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EAN : 9782080811080
287 pages
Flammarion (07/01/1993)
3.7/5   27 notes
Résumé :


Emmanuel Le Roy Ladurie montre dans ce livre fondateur qu'il peut y avoir une histoire du climat. Le climat est une fonction du Temps; il varie; il est sujet à des fluctuations. Météorologistes, géographes, glaciologues, géologues, etc. le savent bien qui, dans leurs travaux, retrouvent cette évidence.

Mais chez les historiens, une telle recherche restait à constituer.

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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Bien qu'un peu ancien maintenant, cet ouvrage demeure une référence. À la croisée des chemins entre l'histoire et la science pure, Emmanuel le Roy-Ladurie confronte des méthodologies typiquement scientifiques (par exemple la dendrochronologie, c-à-d. l'étude des anneaux de croissance des arbres, la palynologie, c-à-d. l'étude des dépôts de pollen, mesure des proportions des isotopes d'oxygène dans les sédiments constitués de coquilles de foraminifères, etc.) avec des démarches plus caractéristiques de l'historien (relevés paroissiaux, quantités de récoltes engrangées, iconographie sur les glaciers, etc).

On est captivé par l'enquête toujours délicate à mener pour obtenir une information, par essence, perdue (le temps qu'il a fait il y a 1000 ans) qui nous permette indirectement de rétablir la vérité historique du climat écoulé durant le dernier millénaire.

J'ai beaucoup aimé le recadrage sémantique de nombreux termes assez souvent galvaudés comme celui de " réchauffement ". L'auteur différencie nettement le vague " plus chaud ", tendance longue, sur une moyenne, affectant une ou plusieurs saisons (au XIXème par exemple, seuls les hivers semblent se réchauffer en France) du non moins vague " plus ensoleillé " qui dans l'imaginaire lui est souvent accolé, or, plus chaud signifie rarement " plus sec ".

Il distingue aussi les ordres de grandeur du " réchauffement " assez variables qui existent selon les latitudes. La variation étant d'autant plus ample qu'on s'éloigne de l'équateur, et surtout dans l'hémisphère nord. Autant de nuances qui sont rarement mentionnées quand on parle à l'heure actuelle de " réchauffement global ".

L'auteur montre, ce me semble de manière suffisamment explicite, que le climat (notion déjà très vague) n'a jamais été, autant qu'on puisse en juger, un élément stable, et qu'il est donc continuellement sujet à variations sur des échelles de temps elles-mêmes variables (par exemple au néolithique, vers - 4000 ans, la température semblait 2,5° C plus élevée, même qu'en ce début de XXIème siècle, et le chêne vert, typique de la zone méditerranéenne se rencontrait alors jusqu'en Normandie, ce qui aurait permis d'étendre la culture du blé jusqu'au nord de l'Europe).

En somme, ouvrage très intéressant, mais il me reste à adresser un petit bémol, qui ne concerne ni le texte, ni l'auteur. En effet, les deux tomes n'étant pas gros et les annexes se situant dans le tome 2, il serait intéressant voire indispensable de le publier en un seul volume car cela ressemble fort à un coup commercial pour obliger les gens à payer deux livres au lieu d'un.

De plus, mesdames et messieurs les éditeurs, il serait tellement plus confortable que les figures soient disposées à l'endroit adéquat plutôt que 4 ou 5 pages plus loin, que ceci mériterait probablement une révision de la mise en page de cet essai en tous points remarquable par ailleurs, mais ce n'est là que mon avis, lui aussi sujet à variation sur des échelles de temps, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Ce texte est une réussite absolue et il est le fruit d'un énorme travail de l'auteur et d'une armée de thésards et donc merci à eux et pas seulement merci à l'auteur.
Ce travail est intéressant à deux titres . D'abords il remet en cause l'état de la question climatique antérieurement à cette parution.
Il produisit en son tempsi un nouvel état exhaustif et argumenté de l'histoire du climat , sur la base d'un examen pluridisciplinaire , qui repose sur l'adjonction de méthodes traditionnellement utilisées plutôt en géographie et en domaine archéologique.
L'auteur mobilise donc des données scientifiques. Qui viennent invalider ou secourir l'état de la question et de la connaissance qui est déclinée selon des dates ponctuelles , des périodes , des territoires et recoupée avec des éléments d'archives variées et absolument de toute nature. L'histoire du climat est principalement une histoire locale.
L'histoire du climat et de ces effets , avec ses recoupements,avec des éléments historiques qui sont soit anecdotiques ou à la dimension plus : de Profundis , vient s'intégrer à la compréhension générale des mouvements sismiques et tectoniques qui font l'histoire sociale , politique, religieuse ou pandémique
Quelquefois de ce travail éloquent résulte paradoxalement une minoration ou une révision de l'importance des facteurs climatiques dans la compréhension d'une situation historique donnée .Ceci concerne diverses époques et divers terroirs et tous pays et systèmes économiques ou politiques …
Depuis ce travail qui est énorme dans sa dimension d'exhumation , d,"extractions de données historiques factuelles et solides , qui est également percutant dans son élaboration méthodologique. L'histoire du climat interpelle un grand nombre de questions historiques du fait de son importance dans la vie des sociétés humaines traditionnelles et même industrielles Des sociétés qui sont structurellement tributaires des conditions climatiques pour leur subsistance et pour la pérennité de leurs dynamiques de survivance et même de leurs évolution sociologique si on place le climat en registre factuel profond.
Pour ma part et de par mon regard acéré d'aigle (sourire) , je vous propose de réfléchir à un évènements susceptible d'avoir eu une action en profondeur sur l'avènement de la révolution française et de ses conséquences . L'activité volcanique en l'Islande fut violente de manière durable dans l'extrême fin du XVIIIe siècle. Les cendres rependues dans le ciel du nord de l'Europe et sur celui de la plus grande partie de la France ,impactèrent le climat et entre autres facteurs causèrent une cherté durable des blés et une disette toute aussi durable Des difficultés non moins durables heurtent alors des populations tributaires des récoltes et fragiles de par leurs statuts ou de par leurs conditions sociales. Ces difficultés lancinantes ne manquèrent pas de jouer un rôle dans la mise en branle des actions politiques du tiers état paysan et bourgeois aux états généraux . Les volcans d'Islande furent donc un facteur pour ce qui concerne la situation sociale des campagnes européennes de l'époque (et donc françaises) , en impactant les quantités , la variabilité et les quantités de blés utilisables et disponibles ou accessibles dans une économie rurale qui faisait la politique et la civilisation à cette époque. Sachez que la production française des blés , valait bien en valeur ,celle de tout l'argent d'Amérique , le métal argent .C'est notoire tout cas pour le siècle précèdent.
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L'entrée en matière est laborieuse, l'auteur ayant entrepris de critiquer longuement les approches qu'il juge non pertinentes. Comme il en rajoute une couche lors de l'édition de 2003 et que le livre est édité en tout petits caractères, il faut s'accrocher.
Les illustrations sont à la fois peu explicites, de mauvaise qualité graphique et décalées dans la pagination.
Au-delà de toutes ces difficultés, le propos et les conclusions sont intéressants, et ne mettent en évidence aucune tendance lourde sur plus de mille ans au-delà de quelques variations sur quelques décennies ; Leroy Ladurie travaillait à partir des analyses dendrochronologiques, des dates de récoltes (vendanges essentiellement), de l'avancée ou du recul des glaciers. Pas encore de carottage de glaces ou autres fonds marins, ni de chronologie des événements El Niňo...du coup, il faut prendre ce qui existe pour tenter d'expliquer les années excessivement humides de 1312-1319, exceptionnellement sèches et/ou chaudes à plusieurs autres périodes, l'avancée des glaciers au XVIIeme siècle...
Sa méthodologie est intéressante par ce qu'elle apporte de rigueur et de profondeur, alliée à la nécessaire prudence propre à l'exploitation de données historiques et humaines, parfois extrêmement détaillées.
Des citations de textes parfois poignants émergent des énumérations, quand les populations étaient démunies face aux éléments.
Il est un point intéressant : le réchauffement climatique est engagé depuis le milieu du vingtième siècle (le livre en parle déjà dans les années 60). Mais on ne trouvera rien dans le passé qui concurrence l'explication anthropologique, n'en déplaise aux climatosceptiques.
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J'ai été très déçu par ce livre, tout au moins par la façon de raconter cette histoire passionnante. il y a des milliers d'informations, mais en vrac ! C'est une sorte de recueil de données, sans fil chronologique, et on attend une synthèse qui ne vient jamais. ELRL fut certainement emporté par son enthousiasme !
Néanmoins, pour les personnes qui s'intéressent au climat et aux variations climatiques, ce livre est un trésor ! On a la confirmation que le climat à toujours varié, alternant des périodes très froides à des périodes très chaudes alors que le CO2 humain était égal à zéro. Les scientifiques sont aujourd'hui incapables de savoir pourquoi. Pourquoi alors certains scientifiques affirment que le réchauffement actuel est dû au CO2 humain, alors que ces mêmes scientifiques sont incapable d'expliquer les variations avérées des mille dernières années ?
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A l'ère du réchauffement climatique une rétrospective bienvenue sur ce que l'on peut tirer des dates de ban des vendanges et d'avancée ou de recul des glaciers ces derniers siècles. Passionnant.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
C’est clair : à partir
de 1348, en Occident, le grand responsable du marasme, de la dépopulation, et de la crise économique subséquente, ce n’est pas le climat ; c’est, décidément, parmi quelques autres facteurs, le bacille de Yersin ; et accessoirement, sur le continent, c’est la guerre, le brigandage, l’énorme vague de criminalité et de gangstérisme qui déferle sur la France, au temps des guerres de Cent Ans ; une vague par rapport à laquelle le Chicago des années1920 fait figure d’un havre de paix, de concorde, de tranquillité…
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Le réchauffement est continu pour les 22 stations de l'Hexagone, et bien réparti sur cet espace français. On était à 11,4 ° de moyenne annuelle en 1901-1910 ; à 11,6 ° en 1911-1920 ; à 11,8° en 1921-1930. [...] La décennie 1990 est, comme je l'ai dit, la plus chaude du XXe siècle, avec 12,7 ° de moyenne.
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Une migration, une famine ou liste de famines (à plus forte raison une courbe des prix agricoles) ne sont pas, ne peuvent pas être des faits rigoureusement climatiques. La migration répond à des mobiles et déterminations humaines extrêmement complexes.
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En d’autres termes, tout comme il y a une géographie physique et une géographie humaine, une morphologie et une géographie, il peut y avoir aussi, pour la période dite historique et couverte par les documents écrits, une histoire physique et une histoire humaine ; disons plus simplement une géohistoire (en un sens plus restreint que celui donné par Fernand Braudel) à côté de l’histoire tout
Court.
(Fernand Braudel 1949)
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Une fois de plus, l’examen attentif des textes inédits exorcise l’explication climatique, en l’occurrence trop générale et trop ambitieuse. Une étude serrée des conditions météorologiques, dans la première moitié du
XIVe siècle , indique du reste que ces cinq décennies (1300-1350), prises en bloc, ne furent pas exceptionnellement humides, donc pas exceptionnellement néfastes aux grains ni à la vigne dans les terroirs proches de la Manche.
(Contexte de la peste noire)
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Videos de Emmanuel Le Roy Ladurie (25) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Emmanuel Le Roy Ladurie
L'historien Emmanuel le Roy Ladurie, auteur de travaux précurseurs sur l'histoire du climat, dont Histoire du climat depuis l'an mil (1967), décrit l'impact environnemental, social, démographique, économique et politique du Petit âge glaciaire qui a affecté l'Occident entre 1300 et 1850 environ.
Conférence issue de l'édition 2001 des Rendez-vous de l'histoire sur le thème "L'Homme et l'Environnement, quelle histoire ?". 
© Emmanuel le Roy Ladurie, 2001.
Voix du générique : Michel Hagnerelle (2006), Michaelle Jean (2016), Michelle Perrot (2002) 
https://rdv-histoire.com/
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