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EAN : 9782757824924
192 pages
Points (26/05/2011)
3.76/5   17 notes
Résumé :

XVIIe siècle. C'est auprès de Maître Nicolas qu'un certain Antonio commence son apprentissage de luthier. Il y trouve peu d'intérêt, jusqu'à ce qu'il entende Cavalli, venu de Venise choisir ses instruments, jouer du violon: émerveillement, coup de foudre à s'en renverser un pot de colle brûlante sur les doigts.

La légende d'Antonio Stradivarius est née. De son premier violon construit avec des " chutes de bois " au millier d'instruments à cor... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Quelle belle histoire, certes romancée, que celle de ces violons pensés et longuement perfectionnés par le bonhomme Antoine!
Herbert le Porrier prend soin de bien garder le lecteur dans le "jus" historique de cette ville de Crémone! Une ville qui change de mains au gré des conquêtes et reconquêtes de l'un ou l'autre monarque des 16e et 17e siècle. Une ville de luthiers, comme résonance musicale aux troubles des temps instables.
Le récit est conté par la voix d'un homme de loi d'abord fasciné par ce luthier aperçu en sa boutique. Cet homme de l'art, devient l'ami, lorsqu'il l'invite à venir voir de plus prêt son travail.
Le conteur déroule donc le long apprentissage du maître-luthier Antoine, qui donna au violon son statut d'instrument de musique unique... Une longue maturation de l'élève, par l'observation et les gestes mille fois répétés. Mais l'apprenti Antoine, sorti de sa chrysalide, dépassera le maître Nicolas!
En effet, le bonhomme Antoine va porter la voix du violon à un degré jamais atteint... Pour les musiciens qui sauront respecter l'instrument pour en sortir toute la magie.
Et le maître Antoine vivra presque centenaire, opiniâtre dans l'élaboration de ses instruments en se tenant soigneusement à l'écart des fureurs du temps... À son établis hors duquel le bonhomme s'ennuie.
Voilà. Merci à Hervé le Porrier, disparu depuis longtemps, d'avoir offert ce livre si riche et musical à l'ignorant que j'étais et que je suis un petit peu moins après la lecture du Luthier de Crémone!
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Même si, considérant que la part de la fiction, dans son roman, l'emportait trop largement sur la vérité historique, Herbert le Porrier se refuse à le nommer explicitement, c'est bien à une rencontre avec Antonio Stradivari - dit “Stradivarius” - que nous invite "Le luthier de Crémone". du véritable Antonio Stradivari, de sa biographie personnelle, de l'homme de chair, de sang et d'émotions qu'il fut, l'histoire ne sait à peu près rien, comme si ses créations - ces fabuleux instruments aux sonorités divines et magiques - avaient à jamais éclipsé leur créateur au point de le résumer à son seul talent et à son art. Avec Herbert le Porrier, le luthier de Crémone - puisqu'il préfère l'appeler ainsi - reprend chair et vie, pour notre plus grand bonheur de lecteurs.

Ce luthier, qui ne l'est pas encore, est d'abord un petit garçon d'une dizaine d'années, en apprentissage chez maître Nicolas. Nous sommes à Crémone, aux alentours de 1650, et dans toute l'Europe - à Rome, à Paris ou à Vienne - la musique est “le signe distinctif par où se reconnaît le monde de qualité”. Paradoxalement, hors son atelier de lutherie installé là un peu par hasard depuis le début du XVIe siècle et fournissant en violons de qualité les cours d'Angleterre, d'Autriche et de France, la musique, qui “aime les puissants et les riches”, n'a guère sa place à Crémone, petite ville misérable et laide régulièrement ravagée par les ambitions contraires des grands de ce monde, et par la peste.

C'est là que, venu de la campagne, grandit le petit Antoine, apprenti luthier récalcitrant et peu motivé qui se serait préféré peintre et qui apprend à la dure un métier qu'il n'aime pas. “Mais la fermentation opérait sans doute dans le secret des fibres”, et l'éclosion de la chenille en papillon, de l'élève maussade en futur maître se fait un matin d'été où le maître de chapelle Cavalli, disciple de Monteverdi, vient à l'atelier essayer un violon. Et pour l'enfant médusé, à qui la musique révèle pour la première fois la raison d'être des violons, plus rien ne sera jamais comme avant : le luthier phénoménal qu'il deviendra - et dont nous allons suivre, jusqu'à sa mort (à plus de 90 ans), le travail, les recherches, la vie, la carrière et la gloire - vient de naître.

A partir des rares traces biographiques laissées par le véritable Antonio Stadivari, Herbert le Porrier brode une histoire tout à fait convaincante, nous immerge avec talent dans près d'un siècle de lutherie, au coeur d'une Europe convulsive, tumultueuse et tourmentée, à l'effervescence culturelle et artistique remarquable : celle du “Grand Siècle”, et nous offre à redécouvrir un homme d'exception et un artisan génial sans lequel la musique et l'univers des instruments à cordes ne seraient pas tout à fait les mêmes.

J'avoue avoir une tendresse particulière pour les romans qui mettent en scène la musique, la facture (pour les pianos) et la lutherie. Et je me suis régalée à la lecture de ce roman, de surcroît très bien écrit, qui nous invite à pénétrer - avec beaucoup de justesse - dans les recherches et les mystères qui président à la naissance d'un instrument d'exception, avec ce que cela suppose de tâtonnements, d'échecs, d'idées et de trouvailles, et où l'on assiste à l'éclosion - puis à la maîtrise - d'une vocation et d'un destin hors du commun.

Un très bon moment, et une belle lecture.

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Il ne s'agit pas au sens strict d'une biographie romancée d'Antonio Stradivari, dont l'avatar reste appelé « bonhomme Antoine » de bout en bout, Herbert le Porrier précisant dans la postface que la part inventée de son récit dépasse largement la part documentaire. Pour autant, l'auteur s'attache à dépeindre la deuxième moitié du XVIIIème siècle à Crémone à travers le parcours de ce fameux « bonhomme Antoine » et de sa passion pour la lutherie, narrée par un avocat de ses prétendus amis, ce dernier nous offrant également un panorama politique et culturel de l'Europe, plans sur lesquels les grandes puissances et la petite ville italienne entrent en résonnance.

J'ai d'abord été quelque peu agacée par l'exercice de style dix-huitièmiste, cumulant les rythmes binaires et ternaires, les parallélismes, les périodes, les périphrases - ne laissant bien souvent deviner la personnalité désignée, quand elle est fameuse, qu'aux connaisseurs. Puis je suis progressivement entrée dans le rythme et la richesse assez virtuoses des phrases, j'ai goûté le détail et la nuance du propos, et me suis laissée porter par la peinture de la vie et des caractères, des sociabilités et des grands événements, de la technicité, de la poésie et de la politique de la musique autant que des instruments, et du violon en particulier.

Au final, une lecture agréable et immersive qui devrait ravir les amateurs/rices de musique.
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Ce roman de Herbert le Porrier est censé être écrit par un contemporain de Stradivarius dont il raconte la vie. Donc les faits et les mentalités sont connus des lecteurs fictifs mais pas forcément des vrais lecteurs d'aujourd'hui. Je suis donc un peu perdue dans les possessions des Espagnols, de la sérénissime, etc…
Cependant il est très clair que Crémone est LA ville des luthiers et l'on peut concevoir comment Stradivarius avec quelques modifications qui se comptent en millimètres à peine, a pu influer sur le son des violons. Et comment la musique elle-même a changé à ce moment-là.
J'ai moins aimé la fin qui n'apporte pas grand chose

Un roman très agréable sur la musique.
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J'avais beaucoup aimé le Médecin de Cordoue. J'ai encore beaucoup aimé celui-ci. L'écriture est très belle, c'est un vrai plaisir de lire Herbert le Porrier
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Il n'y eut pas de vacance dans la lutherie crémonaise. Maître Nicolas achevait une tradition et un style destinés à rester désormais sans suite. sa mort laissa des regrets, mais n'ouvrit aucun vide. Un nouveau violon, si semblable à l'ancien et fondamentalement différent, s'élaborait dans la tête et les mains du bonhomme Antoine.
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Il ne trouva rien à redire au fait qu'il y ait quelques riches et beaucoup de pauvres, le monde étant ainsi partagé, à n'en pas douter selon la volonté de Dieu. A considérer ce que le monde voulait bien montrer, l'intelligence et le talent ne prospéraient pas au hasard, et se glissaient par nature plutôt dans la soie que dans le chanvre. Le banquier était plus cher à Dieu que le mendiant, l'évêque que le curé ou le moine, le prince que le bourgeois ou le paysan, et c'est pourquoi ils étaient banquer, évêque, prince. La science, les arts ne pouvaient trouver meilleur appui que la fortune. Ce qu'il fallait de temps et d'argent pour s'instruire ! Ce qu'il fallait de richesse pour s'approcher des oeuvres d'exception ! Que chacun eut un accès égal aux biens de ce monde, cela ne se pouvait, faut de biens à suffisance; et que personne n'y eut droit, faute d'élus de la fortune, cela mutilait la vie. Tel que s'ordonnait le partage, pensait Antoine, le contentement et les convoitises s'équilibraient en bonne justice.
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Eh quoi ! L'être humain est exposé à la faiblesse, à la maladie, à l'anéantissement. Il n'y a pas de raison, pas de raison vraiment, que le violon soit mieux loti. Il a juste une petite chance de durer plus longtemps, c'est tout, et si son destin s'accomplit ce sera un peu de mon mérite, et si ce destin tourne court ce sera un peu de ma faute. Je me serais trompé ici ou j'aurais été abusé là. Qu'en dire de plus? Je fais comme Dieu, je m'élève qui dessus de tout reproche et je passe outre. Me ferait on le procès qu'on ne fait pas à Dieu? En fin de compte, je me déclare clairement innocent. Responsable, mais innocent. Arrange toi avec cela comme tu pourras.
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Je puis témoigner que si on ne les dérange pas dans leurs occupations essentielles : dormir, manger, boire et forniquer, les Français ne sont pas mauvais bougres. Ils sont même capables de bien se conduire quand on a pris soin de ne pas les exciter.
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