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Critique de Nastasia-B


À quelques semaines d'une grande conférence spectacle sur le climat qui va se tenir en France, peut-être est-il bon de rappeler certains travaux pas spécialement frais mais qui demeurent une référence. (NB : je précise que ce livre reprends pour l'essentiel un ouvrage vingt ans plus ancien qu'on trouve dans la collection CHAMPS HISTOIRE chez l'éditeur Flammarion, sous le titre Histoire du Climat Depuis L'An Mil, tome 1).

À la croisée entre l'histoire et la science pure, Emmanuel le Roy-Ladurie confronte des méthodologies typiquement scientifiques (par exemple la dendrochronologie, l'étude des anneaux de croissance des arbres, la palynologie, l'étude des dépôts de pollen, mesure des proportions des isotopes d'oxygène dans les sédiments constitués de coquilles de foraminifères, etc.) avec des démarches plus caractéristiques de l'historien (relevés paroissiaux, quantités de récoltes engrangées, iconographie sur les glaciers, etc).

On est captivé par l'enquête toujours délicate à mener pour obtenir une information, par essence, perdue (le temps qu'il a fait il y a 1000 ans) qui nous permette indirectement de rétablir la vérité historique du climat écoulé durant le dernier millénaire.

J'ai beaucoup aimé le recadrage sémantique de nombreux termes assez souvent galvaudés comme celui de " réchauffement ". L'auteur différencie nettement le vague " plus chaud ", tendance longue, sur une moyenne, affectant une ou plusieurs saisons (au XIXème par exemple, seuls les hivers semblent se réchauffer en France) du non moins vague " plus ensoleillé " qui dans l'imaginaire lui est souvent accolé, or, plus chaud signifie rarement " plus sec ".

Il distingue aussi les ordres de grandeur assez variables qui existent selon les latitudes, la variation étant d'autant plus ample qu'on s'éloigne de l'équateur, et surtout dans l'hémisphère nord. Autant de nuances qui sont rarement mentionnées quand on parle à l'heure actuelle de " réchauffement ".

L'auteur montre, ce me semble, de manière suffisamment explicite que le climat (notion déjà très vague) n'a jamais été, autant qu'on puisse en juger, un élément stable, et qu'il est donc continuellement sujet à variations sur des échelles de temps elles-même variables (par exemple au néolithique, vers — 4000 ans, la température semblait 2,5° C plus élevée, même qu'en ce début de XXIème siècle, et le chêne vert, typique de la zone méditerranéenne se rencontrait alors jusqu'en Normandie, ce qui aurait permis d'étendre la culture du blé jusqu'au nord de l'Europe).

Bref, un essai en tous points remarquable, rare chez un historien, qui comme tout historien est habitué à faire son Sherlock Holmes, mais qui, pour le coup s'est laissé aller à l'investigation quasi-scientifique. Chapeau monsieur Le Roy-Ladurie, mais vous savez ce que j'en dis, ce n'est que mon avis, qui, je l'espère vous aura réchauffé, sinon, pour le reste, ce n'est sans doute pas grand-chose sur une échelle de temps de mille ans.
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