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EAN : 9782930607245
38 pages
Les Carnets du Dessert de Lune (01/05/2011)
4.5/5   2 notes
Résumé :
Perrine LE QUERREC, Victor COROLLEUR (couverture)

Détache de tes dents aiguisées la viande du désir sur l’os sec et dur, contondant et mortel, d’une réalité qui te révulse, de propositions de vie qui te noient, de choix masochistes. Cou dans le collier, mains liées derrière le dos, pieds entravés. Du cuir sur ta peau fragile, du caoutchouc dans ta bouche sensible, un bandeau sur tes yeux curieux.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
« Bec et ongles » est une belle expression de la langue française dire la pugnacité et l'instinct animal qui nous pousse à nous défendre, à défendre ceux que l'on aime ou ce en quoi l'on croit. Tel est le titre du pamphlet signé Perrine le Querrec et publié aux éditions Les Carnets du Dessert de Lune.
L'objet tout d'abord est d'un format très inhabituel : tout en hauteur et étroit (28 cm x 10 cm). L'illustration de couverture est signée Victor Corolleur, artiste polymorphe qui pratique aussi bien la création graphique que la vidéo ou la performance. Quant à l'auteur, Perrine le Querrec, j'ai déjà eu l'occasion de faire la critique d'un autre de ses livres, « Jeanne L'étang »

L'insoumission, la révolte, la résistance, l'indignation ne sont pas seulement l'affaire des peuples, des classes sociales ou des groupes. Ce sont aussi et avant tout des exigences individuelles vis-à-vis de soi-même qui se vivent au quotidien et dans l'intimité de chacun. C'est ce que dit Perrine le Querrec dans ce pamphlet où l'on retrouve les thèmes et le style qui lui sont propres et que j'avais déjà pu apprécier dans son roman et ses nouvelles publiés dans des revues littéraires.

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Un pamphlet est d'habitude circonscrit, enclos dans une opposition à laquelle il se contraint. Il est identifiable et souvent réductible à cette opposition clairement nommée. Ici, rien de cela. On est contre, opposé, face à, et le ton du texte ne laisse aucune ambiguïté quant à son enchâssement dans une adversité. Mais contre, opposé, face à quoi? C'est aussi l'enjeu de « Bec & ongles ».
C'est beau une humanité qui meurt, non?
Derrière le sarcasme de la question se lit le scandale d'une humanité plongée dans la contemplation de sa propre agonie. Et cela, en chacun de nous. Devant nos écrans. Amorphes jusqu'à en avoir oublié plus que vers où agir : le goût même de ce qu'est agir.
C'est comment qu'on agit? J'appuie où, je monte où, je vais par où, je suis qui, je suis quoi, je courbe quelle échine, arrache quelle épine, entame quel chant, rampe dans quel camp, brandit quel pouvoir?
Oh certes, on s'indigne! Mais en peignoir. Les orteils au chaud dans les pantoufles. Et sous nos discours convenus de l'indignation de salon résonne notre destin d'une « vie » rêvée, où rien ne nous manque, à la liberté près.
Allez, vas-y. Vis le ton rêve.
Engoncés dans nos peurs, comme pétrifiés par elles, nous préférons continuer à coudre consciencieusement la capuche qui couvre notre visage.
Amour? Peur. Air? Peur. Nourriture? Peur. Plaisirs? Peur. L'autre? Peur. Sortir? Peur. Rester? Peur.
A notre époque où il est devenu possible de s'indigner de tout et en toute consensualité, Perrine le Querrec nous rappelle par la force presque perfide de ses mots que ce à quoi nous devons faire face et nous opposer est notre pesante inertie.
Déchirez les entraves, ne feignez plus, existez.
© Blog de la Librairie Ptyx, Bruxelles
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Une colère analytique et poétique en prolégomènes à tout soulèvement futur.

Sur mon blog : https://charybde2.wordpress.com/2016/06/30/note-de-lecture-bec-ongles-perrine-le-querrec/
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Allez, vas-y
Vis-le, ton rêve
Crache-le à la gueule de la réalité
Ouvre les bras, ouvre la bouche, ouvre
les yeux
Tu ne te noies pas : tu respires, peut-être pour la première fois. Ou la
Dernière.
Va arracher ton rêve aux angoisses du
Quotidien, à la misère qui recouvre tout
D’une poussière irritante, grise et acide.
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Allez, vas-y
Vis-le, ton rêve
Crache-le à la gueule de la réalité
Ouvre les bras, ouvre la bouche, ouvre
les yeux
Tu ne te noies pas : tu respires, peut-être pour la première fois. Ou la
Dernière.
Va arracher ton rêve aux angoisses du
Quotidien, à la misère qui recouvre tout
D’une poussière irritante, grise et acide.
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On pourrait toujours courir ensemble, tenus les uns aux autres, les chiens pas trop loin, c’est pas la peur de se perdre, c’est pour trouer les mollets. Va tout droit, mais fonce bordel, t’as plus le temps, saute par-dessus les haies d’honneur, traverses les champs de gloire, foule les dignités, aligne les cadavres, respire la décomposition. C’est plus la mort qui fait peur, c’est la vie. A la recherche d’un second souffle, à la recherche d’un temps perdu, à la recherche d’un but, d’une idée, du confort, d’un boulot, de considération, de compréhension, de chaleur, d’eau, d’un idéal. D’argent.
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Va arracher ton rêve aux angoisses du quotidien, à la misère qui recouvre tout d’une poussière irritante, grise et acide. Détache de tes dents aiguisées la viande du désir sur l’os sec et dur, contondant et mortel, d’une réalité qui te révulse, de propositions de vie qui te noient, de choix masochistes. Cou dans le collier, mains liées derrière le dos, pieds entravés. Du cuir sur ta peau fragile, du caoutchouc dans ta bouche sensible, un bandeau sur tes yeux curieux.
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Une équipe d’archéologues arrive sur les lieux de vie. Des centaines de couches de dépôts sont mises à jour. Sédiments d’histoire, sel des larmes, identification des traumas, découverte des charniers, calcification d’humains. Découpage, pliage, déchirements, sutures, greffes, manipulations. Je plaide coupable. Nous allons vous sauver. Rapprochements, collisions, superpositions. Regarde, regarde danser les arlequins. Je l’ai vu qui tentait de s’arracher l’œil. Elle ne voulait plus voir. Cela lui était devenu insupportable. On a dû l’interner immédiatement.
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Videos de Perrine Le Querrec (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Perrine Le Querrec
Accompagnée par Nemo Vachez Rencontre animée par Mélanie Leblanc Qu'elle publie de la poésie, des romans ou des pamphlets, Perrine le Querrec écrit par chocs successifs, fait parler les silences, travaille l'espace de la page, entraînant ses lecteurs dans des univers d'une grande singularité.
Elle propose ce soir une lecture musicale portant sur des extraits de deux recueils publiés en ce début d'année. Dans Warglyphes, l'écrivaine tente de décoder le langage de la guerre. Elle analyse sa grammaire, scrute ses manifestations, inventorie ses formes, parcourt son atlas. Tout autre programme avec La fille du chien : « le chien pour guide, quitter la ville. Apprendre une vie lente, foisonnante. Chaque jour en inventer la langue. »
À lire – Perrine le Querrec, Warglyphes, éditions Bruno Doucey, 2023 – La fille du chien, éditions Les lisières, 2023.
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