Pour J.K. Rowling, Lupin est bien plus qu'un sorcier atteint de lycanthropie, il est une métaphore du handicap et en particulier de toutes ces " maladies qui entrainent une stigmatisation, comme le sida ". " Les pathologies transmises par le sang charrient toutes sortes de superstitions, à cause de tabous autour du sang ", écrit-elle dans l'une de ses addenda à la saga, classant le professeur aux vêtements défraichis parmi ses personnages favoris.
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Longtemps replié sur lui-même, Remus Lupin finira par accepter qu'on l'aime et épousera Nymphadora Tonks. La naissance de leur petit Teddy, en pleine guerre contre Voldemort, est l'une des plus belles illustrations de la philosophie de Dumbledore : l'amour vainqueur envers et contre tout.
C'est toute la beauté du personnage de Dobby, paradoxe d'insignifiance et d'importance. A travers la figure de L'"Elfe libre", J.K Rowling fait allusion à la question de l'esclavage et des droits de l'homme. Les Elfes de maison sont, comme l'énonce Dobby lui-même, "les humbles, les esclaves, le rebut du monde de la magie". Une monde dont Harry et Hermione comprendront peu à peu qu'il est régi par un système de classes et de races aussi redoutable que celui des Moldus. A ce titre, Dobby a une fonction capitale, celle de l'éveil des consciences. En le plaçant sous le joug des Malfoy, Rowling suscite immédiatement la compassion et pousse le lecteur à désirer sa délivrance. L'histoire aurait pu s'arrêter là, mais l'écrivain n'a de cesse, par la suite, de placer Dobby sur la route de nos héros (il réveille souvent Harry en sursaut, ce qui peut être vu comme une métaphore de sa fonction).
Ses apparitions sont courtes mais toujours déterminantes, tel un rappel constant qu'il ne faut jamais tenir personne pour quantité négligeable.
- Boris Cyrulnik, Harry Potter est-il un cas clinique intéressant ?
- Passionnant, parce qu'il nous parle de la condition de l'enfant et de l'adolescent, et nous montre les mécanismes de résilience. Quand on a eu un malheur dans son enfance, si on veut enclencher un processus de résilience (qui consiste non à revenir à l'état initial, mais à reprendre un développement normal), il faut trouver un lieu de parole, un substitut familial ou quelqu'un pour servir de tuteur. Cela permet de ne pas être prisonnier du passé, de devenir maitre de son monde intime. Il faut rêver et ensuite passer à l'acte pour réaliser la plus grande part possible de ses rêves. C'est ce que fait Harry Potter. [...]
C'est sans doute la meilleure façon de considérer nos trois protagonistes. Comme un tout indivisible, une trinité agissante. Harry est le "faiseur", le corps actif du trio, Ron en est le centre émotionnel et Hermione, le cerveau, la pensée. Corps, cœur, esprit, ils sont indissociables. En retirer un, c'est rendre l'ensemble dysfonctionnel. Et c'est peut-être la principale leçon donnée par "Harry Potter" : tout seul, il est impossible de réussir.
[Article sur la vie de J.K. Rowling]
La dépression ("la chose la moins plaisante que j'ai jamais vécue"), l'apathie et les tentations suicidaires ont un mérite : inspirer les sinistres détraqueurs, qui se nourrissent de la joie humaine et drainent les souvenirs heureux, laissant leur victime dans un état végétatif. Jamais livre pour la jeunesse n'aura eu une allégorie aussi forte du spleen.