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Citations sur La femme qui n'aimait plus les hommes (67)

Personne ne sait ce qui se passe à l'intérieur des maisons quand la porte est fermée. Personne. Niemand
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Les deux jeunes femmes avaient beaucoup ri. Leur amitié avait été immédiate. Un coup de foudre. Mais au goût de soufre pour finir. Si Jeanne avait su. Après leur rencontre, elles ne s’étaient plus quittées et quand Louise s’était soudain piquée d’écrire des nouvelles, Jeanne en avait naturellement parlé à Gabriel. L’homme avait aussitôt décidé de les publier. Et la belle amitié n’y avait pas résisté. Non. Et Louise n’avait plus été Louise, depuis qu’elle était « L » tout en haut du smartphone de Gabriel.
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L'enfant glissa une main dans son sac à dos et se saisit de Monsieur Lapin qu'elle serra tout contre elle. L'odeur et la texture si rassurant de la peluche élimée lui apportèrent un peu de réconfort, mais au fond d'elle Jeanne se préparait au pire. Les cris de Romain dans le téléphone cessèrent. Un assourdissant silence suivit. Les oreilles de la petite fille se mirent à bourdonner. Elle respirait à peine, guettant du fond de sa cache aveugle le moindre soubresaut au dehors. Ses yeux s'étaient habitués à l'obscurité et elle devinait ici et là les grosses toiles blanchâtres des araignées qui la terrifiaient à l'accoutumée, mais dont elle ne redoutait soudainement plus rien. Au contraire. Les araignées lui tiendraient compagnie cette nuit. Elle était des leurs maintenant. Oui. Elle aussi était de celles qui doivent se cacher, solitaires, dans de sombres recoins humides pour ne pas être écrasées. Pour avoir le droit de vivre en paix.
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Frigorifiée, d’accord, mais libre. C’était une sensation que Jeanne ne connaissait pas. L’éternelle prisonnière de ses peurs, de ses haines, goûtait un air nouveau. Carrefour de l’Odéon, elle pleurait, inspirait profondément, soufflait bruyamment.
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Cette enfant qu’elle avait faite pour faire plaisir à sa propre mère, qui rêvait d’être grand-mère. Cadeau. Sa propre mère, oui, aux yeux de qui Patricia Berto n’en faisait jamais assez. Pourtant, elle avait tout tenté pour séduire cette femme sèche. Jusqu’à détruire son propre enfant, pour la protéger. Quand elle avait compris que Romain. Quand Jeanne. Le sang par terre. Partout dans la salle de bains. La vie qui s’écoulait à grands flots du bras de sa fille devenue une si jolie adolescente.
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L’amour après l’amour. Qu’essayait-il de lui dire ? Qu’elle allait commencer à s’aimer après avoir été dévastée toute sa vie en se répétant qu’elle ne valait pas mieux, après s’être détestée, après avoir voulu se détruire, mourir, s’anéantir jour après jour. Nuit après nuit. Un tête-à-tête amical avec elle-même lui semblait impossible. Pour s’y livrer, il aurait fallu qu’elle s’accorde au moins à elle-même une forme de valeur, de prix . C’était impossible. Sorry, daddy . Oui. S’aimer. Foutaises. À peine savait-elle qui elle était. Comment aurait-elle pu s’accorder la moindre attention. Endormie par ses incessantes remontées de trauma qui l’anesthésiaient autant qu’elles la dévoraient. C’est pour cela que vous recherchez des relations avec des personnalités violentes .
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Filmer Gabriel. Cela l’avait obsédée depuis le matin. Garder une trace. Pouvoir prouver. Comment il la traitait. Ce qu’il faisait. Jeanne garderait ce film pour la soif. Pour plus tard. Si Gabriel l’abandonnait sans rien lui laisser, comme elle le craignait de plus en plus, la traitant de folle, la laissant sur le carreau pour se mettre en ménage avec une autre jeune femme, pas forcément Louise, un modèle plus récent sans doute, plus malléable encore et qui prendrait sa place et. Elle entendit Louise pousser des petits cris au salon. Jeanne s’assit au bord du lit, au bord des larmes, au bord du gouffre. Dans son superbe et délicat ensemble La Perla. Oui. Maquillée outrageusement. Avec pour seuls bijoux un hématome ambré en haut de son bras gauche et son alliance. Assise là, hors du champ de la caméra de son iPhone, attendant son mari qu’elle voulait minablement piéger, d’accord, mais pour qu’on la croie une fois dans sa vie. Une fois dans sa vie. Attendant. Là. Au bord du lit, au bord du précipice. Son mari et. Louise se mit à crier beaucoup plus fort. Jeanne se précipita vers le salon. Du sang s’écoulait de la bouche de la belle Louise.
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Depuis que sa très grande beauté s’était totalement flétrie. Et pas seulement à cause du travail de dévastation naturel du temps. Non. Ses traits si parfaits, si sensuels, elle les avait scrupuleusement démolis, fracassés, durant les vingt dernières années, à grands coups de whisky coca avalés à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit, de cigarettes Vogue perpétuellement allumées au coin des lèvres et de crises de larmes quotidiennes, qui avaient fini par dessiner deux profonds ravins de part et d’autre de ses joues effondrées. Mais il n’y avait pas que sa splendeur que l’ancienne cadre dirigeante de l’industrie pharmaceutique avait achevé de ruiner.
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Jeanne devrait encore repasser pour l’exotisme et le scoop. Elle referma Google et s’assura qu’elle avait bien enregistré son travail du jour. Elle était restée accrochée à son ordinateur presque toute la journée et cette fois, l’histoire de Marie-Lou et Charlie au pays de la sorcière des neiges avait coulé toute seule jusqu’à son terme. Après l’avoir envoyée par mail à Luca, Jeanne se saisit de son téléphone pour répondre enfin au SMS que son jeune éditeur lui avait envoyé la veille. « Fifi Brindacier t’envoie sa copie avec deux jours d’avance… Ça vaut bien que tu l’invites à déj à la Closerie un de ces quatre :) Baci. » Jeanne se dirigea vers la chambre et choisit ce qui serait sans doute le meilleur emplacement.
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Et puis, elle était trop terrorisée par la présence de Romain pour lui répondre. Pour dire enfin. La vérité. Un instant pourtant, les yeux plongés dans ceux de sa mère, comme si le temps s’était suspendu, comme si elles étaient seules au monde, Jeanne avait hésité, mais la vérité lui faisait tellement peur, elle aussi, et tellement mal, que, oui, elle avait pris l’habitude systématique de raconter des histoires, des mensonges, petits ou énormes, ou de se taire pour ne jamais y faire face. Jamais. D’ailleurs, à force de se détourner de la vérité pour s’en protéger en vain, Jeanne commençait à ne plus bien savoir ce qui était vrai. Et puis elle n’avait pas voulu transformer plus encore l’apparente bonne humeur de sa maman en un torrent colérique et dévastateur. Elle n’avait pas voulu encore lui pourrir la vie comme sa mère lui avait dit devant l’école le jour où Jeanne avait crié si fort pour lui demander pardon. La petite fille avait alors tendu les bras vers elle, dans un faible sourire. « C’est parce que quand tu pars, tu me manques trop, maman. À force, ça me fait vraiment de la peine. »
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