'était la moins médicale des spécialités, la plus narrative aussi.
La liste des choses à faire, soupçonnée soutenir Paul, le motiver et l'accompagner dans sa journée, le convoquait quotidiennement en duel.
Ce qui est inconnu ou étrange étant souvent perçu comme menaçant, l'amoncellement de tant de madeleines dans un même caddie nourrissait l'imagination de ses voisins des scénarios les plus catastrophiques.
Au moins, cela les faisait taire.
Et Jeannette s'en félicitait.
Il préférait pour le moment ne pas s'avouer que son illusion de contrôle n'était en fait qu'une rechute.
Je préfère l'ignorer comme on se garde de parler au médecin d'un symptôme qui nous effraye pour nier son existence.
Il faut mettre un terme à cette dépendance aux listes, Paul.
Elle n'est que le reflet de votre crainte de ne plus être utile, de disparaître.
Il préférait pour le moment ne pas s'avouer que son illusion de contrôle n'était en fait qu'une rechute.
Le débat était toujours le même : les réanimateurs vantaient la bonne santé de Marianne au psychiatre un peu comme on le ferait du bétail sur une foire et le psychiatre préférait attendre qu'elle soit en parfait état pour l'accueillir dans son service.