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Critique de Lenocherdeslivres


2034. Autrement dit, dans pas longtemps. Pas de réchauffement climatique en Europe. Ce n'est pas la victoire des climato-sceptiques. Plutôt celle du nouveau président de l'Europe, Vladimir Bogdich, un extrémiste sans scrupule, prêt à tout pour maîtriser de possible rebellions. Il a, pour commencer, enfermé l'Europe derrière un mur électromagnétique (eh oui, que de progrès technologiques en quelques années!). Puis grâce aux ordinateurs extrêmement puissants du pouvoir en place (encore une fabuleuse avancée de la science), il a joué avec la météo et transformé le territoire sur lequel il règne en vaste base polaire, avec des températures négatives la plupart du temps : les moins trente sont monnaie courante en Bretagne, où se situe le début du roman (ça tombe bien, l'auteur est breton).

Iwan, le narrateur, et ses amis Thibault et Mélanie se voient obligés de fuir lorsque le gouvernement décide de se débarrasser des artistes, quels qu'ils soient, en les envoyant par train (référence évidente aux Juifs et autres déportés pendant la deuxième Guerre Mondiale) à Tombmor, une forteresse réputée imprenable, située tout là-bas, dans le nord.

Ce premier volume d'une trilogie en cours présente quelques côtés séduisants mais aussi pas mal de points plus gênants. Commençons par le positif : l'idée de base, même si elle semble bien invraisemblable par son impossibilité scientifique (sauf bond extraordinaire dans les années à venir), est sympathique. Nombre d'Européens, qui en ce moment cherchent à fermer les frontières de leur continent pour se protéger des « envahisseurs » extérieurs se retrouvent en fait piégés, bloqués à l'intérieur de cette frontière tellement désirée. Mais utilisée contre eux. Ce retournement de situation est une bonne occasion de se questionner sur nos choix, nos réflexes devant ce qui est présenté comme un danger. Autre bon côté : le paysage, si présent, tant par sa beauté que par sa face hostile, prêt à tuer à la moindre erreur, à la moindre faiblesse, à la moindre inattention. Certaines descriptions m'ont littéralement plongé dans ce futur et m'ont laissé transi et gelé.

Par contre, dans ce qui fâche, le personnage du président arrive en tête : Vladimir Bogdich, est trop caricatural pour être réellement crédible. Cet homme de l'Est possède des moyens fantastiques et les met en service, par morceaux, par étapes, pour quoi ? Il pourrait d'un seul coup obtenir ce qu'il veut (et c'est quoi, exactement, ce qu'il veut? Supprimer le Rêve ? Et ensuite ?). Mais non. Il avance progressivement. le froid est un moyen de garder les possibles révolutionnaires chez eux, d'empêcher les rassemblements. Soit. Mais comment l'Europe peut-elle encore fonctionner ? Quel intérêt de parquer toute une population sans rien lui faire faire. Brider les libertés, s'en prendre aux artistes, tout cela est hélas connu car déjà arrivé. Mais derrière, on voyait une volonté, un but. Et les prisonniers étaient utilisés pour fabriquer des armes, pour faire tourner le pays. Là, on a l'impression que le seul but est de faire souffrir les habitants, sans rien en tirer en retour. C'est un peu court. Les réponses viendront peut-être dans les deux autres romans, mais en attendant, cela gêne à la plongée dans cet univers.

Autre point noir, le voyage des cinq rescapés. Il a beau présenter de bons moments, qu'il est long ! À croire que l'auteur voulait tirer à la ligne, car certains passages n'apportent pas grand-chose ni à la narration, ni à la psychologie des personnages. Et quand, cerise sur le gâteau, Jean-Luc le Pogam nous fait revivre les mêmes évènements, mais du côté des ennemis, le temps s'étire. Heureusement, cela ne représente qu'une partie du roman. Mais quelques petites coupes auraient été appréciables pour moi. Or, cette histoire était déjà parue aux éditions Palémon entre 2008 et 2012 et comportait cinq volumes (en fait, les autre premiers composaient le cycle de Tombmor et le cinquième entamait un nouveau cycle). N'ayant pas eu entre les mains cette version (où l'action se déroulait en 2024 et non 2034, comme ici : il faut laisser un peu de temps à la science!), je ne peux que faire des conjectures sur les changements possibles. Car chez Slalom, on annonce une trilogie, cela peut sous-entendre une réduction du nombre de pages. Incompatible avec ce que j'ai dit auparavant. J'imagine plutôt que les quatre tomes du premier cycle ont été divisés différemment. Dommage donc qu'à l'occasion de cette reprise l'auteur n'ait pas réduit légèrement cette première partie que j'ai trouvé parfois longuette.

L'enfer blanc m'a donc séduit par son univers, par certains personnages, par certaines scènes. Mais j'espère, lors du deuxième tome (La Cible, paru en début d'année), un resserrement de l'action et un peu moins de naïveté. Car j'ai vraiment l'intention de la découvrir et de voir à quoi ressemble Tombmor.
Lien : https://lenocherdeslivres.wo..
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