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191x - La Grande Guerre (Le Naour) tome 1 sur 5
EAN : 9782262030346
408 pages
Perrin (08/11/2012)
4.35/5   43 notes
Résumé :
En 1914, l'obsession de la guerre hante l'Europe. Avant même que l'attentat de Sarajevo n'allume la mèche de la poudrière balkanique, elle occupe les esprits, s'affiche à la une des journaux, s'invite dans les conversations et les discours politiques. Sans que l'on n'y croie vraiment. Pourtant, en quelques jours à peine, le monde bascule dans un engrenage qui va le broyer. La guerre s'impose comme la plus rapide des solutions pour conduire à l'émancipation des natio... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
J'ai eu du nez de regarder « La Grande Librairie » le soir où Jean-Yves le Naour venait y faire sa promo. J'ai su immédiatement que je lirai sa série sur la première guerre mondiale. La parution en poche prenant du temps, je ne commence que maintenant par la première année : 1914.

« Un livre qui se lit comme un roman », annonce-t-on en quatrième de couverture. Quand même pas, mais pas loin. L'auteur a la faculté de nous rendre vivante le début de cette tragédie, vivante selon un nombre considérable de points de vue. Il fait revivre les acteurs, lisant presque leur pensée grâce aux extraits de leurs mémoires ; les acteurs individuels, mais aussi l'opinion, les foules et les troupes qui sont des acteurs à part entière. Il nous rend palpable la perte de contrôle des diplomates qui mène à la guerre, les haines que les peuples éprouvent les uns envers les autres et l'épouvantable massacre des premiers mois, là aussi grâce aux mémoires et aux extraits de journaux.

De cette guerre, je ne connaissais que les images d'Épinal qui ont été balayées comme les français à la bataille de Charleroi. Je pensais que la guerre n'avait été que le résultat de la mécanique des Alliances ; c'était ignorer l'incroyable jeu de poker auquel se sont livrés les diplomates de tous les pays pendant un mois. La paix, la guerre, ils jouaient sur les deux tableaux à coup de menaces, de mensonges, de sincérité aussi ; le premier qui mobilise a perdu. Ce que j'en retiens, c'est que les diplomates ont joué un jeu de rôle grandeur nature et ont été abasourdis que cette guerre en soit le résultat final, même les allemands et les austro-hongrois sur lesquels le Naour fait finalement peser la plus grande responsabilité.

Le comportement des partis politiques et des syndicats en France m'était inconnu. La gauche avait ici l'occasion de s'opposer à ce massacre organisé entre les nations en refusant d'y prendre part, en déployant « la guerre à la guerre » de Jaurès chez les travailleurs de tous les pays. L'assassinat de Jaurès aurait pu les pousser dans cette direction. Mais la méfiance existait, le patriotisme aussi, et la gauche renonça en prétendant qu'il s'agissait d'abord de sauver la République de l'impérialisme aristocratique. Ce renoncement s'est fait au grand dam de la droite dont les plus extrêmes étaient prêts à emprisonner voire abattre tous les traitres de gauche. Les extraits de journaux de l'Action Française en particulier, font froid dans le dos. A côté de ces gens, le Pen est un bisounours.

Je ne connaissais pas non plus – mais cela ne me surprend pas vraiment – le comportement irrationnel des foules : la chasse aux allemands en France, en fait tous ce qui avait un accent un peu fort étaient massacrés sur place, la vitesse de diffusion des rumeurs les plus stupides comme ces allemands déguisés en femmes qui auraient jeté des friandises empoisonnées aux enfants pour éliminer dans l'oeuf la « race » française.

Et bien sûr, j'ai beaucoup appris sur le déroulement de la guerre durant ces premiers mois. le plan Schlieffen appliqué à la lettre par les Allemands et la stratégie plutôt risquée de Joffre qui consiste à les laisser venir par la Belgique pour les découper en passant par le ventre mou de la Lorraine. Qu'il croit. Joffre ne parle à personne de ses plans, surtout pas aux politiques, et n'accepte aucun conseil. Et ces braves généraux français qui nous refont Azincourt en habillant les soldats de pantalon couleur garance (un rouge bien vif) et en les lançant à l'assaut comme une honorable infanterie se doit d'agir. Ils seront reçus par des bombardements et des mitrailleuses terrifiants. Un carnage de chair à canon. Bravo les tacticiens !

L'humour n'est pas complètement absent du récit. le Naour est parfois d'une ironie douce aux oreilles dans ses descriptions des bobards balancés par la presse. Et on ne peut manquer de trouver amusante, quoique avec un peu de cynisme, certains comportements comme ces français passionnés par l'affaire Henriette Caillaux, la femme de l'homme politique Joseph Caillaux qui assassine le directeur du Figaro, alors que la situation internationale se dégrade, ou ces soldats incorporés tardivement et qui se retrouve avec des pantalons trop longs et des chapeaux melon en guise de casque.

Je vois que je suis un peu long. Je terminerai donc en disant que j'ai tout de même une déception : celle que le Naour nous décrive surtout les évènements vus de France. A part la partie diplomatique bien balancée entre tous les acteurs européens et le dernier chapitre qui résume les évènements sur le front de l'Est et en Asie, on se concentre sur l'opinion française, les partis politiques français, les foules françaises, les lettres de soldats français. Il était certainement plus facile de trouver de la documentation en France pour l'auteur, mais je suis sûr que les Russes, les Autrichiens ou les Allemands ont aussi dû laisser des témoignages que j'aurais bien aimés lire. L'occasion de présenter cette guerre comme monstrueuse de tous les points de vue est ratée. Mais peut-être les tomes suivants rectifieront ils le tir ?

Le tome suivant, il faut que j'attende sa publication en poche. En attendant, je lirai les quelques BD de l'auteur où des évènements précis de ces quelques premiers mois sont décrits.
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Ce livre est une véritable plongée au coeur de l'année 1914 ! Mois par mois, semaine par semaine, et même à certains moments: jour par jour.
Une immersion absolument passionnante dans tous les aspects de cette funeste année : tant au niveau social, qu'économique, politique, militaire etc. Tous les angles de vue sont abordés, que ce soit celui des dirigeants , celui des poilus ou des civils. Celui des Français, des Allemands, ainsi que des autres nations. La petite histoire comme la grande Histoire s'y mélangent, rien n'est laissé ni oublié. Jean-Yves le Naour parvient à nous donner une vision plus que globale et extrêmement détaillée des événements de l'année 1914, avec une écriture fluide et vivante, même belle, qui nous immerge dans l'atmosphère de l'époque avec un grande facilité.
Parfois les détails concernant certaines batailles militaires ont pu paraitre un peu long dans le texte, mais ce ne fut que relativement rare.
Ce furent globalement 300 pages exceptionnelles, un très gros coup de coeur pour moi.
J'ai particulièrement été marquée par le chapitre intitulé "Dix jours qui ébranlèrent le monde", récit absolument dingue des tractations politiques internes et du jeu de dominos qui ont conduit à la déclaration de guerre. On a peine à croire qu'une poignée d'hommes ont ainsi décidé du destin de l'Europe dans une espèce de partie de ping-pong grandeur nature. En lire les détails exacts était très sincèrement sidérant. Ce chapitre vaut vraiment le détour.
De manière générale, le travail de recherche effectué par l'auteur pour écrire un ouvrage entier, d'une très grande qualité, sur une seule année (de même pour les suivants) a du être absolument colossal et je n'en suis que plus admirative.
J'ai littéralement adoré ce livre.
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Excellent!!!Ce livre d'Histoire se lit (presque)comme un roman:à côté des
faits historiques,il a le rare mérite de faire revivre les réactions,les
émotions,les craintes et les illusions du petit peuple,dans leur complexité,
leur déraison ou leur mobilité.Il fait aussi bonne justice aux images d'
Epinal : l'enthousiasme des départs,l'Union sacrée,le Vainqueur de la
Marne...La qualité de l'écriture,sobre et claire,ajoute au plaisir de la
découverte.On attend une suite,avec l'impatience qu'on aurait devant un
feuilleton palpitant.
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Un des meilleurs ouvrages sur la Grande Guerre de ses dernières années. Jean-Yves le Naour retrace mois par mois l'année 1914, aussi bien en France qu'en Europe. on suit la montée grandissante des tensions et l'engrenage infernal qui entraîna les nations dans l'horreur.
Livre très didactique, c'est une bonne base pour apprendre sur le sujet sans être noyé sous un déluge d'informations.
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très intéressant
.la description de la manière dont la guerre est déclanchée (contrairement aux autres crises survenues depuis le début du siècle qui n ont entrainées que des "guerres locales " ) est limpide.
quant a l attitude de Joffre... la guerre est une affaire trop sérieuse pour être laissée aux militaires (Clemenceau)
a lire
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critiques presse (1)
Lexpress
28 janvier 2013
C'est avec la même clarté d'exposition que Jean-Yves Le Naour restitue l'état d'esprit des Français au mois d'août 14. [...]. C'est avec la même autorité qu'il décrit la campagne de France, l'incompétence placide de Joffre, le "miracle" de la Marne, et cette union sacrée qui ne masque que très brièvement une "sacrée désunion".
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
De ces tractations dans l'ombre du mois de juillet 1914, l'opinion n'a jamais rien su. En Allemagne comme en France, on ne parlait plus de Sarajevo depuis longtemps... Pour ceux qui savaient voir, il y avait pourtant quelques signes inquiétants. Le 20 juillet, les bourses autrichienne et hongroise dévissaient curieusement, puis la panique des marchés se transmettait à l'Allemagne, à la France et à l'Angleterre. Les projets austro-allemands fuitaient, à n'en pas douter, dans les milieux d'affaires, toujours mieux informés que les autres, et la chute des cours boursiers n'était rien d'autre que la manifestation de la nervosité des marchés détestant plus que tout l'incertitude et les rumeurs de guerre. La diplomatie, certes, ne se fait pas à la corbeille, mais la Bourse est un baromètre délicat, un sismographe des plus sensibles dont le caprices ne peut manquer de surprendre la masse des non-initiés.
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De surcroît, prétendre que Dieu a jeté l'Europe entière dans le brasier pour manifester sa mauvaise humeur contre la loi de séparation (de l’Église et de l’État) relève au minimum du péché d'orgueil. Cela ne dérange pas le chanoine Gaudeau, prédicateur de l'église Saint-Sulpice, qui explique ainsi la guerre: "La France a commis un crime; le plus grand, celui de ne plus croire, de renier Dieu. Le créateur le lui fait expier par l'invasion. Qu'elle implore son pardon, qu'elle rejette au plus vite les théories qui lui viennent d'outre-Rhin, et peut-être Dieu dans sa bonté consentira-t-il à oublier".
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Sur le plan fiscal, la droite ne fait pas dans la dentelle en dénonçant la déclaration de revenus comme une "inquisition", une "vexation", une "agression", allant jusqu'à prétendre que les agents des impôts iront dans les fermes compter les poules et les œufs, tout en se lamentant sur le suffrage universel, "la plus formidable oppression de l'intelligence par le nombre", qui pourrait bien se laisser prendre à la démagogie radical-socialiste. Avec "l'impôt sur les riches destiné à soulager les pauvres", la gauche préparerait la ruine du pays dont les pauvres seront justement les premières victimes.
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Prudent, le major Höger, membre de la chancellerie de François-Ferdinand, demande au général Potiorek de faire évacuer la rue ou, tout au moins, de déployer des hommes en armes sur le parcours du prince. Ce conseil de bon aloi est cependant balayé par l'esprit étriqué du général, en dessous de tout, qui fait savoir que la troupe qui vient de manœuvrer les jours précédents est encore en tenue de campagne et que le règlement lui interdit de former une haie d'honneur dans cet uniforme. Le règlement, qu'on le veuille ou non, c'est le règlement ! Le général avait-il conscience que la mort rôdait autour du prince héritier? Le médiocre Potiorek n'était décidément pas à la hauteur de la situation.
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Galtier-Boissière, lui, en est déboussolé: "Toutes ces scènes d'émeutes m'ahurissent et me peinent. J'ai l'impression que la déclaration de guerre a provoqué une sorte de folie collective; la lie de la population est brusquement remontée à la surface; mais d'honnêtes travailleurs aussi se transforment brusquement en énergumènes, se jettent au pillage, ou, faute d'ennemis à trucider, en imaginent à tous les coins de rue."
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